Notes sur l attribution du nom au Daghestan - article ; n°2 ; vol.27, pg 209-225
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Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1986 - Volume 27 - Numéro 2 - Pages 209-225
Frédérique Longuet-Marx, Notes on the attribution of a name in Daghestan.
In this Soviet republic names have different origins. Some names are commemorative, generally borrowed from Muslim tradition, others are strategic, traditional or modern. When comparing their distribution among various nationalities in rural or urban areas, we note variations conditioned by the history of these peoples, the interethnic contacts and the locality where they reside. We observe a tendency among the population living in cities to preserve traditional values in spite of the diversity of attributed names.
Frédérique Longuet-Marx, Notes sur l'attribution du nom au Daghestan.
Dans cette république soviétique, on distingue les noms commé- moratifs, généralement empruntés à la tradition musulmane, des noms stratégiques, traditionnels ou modernes. En comparant leur répartition selon les nationalités et selon les zones rurales ou urbaines, on constate une disparité (en fonction de l'histoire de ces peuples, des contacts interethniques et de leur lieu de résidence). On observe une tendance à la conservation des valeurs traditionnelles, malgré une diversification des noms attribués, parmi les populations vivant en ville.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 49
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Frédérique Longuet-Marx
Notes sur l'attribution du nom au Daghestan
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 27 N°2. pp. 209-225.
Abstract
Frédérique Longuet-Marx, Notes on the attribution of a name in Daghestan.
In this Soviet republic names have different origins. Some names are commemorative, generally borrowed from Muslim tradition,
others are strategic, traditional or modern. When comparing their distribution among various nationalities in rural or urban areas,
we note variations conditioned by the history of these peoples, the interethnic contacts and the locality where they reside. We
observe a tendency among the population living in cities to preserve traditional values in spite of the diversity of attributed names.
Résumé
Frédérique Longuet-Marx, Notes sur l'attribution du nom au Daghestan.
Dans cette république soviétique, on distingue les noms commé- moratifs, généralement empruntés à la tradition musulmane,
des noms stratégiques, traditionnels ou modernes. En comparant leur répartition selon les nationalités et selon les zones rurales
ou urbaines, on constate une disparité (en fonction de l'histoire de ces peuples, des contacts interethniques et de leur lieu de
résidence). On observe une tendance à la conservation des valeurs traditionnelles, malgré une diversification des noms
attribués, parmi les populations vivant en ville.
Citer ce document / Cite this document :
Longuet-Marx Frédérique. Notes sur l'attribution du nom au Daghestan. In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 27 N°2.
pp. 209-225.
doi : 10.3406/cmr.1986.2078
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1986_num_27_2_2078DE VOYAGE NOTES
FRÉDÉRIQUE LONGUET-MARX
NOTES SUR L'ATTRIBUTION DU NOM
AU DAGHESTAN
Le matériau présenté ici a été collecté au cours de deux mis
sions au Daghestan (Caucase soviétique) en juillet 1983 et juillet-
août 1984. Il s'agit ici d'une première étude à partir de données
qui demanderaient bien sûr à être complétées.
Analyser le système des noms * apporte un grand nombre d'in
formations sur la société étudiée. En effet, le nom est un symbole
et son attribution est révélatrice du système de relations sociales,
de la structure du pouvoir et de l'autorité. A travers cette ana
lyse, on aura un éclairage sur le système des valeurs. Le nom est
aussi un moyen d'affirmer son identité. Donner un nom, ce peut être
dans la tradition garder un lien avec ses racines ou bien affirmer
une identité sociale radicalement moderne en en attribuant un,
étranger à la culture du Daghestan. L'étude de ce système fournit
donc une indication sur la vigueur du sentiment d'identité natio
nale ; une telle analyse permet aussi de s'interroger sur la vo
lonté de la société daghestanaise de respecter la tradition des
ancêtres ou de s'engager sur une voie résolument nouvelle. Il fau
dra bien sûr faire une distinction entre les différents peuples du
Daghestan. Pour la cohérence de l'analyse, nous n'avons retenu que
les peuples de religion musulmane, c'est— à-dire que nous avons
exclu les Tates et les Russes.
Quels sont les types de noms donnés ?
Parmi les noms traditionnels, la plupart sont issus de la
religion musulmane ou de l'histoire du Daghestan. On peut distin
guer deux types : les noms commémoratif s destinés à honorer un
ancêtre et les noms stratégiques chargés d'éloigner le mauvais sort
ou même de porter bonheur, noms symboles d'un désir, liés à une
croyance magique.
les noms commémoratif s
Dans l'immense majorité des cas, on attribue le nom d'un an
cêtre mort. Il s'agit pratiquement toujours d'un nom historique ou
d'un nom musulman.
