Un nouveau manuscrit arabe-chrétien illustré du roman de Baarlam et Joasaph - article ; n°1 ; vol.32, pg 101-122
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Un nouveau manuscrit arabe-chrétien illustré du roman de Baarlam et Joasaph - article ; n°1 ; vol.32, pg 101-122

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Description

Syria - Année 1955 - Volume 32 - Numéro 1 - Pages 101-122
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1955
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Abbé Jules Leroy
Un nouveau manuscrit arabe-chrétien illustré du roman de
Baarlam et Joasaph
In: Syria. Tome 32 fascicule 1-2, 1955. pp. 101-122.
Citer ce document / Cite this document :
Leroy Jules. Un nouveau manuscrit arabe-chrétien illustré du roman de Baarlam et Joasaph. In: Syria. Tome 32 fascicule 1-2,
1955. pp. 101-122.
doi : 10.3406/syria.1955.5065
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1955_num_32_1_5065UN NOUVEAU MANUSCRIT ARABE-CHRÉTIEN ILLUSTRÉ
DU ROMAN DE BARLAAM ET JOASAPH
PAR
J. LEROY
(PL VII-XII)
II aura fallu plus d'un demi-siècle à la critique historique pour débrouiller
l'écheveau assez compliqué des destinées littéraires du roman de Barlaam
et Joasaph f1), cet étrange conte bouddhique qui, sous le truchement de
même en vieux turc du Turfan (A. von Le Coq- (*) La bibliographie du roman, tant pour les
traductions que pour les études critiques qu'il Ein christl. undein manich. Manuscript-fragment
a suscitées, est, pour reprendre un mot du in tiirkischer Sprache ans Turfan, Sitz. der
P. P. Peeters, un mare magnum dont il n'est pas Preuss. Akad. der Wiss., Berlin, 1909, p. 1202-
nécessaire d'inonder ces pages. Rappelons 1205), mais comme ce passage est aussi connu
seulement que la première étude du problème dans la version arabo-persane d'Ibn-Bâbawaih,
littéraire est celle de F. Liebrecht, Die Quellen il n'est pas certain que tout le livre ait reçu
des Barlaam und Josaphat (Jahrbuch fur roma- une traduction turque, v. Peeters, 1. c , p. 290.
C'est au xie siècle — ou fin du xe — que nische und englische Literatur, t. II, 1860, p. 314-
335), la dernière celle du P. Peeters, La pre l'œuvre fit subitement son apparition en Europe,
mière traduction latine de « Barlaam et Joa d'abord sous la forme d'une version grecque,
saph » et son original grec, Anal. Bolland. XLIX, opérée par saint Euthyme l'Hagiorite, en par
1931, p. 276-312 et Ada Sanctorum Decem- tant d'un texte géorgien, qui suppose un texte
arabe derrière lui. Il ne reste donc rien de la bris Propylaeum, Bruxelles, 1940, p. 551-552.
On tient aujourd'hui que l'œuvre originale tradition qui attribue ce texte grec à Jean Da,
mascène malgré les efforts récents de Fr. Dol- bouddhique, perdue, composée en pehlevi
a été de bonne heure traduite en persan (V. ger, Der griechische Barlaam-Roman, ein Werk
Rosen, Persidskji izvod povesti o Varlaami i des HI. Johannes von Damaskos, Ettal, 1953,
Joasafe, in Zapiski Vostoénogo otdelenija russk. cf. F. Halkin, Anal. Bolland. LXXI, p. 475
Archaeologiëeskogo ObUestva, t. III, 1888, p. 273- 480. C'est de lui que partent toutes les autres
275), en arabe (Fr. Hommel, Die atteste ara- traductions, arabe-chrétienne (BHO, 143), éthio
bische Barlaam-V ersion, Verh. des 7. intern. pienne (BHO, 144, E. A. Wallis Budge, Baralâm
Orientalisten Congresses, Sem. Sert. Vienne, 1887, and Yewasef, being the Ethiopie Version of Chris
p. 115-165; Trad, du texte, E. Rehatsek, Book tianised Recension of the Buddhist legend of the
of the King's Son and the Ascetic, Journ. of Buddha and the Bodhisattva, Cambdrige, 1923),
Royal Asiatic Soc, N. S. XXII, p. 119-155) et arménienne (BHO, 141-142) et latine (BHL, 978-
101 102 SYRIA
traductions diverses et de remaniements variés, s'est répandu dans tout
le monde chrétien médiéval et a mérité à ses protagonistes de figurer
au calendrier liturgique de l'Église romaine et de l'Église orthodoxe (*).
Peu de livres ont eu pareil succès : aujourd'hui il est si ignoré qu'il ne
semble pas inutile d'en résumer la trame.
