Parole proverbiale et structures métriques - article ; n°139 ; vol.34, pg 6-26
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Description

Langages - Année 2000 - Volume 34 - Numéro 139 - Pages 6-26
This study is an attempt to define the proverbial speaking from the point of view or its linguistic properties, mainly the metrical ones. It has been noticed at length that proverbial items often show rimes, assonances and alliterations. It is shown here that these phonological and prosodie features moreover reveal metrical and rhythmical patterns that can also be found in some poetic forms, as well as in nursery rhymes and slogans.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 60
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

M. Jean-Claude Anscombre
Parole proverbiale et structures métriques
In: Langages, 34e année, n°139, 2000. pp. 6-26.
Abstract
This study is an attempt to define the proverbial speaking from the point of view or its linguistic properties, mainly the metrical
ones. It has been noticed at length that items often show rimes, assonances and alliterations. It is shown here that
these phonological and prosodie features moreover reveal metrical and rhythmical patterns that can also be found in some poetic
forms, as well as in nursery rhymes and slogans.
Citer ce document / Cite this document :
Anscombre Jean-Claude. Parole proverbiale et structures métriques. In: Langages, 34e année, n°139, 2000. pp. 6-26.
doi : 10.3406/lgge.2000.2377
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_2000_num_34_139_2377Jean-Claude Anscombre
CNRS (URA 7023)-CELITH
PAROLE PROVERBIALE ET STRUCTURES METRIQUES
fya Tyâ pras hoy Proverbe keh ne anupras ?vat goujerati2
1 . Le fond de la question
Les études parémiologiques3, qui suscitent depuis un certain temps un regain d'inté
rêt de la part des linguistes, souffrent d'un grave handicap, qu'elles partagent d'ailleurs
avec d'autres catégories de langue. Ce handicap provient de ce que les catégories de base
qu'utilise tout linguiste - même quand c'est dans le but avoué de les remettre en question
- sont des catégories grammaticales au sens le plus banal du terme. Je veux dire par là que
ce sont des issues de la grammaire traditionnelle telle qu'elle nous est enseignée
dès notre plus jeune âge. Reflet des préoccupations pédagogiques du xixe siècle, cette
grammaire traditionnelle est en fait, au moins dans son essence, héritée d'études plus
anciennes. Aristote (qui reprend Platon) n'est sans doute pas étranger au fait que Grevisse4
ramène la phrase monopropositiormelle à la combinaison d'un groupe nominal et d'un
groupe verbal. C'est pourquoi il est encore fréquent que la phrase nominale soit considé
rée comme une phrase à verbe effacé, selon une erreur justement signalée par Benveniste5.
Cette hypothèse subreptice d'une structure bipartite nom + verbe a conduit à subdiviser
les phrases en deux classes, l'une comportant les phrases à part entière, celles dont la struc
ture superficielle est conforme à ce schéma canonique nom + verbe. L'autre, comportant les
phrases « demi-tarif », divergeant au moins en surface de ce standard. Parmi lesquelles les
exclamatives, d'autant plus facilement écartées qu'elles comportent souvent des interjec
tions ou des onomatopées qui les ont fait considérer comme proches du cri (et donc de
l'animal)6, et priant les éloignent de l'expression d'idées (et donc de l'humain). Mais
1. Je remercie pour leur aide : R. Doctor (U. de Pune, Inde), D. Flament (Paris X), D. Leeman (Paris X),
H. Obenauer (CNRS), I. Tamba (EHESS).
2. Littéralement : Où rythme et allitération / là être proverbe.
3. Du grec paroimia« proverbe, adage ». Tend à s'utiliser aujourd'hui comme synonyme culte déforme
sentencieuse.
4. Grevisse, Le bon usage, Xlème édition, Duculot, 1980, pp. 163 sq.
5. E. Benveniste, Problèmes de linguistique générale, t.I, Ed. Gallimard, Paris, 1966, pp. 151-167.
6. « L'interjection est une sorte de cri qu'on jette dans le discours... Les interjections sont généralement
brèves et se réduisent souvent à une seule syllabe... » (Grevisse, op. cit., p. 1270). les proverbes 7, qui ont la malencontreuse idée : a) De présenter de nombreux cas également
de phrases nominales ; b) D'utiliser abondamment les procédés paratactiques 8. Or la para-
taxe est vulgaire et commune face à l'hypotaxe cultivée, sans doute en raison de l'hypo
thèse implicite d'un parallélisme logico-grammatical : il n'y a dépendance (logique) que s'il