* On utilisera au cours de L'article le terme "nom", non point
au sens de nom patronyme, mais pour désigner le prénom.
Cahiers du Monde russe et soviétique, XXVII (2), avr.-juin 1986, pp. 209-226. 210 FREDERIQUE LONGUET-MARX
On honore ce faisant un ancêtre ou une personne proche de la
famille, honneur qui rejaillit aussi sur le détenteur du nom. Il
s'agit à la fois de perpétuer une lignée et de transmettre symboli
quement les qualités de l'ancêtre disparu. Traditionnellement, on
ne pourra donner le nom de que s'il n'est plus en vie,
sinon ce serait le "ressusciter" avant qu'il ne soit mort. On ne
peut attribuer qu'une seule fois dans la famille proche un prénom
faisant référence à un ancêtre ce qui explique la concurrence qui
existe dans l'attribution des prénoms :
"Les prénoms les plus prestigieux, comme les terres les plus
nobles, sont l'objet d'une concurrence intense réglée et le
•droit1 à s'approprier le prénom le plus convoité, parce
qu'il proclame continûment la relation généalogique à l'ancê
tre dont la mémoire est conservée par le groupe et hors du
groupe, se distribue selon une hiérarchie analogue à celle qui
régit les obligations d'honneur en cas de vengeance ou les
droits sur une terre du patrimoine en cas de vente." (1)
Ainsi lorsque naît un enfant, si le grand-père paternel est
mort, on lui transmet le nom de ce dernier ; si le grand-père pa
ternel est encore en vie, on attribue à l'enfant le nom de l'a
rrière-grand-père paternel ou d'un proche défunt. Si le nom du
grand-père a déjà été utilisé, on peut donner également le nom d'un
jeune frère, mort.
Un nom ne doit pas se perdre. Le plus important est que celui
de l'ancêtre paternel soit attribué au premier petit-fils né.
L'honneur de transmettre le nom de l'ancêtre revient au fils aîné.
Si le fils cadet a un fils avant Le fils aîné, ce dernier peut
céder à son frère cadet le droit de donner à l'enfant le nom qui
lui était réservé. Il peut arriver qu'un grand-père tienne à ce que
son nom soit transmis de son vivant à son petit-fils pour être sûr
de la perpétuation de la lignée.
Les noms se transmettent toujours par la ligne paternelle.
C'est au grand-père paternel ou à la personne la plus âgée de la
lignée que revient le choix du nom. Pour des raisons éthiques, la
mère ne pourra choisir seule Le nom. Un homme, né le 22 septembre
1941, m'a ainsi raconté que, tous Les hommes étant au front, il a
passé les huit premiers mois de son existence sans nom... Aucun nom
n'a pu lui être attribué sans l'assentiment écrit de son père.
C'est au fils qu'il incombe de transmettre les noms de sa
lignée. La fille donnera à ses enfants ceux de la lignée de son
mari.
S'il n'y a pas de noms disponibles - c'est-à-dire si. tous ceux
des ancêtres défunts ont déjà été distribués — on peut alors recou
rir au nom d'un ancêtre maternel. Dans le cas où une famille n'au
rait que des filles, exceptionnellement le nom du grand-père mater
nel serait donné au petit-fils né de l'une d'elles, autrement il
serait perdu. D'une manière générale, c'est le nom de la lignée du
père qu'il importe de transmettre. Je n'ai pas entendu parler de
problème similaire avec des ancêtres féminins dont le nom se serait
perdu.
Lorsqu'un enfant meurt, il arrive fréquemment que son nom soit
donné à L'enfant qui naîtra après lui. Si un garçon perd sa soeur, NOM AU DAGHESTAN 211 LE
bien souvent, il donnera à sa fille le nom de sa soeur. D'une ma
nière générale, on tente d'honorer systématiquement les défunts.
Dans l'acte de donner le nom, il s'agit de transmettre une
certaine valeur à l'enfant, soit celle d'un ancêtre ou d'un parent
défunt - et ainsi on maintient la mémoire du groupe -, soit celle
de quelqu'un de très respecté. A partir de la révolution, les
valeurs évoquées en référence seront nouvelles, le corpus des noms
va donc évoluer. C'est ce que nous verrons dans une seconde partie.
Les noms stratégiques
Dans cette catégorie entrent les noms destinés à éloigner le
mauvais sort. Nous sommes en présence d'une société où le système
des valeurs est centré sur l'homme, de nombreux noms de filles en
témoignent. Traditionnellement, les noms de filles sont souvent
formés 

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