Prométhée stigmatisé - article ; n°1 ; vol.44, pg 25-39
16 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Prométhée stigmatisé - article ; n°1 ; vol.44, pg 25-39

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
16 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mots - Année 1995 - Volume 44 - Numéro 1 - Pages 25-39
PROMETEO ESTIGMATIZADO A la culpabilización nativa del nombre роr el cristianismo, se puede anadir una actitud laica de desconfianza hacia el deseo de conocer el mundo y de actuar sobre él. El cientificismo, con el que la ciencia conduce el mundo, antes para bien ahora para mal, niega la autonomia de las selecciones humanas. Pero estas posiciones no van sin contradicciones.
THE STIGMATIZATION OF PROMETHEUS The guilt complex caused by Christianity is now intensified by a secular attitude of mind, that suspects desiring to know the world and to act on it. The scientistic ideology, implying that science rules the world, lately for better, today for worse, denies human choice's autonomy. However, such positions are hardly consistent.
PROMÉTHEE STIGMATISÉ A la culpabilisation native de l'homme par le christianisme s'est ajoutée une attitude laïque de défiance vis-à-vis du désir de connaître le monde et d'agir sur lui. Le scientisme, pour lequel la science mène le monde, naguère pour le meilleur, aujourd'hui pour le pire, nie l'autonomie des choix humains. Mais ces positions ne vont pas sans contradictions.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marie-Josèphe Dhavernas-Lévy
Prométhée stigmatisé
In: Mots, septembre 1995, N°44. pp. 25-39.
Resumen
PROMETEO ESTIGMATIZADO A la culpabilización nativa del nombre роr el cristianismo, se puede anadir una actitud laica de
desconfianza hacia el deseo de conocer el mundo y de actuar sobre él. El cientificismo, con el que la ciencia conduce el mundo,
antes para bien ahora para mal, niega la autonomia de las selecciones humanas. Pero estas posiciones no van sin
contradicciones.
Abstract
THE STIGMATIZATION OF PROMETHEUS The guilt complex caused by Christianity is now intensified by a secular attitude of
mind, that suspects desiring to know the world and to act on it. The scientistic ideology, implying that science rules the world,
lately for better, today for worse, denies human choice's autonomy. However, such positions are hardly consistent.
Résumé
PROMÉTHEE STIGMATISÉ A la culpabilisation native de l'homme par le christianisme s'est ajoutée une attitude laïque de
défiance vis-à-vis du désir de connaître le monde et d'agir sur lui. Le scientisme, pour lequel la science mène le monde, naguère
pour le meilleur, aujourd'hui pour le pire, nie l'autonomie des choix humains. Mais ces positions ne vont pas sans contradictions.
Citer ce document / Cite this document :
Dhavernas-Lévy Marie-Josèphe. Prométhée stigmatisé. In: Mots, septembre 1995, N°44. pp. 25-39.
doi : 10.3406/mots.1995.1991
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_1995_num_44_1_1991DHAVERNAS-LEVY° Marie-Josèphe
Prométhee stigmatisé
L'humain ennemi de l'humanité ?
H est curieux de voir le sort actuellement accordé au mythe de
Prométhee; traditionnellement, il s'agit d'un héros positif: quelle
que soit la version du mythe, c'est un ami et bienfaiteur de
l'humanité, révolté contre des dieux injustes et égoïstes, et porteurs
de tous les défauts humains, la puissance en plus (et l'impunité,
concernant Zeus leur chef). C'est Prométhee qui sort les humains
de l'animalité et de la sauvagerie asservie, qui leur apprend la
culture et la civilisation, qui leur donne des moyens d'agir contre
un sort indigne et injuste... Aussi, l'adjectif « prométhéen », tel qu'il
est défini par le dictionnaire Robert, signifie-t-il « caractérisé par le
gout de l'action, la foi en l'homme » (il est d'ailleurs caractéristique
que le « Commentaire » par F. Mounier de la récente encyclique
pontificale Evangelium Vitae dans le journal La Croix s'intitule
précisément «Contre Prométhee»1. Il n'y a pas à supputer ici les
raisons de cette perte de la foi en l'homme, qui font que la
référence à Prométhee n'est plus, depuis une décennie et quelque,
utilisée que de manière péjorative ; catastrophes écologiques,
désastres des utopies, nationalismes massacreurs, « nous cédons
parfois à la séduction prométhéenne et à l'engouement scientifique »,
écrivent Boné et Malherbe, signalant la synonymie largement attr
ibuée à ces deux expressions et leur identification (qu'ils nuancent
pour leur part) à la « technologie amorale ou même immorale » 2.
La nature, fantasmatiquement personnifiée, apparait agressée, et, soit
vengeance de sa part, soit maladresse humaine auto-destructrice, ne
saurait manquer de nous ramener sévèrement à plus de modestie :
° CNRS, Institut international de philosophie, 8 rue Jean Calvin, 75005 Paris.
