Pour une histoire de l administration de l enseignement en France - article ; n°1 ; vol.22, pg 27-58
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Pour une histoire de l'administration de l'enseignement en France - article ; n°1 ; vol.22, pg 27-58

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Description

Histoire de l'éducation - Année 1984 - Volume 22 - Numéro 1 - Pages 27-58
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Guy Caplat
Pour une histoire de l'administration de l'enseignement en
France
In: Histoire de l'éducation, N. 22, 1984. pp. 27-58.
Citer ce document / Cite this document :
Caplat Guy. Pour une histoire de l'administration de l'enseignement en France. In: Histoire de l'éducation, N. 22, 1984. pp. 27-
58.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hedu_0221-6280_1984_num_22_1_1247POUR UNE HISTOIRE DE L 'ADMINISTRA TION
DE L 'ENSEIGNEMENT EN FRANCE
par Guy CAPIAT
L'histoire de l'administration de l'enseignement reste à écrire,
comme d'aiUeurs l'histoire de l'administration en France. Une histoire
de l'administration française, appréhendée dans sa totale dimension,
ne peut être que l'aboutissement de recherches nombreuses, diversi
fiées et suffisamment approfondies, portant sur les institutions et les
niveaux de l'action administrative (monographies relatives à des
services centraux, à des services extérieurs ou à des établissements
publics), sur les corps administratifs et les différentes catégories
d'acteurs (origines, carrière, rôle des hommes responsables aux
échelons élevés mais aussi d'agents moins en vue qui sont les relais de
l'efficience), sur les instances consultatives (officielles ou non), sur les
idées ou courants doctrinaux (aux effets incitateurs ou perturbateurs,
à moyen ou long terme, qui précèdent ou accompagnent les mutations
les plus profondes). C'est la capitalisation de toutes ces investigations
qui conduit à des synthèses progressives et affermies (1).
L'histoire de l'administration de l'Instruction publique appelée
Éducation nationale depuis 1932 en dépit de travaux qui ne sont
pas négligeables et parfois peu connus, n'a pas beaucoup tenté les
historiens. Presque tout reste à faire. C'est pourquoi U est opportun de
(1) L'ouvrage de Pierre Legendre, Histoire de l'administration de 1750 à
nos jours, Paris, PUF, Ire édition 1968, 580 p. est surtout une uvre de
réflexion. Aucune synthèse n'est réalisable en l'état présent des recherches. 28 Guy C APLAT
reprendre l'examen au fond du problème. Comme se fait-U qu'une
administration aussi importante, puissamment centralisée, n'ait pas
inspiré des études ? D'une manière générale, le phénomène bureau
cratique a-t-U des exigences propres, causes de réticences pour
l'historien ? Très tôt, le citoyen a eu des contacts avec les administrat
ions financières ou mUitaires ; les services correspondants sont de
longue date banalisés pour le contribuable ou le conscrit. L'Instruc
tion pubUque, eUe, n'a pas engendré, pendant longtemps, une administ
ration pléthorique ; U faut attendre le milieu du XXe siècle pour que
la poussée scolaire, se développant dans un mUieu de plus en plus
urbanisé, impose un encadrement de masse. Un usager scolaire est né,
mieux informé, volontiers critique. Mais connaît-U mieux, pour
autant, les bureaux de l'administration scolaire ? Ce n'est pas certain,
le guichet d'inscription universitaire, les notifications de décisions
jouant le rôle d'épiphénomènes : les secteurs générateurs de paperasse
et de contraintes sont le plus fréquemment rencontrés. Il est donc
utile de rétablir une vue d'ensemble.
Nous nous proposons d'examiner les problèmes généraux que
soulève l'étude de l'histoire de l'administration de l'enseignement en
fonction des acquis de la recherche en histoire de l'administration en
France, pour mieux déterminer le domaine que recouvre l'administra
tion de l'Éducation nationale et ses diverses approches historiques. À
chaque fois que l'occasion se présentera, des éléments bibliographi
ques seront indiqués qui n'auront rien d'exhaustif puisqu 'aussi bien,
cet article vise à définir des objectifs potentiels, à susciter une
réflexion générale et non à constituer un inventaire des travaux
réalisés.
I - HISTOIRE DE L'ADMINISTRATION ET DE L'ENSEIGNEMENT
Compte tenu du caractère inédit du sujet présenté, il convient
d'exposer d'abord l'intérêt des investigations historiques portant sur
l'administration. Ainsi l'on verra sans doute mieux l'éclairage que
l'analyse d'un secteur particulier, celui de l'Éducation nationale, peut
apporter dans la compréhension des mécanismes et des relations. Histoire de l 'administration de l 'enseignement 29
i . Les perspectives ouvertes
Les apports généraux ou spécifiques de cette branche historique
ont été évoqués avec beaucoup de netteté au cours de deux colloques
organisés par l'Institut français des sciences administratives (IFSA) : le
premier, le 30 janvier 1971 , en liaison avec la Fondation nationale des
sciences politiques (1) ; le second, le 4 mars 1972, en liaison avec la
IVe section de l'École pratique des hautes études (2). L'on a d'abord
constaté, sans difficulté, que l'histoire administrative rejoint l'histoire
générale, l'histoire sociale, financière, l'histoire religieuse,
l'histoire économique, l'histoire du droit, l'histoire des idées politi
ques. « Si eUe s'efforce d'agir sur la société, l'administration fait
partie de cette société ; elle est elle-même une composante essen
tieUe » (3). Après leur mode de constitution, l'observation des services
dans leurs transformations aux différentes époques est, pour le présent
même, enrichissante à plus d'un titre. « L'administration française,
écrit Pierre Legendre, est une sédimentation progressive. L'histoire est
la géologie de la science administrative. Sans l'analyse des strates
inférieures, la validité du terrain n'est jamais une certitude [...].
L'histoire administrative n'est donc pas seulement la contemplation
du passé accompli, toujours utile à méditer, mais eUe devient opéra
tionnelle, comme disent les organisateurs » (4). De son côté, Lucien
Mehl trouve à l'histoire administrative des « vertus didactiques » que
nous résumons ici : eUe invite tout d'abord l'administrateur à la
modestie, « le progrès technique ne bouleverse pas ce qu'U y a de
fondamental dans le phénomène administratif et, notamment, dans ses
implications humaines, qu'U s'agisse des principes généraux d'organisa
tion, de décision et de contrôle, de la situation juridique et psycholo
gique du fonctionnaire, de ses relations avec l'autorité politique et
avec l'administré. La connaissance du passé invite aussi à écarter les
solutions simplistes ou inopérantes, eUe nous offre une longue série
d'exemples à ne pas suivre. EUe conduit enfin à accorder moins de
nouveauté et d'originalité aux situations du moment, à dénoncer des
(1) Histoire de l'administration, Paris, Cujas, 1972, 134 p. (Cahiers de
l'IFSA, 7). L'ouvrage comporte une bibliographie.
(2) Histoire de l'administration française depuis 1800. Problèmes et mé
thodes. Genève, Droz, 1975, 117 p.
(3) Mayeur (Jean-Marie) : « Administration et société », Le Monde, 15-16
février 1976.
(4) Legendre (P.), Op. cit. , p. 20. 30 Guy C APLAT
archaïsmes latents dans de prétendues innovations, à révéler les per
manences, les invariants sous la surface changeante des événements,
donc à remettre en perspective faits et idées » (1). L. Mehl souligne
encore que si l'histoire fait prendre conscience du poids excessif du
passé dans les systèmes et les mécanismes de l'administration, elle met
en lumière aussi ce qui fait la vertu de toute administration : l'objecti
vité, la prudence, la patience, la continuité, la sérénité encore qu'elle
soit également pour le pouvoir un volant d'inertie, ce qui est irritant
mais nécessaire : « eUe freine, au moms momentanément, par sa masse
même, les impulsions d'un pouvoir fort » .
Dès 1943, dans une note de suggestions relative à une réforme des
programmes de l'École des sciences politiques, René BrouiUet avait
préconisé de dispenser un enseignement de l'histoire de l'administra
tion française (2). Cette proposition, qui eût pu valoir aussi pour
l'ENA, créée en 1945, devait rester

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