Représentations cinématographiques de la syphilis entre les deux guerres : séropositivité, traitement et charlatanisme - article ; n°306 ; vol.83, pg 267-278
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Représentations cinématographiques de la syphilis entre les deux guerres : séropositivité, traitement et charlatanisme - article ; n°306 ; vol.83, pg 267-278

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Revue d'histoire de la pharmacie - Année 1995 - Volume 83 - Numéro 306 - Pages 267-278
Cinematographic representations of syphilis between the two world wars : seropositivity, treatment and charlatanism.
Following a series of anti-syphilitic propaganda films made between the two wars, the author questions the widely-held representations of syphilitic illness, of patients and of their management by society. He successively discusses the root of the concept of seropositivity, the treatment and of how the illness is represented, the struggle against quackery.
Kinematographische Darstellungen der Syphilis zwischen den beiden Weltkriege : Seropositivität, Behandlung und Quacksalberei.
Ausgehend von einer antisyphilitischen Propagandafilmserie der Période zwischen den beiden Weltkriege, befragt sich der Verfasser über damals vorherschende Darstellungen der luetischen Krankheit, der Kranken und derer gesellschaftlichen Versorgung. Er bespricht nacheinander die Erscheinung des Seropositivitätsbegriffs, die Behandlung und deren Darstellungen, den Kampf gegen die Quacksalberei.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 97
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Thierry Lefebvre
Représentations cinématographiques de la syphilis entre les
deux guerres : séropositivité, traitement et charlatanisme
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 83e année, N. 306, 1995. pp. 267-278.
Abstract
Cinematographic representations of syphilis between the two world wars : seropositivity, treatment and charlatanism.
Following a series of anti-syphilitic propaganda films made between the two wars, the author questions the widely-held
representations of syphilitic illness, of patients and of their management by society. He successively discusses the root of the
concept of seropositivity, the treatment and of how the illness is represented, the struggle against quackery.
Zusammenfassung
Kinematographische Darstellungen der Syphilis zwischen den beiden Weltkriege : Seropositivität, Behandlung und
Quacksalberei.
Ausgehend von einer antisyphilitischen Propagandafilmserie der Période zwischen den beiden Weltkriege, befragt sich der
Verfasser über damals vorherschende Darstellungen der luetischen Krankheit, der Kranken und derer gesellschaftlichen
Versorgung. Er bespricht nacheinander die Erscheinung des Seropositivitätsbegriffs, die Behandlung und deren Darstellungen,
den Kampf gegen die Quacksalberei.
Citer ce document / Cite this document :
Lefebvre Thierry. Représentations cinématographiques de la syphilis entre les deux guerres : séropositivité, traitement et
charlatanisme. In: Revue d'histoire de la pharmacie, 83e année, N. 306, 1995. pp. 267-278.
doi : 10.3406/pharm.1995.4479
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1995_num_83_306_4479Représentations cinématographiques
de la syphilis entre
les deux guerres : séropositivité,
traitement et charlatanisme
Le AU même particulièrement cours discours, des années inlassablement antisypnilitique) vingt, la propagande répété, atteignit fut repris antivénérienne une manière tantôt sous d'apogée. (et forme plus
littéraire, tantôt sous forme radiophonique, théâtrale voire iconographi
que.
Pièce maîtresse de cet « arsenal médiatique », le cinéma ne tarda
guère à s'imposer. C'est ainsi qu'au début des années trente, la balbutiante
cinémathèque du ministère de la Santé publique pouvait se prévaloir
d'une bonne dizaine de films ayant explicitement trait au péril vénérien.
En octobre-novembre 1993, dans le cadre du festival CinéMémoire
(Paris), nous avons pu reconstituer une partie de ce corpus jusqu'alors
négligé l. Cette rétrospective a, depuis lors, donné lieu à un certain
nombre d'analyses et de commentaires 2. Sans revenir sur l'organisation
et les objectifs de cette propagande spécifique, nous souhaiterions aujour
d'hui insister sur certaines représentations (alors dominantes) de la malad
ie syphilitique, des malades et de leur prise en charge par la société.
UNE IDÉE NOUVELLE : LA SÉROPOSITIVITÉ
Dans les différents films que nous avons pu consulter, l'entrée en
syphilis se fait soit par le biais d'un contact « accidentel » sous-
Communication présentée à la Société d'Histoire de la Pharmacie le 20 mars 1994.
1. Thierry Lefebvre, « Le Cinéma contre la syphilis. Pré-enquête sur une lignée cinéma
tographique » in Catalogue du 3e Festival CinéMémoire, Paris, 1993, p. 160-174.
2. Voir en particulier : Thomas Doustaly, « Actualité et désuétude de l'imagerie offi
cielle de la syphilis », Le Journal du sida, n° 57, déc. 1993, p. 13 ; Pierre Marcorelle, « Aux
bons soins du docteur Rocard », Le Monde, 28 oct. 1993, p. 31 ; Michel Cressole, « Le Butin
de la mémoire », Libération, 29 oct. 1993, p. 31.
REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE, XLH, N° 306. 3e TRIM. 1995. REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE 268
entendu, dans le cadre du service militaire ; c'est en particulier le cas
des conscrits d'il était une fois trois amis et du jeune marin du Baiser
qui tue, soit au cours d'une existence dépravée (voir le peintre déluré
du Baiser mortel).
Dans tous les cas, passée l'exposition des circonstances de la conta
mination3, le néo-syphilitique redevient un malade comme les autres.
C'est là un des aspects les plus frappants de cette propagande : « La
syphilis n'est pas une maladie honteuse », déclare le médecin du Baiser
qui tue, reprenant ainsi presque mot par mot un des principaux slogans
de l'Office national d'Hygiène sociale. « Ce qui est honteux, c'est de la
transmettre », en raison de quoi une prise en charge médicale et
psychologique du patient s'avère indispensable.
Donc, aux premiers signes évocateurs de la maladie (chancre dans
On doit le dire, adenopathies dans Misère humaine, asthénie dans Le
Baiser qui tue, plaques muqueuses dans L'Ennemi dans le sang),
l'homme 4 doit consulter un spécialiste, si possible dans un dispensaire
antivénérien.
Le diagnostic définitif repose sur la prise de sang, qui commence
à s'imposer à partir des années dix. La découverte en mars 1905, par
Fritz Richard Schaudinn et Paul Erich Hoffmann, de l'agent infectieux
de la syphilis, le tréponème pâle (ou spirochaeta pallida), révolutionna en
effet la syphiligraphie. Dans les années qui suivirent, l'usage de l'« ultr
amicroscope » ou « microscope à fond noir » se généralisa, et il devint
dès lors relativement aisé d'identifier les minuscules spirilles dans le
sang des patients nouvellement infectés 5.
Du point de vue des représentations, c'est en novembre 1909 que
le Dr Jean Comandon projeta pour la première fois, devant les membres
de l'Académie des Sciences, un film consacré aux mouvements du fameux
spirille 6. Les films de propagande d'après-guerre, qu'il s'agisse de fictions
3. Très souvent, il s'agit de rapports avec une prostituée, ce qui nous vaut, par exemple,
quelques séquences documentaires sur les bouges du vieux Marseille dans Le Baiser qui
tue.
4. Beaucoup plus rarement la femme.
5. Voir en particulier: DrPaul Gastou, «Le treponema pallidium : diagnostic de la
Dr syphilis Paul Gastou, par l'ultra-microscope L'ultra-microscope », dans La Presse le diagnostic médicale, clinique n°30, et les 11 recherches avril 1908, de p. laboratoire, 237-239 ;
Paris, Baillière et Fils, 1910.
6. Le film, projeté le 26 octobre 1909, représentait une préparation «effectuée en
grattant la partie superficielle d'une cornée de lapin ayant une kératite syphilitique »
(Dr Jean Comandon, « L'ultra-microscope et le cinématographe », La Presse médicale, n° 94,
24 nov. 1909, p. 841). On y voyait de nombreux spirochetes sortir des cellules cornéennes.
Ce film, commercialisé par Pathé sous le titre Spirochaeta pallida (1909), sera inséré,
toujours sans mention de l'origine « lapine », dans de nombreux films d'après-guerre : en
particulier, On doit le dire (c. 1918), Une maladie sociale : « la syphilis ». Comment elle peut
disparaître (c. 1925), Misère humaine (c. 1925), etc. du film « La terrible leçon », v. 1925 Images
(Cinémathèque espagnole, coll. T. Lefebvre)
DR. D.R.
La réaction de Wassermann Le dispensaire
D.R.
La ponction lombaire
On excusera la défectuosité de ces images,
tirées, comme les suivantes, de copies vidéo,
au bénéfice de leur rareté 270 REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
ou de documentaires, recourront presque systématiquement à ce type
d'inserts microscopiques, ce que Thomas Doustaly définit très justement
comme une « mise en logo de la maladie » 7.
Par ailleurs, en 1906, Wassermann, Neisser et Bruck adaptèrent la
séro-réaction de Bordet (dite de fixation du complément) au diagnostic
de la syphilis. Le « Bordet- Wassermann » (B.W.), comme on l'appela par
la suite, permit dès lors de « dévoiler la syphilis là où on ne la soupçonnait
pas » et, surtout, « de suivre pas à pas l'évolution de la maladie », traitée
ou non.
De fait, la prise de sang et l'identification du spirille constituèrent
des étapes obligées pour les films de propagande d'après-guerre. Cela
explique en particulier les séquences quasi-documentaires insérées dans
des mélodrames tels que Misère humaine ou La Terrible Leçon.
À l'évidence, nous voyons poindre ici la notion de « séropositivité »,
bien que le mot

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