Théorie stratificationnelle et sémiologie - article ; n°35 ; vol.8, pg 70-81
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Description

Langages - Année 1974 - Volume 8 - Numéro 35 - Pages 70-81
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Latraverse
Théorie stratificationnelle et sémiologie
In: Langages, 8e année, n°35, 1974. pp. 70-81.
Citer ce document / Cite this document :
Latraverse François. Théorie stratificationnelle et sémiologie. In: Langages, 8e année, n°35, 1974. pp. 70-81.
doi : 10.3406/lgge.1974.2266
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1974_num_8_35_2266François Latraverse
Université du Québec
THÉORIE STRATIFIGATIONNELLE
ET SÉMIOLOGIE
« The reader who has other ideas on the handling
of the phenomena involved [...] is invited to
cast his own ideas into the stratificational
framework, using the general notions presented
in this book. »
D. Lockwood [1972 : 143].
1. On peut noter, dans les travaux de la sémiologie contemporaine, la
présence de quatre caractéristiques (qui peuvent jouer autant le rôle de
principes, de postulats ou de résultats méthodologiques que de situations
problématiques et, peut-être, irréductibles), caractéristiques que nous
discuterons en général et que le présent article essaiera, sinon de briser, du
moins d'ébranler en tentant de s'en affranchir.
La première caractéristique est l'invasion des secteurs sémiologiques
par la ou les méthodes structurales. On peut, largement, évaluer une
méthode, c'est-à-dire savoir de quel type d'instrument il s'agit, de deux
points de vue complémentaires : d'après son aptitude à faire état des phéno
mènes, et d'après les limitations qu'elle impose à la classe des phénomènes
dont sa formulation permet qu'elle témoigne. Le statut épistémologique
d'une méthode est donc toujours double et cette dualité donne lieu à un
paradoxe : une méthode est à la fois l'instrument avec lequel on exprime les
phénomènes d'un corpus et le cadre déterminant l'expressibilité de ces
phénomènes. Par ailleurs, la détermination des phénomènes pertinents d'un
corpus est toujours, à un certain titre, le produit d'une décision méthodol
ogique, qui se double parfois d'une position que l'on pourrait dire onto
logique : elle consiste à conclure de la rentabilité d'une méthode à la nature
de ce qu'elle manipule. Se profile ainsi une « orthodoxie sémiologique » que
l'on peut tenter de rompre, lorsqu'on en a saisi la double relativité et qu'on
est sensible aux idées d'innovation.
La seconde caractéristique s'énonce sous la forme d'une situation pro
blématique : devons-nous faire une sémiologie de la ou de la substance ?
ou, plus empiriquement, la sémiologie que nous faisons est-elle une sémiol
ogie de la forme ou de la substance ? Alors qu'elle a fait, en linguistique,
70 l'objet d'élucidations théoriques incessantes, et de réponses plus ou moins
dogmatiques (ou, à l'inverse, plus ou moins méthodologiques ou liées à
l'esprit d'une méthode), cette question se diversifie, en sémiologie, au
contact de la nature des phénomènes (texte, image, etc.), de la finalité des
méthodes qui expriment et maîtrisent ceux-ci ou des buts poursuivis par le
travail de description lui-même (on peut faire une analyse aussi bien pour
comprendre que pour jouir formellement, pour ne nommer que les deux
extrêmes). Grâce aux méthodes de segmentation appliquées aux divers
paliers de la structure linguistique, aux traits formels et abstraits caractéri
sants les unités obtenues lors de chaque découpe, la linguistique a pu tendre
au plus près vers une théorie de la forme, qui nous semble se préciser de plus
en dans le domaine de la sémiologie musicale, et pour des raisons main
tenant claires. Dans le cas du cinéma, de l'image (ou de la publicité),
ou, plus généralement, des systèmes culturels dits signifiants, le débat
forme/substance doit être arbitré par le critère régulateur d'un coefficient
système/usage. La présence du système dans l'usage — ou dans le texte —
n'est ni aussi ferme ni aussi claire dans une annonce publicitaire que dans une
phrase, la notion de grammaticalité ne s'y trouve pas graduée aussi unan
imement et les permutations, par exemple, ne portent pas sur des éléments
aussi nettement tranchés. Si une image est la mise en œuvre (texte) d'un
système, et si, pour des raisons de simplicité et de généralité trop grandes,
nous n'acceptons pas comme constituants d'un système les facteurs anthro
pologiques ou culturels que sont la décodabilité ou l'évocation x, ou les
catégories de genre, de style (au sens abstrait et conventionnel), le texte de
l'image ou le texte cinématographique sont les usages d'un système que
nous ne connaissons pas, ou que nous ne connaissons qu'imparfaitement,
cette dernière réserve voulant faire intervenir la notion d'usage particulier
qui fait parfois passer un texte de son rôle d'exemplification d'un système
général à un rôle d'exemplification d'un certain usage de ce système, ce qui
est, par exemple, le cas de la parole publicitaire, qui est certes la parole
d'une langne mais aussi relie d'un usage, et qui n'est intéressante peut-être
qu'à ce dernier titre. Au point de jonction de l'axe système/usage et de l'axe
forme/substance, le problème sémiologique s'élabore et s'énonce à chaque fois
différemment. Nous croyons de plus qu'il ne convient pas d'accorder au
formalisme un sens absolu, mais bien d'y voir un sens pragmatiste qui fasse
de lui le contraire de l'intuitionnisme.
La troisième caractéristique est, du moins partiellement, afférente à la
question système/texte. Un texte est le lieu des phénomènes étudiés ; il n'en
est pas le produit simple, en ceci qu'il est possible de saisir l'organisation d'un
texte à un certain niveau sans étudier tous les de ce texte.
Cependant, le message d'un texte implique la mise en rapport de plusieurs
niveaux d'organisation et de plusieurs opérations effectuées sur les éléments
organisés à ces niveaux. Or, un message ne nous est pas accessible direct
ement et sa saisie doit passer par celle de certains traits de l'organisation de
l'ensemble. Nous avons parlé d'organisation et de processus, reprenant la
double dichotomie de Hockett entre item et arrangement, et item et processus.
1. Ces traits sont d'ailleurs moins ceux d'un système que des normes jouant, d'un
manière variable, sur des systèmes.
71 Affranchir la description sémiologique du substantialisme, c'est s'attacher
d'abord aux arrangements et aux processus ; l'affranchir d'un régionalisme
trop particulier eu égard à l'extension d'un message, c'est se préoccuper
d'abord des opérations les plus générales des processus. Nous reviendrons
sur ce point plus bas.
La quatrième caractéristique, beaucoup plus particulière et relative
à un type bien spécifié de corpus, concerne la coupure nette, reconnue expli
citement par la tradition barthésienne, entre le texte linguistique et l'image.
Il est à peu près généralement accordé que l'image et le texte ont peu de
points communs. On peut ajouter à cela que, si d'aventure ils en ont, la
reconnaissance de ce fait ne peut s'augmenter d'une croyance touchant la
substance des deux messages. On ne peut donc utiliser les mêmes méthodes
pour décrire ces deux messages et l'on pourrait être tenté de conclure de la
différence des méthodes (si même il y a des méthodes) à la totale irréconcia-
bilité des messages. Cependant, ces deux messages peuvent être concurrents,
comme c'est le cas pour la publicité, et ils entretiennent, à ce titre, des rap
ports déterminés, que l'on peut décrire, non du point de vue de la substance,
mais de celui d'une configuration d'arrangements et de processus qui ont la
préséance sur les items.
Le double souci de formalisme et de descriptivisme qui caractérise les
grammaires contemporaines entraîne donc une sémiologie qui a des préco-
cupations analogues dans une difficile position. Dans la mesure où l'on
oppose « descriptif » à « normatif », il n'y a pas de problèmes pratiques trop
pressants : les grammaires sont trop occupées à décrire les formes les pl

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