Services intermédiaires et développement - article ; n°1 ; vol.43, pg 218-228
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Description

Revue d'économie industrielle - Année 1988 - Volume 43 - Numéro 1 - Pages 218-228
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 13
Langue Français

Extrait

Bruno Lanvin
Services intermédiaires et développement
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 43. 1er trimestre 1988. pp. 218-228.
Citer ce document / Cite this document :
Lanvin Bruno. Services intermédiaires et développement. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 43. 1er trimestre 1988. pp.
218-228.
doi : 10.3406/rei.1988.1020
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1988_num_43_1_1020intermédiaires et développement Services
Bruno LANVIN*
En période de crise économique prolongée, et en particulier au moment où com
mencent à se dessiner les modifications structurelles qui consacreront le passage
de l'ancien au nouveau système économique, les grands mythes trouvent un regain
de vigueur. Depuis quelques années, l'émergence des services comme « géodési-
que » du prochain ordre économique a nourri ce type de résurgence : le mythe
de la « société sans cols bleus » (1), voire de l'Age d'Or, sont ainsi réapparus,
notamment face à la persistance de l'hydre du chômage dans les économies avan
cées (2).
Toutefois, la cohorte d'idées simplificatrices qui s'attache encore trop souvent
au phénomène des services n'est en rien confinée aux pays industrialisés ; en ce
qui concerne les pays en développement, il existe aussi une véritable mythologie
servicielle (3), dont le panthéon peut s'enorgueillir de quelques thèmes récurrents
tels que par exemple :
• Les services constitueraient pour les pays en développement une « réserve de
sous-emploi » à la Lewis. On retrouve ici les méfaits de la confusion entre « ser
vices finals » et « services intermédiaires », qui consiste à substituer de façon quasi-
métonymique une partie particulièrement visible du sous-emploi dans les pays en
développement (mendicité déguisée des cireurs de chaussures et « gardiens » de
parking) à un ensemble d'activités beaucoup plus vaste, à savoir les activités de
services (4). Même si cette vision (aussi difficile à infirmer qu'à valider) devait
être défendue, elle ne pourrait en tout cas être présentée comme une caractéristi
que des pays en développement : en effet, les prévisions les plus récentes de l'évo
lution à moyen terme de l'emploi aux États-Unis montrent que les activités qui
(*) Économiste, CNUCED (Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement,
Genève). Les vues exprimées ici doivent être considérées comme propres à leur auteur, et ne reflé
tant pas nécessairement celles de la CNUCED.
(1) Assorti de toutes les inquiétudes véhiculées (aux États-Unis notamment) par le thème de la « désin-
dustrialisation ». Voir le dossier « The Hollow Corporation », Business Week, mars 1986.
(2) Sur ce point, voir B. LANVIN « La société d'information en suspens », Futuribles, oct.-nov. 1986.
(3) Le plus tenace de ces mythes étant bien entendu celui des « services-panacée », selon lequel doré
navant les stratégies de développement pourraient se concevoir sans politique agricole ou indust
rielle. Voir B. LANVIN et F. PRIETO, « Les services, clé du développement ? », Revue Tiers-
Monde, janvier-mars 1986.
(4) Même s'il demeure indéniable qu'un même service sera a priori une activité à plus forte intensité
de main-d'œuvre dans un pays en développement que dans un pays développé (voir plus bas).
218 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE - n° 43. 1" trimestre 1988 fourniront (en termes absolus) le plus de postes de travail feront partie des servi
ces à main-d'œuvre faiblement qualifiée (5).
• Les services des pays en développement seraient essentiellement constitués
d'activités informelles. En fait, il existe de nombreuses raisons de penser que, à
degré égal de monétarisation de l'économie, les activités de services ne sont pas
plus informelles que celles des autres secteurs (6).
• La proportion (moins élevée que dans les pays développés) des services dans
le PIB des pays en développement refléterait la théorie des stades de développe
ment à la « Fisher-Clark ». Cette conception a été largement démentie par l'expé
rience de pays comme le Brésil, la Corée du Sud ou l'Inde qui, sans avoir néces
sairement achevé leur base agricole et industrielle, ont su se montrer internati
onalement compétitifs dans certaines activités de services dits « avancés » (ingé
nierie, logiciels informatiques).
Cette même différence de proportion s'expliquerait par l'existence (défavorab
le à la consommation de services dans les pays en développement) d'élasticités-
revenus à la Engel. Autrement dit, ce ne serait qu'après que le revenu moyen eût
permis de satisfaire les besoins individuels de base (alimentation, logement, habil
lement) que la consommation de services pourrait se développer. Cette approche
est, elle aussi, démentie par les fait, puisque l'on constate dans les pays dévelop
pés que les services qui se sont le plus développés au cours des vingt dernières années
ont été les intermédiaires (ou services aux entreprises), dont l'élasticité-
revenu est notoirement faible (7).
Au-delà de ces mythes plus ou moins tenaces, une réalité demeure, pour les pays
en développement comme pour les pays développés : au sein de l'ensemble haute
ment hétérogène que constituent les activités de services, les services intermédiair
es (ou services aux entreprises) sont dotés des effets d'entraînement les plus import
ants vis-à-vis du reste de l'économie. Ces services constituent pour les pays en
développement le lieu d'enjeux majeurs, que ce soit sur les marchés internatio
naux ou sur les marchés locaux.
(5) Voir l'étude du US Bureau of Labor Statistics (projections de l'emploi à l'an 2000). Le tableau
ci-dessous, qui s'appuie sur les résultats de cette étude, est adapté de l'article « Help Wanted »,
Business Week, 10 août 1987.
Créations d'emplois prévues aux États-Unis, 1986-2000
Plus grande croissance absolue Plus rapide croissance relative
Professions Emplois créés Changt Professions Emplois créés Changt
Vente au détail 1 200 000 33 % Aide aux prof. jur. 64 000 104%
752 44% méd. 119 90% Serveurs cafés-restaurants
Infirmiers/ères 612 000 44 % Therapist es 53 000 87%
Pers. de nettoyage 604 23 % Réparât, informatiq. 56 81 %
(6) En fait, si l'on inclut dans les services les activités publiques (administration, éducation, santé)
qui concentrent dans beaucoup de pays en développement l'essentiel de l'emploi salarié, le taux
d'activité informelle est probablement moindre dans les services que dans les autres secteurs.
(7) Voire négative, comme le prouve, en période de récession économique, l'augmentation des dépenses
des entreprises en services juridiques ou publicitaires.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE - n° 43. 1~ trimestre 1988 219 — LES ENJEUX DES MARCHES EXTERIEURS A.
1. Services et nouvelle dynamique des avantages comparatifs
Depuis la publication du travail pionnier de Sapir et Lutz (8), la question de
l'applicabilité (complète ou partielle) de la théorie de l'avantage comparatif aux
échanges de services reste ouverte. A l'heure actuelle, néanmoins, quelques él
éments semblent faire l'objet d'un large consensus parmi les analystes :
• La dématérialisation (9) de la production permet d'entrevoir une évolution
de la division internationale du travail moins strictement soumise aux impératifs
des dotations naturelles en facteurs. Toutefois, ce courant n'est pas nécessair
ement favorable aux pays en développement, dont beaucoup dépendent de l'expor
tation de matières premières.
• A mesure que l'intensité servicielle de la production augmente, le « cycle de
produit » a tendance à se raccourcir (l'outil de ne se périmant prat
iquement plus, l'innovation devient quasi-permanente). Pour les pays en dévelop
pement, ce phénomène est assorti de deux conséquences importantes. D'une part,
il hypothèque a priori les stratégies dites d'imitation. D'autre part, il limite l'inté
rêt pour les producteurs de services des pays

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