Quelques fondements de l intelligence économique - article ; n°1 ; vol.98, pg 55-74
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Description

Revue d'économie industrielle - Année 2002 - Volume 98 - Numéro 1 - Pages 55-74
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bertrand Bellon
Quelques fondements de l'intelligence économique
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 98. 1er trimestre 2002. pp. 55-74.
Citer ce document / Cite this document :
Bellon Bertrand. Quelques fondements de l'intelligence économique. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 98. 1er trimestre
2002. pp. 55-74.
doi : 10.3406/rei.2002.1816
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_2002_num_98_1_1816Bertrand BELLON
Centre de recherches ADIS
Professeur à l'université de Paris-Sud XI
Faculté Jean Monnet
QUELQUES FONDEMENTS
DE L'INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE (1)
Mots-clés compétences, : intelligence veille, frontières économique, de la firme. information, information pertinente, connaissances,
Key words : Economie Intelligence, Information, Relevant Information, Knowledge,
Competencies, Watch, Boundarres of the Firm.
Partie prenante, à la fois, de l'économie de l'information et de celle des
connaissances (knowledge management), « l'intelligence économique »
est aujourd'hui un outil en vogue de la conduite des organisations.
Intuitivement, chacun conçoit bien que la globalisation de la concurrence
modifie les conditions de la compétitivité et implique d'être en prise imméd
iate sur les évolutions des marchés (i.e. concurrents et clients), des technolog
ies, des composantes organisationnelles et des autres composantes de l'env
ironnement. Les comportements micro-économiques sont soumis à une forte
flexibilité réactive, couplée d'une innovation proactive. Ce double comporte
ment donne à l'information une dimension de facteur de production strat
égique central et discuté (Petit 1998, Freeman 2001).
Parmi la diversité des facteurs productifs, on admettra que l'information
constitue la fonction décisive du comportement des agents, tant dans sa dimens
ion inter-firmes que dans celle intra-firme. La maîtrise de l'information inter
firmes, plus largement entre la firme et son environnement, est le champ de
(1) Une version précédente de cet article a été discutée au sein d'un séminaire de l'ADIS. Il
a beaucoup bénéficié des commentaires de ses participants ; en particulier de Pascal Petit
(Cepremap), Jean-Louis Levet (Commissariat général du Plan) et Carine Charpenteau
(Adis). Il a également bénéficié des remarques détaillées des lecteurs anonymes de la
Revue. Il doit enfin beaucoup, comme de coutume, à Jorge Niosi.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 98, 1er trimestre 2002 5 5 l'intelligence économique ; la maîtrise de l'information intra-firme sera davan
tage le champ du pilotage des organisations. On définira l'intelligence écono
mique, comme l'ensemble des processus organisés d'exploitation des info
rmations externes à la firme. Nous chercherons donc à établir, ici, les fonde
ments économiques et managériaux du premier champ : celui de l'intelligence
économique.
L'intelligence économique n'est qu'une partie mineure de l'économie de
l'information, du management des connaissances et des compétences. Elle
représente un comportement stratégique fondé sur la gestion de l'information
environnementale en vue de la construction ou de la consolidation d'un avan
tage concurrentiel durable. L'économie de l'information englobe les proces
sus de production (collecte, choix et codification), de diffusion (canaux) et
d'exploitation, ciblée ou non, de volumes massifs de signaux. Ces informat
ions ont, en majeure partie, un caractère générique. L'intelligence écono
mique consiste à déceler les signaux les plus faibles donnés par la clientèle, la
concurrence, le politique, la jurisprudence ou les chercheurs, pour anticiper les
évolutions futures et y adapter son propre comportement. La première pose des
problèmes d'excès ou, au moins, d'une économie d'abondance ; la dernière
s'intéresse à l'information minuscule, dans l'étendue de son objet, mais aussi
dans sa durée de vie. Dans un contexte de multiplication des signaux, l'inte
lligence économique est un processus qui consiste à trier les informations col
lectées et identifier celles qui sont pertinentes ; à les diffuser, à les traiter ou
exploiter notamment en les faisant discuter et fructifier à l'intérieur de l'orga
nisation (Massé et Thibaut, 2001).
