Note de synthèse - article ; n°1 ; vol.130, pg 143-170
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Description

Revue française de pédagogie - Année 2000 - Volume 130 - Numéro 1 - Pages 143-170
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

M. Yves Dutercq
Note de synthèse
In: Revue française de pédagogie. Volume 130, 2000. pp. 143-170.
Citer ce document / Cite this document :
Dutercq Yves. Note de synthèse. In: Revue française de pédagogie. Volume 130, 2000. pp. 143-170.
doi : 10.3406/rfp.2000.1059
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_0556-7807_2000_num_130_1_1059NOTE DE SYNTHESE
Administration de l'éducation :
nouveau contexte,
nouvelles perspectives
Yves Dutercq
et réflexion La contribution prospective. que nous L'administration proposons ici de se l'éducation veut à la fois est note en pleine de synthèse trans
formation et cette période de remise en question est propice à l'émergence
de modèles d'analyse, d'outils de référence et de modes d'action inédits. Il
est vrai qu'elle ne constitue plus tout à fait un monde à part et qu'elle est
aujourd'hui touchée comme tous les autres domaines de l'administration par
la diversification des acteurs des politiques qu'elle sert et par les débats et
conflits que cette diversité suscite. Pour comprendre ces évolutions et ima
giner de quoi l'avenir peut être fait, il faut parier sur la naissance d'une nouv
elle théorie de l'administration de l'éducation, née de la territorialisation des
politiques éducatives que la décentralisation et la déconcentration impulsées
au cours de la décennie quatre-vingt ont provoquée durant la décennie sui
vante. C'est ce à quoi ce travail essaiera de contribuer.
ADMINISTRATION, ÉVALUATION ET POLITIQUE :
UNE ARTICULATION PROPICE À L'ACTION PUBLIQUE ÉDUCATIVE
L'administration de l'éducation s'est largement construite en référence à
deux sciences privilégiées : la science administrative d'une part, qui, tout
imprégnée de droit, lui offrait les éléments propres à bâtir un cadre régle
mentaire abondant (Lefebvre, Mallet et Vandevoorde, 1996 ; Perié et Simon,
1997) et l'on pense en particulier à l'importance prise par le corps de
l'Inspection générale de l'administration de l'éducation nationale depuis
trente d'ans (IGAEN, 1999) ; la sociologie des organisations, d'autre part, qui
a servi de modèle dominant pour l'analyse du fonctionnement des différentes
composantes du système éducatif, comme elle l'a d'ailleurs fait dans
d'autres organisations administratives (Demailly, 1992 ; Derouet, 1994).
Si nous ne saurions mésestimer ces apports, il nous semble utile de
mesurer aujourd'hui l'intérêt de s'appuyer sur les travaux produits par les
spécialistes de science politique et de sociologie politique qui ont l'avantage
sans doute de proposer des concepts dynamiques mieux adaptés à ce qu'est
Revue Française de Pédagogie, n° 130, janvier-février-mars 2000, 143-170 143 devenu le système d'enseignement, son organisation et son administration.
Du reste, les frontières entre disciplines n'ont ici plus guère de sens, puisque
la science administrative est elle-même largement pénétrée par cette dyna
mique politiste et que la sociologie des organisations se consacre de plus en
plus à l'analyse du changement, avec un attrait marqué pour les théories
managériales (Mintzberg, 1982; Friedberg, 1993; Finger et Ruchat, dir.,
1997). Ajoutons que la perspective économique, et les nécessités d'évaluat
ion qui l'accompagnent, occupent désormais une place essentielle eu égard
aux objectifs de meilleure efficacité que se donne toute administration
publique moderne (Crozier et Thœnig, 1975, Deleau et al., 1986; Corcuff,
1993), celle de l'éducation comprise (Thélot, 1993 ; Vogler dir., 1996). C'est
cette confrontation fructueuse que met en lumière la parution récente d'ou
vrages collectifs, souvent issus de séminaires qui convoquent autour de
l'étude des phénomènes de décentralisation et de déconcentration des spé
cialistes aux modèles divers (David ef al., 1995 ; Faure Pollet et Warin, 1995,
Grémion et Fraisse, 1996 ; Affichard, 1997).
Les travaux des spécialistes de l'éducation se sont, dans la foulée,