1. La Croix, 31 mars 1995
2. Edouard Boné, Jean-François Malherbe, Engendrés par la science, Paris, Le
Cerf, 1985, p. 14.
Mots, 44, septembre 95, p. 25 à 39 25 l'ordre marchand « remplace des actes vivants par des artefacts,
transforme la nature en marchandise, menace de faire de l'homme
lui-même un objet produit en série » l. Le désastre ne vient plus
de l'extérieur, il est imputé à l'action humaine et à elle presque
exclusivement, au point que, dans les cas limites, tout vaudrait
presque mieux à l'humanité que de faire usage de ses facultés
propres. L'objet de ce texte n'est pas de proposer une analyse de
cette situation, mais d'en montrer quelques manifestations à travers
le discours bioéthique, et singulièrement dans ce qui fait l'objet de
la génétique, c'est-à-dire ce qui est ressenti — quoiqu'en même
temps refusé, contradiction sur laquelle on reviendra plus loin —
comme le noyau dur de notre spécificité ; d'où ce paradoxe, qui
fait que la particularité mentale même de l'humanité est conçue et
présentée par nombre d'auteurs comme ce qui nuit à l'humanité
comme telle, comme une sorte de maladie auto-immune qui envah
irait la civilisation « prométhéenne », « technicienne » et, en défi
nitive, moderne.
En fait, on constate une forte convergence entre le discours
traditionnel chrétien2, d'après lequel tout ce qui risque d'entrer en
rivalité avec l'action divine créatrice est sacrilège et, d'une certaine
manière, « dénaturé », et un discours qui se veut indépendant de
toute affiliation religieuse, mais qui fait référence de manière presque
constante à la sacralité. €e discours se présente assez volontiers
comme le discours des Droits de l'homme, mais peut aussi bien
s'affirmer comme celui de la critique de l'humanisme. Toute atteinte
à la sacralité y est présentée, sur le mode de l'évidence, comme
inhumaine ou déshumanisante, mais aussi, par postulat ou même à
titre d'axiome, comme inhérente à cette déshumanisation ; tout se
passe comme s'il y avait, ce qui n'est guère le cas, consensus sur
ce qui est « sacré » ; bien sûr, la vie humaine, mais alors le
problème se repose : qu'est-ce au juste que la « vie humaine » ?
Est-ce une personne ? Un organe ? Un amas de cellules, éventuel
lement indifférenciées ? Un descendant d'humain, fût-il dénué de ce
qui est nécessaire au propre de l'humanité (cas de l'anencéphalie
1. Jacques Attali, Lignes d'horizon,.Paris, Fayard, 1989, cité par Robert Maggiori,
«Le nouveau songe ď Attali», Libération, 11 janvier 1990, p. 26.
2. L'adage protestant selon lequel l'homme est ouvrier avec Dieu permet certes
une plus grande latitude, dont témoigne d'ailleurs la divergence entre les positions
morales de l'Eglise réformée et celles de l'Eglise romaine ; les variétés anglo-
saxonnes sont si diverses qu'elles rendent difficile une quelconque généralisation, et
la violence des antagonismes en matière de morale biomédicale est frappante aux
Etats-Unis. Toutefois, l'impératif d'humilité finit toujours par poser des restrictions à
l'action humaine sur la création divine.
26 exemple)1 Qu'en est-il d'un être dont le cerveau est clinique- par
ment mort mais les autres organes maintenus en état de survie
artificielle ? Et ceux qui sont en état de coma végétatif chronique
depuis des années ? On ne s'étonnera pas de constater que plus les
réponses sont floues, plus elles sont consensuelles, et que tout
surcroit de précision et de rigueur dans les définitions est cause de
polémique.
Dans l'optique a-religieuse de la position antiprométhéenne, l'hu
manité, dans son projet constructeur, apparait en rivalité avec la
nature, celle-ci étant seule habilitée à introduire des transformations.
Les espèces évoluent, certes, mais ce n'est pas à elles d'en décider,
et comme l'espèce humaine, pour autant qu'on le sache, est la
seule à même de contribuer volontairement à une telle œuvre, elle
est a priori suspecte de nourrir ce désir blasphématoire et cette
ambition aussi téméraire que dénuée d'humilité. F. Isambert décrit
ainsi ce courant de pensée :
« Déjà, il y a quelques années, s'élevaient outre-Atlantique des voix qui,
rappelant la célèbre hatchery du Meilleur des mondes, s'insurgeaient
contre le passage de la procréation à une "fabrication" de l'homme,
inquiétante certes à cause de ses excès possibles, mais aussi pour le
principe, à cause de la transgression de l'ordre naturel, du remplacement
de la nature avec ce qu'elle a d'imprévisible, par l'

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents