Prêtres syriens. II. Hiérapolis - article ; n°1 ; vol.53, pg 127-140

Rolf A.Stucky

Description

Syria - Année 1976 - Volume 53 - Numéro 1 - Pages 127-140
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: SYRIA
• Publié le: 01 janvier 1976
• Nombre de lectures: 12
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Rolf A. Stucky
Prêtres syriens. II. Hiérapolis
In: Syria. Tome 53 fascicule 1-2, 1976. pp. 127-140.
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Stucky Rolf A. Prêtres syriens. II. Hiérapolis. In: Syria. Tome 53 fascicule 1-2, 1976. pp. 127-140.
doi : 10.3406/syria.1976.6530
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1976_num_53_1_6530PRÊTRES SYRIENS II
Hiérapolis (*)
PAR
Rolf A. Stucky
(PL V-VI)
A la mémoire de Henri Seyrig
La seule source qui permit jusqu'en 1924 d'imaginer ce qu'avait été
le clergé de Hiérapolis-Bambycé était la Dea Syria de Lucien de Samosate
(chapitre 42). En 1924 P. Perdrizet et H. Seyrig trouvèrent à Membij un
fragment de relief figurant un personnage vêtu d'une longue tunique et
s'apprêtant à sacrifier sur un autel (1). H. Seyrig qui publia ce relief émit
l'hypothèse, fondée sur le passage de Lucien, que le personnage représenté
devait être un des grand-prêtres de Hiérapolis (2). Depuis lors l'œuvre
de Lucien a donné lieu à de nouvelles recherches <3) ; des découvertes faites
à Doura-Europos, à Killiz (fig. 1) et à Palmyre ont accru notre connaissance
du costume des prêtres syriens <4>, mais ce n'est qu'aujourd'hui que nous
(*) Je dois la traduction du manuscrit all L. van Berg, Corpus Cultus Deae Syriae, Vol. I,
emand à l'amabilité de M. D. Schlumberger et 1-2, Études préliminaires aux religions orientales
dans V empire romain, Leiden 1972. de M. D. Knoepfler.
(*) Damas, Musée National, n° d'inv. 1687. (*) H. Ingholt, Berytus 1, 1934, 33 ss., Id.,
Mentionné pour la première fois par F. Cumont, Kunstmuseet Aarskrift 1930, 86 ss (non vidi) ;
Fouilles de Doura-Europos, Paris 1926, 60, n. 4 ; R. A. Stucky, Syria 50, 1973, 163 ss ; pour le
voir aussi S. et A. Abdul Hak, Catalogue illustré relief de Killiz voir F. Cumont, op. cit., 58 ss.,
du Dép. des antiquités gréco-romaines au Musée fig. 11 ; Id., Études syriennes, Paris 1917,
257 ss, fig. 91. Je dois la photo à l'amabilité de de Damas, Damas 1951, PI. 41, lb.
(*) Antiquités Syriennes (cité ci-après AS) 3, M. J.-Chr. Balty, Bruxelles. Pour la base de
Paris 1946, 15 ss, PI. 25, fig. 5 (= Syria 20, Killiz, cf. R. Dussaud, RHR 1913-14, 1 ss.
1929, 138 ss). (Base ; entre deux taureaux ailés à tête humaine
(*) J. Bompaire, Lucien écrivain, imitation et une scène d'offrande ou de sacrifice).
création, Paris 1958, 646 ss (avec Bibl.) ; P.- 128 SYRIA [LUI
Fig. 1. — Relief du prêtre Gaios de Killiz, Bruxelles, Musées Royaux d'Art et d'Histoire.
pouvons, grâce à un heureux hasard, restituer le relief en question, ainsi
que de présenter un autre relief intact et deux statues de grand-prêtres
hiérapolitains.
Nous avons pu voir dans le commerce un fragment de relief de basalte
qui figure une tête masculine regardant à sa droite, le cou et l'amorce de
ses épaules sont conservés (PI. V, 1-3) <x>. Sous un bonnet conique on voit
apparaître la chevelure formée de petites mèches et bouclettes. Le visage
est mutilé. Le bonnet est orné au sommet d'un croissant de lune enfermant
une étoile à huit branches et, à la base, d'une couronne à laurier. La surface
du bonnet est décorée en outre d'une étoile ou rosette à seize branches.
Un diadème portant cinq petits bustes face au spectateur ceint le bonnet
à sa base et est noué à l'arrière par un ruban orné d'un motif de spirales ;
ce ruban retombe sur l'épaule gauche. On reconnaît l'extrémité de ce fanon
(x) Mentionné pour la première fois par relief a dû être donc de 197 cm env. Deux trous
H. Seyrig, Rev. Numismal., 6e sér., 13, 1971, rectangulaires sur la partie haute servaient à
15, n. 15. Hauteur 54 à 59 cm, largeur 66 cm, fixer le relief par des tenons à un mur. Ph. AS 3,
profondeur 18 cm, hauteur des lettres de Paris 1946, PL 25 et R. A. Stucky.
