Négation syntaxique et négation lexicale chez les jeunes enfants - article ; n°16 ; vol.4, pg 111-118
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Description

Langages - Année 1969 - Volume 4 - Numéro 16 - Pages 111-118
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 27
Langue Français

Extrait

R. De Boysson-Rardies
Négation syntaxique et négation lexicale chez les jeunes
enfants
In: Langages, 4e année, n°16, 1969. pp. 111-118.
Citer ce document / Cite this document :
De Boysson-Rardies R. Négation syntaxique et négation lexicale chez les jeunes enfants. In: Langages, 4e année, n°16, 1969.
pp. 111-118.
doi : 10.3406/lgge.1969.2023
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1969_num_4_16_2023DE BOYSSON-BARDIES BÉNÉDICTE
École Pratique des Hautes Études
Centre d'étude des processus cognitifs et du langage, 17 rue Richer.
Négation syntaxique et négation lexicale
chez les jeunes enfants.
A la suite d'études sur la production des formes négatives chez les
enfants de deux à trois ans et demi, nous avons remarqué que l'emploi
des transformations négatives est lié à certaines caractéristiques des verbes
utilisés.
Le verbe est défini dans une phrase d'une part par sa valeur lexicale
et d'autre part par la structure syntaxique de la phrase.
Pour l'analyse syntaxique, la grammaire generative transformation-
nelle fournit actuellement le modèle qui semble correspondre le mieux à
certaines réalités psychologiques. Plusieurs études ont montré le rôle des
transformations dans la perception, la mémorisation et la compréhension
des phrases. A la suite de ces études, la plupart des travaux sur l'acquisi
tion du langage ont été faits pour rechercher les invariants en fonction des aux différents stades du développement. Ces études n'ont
cependant pas abouti à des résultats concluants.
On peut d'autre part considérer les verbes comme appartenant à des
classes lexicales. Les études récentes sur la sémantique (Katz, Fodor,
Postal, Chomsky, Miller) ont porté sur l'analyse de la valeur lexicale des
mots. Ces auteurs pensent décrire cette valeur en fonction de traits pouvant
se combiner selon certaines règles. Ces traits n'ont encore qu'un statut
théorique et assez incertain quoique certains d'entre eux comme animé/ina
nimé, mots discrets/mots continus semblent jouer un rôle important.
Nous avons supposé de notre côté que pour trouver des régularités
dans le développement du langage de l'enfant, il fallait prendre en considé
ration non seulement les transformations syntaxiques, mais encore les
classes des mots en fonction de ces traits et l'interaction syntaxe-sémantique.
Dans cette optique, nous avons sélectionné des verbes pour étudier le rôle
du trait « négativité ». C'est à la suite d'analyses de corpus et d'expériences
sur la genèse des formes négatives que nous avons remarqué la possibilité
de distinguer deux classes de verbes, les verbes lexicalement positifs et les
verbes lexicalement négatifs. Nous considérons le trait négativité présent
chaque fois qu'un verbe indique, en tant qu'unité lexicale et dans une phrase
affirmative : une absence, un manque, ou une disparition.
Les verbes que nous appellerons « lexicalement négatifs » sont utilisés
dans des phrases syntaxiquement affirmatives que l'enfant substitue à des
phrases syntaxiquement négatives. Dans des situations expérimentales 112
avec jeu de cache-cache, on trouve dans le corpus des enfants de vingt-
quatre mois des énoncés du type :
« il est parti » alternant avec « il [n']est pas là »,
« il enlève son chapeau » « il [n']a pas mis son chapeau ».
L'enfant substitue l'un à l'autre en face des mêmes situations. On remarque
également que les verbes sont peu utilisés dans des phrases syntaxiquement
négatives. La négation syntaxique nous a donc semblé liée au contenu
sémantique des verbes.
A partir de ces résultats, nous avons pensé étudier expérimentalement
la négation lexicale en même temps que la négation syntaxique. Nous
avons choisi des verbes en fonction du trait « négativité », en utilisant pour