ouverts aux mêmes formes de débats, où modèles et références cherchent à
se compléter plus qu'à s'affronter et, nous le verrons, des courants aussi
pointus que ceux, par exemple, de la microsociologie politique (cf. infra), de
la sociologie interactionniste (cf. sur ce point Joseph et Jeannot, 1995), la de la justification et l'économie des conventions, (cf. notamment
Boltanski et Thévenot 1989 et 1991, Revue économique, 1989) ou encore la
sociologie de la traduction (par exemple Callon, 1986 ; Corcuff, 1993a) ont
sans doute à apporter une contribution déterminante.
Les suites de la décentralisation et la redistribution du pouvoir d'État
II existe un modèle français fort en matière d'administration publique et,
depuis plusieurs années, chacun s'accorde à dire que ce modèle est en
crise. Cette crise est la résultante d'un ensemble de facteurs qui ont conduit
à remettre en cause à la fois ses valeurs de référence, ses normes d'action
et ses modes opératoires. Les facteurs en question sont nombreux et d'or
igines diverses, aussi nombreux et aussi divers que ceux qui ont tenté d'ex
pliquer cette crise, au premier rang desquels il faut citer les spécialistes de
politiques publiques (Dupuy et Thœnig, 1985 ; Jobert et Muller, 1987 ; Meny
et Thœnig, 1990, Muller, 1992, etc.).
On peut toutefois s'essayer à catégoriser ces facteurs de crise en les ra
ttachant à quatre défis contemporains (Muller, dir. 1992 ; Bartoli, 1997) : le défi
des alternances politiques qui ont secoué la France depuis le début des
années quatre-vingt, le défi des ouvertures vers l'extérieur (européanisation,
mondialisation), le défi de la décentralisation et de l'émergence des territoires
(qui s'accompagne de la montée des politiques publiques locales au détriment
de la politique nationale), enfin le défi de la modernisation (qui recouvre de
nombreux changements sociaux et culturels et oblige l'administration
publique à chercher de nouvelles règles et de nouveaux modes d'action,
notamment sous la pression de la concurrence et de la demande des usagers).
Une des principales réponses à ces défis a consisté à accompagner le mou
vement de décentralisation, qui entraînait une véritable redistribution du pou
voir d'État, d'une évolution propre à l'administration elle-même, sa déconcent
ration (Gerbaux, 1992 ; Grémion, 1992 ; Grémion et Fraisse dir., 1996).
144 Revue Française de Pédagogie, n° 130, janvier-février-mars 2000 Cette mise en question a touché bien évidemment la politique éducative
centralisée, avec toutefois un léger décalage dans le temps (Champagne
et al., 1993). Il est vrai que l'éducation nationale est un monde en soi et que
l'administration qui en a la charge dispose d'une force de résistance plus
grande encore que celle des autres administrations (Durand-Prinborgne,
1992b ; Mallet, 1998). Il y a donc tout intérêt à aller voir ailleurs, dans
d'autres administrations, quelles réponses a pu apporter la déconcentration
face à ces défis.
Le constat que l'on peut faire c'est qu'en fait de déconcentration, c'est
plutôt à un transfert massif de compétences des administrations d'État
déconcentrées vers les collectivités que l'on a assisté dans bien des
domaines (celui de l'équipement en est un bon exemple, cf. Pavé, 1992 ;
Corcuff et Lafaye, 1993). Ce transfert donne un pouvoir substantiel aux élus
locaux et permet dans plusieurs cas la naissance d'un nouveau mode de
gouvernement local (Sorbets, 1992 ; Faure, 1994 et 1997 ; Le Galles, 1998)
dont on trouve les prémices chez les théoriciens anglo-saxons contempor
ains de la gouvernance (Kooiman éd., 1993 ; Duclaux-Williams, 1993 ;
Rhodes, 1996 ; Pierre éd., 1997 ; etc.).
Ces rapprochements invitent à se poser trois questions complément
aires : la glose sur la relation entre décentralisation et déconcentration et
donc entre politique et administration est-elle pertinente dans le domaine de
l'éducation ? les évolutions perçues dans des espaces de traditions admin
istrative et politique bien différentes sont-elles transposables en France ?
et, pour aller jusqu'au bout du raisonnement, dans que

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