L'intelligence est un terme à double sens, connoté de manière contradictoire
selon que l'on considère la faculté de comprendre une situation pour anticiper les
changements et s'y adapter rapidement, ou l'activité de renseignement à des fins
militaires ou économiques, impliquant complicités ou collusions secrètes entre
acteurs de camps opposés. L'intelligence économique se situe à mi-chemin
ces deux définitions. Elle ne fonde pas sa légitimité sur le contournement de la
loi, ni sur la dépossession de droits privés, notamment de droits de propriété. Par
contre elle traite d'informations partagées (au besoin par des concurrents) dont
la circulation et la transformation (l'enrichissement) s'effectuent par croisement
et permettent de créer de nouvelles richesses.
Nous nous limitons à traiter de l'intelligence économique dans ses dimens
ions productives et compétitives. Cependant, d'autres approches ont déjà
abordé les modes de gestion des systèmes de connaissance. Toute réflexion
épistémologique dans ce domaine doit tenir compte et emprunter à des métho
dologies éprouvées comme la systémique (Le Moigne, 1977 ; Seligman et
Melese, 1979 ; Bertalanffy, 1993), ou l'approche cognitive des organisations
et du management des connaissances (Davenport et al, 1998 ; Nonaka et al,
1995 ; Teece, 1998, pour une bibliographie exhaustive, voir Rollet, 2001 et
journaux Knowledge Management ou Human and Organizational Learning),
qui ont quelques décennies d'avance sur les économistes.
5 6 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 98, 1er trimestre 2002 Ainsi la question générale de la maîtrise de l'information est une préoccu
pation qui entre aujourd'hui dans le champ de nombreuses disciplines : la ges
tion (approche cognitive du pilotage des organisations, processus de décision),
le droit (propriété intellectuelle et industrielle), l'histoire (la validité des
sources et le rôle des informations sur le déroulement des événements), la
sociologie (jeu d'acteurs et relations de pouvoirs), l'ethnologie (jeux d'acteurs,
inter-compréhension et représentations), la philosophie des sciences et de la
connaissance (processus cognitifs ; origine des idées et des compétences, cri
tères de validité de la démarche scientifique), les sciences dures elles-mêmes,
etc. Chacune de ces disciplines apporte sa contribution avec ses propres outils.
Elle s'enrichit d'emprunts, ou d'analogies avec les disciplines voisines. Dans
ce champ disciplinaire qui émerge, il faut souligner que l'économie est, de
loin, un parent pauvre.
La première partie de ce texte traitera des conditions d'usage de l'informat
ion comme facteur de production. La seconde, examinera les conditions de
transformation de l'information en connaissance. La troisième, présentera les
dynamiques d'acteurs de l'intelligence économique et leurs fonctions trans
verses par rapport aux frontières de la firme.
I. — CE N'EST PAS L'EXISTENCE D'INFORMATION,
MAIS SON UTILISATION, QUI CRÉE DE LA VALEUR
Dans quelles conditions l'information est-elle susceptible d'être une res
source, au même titre que le travail, le capital, les technologies, les compét
ences, les modes organisationnels ou Y entreprenariat ? Quand l'information
se mue-t-elle en facteur de production ? Il est clair qu'en tant que telle, l'i
nformation n'est pas davantage un facteur de production que n'importe quelle
autre marchandise. Le plus grand volume de l'information est libre d'accès et
d'usage. Elle ne se vend ni ne s'achète. La connaissance des spectacles, des
horaires de trains, des informations régionales peuvent devenir des marchand
ises qui s'achètent, tout en restant des biens de consommation finale des
ménages sans finalité productive.
On retiendra ici que l'information est un système fondé sur un ensemble de
normes générales ou propres à chaque entreprise. On confond trop souvent
l'information et les connaissances (ou les compétences). La premi

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