l'inscription 1,9 à 2,8 cm. La hauteur totale du SYRIA LUI (1976), 1-2 PI. V
Illustration non autorisée à la diffusion
1-3. — Stèle du grand-prêtre Alexandros. Damas, Musée National et commerce PI. VI SYRIA LUI (1976), 1-2
Illustration non autorisée à la diffusion
1. — Relief d'un grand-prêtre anonyme. Alep, Musée National
2-4. — Statue du Nikophon. Alep, Musée
5. — Statue d'un grand-prêtre anonyme. Membij, jardin public PRÊTRES SYRIENS II 129 1976]
sur la stèle trouvée en 1924 et aujourd'hui conservée au Musée National de
Damas. Les dimensions ainsi que le contour de la cassure montrent que
les deux fragments se raccordent. Une inscription de onze lignes gravée
à côté de la tête confirme la thèse de H. Seyrig, selon laquelle le personnage
représenté est un grand-prêtre et nous fait même connaître son nom ainsi
que le nom du dédicant :
EI[]ENOCAPXIEPHA
nANEEOXONENOAAAXAI
OCCTACENAAEEAN
APONrNHCIONEN
5 OIAlAIÇriENAQN
O4>PAOEOICINE
F1EYXHTAIMA
KAPECCINnATPI
10 ZQCIAENEN
EYNOMIAI
Dans cette inscription le choix de mots rares et le datif épique sont
remarquables. Je dois à M. H. Seyrig beaucoup, aussi bien pour le déchiffr
ement que pour la traduction. Ces onze lignes forment deux distiques
épiques :
EI[.]ENOE àp/tspTJa toxvé^o^ov
(TTÔcasv 'AXé£a/8pov yv?) ctiov èv cptXtqc
<7TOv8<ov 6<ppa Gsoïcriv èmxiyrixa.1 [xaxàpsamv
<TcoÇ(O(na(i)ev èv
« Ici Achaios a dressé (l'image de) Alexandros, archiprêtre incomp
arable, noble en amitié, (Achaios) faisant libation en même temps qu'il
supplie les dieux de conserver sa patrie dans le respect des lois. »
Le nom Achaios n'était pas attesté jusqu'à présent à Hiérapolis, mais
on sait qu'il était en usage en Syrie à l'époque hellénistique : un général
de Séleucos Ier et neveu de Laodicé portait ce nom(1>. Au contraire,
(x) W. Pape, Wôrterbuch der griech. Eigennamen, Braunschweig 1911, 184. 130 SYRIA [lui
Alexandros est déjà attesté deux fois à Hiérapolis : d'une part ce nom
apparaît sur des monnaies hellénistiques de cette ville (1), d'autre part ce
nom est connu par une inscription funéraire d'époque vraisemblablement
romaine (2).
Un second relief de provenance inconnue, aujourd'hui conservé au
Musée National d'Alep représente un prêtre étroitement apparenté par
l'iconographie à l' Alexandros de Damas (PL VI, 1) (3). Un fragment de
tambour de colonne en calcaire blanc tendre porte l'image du prêtre au-
dessous de l'inscription suivante :
ETOYC
rYAore
AlOrENH
XPHCTE
n
Le prêtre est vu de face, il sacrifie sur un thymiatérion placé à sa droite.
La tête complètement mutilée est coiffée d'un bonnet orné de cercles et
couronné par un croissant de lune. Le vêtement consiste en une tunique
à longues manches sur laquelle est posée une large ceinture. La ceinture
ressemble à celle d' Alexandros par son système de fermeture. Le rebord
inférieur du vêtement sous lequel apparaissent les pieds nus est bordé de
deux zones de pompons ou clochettes. L'inscription datée (ligne 2) de
l'an 403 d'ère des Séleucides (= 91 ap. J.-C), paraît plus ancienne que le
relief. Négligeons le II de la ligne 5, il reste que le bonnet du prêtre entame
en partie les lettres C et T de la ligne 4. Ainsi ce relief aurait été sculpté
au plus tôt vers le début du ne s. ap. J.-C.
La statue" d'un homme accompagné d'un personnage minuscule
de provenance inconnue conservée au Musée National d'Alep est
clairement apparentée par son iconographie aux pièces décrites
ci-dessus (PL VI, 2-4) (4). La statue est acéphale ; il lui manque en outre
(x) H. Seyrig, Rev. Numismat., 6e sér., 13, Acheté en 1964 d'un marchand d'antiquités de
1971, 11 ss, nos 8-13, PI. 2. la Syrie du Nord. Je remercie M. Sh. Shaath
(2) IGLSyr. I, 128, n° 235. pour les photos et la permission de les publier.
(8) N° d'inv. 5971. Hauteur totale 98 cm, (4) N° d'inv. 5240. Hauteur 120 cm, largeur
hauteur du relief 75 cm, largeur du relief 23 cm, 41 cm, profondeur 26 cm, hauteur du socle 6 cm, des lettres de l'inscription 2,2 à 4 cm. hauteur des chiffres de la date 4 à 5 cm, hauteur PRÊTRES SYRIENS II 131 1976]
le bras et l'épaule gauche. Sur sa tunique &#