Syntaxe et types dénonciation - article ; n°1 ; vol.35, pg 77-85
10 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Syntaxe et types dénonciation - article ; n°1 ; vol.35, pg 77-85

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
10 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Langue française - Année 1977 - Volume 35 - Numéro 1 - Pages 77-85
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 12
Langue Français

Extrait

G. Goldberg
Syntaxe et types dénonciation
In: Langue française. N°35, 1977. pp. 77-85.
Citer ce document / Cite this document :
Goldberg G. Syntaxe et types dénonciation. In: Langue française. N°35, 1977. pp. 77-85.
doi : 10.3406/lfr.1977.4827
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1977_num_35_1_4827Geneviève Goldberg, Université René-Descartes, Paris.
SYNTAXE ET TYPES D'ENONCIATION
Dans toute analyse linguistique surgit la question de la diversité des
usages observables, dans une communauté linguistique donnée. C'est une
difficulté réelle, rencontrée en particulier dans les analyses de corpus, où
la variété des usages et des sous-usages est déterminée par tout un réseau
de facteurs extralinguistiques rendant très complexes l'approche et la défi
nition d'une « langue-standard », ne permettant pas de dégager aisément les
structures et le fonctionnement de la langue.
Ces facteurs de diversité relèvent pour une grande partie de l'étude
sociolinguistique : détermination du cadre socio-culturel du locuteur, de
l'origine géographique, de l'âge, etc. Mais il s'agit aussi du type d'util
isation de l'outil linguistique, selon la situation de discours, voire selon
l'objet de communication. C'est le plus souvent aux « niveaux de langue »
qu'on se réfère quand on essaie de définir les situations d'emploi de la langue.
Par exemple, on ne s'adresse pas de la même façon à son ami et à son supé
rieur hiérarchique; pour une bonne part, qui reste à définir, on modèle
son discours selon son interlocuteur. Mais le problème se pose en termes
plus généraux. Dans quelle mesure le type d'utilisation de la langue déter-
mine-t-il les structures linguistiques, et leur rendement (c'est-à-dire leur
fréquence d'occurrence par rapport aux autres structures)? Dans quelle
mesure le type d'énonciation détermine-t-il, en particulier, la syntaxe de
la langue?
1. La situation de discours
Notons, tout d'abord, que le matériau de la plupart des analyses
linguistiques était jusque-là collecté indifféremment dans telle ou telle
situation de discours, et que si les données linguistiques sont parfois mises
en relation, dans une perspective sociolinguistique, avec des variables du
type classes sociales ou milieux de vie, elles ne le sont à peu près jamais
avec des variables du type situation de parole ou contenu du discours. Il
importe donc de voir que les caractéristiques de l'organisation syntaxique
du discours peuvent être considérées comme des variables dépendantes,
77 fonctions d'un certain nombre de variables indépendantes : les variables
situationnelles du discours.
Que faut-il entendre par variables situationnelles? Nous avons isolé,
pour dégager la spécificité situationnelle du discours, un premier type de
situation, relatif à la tâche linguistique, à savoir : situation de description,
situation d'énonciation abstraite, situation de récit, qui nous ont paru
assez différenciées pour pouvoir entraîner des écarts pertinents dans le fonc
tionnement syntaxique des différents types de discours 4 Nous avons retenu
un second type de variable situationnelle : situation d'interlocution par
rapport à situation de « mono-locution », c'est-à-dire le dialogue par oppos
ition au monologue. Et nous posons donc ici l'idée selon laquelle il existe
une certaine relativité situationnelle du discours, en particulier dans son
fonctionnement syntaxique, selon ces six variables : description, discours
abstrait, récit, en interlocution d'une part, en « mono-locution » d'autre
part.
Mais avant de présenter notre analyse, avant de nous référer à des types
situationnels particuliers, il nous semble primordial de revenir au problème
général :langage en situation — langage hors situation. En effet, la langue,