y a marque (grammaticale) de dépendance. Grevisse - toujours lui, mais il n'est que le
relais d'une tradition dont il n'est pas l'auteur - voit l'hypotaxe comme typique de la langue
écrite, comme l'expression de la pensée, comme complexe et savante. La parataxe, à l'opposé,
relève de la langue parlée, de la syntaxe affective qui désarticule l'expression de la pensée, et ne
s'embarrasse guère de l'appareil complexe de la phrase périodique savamment cimentée de conjonct
ions. ..et ce d'autant moins qu'elle a à sa disposition le geste et les inflexions de la voix...9.
Ainsi, un proverbe comme Tel père, tel fils peut être vu comme la forme vulgaire - super
position de deux phrases nominales - d'une forme « culte » Tel est le père donc tel est le fils.
On remarquera que ce côté populaire et parlé, d'un affectif qui peut aller jusqu'au ges
tuel, cette économie dans les moyens qui va jusqu'à la brièveté, caractérise chez Grevisse
à la fois l'interjection (catégorie dans laquelle il range aussi les procédés onomatopéiques)
et la parataxe. Et rassemble curieusement, nous le verrons, la plupart des traits acceptés par
tout un chacun comme présents dans tout proverbe qui se respecte. C'est que le proverbe
étant une entité marginale par rapport au schéma standard de la phrase et/ ou des enchaî
nements entre phrases dans le cadre de la grammaire traditionnelle, il fallait donc expliquer
non seulement son existence, mais encore sa structure fréquemment anomale, ainsi que son
obstination à survivre (nous verrons comment) malgré sa disparition dans certains secteurs
d'activité. L'idée a été d'en faire, comme les exclamatives, les onomatopées, et autres inter
jections, une catégorie non pertinente quant au fonctionnement de la langue, et à l'existence
purement lexicale, au même titre que d'autres. Ce qui a mené à la création et à la (large) dif
fusion de la vulgate suivante :
(Vulgate) Le proverbe est :
(i) Une entité phrastique autonome.
(ii) Doué d'un contenu sentencieux (la valeur « prescriptive » du proverbe).
(iii) L'expression d'une vérité générale, fondée sur l'expérience.
(iv) II est bref, populaire (vulgaire, selon certains auteurs), et généralement métaphorique.
(v) II est bimembre, souvent pourvu de rimes et d'éléments répétitifs, lesquels sont chargés
de faciliter sa mémorisation..
(vi) II est ancien, et se transmet fidèlement de génération en génération. Il s'agit d'un genre
essentiellement oral, et de cette fidèle transmission découle son statut de tournure figée,
ainsi que l'abondante présence de structures archaïsantes. Le proverbe relève exclusive
ment d'un lexique spécial (on doit apprendre les proverbes par cœur).
C'est la quasi-totalité des éléments de cette vulgate que je voudrais examiner et éventuel
lement contester dans le présent travail. Il est pratiquement impossible d'évoquer un des
traits ci-dessus sans convoquer les autres, et si cette critique se veut centrée sur le point (v)
- rimes et éléments répétitifs dans une structure bi-membre - il m'arrivera néanmoins
d'évoquer d'autres points, en particulier (vi). Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, je
voudrais consacrer un paragraphe à un sujet fortement connexe, à savoir la définition du
proverbe.
7. On remarquera d'ailleurs, à ce propos, que les proverbes ne sont pratiquement jamais étudiés comme
tels dans les grammaires, et que la place réservée aux exclamatives, aux interjections et aux onomatopées,
y est plus que minime.
8. La parataxe consiste en l'absence de marque du rapport de dépendance, et s'oppose à l'hypotaxe.
9. Toujours Le bon usage, op. cit., s.v. Groupement des propositions. 2. Mais qu'est-ce donc qu'un proverbe ?
2.1. Le point de vue des recueils
Là encore, il est bien difficile de faire table rase d'une tradition lexicologique fortement
enracinée, et qui comporte selon moi deux caractéristiques principales :
a) Un flou total concernant la terminologie et son application.
b) La ferme croyance que cette recouvre des concepts.
Cela a été fréquemment remarqué et dit : la langue est fort prolixe dans le domaine de
la terminologie sentencieuse. Je ne retiendrai ici que les principaux, à savoir aphorisme,
apophtegme, maxime, précepte, sentence, d'un côté ; adage, dicton, proverbe, de l'autre. La raison
d'être de cette bipartition apparaîtra plus bas. Il y en a d'autres, mais ceux-ci suffiront pour
mon

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