Nécro-, rétro-, ou post  ? Modernisme, modernité et réalisme socialiste - article ; n°1 ; vol.33, pg 5-21
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Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1992 - Volume 33 - Numéro 1 - Pages 5-21
Leonid Heller, Necro, retro or post ? modernisms, modernity and socialist realism.
In this article, the author takes a stand in a discussion engaged over the last few years on the current situation of Western and Soviet art. First, it re-assesses several meanings of the terms modernism and postmodernism, as well as the connections that various theoreticians (Lyotard, Habermas, Meschonnic, Compagnon) establish between modernist and vanguard aesthetics. Then, after a short analysis of S. Groys's stance - according to whom socialist realism achieves the fundamental postulates of Russian vanguard - two methodological propositions are stated. The first one concerns the extension of historical perspective beyond the mere confrontation between the vanguard and socialist realism: the examination must go back to the origins of modernism and demonstrate the eventual break or, on the contrary, the continuation of the latter. The second proposition advocates the shaping of an analytical approach along the lines determined by what could be termed a cultural paradigm. Russian modernist paradigm is briefly described and an attempt is made to explain the changing relationship between turn-of-the-century modernism, socialist realism and the post-totalitarian art.
Leonid Heller, Nécro-, rétro-, ou post ? modernismes, modernité et réalisme socialiste.
L'article constitue une prise de position dans un débat qui s'est installé ces dernières années autour de la situation actuelle de l'art occidental et soviétique. D'abord, plusieurs acceptions des termes « modernisme » et « postmodernisme » sont passées en revue, ainsi que les rapports que différents théoriciens - Lyotard, Habermas, Meschonnic, Compagnon - établissent entre les esthétiques modernistes et avant-gardistes. Ensuite, après une brève analyse de la conception de B. Groys, selon laquelle le réalisme socialiste réaliserait les postulats fondamentaux de l'avant-garde russe, deux propositions méthodologiques sont formulées. La première concerne l'élargissement de la perspective historique au delà de la confrontation avant -garde/réalisme socialiste : l'examen doit remonter jusqu'aux origines du « modernisme » et démontrer d'éventuelles ruptures ou au contraire une continuité de ce dernier. La deuxième stipule une organisation de la démarche analytique selon les axes définis par ce que l'on pourrait appeler le « paradigme culturel ». La description du paradigme moderniste russe est ici esquissée, ainsi qu'une tentative de rendre compte, à la lumière de celle-ci, de l'évolution entre le modernisme du début du siècle, le réalisme socialiste et l'art « posttotalitaire ».
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Leonid Heller
Nécro-, rétro-, ou post ? Modernisme, modernité et réalisme
socialiste
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 33 N°1. Janvier-Mars 1992. pp. 5-21.
Citer ce document / Cite this document :
Heller Leonid. Nécro-, rétro-, ou post ? Modernisme, modernité et réalisme socialiste. In: Cahiers du monde russe et soviétique.
Vol. 33 N°1. Janvier-Mars 1992. pp. 5-21.
doi : 10.3406/cmr.1992.2304
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1992_num_33_1_2304Abstract
Leonid Heller, Necro, retro or post ? modernisms, modernity and socialist realism.
In this article, the author takes a stand in a discussion engaged over the last few years on the current
situation of Western and Soviet art. First, it re-assesses several meanings of the terms "modernism" and
"postmodernism", as well as the connections that various theoreticians (Lyotard, Habermas,
Meschonnic, Compagnon) establish between modernist and vanguard aesthetics. Then, after a short
analysis of S. Groys's stance - according to whom socialist realism achieves the fundamental postulates
of Russian vanguard - two methodological propositions are stated. The first one concerns the extension
of historical perspective beyond the mere confrontation between the vanguard and socialist realism: the
examination must go back to the origins of "modernism" and demonstrate the eventual break or, on the
contrary, the continuation of the latter. The second proposition advocates the shaping of an analytical
approach along the lines determined by what could be termed a "cultural paradigm". Russian modernist
paradigm is briefly described and an attempt is made to explain the changing relationship between turn-
of-the-century modernism, socialist realism and the "post-totalitarian" art.
Résumé
Leonid Heller, Nécro-, rétro-, ou post ? modernismes, modernité et réalisme socialiste.
L'article constitue une prise de position dans un débat qui s'est installé ces dernières années autour de
la situation actuelle de l'art occidental et soviétique. D'abord, plusieurs acceptions des termes «
modernisme » et « postmodernisme » sont passées en revue, ainsi que les rapports que différents
théoriciens - Lyotard, Habermas, Meschonnic, Compagnon - établissent entre les esthétiques
modernistes et avant-gardistes. Ensuite, après une brève analyse de la conception de B. Groys, selon
laquelle le réalisme socialiste réaliserait les postulats fondamentaux de l'avant-garde russe, deux
propositions méthodologiques sont formulées. La première concerne l'élargissement de la perspective
historique au delà de la confrontation avant -garde/réalisme socialiste : l'examen doit remonter
jusqu'aux origines du « modernisme » et démontrer d'éventuelles ruptures ou au contraire une
continuité de ce dernier. La deuxième stipule une organisation de la démarche analytique selon les
axes définis par ce que l'on pourrait appeler le « paradigme culturel ». La description du paradigme
moderniste russe est ici esquissée, ainsi qu'une tentative de rendre compte, à la lumière de celle-ci, de
l'évolution entre le modernisme du début du siècle, le réalisme socialiste et l'art « posttotalitaire ».ARTICLES
LEONID HELLER
NÉCRO-, RÉTRO-, OU POST ? MODERNISMES,
MODERNITÉ ET RÉALISME SOCIALISTE
Depuis une dizaine d'années, la culture occidentale se félicite ou se désole de
vivre une nouvelle époque, celle du « postmodernisme ». Le terme est entré dans les
mœurs et finit même par lasser un peu. Il garde en revanche toute sa nouveauté dans
la discussion sur la culture russe.
En URSS, la notion du « postmoderne » et les théories qui s'y rattachent sont res
tées jusqu'à il y a peu de temps l'apanage de quelques représentants de l'art non-offic
iel. Les critiques émigrés, se faisant promoteurs de cet art en Occident, tels
Margarita et Viktor Tupitsyn à New York, introduisent dans leur discours la termi
nologie et les concepts « postmodernes ». Boris Groys, établi en RFA, fait de même
lorsqu'il élabore sa conception de la culture soviétique et lorsqu'il examine en paral
lèle la littérature et l'art des années 1970-1980, anciennement «dissidents» et
récemment investis d'une certaine légitimité1.
A la faveur de la perestrojka, le domaine des arts visuels s'ouvre à la problémat
ique postmoderne, principalement en rapport avec le débat autour du soc-art et
d'autres courants en rupture avec le réalisme socialiste. Petit à petit, le sujet attire la
critique littéraire. En octobre 1988, par exemple, une conférence inter-universitaire
se tient en Lettonie avec le but de cerner de près les nouvelles conceptions occident
ales2. Après le changement de direction, l'organe théorique de l'Union des écrivains,
Voprosy literatury, suit l'exemple d'Iskusstvo déjà rajeuni, et consacre un grand
article au « déconstructionnisme » et à la philosophie de Jacques Derrida; naguère
bastion du traditionalisme, Russkaja literatura, emboîte le pas3. Et déjà, tel jeune
spécialiste écrivant dans une revue littéraire autorisée se met à qualifier de « pos
tmoderne » non plus seulement l'Occident, mais également la production domest
ique : la poésie de la nouvelle avant-garde ou la « prose alternative » (drugaja
proza).
Cahiers du Monde russe et soviétique, XXXIII(l), janvier-mars 1992, pp. 5-22. LEONID HELLER 6
Cependant, l'utilité du concept de postmodernisme dans le contexte russe et
soviétique demande encore à être démontrée. Les remarques qui suivent reprennent,
en des termes remaniés et complétés, mon exposé au séminaire qui a été organisé en
1991 par les Universités de Fri bourg et de Lausanne* et qui portait précisément sur
le « postmodernisme et les traditions dans les littératures slaves ». vSans doute
banales, ces observations ne prétendent à rien de plus qu'à soumettre à un test cr
itique les concepts courants. Une ébauche d'interprétation est proposée en guise de
conclusion.
Commençons par le commencement et demandons-nous naïvement : qu'est-ce
que le postmodernisme ?
Auteur d'un ouvrage décrivant ce phénomène dans la littérature, Brian McHale,
assume que la question est relativement claire, même s'il admet l'existence d'avis dif
férents4. vSelon lui, le postmodernisme fait partie des modèles abstraits qui reflètent
la réalité concrète de différents courants artistiques. Sa place est à côté du « roman
tisme », du « réalisme », du « symbolisme », etc. Et quant au rayonnement et à la
cohérence de son programme esthétique, il est équivalent au « modernisme » (la
dominante épistémologique de celui-ci faisant place à l'orientation ontologique de
celui-là).
On a quelques doutes devant cette réponse trop facile.
Par le passé, les groupes et les mouvements littéraires assumaient des sobriquets
donnés par leurs concurrents ou détracteurs, adoptaient des appellations anciennes
ou en forgeaient de nouvelles, qui pouvaient en faire naître d'autres. Ainsi, le class
icisme a été baptisé post mortem, par ses ennemis romantiques. Quelques fois, le nom
d'un tel courant se détachait de son réfèrent direct et se mettait à signifier un phéno
mène plus général. Tel était le destin du terme « romantique ». Deux constantes sont
à relever dans tous ces cas : 1° ces noms - même lorsqu'ils étaient empruntés ou
appliqués à d'autres domaines -, ne se remplissaient de sens qu'à travers les œuvres,
les manifestes, les textes théoriques dus aux protagonistes de la scène littéraire ;
2° ces noms scandaient une rupture avec les tendances précédentes ou une opposi
tion face aux contemporains.
L'appellation de postmodernisme vient, elle, du champ extra-artistique, élaborée
par des philosophes, des historiens, des sociologues. Elle se légitime avant tout par
des réalisations appartenant au domaine de l'architecture (dans un degré moindre, à
celui des arts plastiques). Mais quel mouvement littéraire d'aujourd'hui se qualifie
lui-même de « postmoderniste » ? En admettant que le terme ait un sens dans le dis
cours critique, met-il en lumière une quelconque rupture décisive ? Rien n'est moins
sûr. A

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