Templa Serena - article ; n°1 ; vol.92, pg 277-301
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Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1980 - Volume 92 - Numéro 1 - Pages 277-301
Gilles Sauron, ~~Templa serena. A propos de la «villa des Papyri» d'Herculanum: contribution à l'étude des comportements aristocratiques romains à la fin de la République~~, p. 277-301. La « villa des Papyri » d'Herculanum se prête à une étude détaillée de son programme décoratif, en raison du faisceau d'indices convergents qui permettent d'affirmer que son commanditaire adhérait à la philosophie épicurienne. La partie de la villa fouillée au XVIIIe siècle doit être tout entière identifiée avec le «gymnase» de la villa, analogue à celui dont parle Cicéron (Ad Ah., I, 6, 2). La présence du couple Dionysos et Héraklès dans une chapelle du péristyle suggère que ce Jardin d'Epicure était présenté comme un Jardin des Bienheureux: ainsi, le commanditaire de la villa représentait le lieu de sa propre béatitude sous la forme d'une évocation du Jardin épicurien habité par des personnages célèbres de l'époque où vécut Epicure.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gilles Sauron
Templa Serena
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 92, N°1. 1980. pp. 277-301.
Résumé
Gilles Sauron, Templa serena. A propos de la «villa des Papyri» d'Herculanum: contribution à l'étude des comportements
aristocratiques romains à la fin de la République, p. 277-301.
La « villa des Papyri » d'Herculanum se prête à une étude détaillée de son programme décoratif, en raison du faisceau d'indices
convergents qui permettent d'affirmer que son commanditaire adhérait à la philosophie épicurienne. La partie de la villa fouillée
au XVIIIe siècle doit être tout entière identifiée avec le «gymnase» de la villa, analogue à celui dont parle Cicéron (Ad Ah., I, 6,
2). La présence du couple Dionysos et Héraklès dans une chapelle du péristyle suggère que ce Jardin d'Epicure était présenté
comme un Jardin des Bienheureux: ainsi, le commanditaire de la villa représentait le lieu de sa propre béatitude sous la forme
d'une évocation du Jardin épicurien habité par des personnages célèbres de l'époque où vécut Epicure.
Citer ce document / Cite this document :
Sauron Gilles. Templa Serena. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 92, N°1. 1980. pp. 277-301.
doi : 10.3406/mefr.1980.1234
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1980_num_92_1_1234GILLES SAURON
TEMPLA SERENA
À PROPOS DE LA «VILLA DES PAPYRI» D'HERCULANUM :
CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DES COMPORTEMENTS ARISTOCRATIQUES ROMAINS
À LA FIN DE LA RÉPUBLIQUE *
Atque ea nimirum quaecumque Acherunte profundo
prodita sunt esse, in vita sunt omnia nobis
Lucrèce, De Rerum Natura, III, 978-9
On sait l'importance qu'a acquis dans les recherches actuelles sur les
phénomènes idéologiques et culturels de l'antiquité classique le concept de
programme décoratif, aussi bien dans le domaine de l'architecture publique et
religieuse, que dans celui de l'ornementation des édifices privés1. Malheureus
ement, nous ne disposons presque jamais, sinon à l'état très fragmentaire, de
documents faisant état explicitement et d'une façon détaillée de la volonté
d'un commanditaire. A cet égard, la Correspondance de Cicéron fait figure
d'exception; encore ne pouvons nous pas confronter les textes avec les
* Une partie des conclusions de cette étude était contenue dans un mémoire que j'ai
préparé en 1972 sous la direction de M. Alain Michel, et consacré à l'inspiration
poétique à Rome. En espérant n'avoir pas été trop infidèle à l'esprit de son enseigne
ment, je dédie à M. Alain Michel cette étude, limitée à l'examen du programme décoratif
de la «villa des Papyri».
La publication de base de la villa «des Papyri» est celle de D. Comparetti et C. De
Petra, La villa ercolanese, i suoi monumenti e la sua biblioteca, Turin, 1883, réimprimée à
Naples, 1972, abréviée par la suite : CDP.
1 Voir, en particulier, les études de Paul Zanker, Forum Augustum. Das Bildpr
ogramm, dans Monumenta Artis Antiquae, II, Tübingen, s.d. et Forum Romanum. Die
Neugestaltung durch Augustus, dans MAA, V, Rome, 1972. F. Coarelli, // complesso
pompeiano del Campo Marzio e la sua decorazione scultorea, dans RPAA, 1971-1972, p. 99
sqq., P. Gros, Aurea Templa. Recherches sur l'architecture religieuse de Rome à l'époque
d'Auguste, dans BEFAR, 213, Rome, 1976; Th. Lorenz, Galerien von griechischen Philoso
phen und Dichterbildnissen bei den Römern Mayence, 1965.
MEFRA - 92 - 1980 - 1, p. 277-301. GILLES SAURON 278
monuments qu'ils évoquent2. Cependant, malgré de difficiles problèmes de
méthode, il est loisible dans certains cas de faire converger une connaissance
précise des données écrites, littéraires, historiques, épigraphiques, avec une
étude détaillée d'un ou de plusieurs ensembles monumentaux suffisamment
conservés. Dans le domaine de l'architecture privée, la «villa des Papyri»
d'Herculanum semble offrir pour ce genre d'enquête un terrain privilégié :
n'est- il pas tentant de mettre en rapport la décoration d'une rare richesse et
d'une grande complexité de cette villa avec la certitude que nous tirons du
contenu de sa bibliothèque et de la présence de trois bustes d'Épicure que son
propriétaire était un zélateur du Jardin3? Une telle entreprise a été tentée par
M. Dimitrios Pandermalis, dans une étude où l'auteur a cherché à mettre en
évidence un «principe d'organisation» du décor, et à la confronter avec une
analyse de l'épicurisme romain au Ier siècle avant J.-C.4. Or, cette tentative,
pour intéressante qu'elle soit dans son principe, me semble témoigner des
difficultés méthodologiques rendant très > difficile l'interprétation qu'elle se
donne pour objet. Je voudrais essayer ici de poser quelques problèmes de
méthode pour l'approche d'une telle interprétation, et proposer ensuite une
hypothèse qui me semble rendre compte d'une façon plus plausible de ce que
fut le programme décoratif de la «villa des Papyri», élaboré par un propriétai
re qui mit dans cette entreprise une grande fortune au service d'une grande
culture.
La «villa des Papyri» : planimetrie et décor
II n'est pas question de reprendre ici une description complète de la
célèbre fouille menée de 1750 à 1761 par Alcubierre et Weber, et publiée en
1883 par Comparetti et De Petra. Je rappelle simplement que cette villa, aux
dimensions exceptionnelles, s'étirait sur 250 m en front de mer au NO
d'Herculanum, que sa bibliothèque nous a livré près de deux milles papyri en
majorité de langue grecque, parmi lesquels se trouvaient surtout les œuvres
de Philodème de Gadara, le philosophe épicurien bien connu pour ses liens
avec une partie de l'aristocratie sénatoriale de la fin de la République5. Mais,
2 Cf. en particulier J. Carcopino, Les secrets de la Correspondance de Cicéron, Paris,
1957, p. 73-92 et 111-126 et P. Grimai, Les jardins romains, 2e éd., Paris, 1969, p. 357-363.
3 Pour le contenu de la villa, je renvoie une fois pour toute à l'ouvrage de
Comparetti et De Petra, et au catalogue de Pandermalis (cf. note suivante).
4 D. Pandermalis, Zum Programm der Statuenausstattung in der Villa dei Papiri, dans
Athenische Mitteilungen, 86, 1971 p. 173-209, pi. 82-89 et plans 7-10.
5 Sur Philodème, cf. RE, XIX, col. 244 sqq. (R. Philippson). A la suite du VIIIe
Congrès de l'Association Guillaume Budé (Paris, 5-10 avril 1968) consacré à l'Épicurisme, PROPOS DE LA «VILLA DES PAPYRI» DHERCULANUM 279 À
nous devons surtout nous intéresser aux espaces où ont été mis au jour la
collection étonnante de six statues de marbre, quinze hermès de marbre,
vingt-deux grands et cinq petits hermès de bronze, quatre bustes de bronze
inscrits, ainsi que 27 statues de bronze.
Ces trouvailles se répartissent entre quatre lieux principaux. Un groupe
de onze statues de Silène et d'Éros se trouvaient dans l'atrium toscan de la
villa, pour la plupart réparties autour de l'impluvium6. Un Silène chevauchant
une outre à vin était situé au centre du bassin. On pénétrait ensuite dans un
péristyle encadrant une cour décorée d'un long bassin. Six hermès ornaient ce
péristyle, placés pour quatre d'entre eux aux angles de la colonnade. Deux
hermès sont certainement identifiés, l'un avec le Doryphore de Polyclète7,
l'autre avec une Amazone8. La statue d'Athéna Promachos était disposée
devant le «tablinum»9. Entre le péristyle et le grand jardin de la villa, trois
pièces ont livré quelques portraits : la pièce centrale, ceux d'Épicure et de
Démosthéne, une pièce latérale, celui de Métrodore, tandis qu'un autre renfer
mait les quatre bustes inscrits d'Épicure, Hermarque, Démosthéne et Zenon10.
Enfin, le grand jardin, aux dimensions impressionnantes de 100 m sur 30
environ, entouré d'un portique et décoré en son milieu d'un Euripe de 66 m
de longueur environ, avait reçu la plupart des hermès et statues constituant la
collection de la villa. Une série d'hermès entouraient le bassin central, groupés
deux par deux. Sur un côté, la

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