par opposition aux autres moyens de communication, se caractérise par le
fait qu'elle permet une communication hors Connaître la langue,
c'est savoir l'utiliser dans un usage pratique, mais aussi dans ses différents
usages hors situation : l'usage représentatif, l'usage métalinguistique,
poétique, etc. Le fonctionnement hors situation de la langue apparaît
avec netteté au niveau de l'écrit, la langue écrite fonctionnant sans possib
ilité d'actualisation situationnelle et devant donc davantage préciser les
relations syntaxiques. Au contraire, on peut voir qu'« il y a un lien statis
tique entre langue orale et langue en situation » 2, dans la mesure où toute
une partie de l'information est apportée extralinguistiquement, soit par
des gestes, des mimiques, des indications non linguistiques, soit également
par la présence matérielle, physique, du réfèrent. L'univers perceptif
commun des interlocuteurs permet à ceux-ci de communiquer avec un
minimum de procédés linguistiques. Des unités isolées (monèmes ou syn-
tagmes), qui seraient ambiguës hors situation, sont actualisées par la situa
tion extralinguistique : « tiens, ouvre ça » est un message compréhensible
dans la situation d'un locuteur tenant une boîte à la main, reste au contraire
ambigu s'il est pris isolément, sans explicitation par le contexte linguistique.
De même « en voiture », ou « par là », ou « gros comme ça », sont des
énoncés linguistiquement tronqués, actualisés non par un procédé linguis
tique mais par la situation : réponse à une question (« tu pars à pieds ou
en voiture? »), geste, indication par le doigt ou le menton. Plus la situation
apporte d'information, moins les procédés linguistiques sont nécessaires,
moins l'actualisation s'opère linguistiquement. La langue en situation est
donc loin d'utiliser toutes les possibilités offertes par la structure de la
langue. Le fait de communiquer en situation diminue le nombre de messages
entre lesquels il y a choix.
1. cf. G. Goldberg, La conduite du discours chez des enfants de 10-12 ans de différentes origines socio
culturelles, Thèse 3e cycle, Paris V, 1974, 435 p. et G. Goldberg, « Conduite du discours enfantin et complexité
syntaxique », La Linguistique, 1976, I.
2. cf. Frédéric François, L'enseignement et la diversité des grammaires, Paris, Hachette, 1974, 220 p.,
p. 113.
78 Nous verrons qu'il existe un certain nombre d'unités linguistiques
pouvant être utilisées comme marques situationnelles (toutefois, jamais
exclusivement) : ce sont les éléments ayant une composante de deixis (la
notion de deixis est le terme grec siguifiaul l'actioiï de montrer ou d'indi
quer, utile dans la description linguistique pour définir les traits orienta-
tionnels de la langue : je et tu, ici et là, maintenant et après, etc. sont ainsi
ce qu'on appelle des déictiques). Ce sont toutes les unités référant à l'exté
rieur du discours (« Pierre », « la voiture », « ça », etc.) ou exophoriques,
par opposition aux anaphoriques portant à l'intérieur du discours (« ... un
ballon; je /'ai ramassé; ça a permis de... »).
Ainsi, si l'on peut caractériser la communication linguistique par la
possibilité d'utiliser la langue indépendamment de telle ou telle situation
particulière et, corrélativement, si l'on peut considérer qu'un enfant a
acquis la syntaxe de sa langue quand il est passé de la possession d'une
langue en situation à celle de la langue hors situation (par l'acquisition
des procédés linguistiques d'actualisation de l'expérience), on peut constater
que, en règle générale, la langue (orale) fonctionne en situation, et que donc
une analyse descriptive de la langue devra toujours déterminer la fonction
de la situation extralinguistique dans sa part d'actualisation du discours.
On pourra noter par exemple que les structures minimales de l'énoncé
échappent souvent au « modèle » de l'énoncé minimum tel qu'il est couram
ment accepté (sujet + prédicat verbal), tel fragment d'énoncé renvoyant
à son usage en situation plutôt qu'au modèle qui pourrait l'engendrer.
Reprenons l'exemple proposé par Frédéric François * : « En dehors de
l'aspect arbitraire de la reconstitution de attention ! par suppressi

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents