Recherches archéologiques et historiques sur la zone du lac d Averne - article ; n°1 ; vol.94, pg 271-323
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Recherches archéologiques et historiques sur la zone du lac d'Averne - article ; n°1 ; vol.94, pg 271-323

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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1982 - Volume 94 - Numéro 1 - Pages 271-323
Mario Pagano, Michel Reddé, Jean-Michel Roddaz, ~~Recherches archéologiques et historiques sur la zone du lac d'Averne~~, p. 271-323. L'idée de cet article est née d'une recherche convergente des trois auteurs sur les problèmes topographiques du ~~Portus Julius~~, autour du lac Averne. À la lumière d'un réexamen des sources littéraires antiques, les vestiges archéologiques de la zone ont été réétudiés et une nouvelle interprétation proposée : le pseudo-« navale » et le « prétoire », identifiés comme des ouvrages d'Agrippa lors des opérations navales de 36 ne sont certainement pas des bâtiments à usage militaire. Il faut sans doute, en revanche, attribuer aux événements de cette même année 36 le percement de la grotte de Cocceius et de la grotte de la Sibylle. On doit toutefois distinguer, dans cette dernière, la galerie proprement dite des restes d'une villa romaine plusieurs fois remaniée, dont les salles souterraines, sans doute à fonction thermale, ont donné naissance, dès le haut Moyen Âge, à la légende de la Sibylle.
53 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Mario Pagano
Michel Reddé
Jean-Michel Roddaz
Recherches archéologiques et historiques sur la zone du lac
d'Averne
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 94, N°1. 1982. pp. 271-323.
Résumé
Mario Pagano, Michel Reddé, Jean-Michel Roddaz, Recherches archéologiques et historiques sur la zone du lac d'Averne, p.
271-323.
L'idée de cet article est née d'une recherche convergente des trois auteurs sur les problèmes topographiques du Portus Julius,
autour du lac Averne. À la lumière d'un réexamen des sources littéraires antiques, les vestiges archéologiques de la zone ont été
réétudiés et une nouvelle interprétation proposée : le pseudo-« navale » et le « prétoire », identifiés comme des ouvrages
d'Agrippa lors des opérations navales de 36 ne sont certainement pas des bâtiments à usage militaire. Il faut sans doute, en
revanche, attribuer aux événements de cette même année 36 le percement de la grotte de Cocceius et de la grotte de la Sibylle.
On doit toutefois distinguer, dans cette dernière, la galerie proprement dite des restes d'une villa romaine plusieurs fois remaniée,
dont les salles souterraines, sans doute à fonction thermale, ont donné naissance, dès le haut Moyen Âge, à la légende de la
Sibylle.
Citer ce document / Cite this document :
Pagano Mario, Reddé Michel, Roddaz Jean-Michel. Recherches archéologiques et historiques sur la zone du lac d'Averne. In:
Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 94, N°1. 1982. pp. 271-323.
doi : 10.3406/mefr.1982.1322
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1982_num_94_1_1322PAGANO, MICHEL REDDÉ ET JEAN-MICHEL RODDAZ MARIO
RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES ET HISTORIQUES
SUR LA ZONE DU LAC D'AVERNE*
I - LA TRADITION LITTÉRAIRE
Le lac d'Averne, contrairement à la région environnante de la baie de
Pouzzoles et des alentours de Baies tient une place particulière dans l'his
toire de la région phlégréenne. À l'inverse des rivages du golfe de Pouzzol
es qui sont occupés très tôt1, l'Averne fait une apparition tardive dans
l'histoire et apparaît comme une zone longtemps laissée à l'écart.
Il est vrai que les bords de ce lac ne présentent pas, dans l'Antiquité,
un caractère aussi accueillant que les rives de son voisin, le Lucrin2.
Aucune villa n'y est implantée et les Campaniens évitent volontiers un lieu
qui passe pour l'entrée de l'Outre-Tombe. En effet, un très antique oracle,
lié au culte des morts et aux portes de l'Averne, la présence d'une source
* Cette recherche a été possible grâce aux moyens mis à notre disposition par
l'École française de Rome et grâce à la bienveillance de la Surintendance de Camp
anie. Nous tenons à remercier plus particulièrement F. Zevi, G. Tocco et S. Cera-
suolo pour les facilités qu'ils nous ont accordées lors de nos missions.
L'ensemble du texte a été rédigé dans un étroit esprit de collaboration et nous
en sommes collectivement responsables. Précisons toutefois que les pages 271 à
278 et 319 à 323 sont dues plus particulièrement à J.-M. Roddaz, les 279 à
296 ainsi que les relevés sur le terrain à M. Reddé, les pages 296 à 319 à M. Paga
no.
La mise au net des planches I, II, III est due à U. Colalelli, celle de la planche
IV à R. Guardi, celle des autres planches à M. Reddé.
1 Voir, sur ce point, J. H. D'Arms, Romans on the Bay of Naples, Cambridge,
Massachussets, 1970.
2 De riches propriétaires romains se livraient dans le Lucrin aux activités de la
pêche et de l'élevage des huîtres et des moules. Cf. Pline, HN, XXXII, 61 : Gaudent
et peregrinatione transferrique in ignotas aquas; sic Brundisina in Averno composta
et suum retinere sucum et a Lucrino adoptare creduntur. Sur la pisciculture, peu
avant 37 av. J.-C, Servius, Ad georg., II, 161. (Cf. M. Pagano, art. à paraître).
MEFRA - 94 - 1982 - 1, p. 271-323. MARIO PAGANO - MICHEL REDDÉ - JEAN-MICHEL RODDAZ 272
thermale considérée par la légende populaire comme issue du Styx, l'a
spect à la fois austère et mystérieux du site ont, pendant longtemps, main
tenu à cet endroit son caractère de lieu consacré aux divinités infernales.
Silius Italicus dresse un tableau très évocateur des lieux3: «Un autre mont
re [à Hannibal] l'Averne, que les gens appelaient autrefois le Styx, et qui,
ayant changé de nom, est célèbre parmi les étangs dont les ondes sont
aujourd'hui tranquilles. Mais jadis, couvert d'un bois sinistre et d'ombres
noires qui inspiraient de l'horreur, craint même des oiseaux, il répandait
dans le ciel une exhalaison mortelle4; objet de la terreur religieuse qu'on
porte aux Enfers, il était maudit parmi les cités, qui lui rendait des mar
ques d'honneur sauvages». Strabon, après avoir évoqué les roches à pic
de l'Averne, recouvertes de forêts inaccessibles, constituées par des ar
bres d'une hauteur prodigieuse, à l'ombre desquels se développent toutes
les superstitions5, apporte son témoignage sur les antiques traditions. Il
rappelle que, selon la légende contée par les Anciens, le peuple des Cim-
mériens vivait là, condamné à demeurer dans les grottes et les cavités
souterraines; ce sont ces Cimmériens, enveloppés de nuées qu'Homère
fait visiter par Ulysse, lorsque ce dernier voulut consulter Tirésias, l'ora
cle des morts, avant son premier voyage dans l'Hadès. On comprend ainsi
que très tôt, dans l'Antiquité, le mythe homérique de la venue du héros ait
été localisé sur le lac d'Averne6.
De la même façon, la tradition virgilienne de la descente d'Énée aux
enfers aidant7, on n'a pas manqué d'établir un rapprochement entre
l'oracle de l'Averne et celui, tout proche, de Cumes et une étroite parenté
3 XII, 120-125.
4 Voir, sur ce point, Lucrèce, De nat. rerum, IV, 740 sq. et VI, 8181 sq. Virgile,
En., VI, 240-242.
5 Strabon, V, 4, 5.
6 Cette identification remonte, au moins, au IIIe siècle, à Éphore de Cumes,
mentionné par Strabon, V, 4, 5 et Timée mentionné par Diodore de Sicile, IV 22,
1-2 et peut-être aussi, selon F. Castagnoli, Topografia dei Campi Flegrei, dans /
Campi Flegrei nell'archeologia e nella storia, Atti dei convegni Lincei n. 33, Rome,
1977 (cité Castagnoli), p. 41-77, p. 74, n° 126, à Sophocle.
7 En., Vi, 237-242. Virgile, témoin des gigantesques travaux d'Agrippa au lac
d'Averne, mais aussi, peut-être du début de l'abandon de ces lieux, n'a pas manqué
de replacer dans ce cadre la descente d'Énée aux enfers, d'autant que les grandio
ses ouvrages d'art souterrains, désormais inutilisés, permettaient, par leur aspect
austère et mystérieux, un rapprochement poétique facile avec les chemins condui
sant au royaume d'Hadès ; voir, sur ce point, H. W. Benario, Cocceius and Cumae,
dans CB, 35, 1959, p. 40-41 ; J. H. Taylor, With Vergil at Cumae, dans CE, 24, 1953,
p. 37-40 et surtout, E. Paratore, Virgilio e Cuma, dans Campi Flegrei . . . , p. 9-39. RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES ET HISTORIQUES SUR LA ZONE DU LAC D'AVERNE 273
entre une Sibylle cimmérienne installée dans quelque grotte autour du lac
mystérieux
«Spelunca alta fuit uastoque immanis hiatus,
«scrupea, tuta lacu nigro nemorumque tenebris . . .8»
et la Sibylle de Cumes. En fait, et F. Castagnoli l'a bien montré, on doit
distinguer deux réalités complètement distinctes : d'une part, la Sibylle du
sanctuaire d'Apollon à Cumes, déjà mentionnée au VIe siècle, avec l'intr
oduction des livres sibyllins à Rome et d'autre part, le culte chtonien de
l'Averne, dédié probablement à Héra9.
L'aspect inquiétant et le caractère sacré des lieux ne devait pas arrêt
er, en 37 av. J.-C, Marcus Agrippa dans sa résolution d'y établir un port.
Rappelé en toute hâte de Gaule par Octavien qui venait de subir de graves
échecs dans sa lutte contre Sextus Pompée, pour prendre le commande
ment d'une nouvelle flotte, le consul de 37 a rapidement tiré les leçons
des échecs précédents du triumvir; il ne s'agit pas seulement de rempla
cer les hommes et les navires perdus dans le désastre de 38 av. J.-C.10,
mais encore de construire des vaisseaux capa

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