cela la définition précédente. Il n'a pas été fait d'hypothèses sur les pro
priétés de la négation lexicale par rapport à celles dues à la négation issue
d'une transformation. On a utilisé une épreuve de mémoire avec rappel
immédiat pour voir si l'on trouvait une indexation différente pour des
phrases syntaxiquement positives et des phrases syntaxiquement négatives
avec des verbes à valeur lexicale positive ou négative. L'utilisation d'une
épreuve de mémoire se justifie dans ce cas si l'on admet — à la suite des
résultats obtenus au cours de nombreuses expériences — que la représen
tation en d'une phrase ne consiste pas dans la représentation
de chacun des mots mais dans l'indexation de la signification. Ce qui
permet de voir les difficultés rencontrées par les sujets pour mémoriser un
message dont le contenu subit une transformation par rapport à une phrase
simple, affirmative, soit à cause d'une syntaxique, soit à
cause d'un trait lexical impliquant un changement de sens similaire. L'hypo
thèse de travail étant donc qu'une phrase affirmative serait évoquée plus
aisément qu'une phrase « négative » et que parmi les phrases négatives,
celles qui seraient à la fois syntaxiquement et lexicalement négatives
donneraient lieu à un maximum de difficultés lors du rappel.
Méthode.
Sujets. — Nous avons examiné :
68 enfants (37 filles, 31 garçons) d'écoles maternelles privées de Paris, 17 enfants
par tranches d'âges de 6 mois depuis 42 mois à 67 mois.
Ces enfants appartiennent à des familles de niveau socio-économique homogène
assez élevé.
Matériel.
Nous avons choisi 4 verbes lexicalement « positifs » : mettre, manger, laver,
prendre; et 4 verbes lexicalement « négatifs » : oublier, ôter, enlever, perdre.
Avec ces verbes, 16 phrases de 9 syllabes chacune ont été construites. Ces phrases
sont, du point de vue syntaxique, soit affirmatives, soit négatives; chaque verbe
étant employé une fois dans une phrase affirmative A et une fois dans une phrase
négative N.
Dans la notation adoptée ici, les types de phrases sont désignés par un groupe de
2 lettres : la première indiquant la forme syntaxique (affirmative ou négative) la seconde
caractérisant le trait sémantique du verbe (positif ou négatif). Ainsi AN désigne les
phrases de forme affirmative avec négatif, NP les phrases de forme négative
avec verbe positif.
Procédure.
Afin de ne pas présenter un trop grand nombre de phrases aux enfants,
les 16 phrases ont été séparées en 4 groupes de 4 phrases (tableau 1). 113
Tableau 1
Nous avons présenté les phrases suivantes dans des ordres balancés :
Syntaxe Verbe
la dame a lavé le tablier A P
le bébé ne prend pas le biscuit N P
A N le garçon a perdu son bonnet
la fille n'enlève pas son chandail N N
le chien a mangé son déjeuner A P
le papa n'a pas mis sa cravate N P
la dame a oublié son chapeau A N
la fille n'a pas ôté ses souliers N N
le bébé a pris son déjeuner A P
la dame n'a pas lavé la serviette N P
la fille a enlevé son chandail A N
le garçon n'a pas perdu son gant N N
le papa a mis son anorak A P
le chien n'a pas mangé le beefsteak N P
la fille a ôté son tablier A N
la dame n'a pas oublié son sac N N
Chaque enfant reçoit 2 groupes de phrases donc 2 exemples de chaque type de
phrases. La moitié des enfants ont reçu les premières 8 phrases du tableau 1 et l'autre
moitié les 8 dernières phrases.
Chaque groupe étant composé des quatre types de phrases suivantes :
Syntaxe Verbe
1 phrase affirmative avec verbe « positif » A P
1 « négatif » A N
1 phrase négative avec verbe « positif » N P
1 « négatif » N N
Consigne.
On donne comme consigne à l'enfant : « Je vais te raconter une petite histoire,
tu vas bien l'écouter et quand j'aurai fini, je te dirai « à toi » et tu me diras tout ce
dont tu te souviens. »
Pour être sûr que l'enfant a bien compris on lui fait répéter une petite phrase.
On présente alors successivement à chaque enfant 2 groupes de 4 phrases. Imméd
iatement après chaque pr

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