Théories d auteurs anciens sur les tremblements de terre - article ; n°1 ; vol.29, pg 87-101
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1909 - Volume 29 - Numéro 1 - Pages 87-101
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1909
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

M. Louis Chatelain
Théories d'auteurs anciens sur les tremblements de terre
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 29, 1909. pp. 87-101.
Citer ce document / Cite this document :
Chatelain Louis. Théories d'auteurs anciens sur les tremblements de terre. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 29, 1909.
pp. 87-101.
doi : 10.3406/mefr.1909.6995
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1909_num_29_1_6995THEORIES D'AUTEURS ANCIENS
SUR LES TREMBLEMENTS DE TERRE
Les auteurs anciens parlent souvent des tremblements de terre.
A s'en tenir à l'antiquité classique et sans remonter au-delà du
IVe siècle avant notre ère, il serait facile de présenter une riche
collection de témoignages; aux listes dressées par Nissen l et par
Baratta 2 s'ajouteraient des textes récemment découverts, tel celui
du marbre de Paros 3, mentionnant un tremblement de terre en
Ionie, en 304. Une enumeration, même complète, de tous les troubles
sismiques dont parlent les auteurs anciens serait inutile et fastidieuse :
il nous semble au contraire intéressant de chercher, parmi tant de
textes, ceux qui contiennent ou prétendent contenir des explications
relatives aux tremblements de terre 4.
1 Italische Landeskunde, t. I (Berlin, 1883, 8°), p. 285-286. — La Sicile
en 396; le Picenuw en 268 et 1.00, et Pisaure en 97; la Sabine en 174,
(it Xiirsia en 09, Rieti en 76, F ('-su. les en 92, Mutina et Ro^io en 91,
('apri en 37 après notre ère, Pornpéi en 63, et de nouveau la Campanie
en /545, la Sicile en 365, furent victimes de troubles sismiques.
On en signale comme ayant en lieu à Rome en 461., en 436, en 192
(ce dernier aurait duré trente-huit jours), en 179, en 118, en 49, en 47,
en 43; en l'an 15 après J.-C, en 51, en 6<S, en 217, en 223, en 262, en 345.
2 I terremoti d'Italia, Turin, 1901, 8°, p. 4 et suiv.
3 « [Ά~5 τώ]·< σ[ϊ]ι[σ];Α(7)·< τ»ν [-('ί]·(5α3<(ων καΟ' 'iwnav, ζ,αί ό'τε Ατν^νιτριος
Χαλκ[ί || δα ϊλαβϊΐ·; καο' ίυ.ίΙο'^.α.Ί και -pjafgs Av,[a-/iTSÎsij, [S]t[yiJ ΔΔΔΔ,
' λΗτιΊτ,σι <1>ίρ;κ./.=ίΐυς ». Inscriptiones graecae, vol. XII (fase. V, pars âp/^'Ts;
prior, 1903), η. 444, p. 103, et 110, ligne 125.
4 Cf. Otto, Anschauungen der Griechen und, Homer über Erdheben und,
Vulkanismus (Programm, der deutschen K, K. Staatsrealschule in Budvieis,
1903), mais cette dissertation a paru avant que M. Montessus de Ballore
n'ait donné à la théorie des tremblements de terre son expression défini
tive. C'est donc d'un point de vue nouveau que la question est examinée
ici, et je tiens à remercier M. Helbig de m'avoir suggéré cette étude. 88 THBOIÎIBS D'AUTEURS ANCIENS
I.
Il convient d'abord d'éliminer les passages si nombreux où les
auteurs confondent le naturel et le merveilleux. Le rôle prépondérant
joué par le merveilleux dans la politique et la religion romaines
est surabondamment connu par les témoignages des historiens et les
relations des compilateurs. C'est ainsi que les armes de Mars, conservées
au Forum, dans un des sanctuaires de la regia, se seraient plusieurs
fois agitées d'elles-mêmes, appelant ainsi, présages funestes, des sacri
fices propitiatoires. Parmi les phénomènes étranges qui, suivant Dion
Cassius \ marquèrent la dernière nuit de Jules César, il faut signaler
le bruit que firent, en s'entre-choquant, les armes de Mars, déposées,
selon la coutume, chez le grand pontife. Dans l'ouvrage de Julius
Obsequens sur les prodiges on lit que, sous le consulat de Marins
et de Catulus, en l'an de Rome 650, les lances de Mars s'agitèrent
d'elles-mêmes dans la regia 2, et, quelques lignes plus loin: « Les
boucliers sacrés s'agitèrent d'eux-mêmes avec un grand bruit » 3.
Des événements d'ordre purement naturel, tels que la chute
d'aérolites ou de lapilli, sont mentionnés par les historiens comme
s'il s'agissait de faits invraisemblables et surnaturels. Ils appelaient
des offrandes et des cérémonies. Pour une pluie de pierres dans le
Picenum, lors de la seconde guerre punique, les décemvirs consul
tèrent les livres sibyllins et décrétèrent neuf jours de sacrifices 4,
Relatant que des pierres brûlantes, à Préneste, sont tombées du
1 « Τά τ: "γαρ ί'ττλα τά "Apsta τταρ' αύτώ tîtô, '>>; χ.αί —αρά άρχ/.ερε~; κ.ατά
τι πάτρ-.sv, κείμενα ψόφο·/ της -/υ/.το; πολύν i-nr.avi ». XLIV, XVII.
2 « Hastae Martis in regia sua sponte motae ». CIV (43).
3 « Ancilia cum crepitii sua sponte mota > . Ibid.
4 « Et in Piceno lapidibus pluisse Quod autem lapidibus pluisset
in Piceno, nouendiale sacrum edictum ». Tite Live, XXI, lxii. SUR LES TREMBLEMENTS DE TERRE 89
ciel, Tite Live mêle ce renseignement à des javelots qui s'enflam
ment dans les mains des soldats, à des boucliers « qui suent du
sang » l.
On ne s'étonne donc pas que les anciens aient vu dans les phéno
mènes sismiques, pour eux inexplicables, des présages fatals de la
volonté des Dieux. Laissant de côté le rappel de ces présages, nous
voulons chercher ce qui, dans les textes des auteurs anciens, présente
au moins l'aspect de théories scientifiques. Ces explications sont
souvent fantaisistes, en dépit de la gravité dont elles sont empreintes:
il peut toutefois ne pas être sans utilité de rappeler les principales
d'entre elles, et de démêler ensuite en quoi elles se rapprochent des
théories modernes.
On ne possède pas toutes les théories émises par les philosophes
grecs. Nous en ignorons un grand nombre, comme celles de Diogene
d'Apollonie et de Métrodore de Ohio. Mais celles qui sont venues
.jusqu'à nous sont assez variées pour donner une idée d'ensemble.
Four Anaxagore 2 l'air s'élève toujours par sa nature et quand il
est entré dans l'intérieur de la terre, il l'ébranlé. .Suivant Démo-
crite :i la terre est pleine d'eau: quand elle en reçoit, par la pluie,
une nouvelle quantité, l'eau sort violemment de la terre et la fait
trembler. Anaximène ' suppose que la terre, une fois mouillée, se,
brise en se desséchant, et les tremblements de terre sont produits
par les sécheresses et les pluies excessives. Aristote '' enfin rejette
comme causes l'eau et la terre; il propose le vent, qui, une fois
évaporé en dehors de la terre, se trouve refluer en dedans; aussi
les tremblements les plus violents ont-ils lieu d'ordinaire quand les
vents ne soufflent pas. A cette théorie générale Aristote mêle quelques
remarques particulières: les tremblements de terre se produisent
1 « Et scuta duo sanguine sudasse, >. XXII. ι.
2 Aristote, Météorologie, II, ντί, 2-4.
3 Ibid., II, vu, 5.
* II, vu, 6-K.
5 Ibid., II, viti. theories d'auteurs axciexs 90
surtout la nuit, ou, si c'est le jour, vers midi; les plus redoutables
se font sentir aux endroits où le mouvement de la mer est le plus
rapide, aux endroits aussi où la terre est spongieuse et renferme des
cavernes souterraines; ils se produisent surtout au printemps et à
l'automne, par les temps de grande pluie ou de grande sécheresse,
et parfois par les éclipses de lune ; un tremblement de terre violent
se compose de plusieurs secousses, dure souvent une quarantaine de
jours et reparaît ensuite au même endroit un an ou deux.
Pour Lucrèce L, les profondeurs de la terre sont remplies de
cavernes où le vent habite, où des fleuves souterrains emportent
des rochers; des écroulements se produisent à l'intérieur : ils donnent
naissance, par contre-coup, à de grandes secousses; celles-ci ébranlent
le sol et font tomber les montagnes. Les éboulements de la terre
dans l'eau font également vaciller le sol. En outre, si le vent que
renferment les cavernes se plait à souffler sur un endroit déterminé,
la terre s'incline du côté où le vent fait rage, et les constructions
s'écroulent; puis le sol, après s'être infléchi, reprend sa position
antérieure. C'était déjà la théorie d'Àristote, à laquelle Lucrèce
ajoute les éruptions volcaniques et les éboulements souterrains.
Pour Pline la cause des phénomènes sisiniques réside dans les
vents 2 et le sol ne tremble que si la mer est assoupie, que si les
oiseaux ne peuvent pas voler, faute de vent, que si le vent, soufflant
avec violence, a pén&

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