Abenner était un roi de l'Inde puissant, mais ennemi des chrétiens
et principalement des moines. A la naissance de son fils Joasaph, les devins
consultés pour son horoscope prédirent qu'il se ferait chrétien et qu'il
abandonnerait le monde. Pour empêcher l'accomplissement de la pré
diction, Abenner fit construire un palais d'une merveilleuse richesse
pour son fils, où il le garda en compagnie de serviteurs jeunes et beaux,
mais avec ordre de ne lui parler jamais de la misère humaine et faire en
sorte qu'il ne connût rien de la destinée de l'homme. Mais le roi ne put
faire que Joasaph, au milieu de son existence luxueuse, ignorât la maladie
et la mort. En effet, fatigué de son emprisonnement, il supplia son père
de le laisser sortir du palais. Permission obtenue, il partit dans la cam
pagne. Ce fut pour rencontrer un lépreux, un aveugle et un vieillard.
Il apprit ainsi que l'homme est sujet à la maladie et que nul ne peut
échapper à la mort. Ce premier choc psychologique ouvrit la voie à sa
conversion. Elle fut opérée par un solitaire, Barlaam, qui sous l'insp
iration divine se présenta au palais sous l'apparence d'un marchand de
perles. La perle précieuse qu'il prétendait offrir au jeune prince, c'était
982), de laquelle sortent, à leur tour, toutes les Munich, 1890, M. Steinschneider, Die hebr.
versions en langues modernes (G. Moldenhauer, Uebersetzungen des Mittelalters und die Juden
Die Légende von Barlaam und Josaphat auf der als Dolmetscher, Berlin, 1896. Toutes ces ver-
Iberischen Halbinsel, Halle, 1929, pour les ver- sions offrent le trait commun de prendre
sions espagnoles et portugaises) . La version fran- Barlaam comme représentant de leurs concep-
çaise vient d'être éditée par J. Sonet, Le roman tions religieuses propres.
de Barlaam et Josaphat, t. II, La version ano- (x) E. Cosquin, La légende des saints Bar-
nyme française, texte critique, Namur, 1950, laam et Josaphat, Revue des quest, histor.,
410 p. = Bibl. de la Fac. de philos, et lettres XXVIII, 1880, p. 579-600. Il est assez curieux
de Namur, fasc. 7). On connaît aussi une de constater que c'est l'Église Romaine qui
traduction juive, faite par un rabbin espagnol semble avoir introduit le culte des deux saints
dans la première moitié du xme siècle, W. qu'elle commémore le 27 novembre (cf. H. De-
A. Meisel, Prinz und Derwisch, oder die lehaye, Sanctus, Bruxelles, 1927, p. 200).
Makamen Ibn Chisdais, Stettin, 1847, offrant Quelques synaxaires grecs font mention de
des rapports avec la rédaction arabe musul- Joasaph le 26 août, Synax. Eccl. C. P., col. 296,
mane, N. Weisslovits, Prinz und Derwisch, 1, 60). NOUVEAU MANUSCRIT ARABE-CHRÉTIEN ILLUSTRÉ 103 UN
l'annonce du salut accompli par Jésus et accordé à tout homme qui reçoit
le baptême. Assurément, même alors, le salut n'est pas complètement
obtenu. Il en est qui, après la réception du sacrement, retombent dans
les péchés : la voie la plus sûre est donc la renonciation au monde pour
vivre en solitaire.
Ainsi s'opéra pour Joasaph l'accomplissement des prédictions des
devins : il devint chrétien et n'aspira plus qu'à la vie des ermites. Mais
ce n'est qu'après une série de péripéties qu'il pourra satisfaire son pieux
désir.
Après le départ du faux marchand de perles, le précepteur de Joasaph
annonce l'événement au roi. Alors commence entre le père et le fils une
lutte sévère, où le jeune chrétien est toujours vainqueur. Tous les moyens
paraissent bons à Abenner pour ramener son fils à la religion de ses pères.
D'abord la tromperie : devant le peuple rassemblé il fait venir le sorcier
Nachor, habillé comme Barlaam, et suscite une discussion publique avec
les philosophes du royaume dans l'espoir de confondre Nachor-Barlaam
et de ramener ainsi Joasaph à l'idolâtrie. Mais c'est le contraire qui arrive :
Nachor se convertit à la foi chrétienne. Alors le roi fait appel à la tenta
tion charnelle : le devin Theudas déchaîne les esprits impurs et présente
à Joasaph un essaim de belles filles qui essaient de faire tomber le jeune
prince. Cette fois encore, c'est Theudas qui vient à la religion chrétienne.
Le roi a donc recours à l'ambition : il offre à son fils la moitié de son royaume.
Joasaph reste inébranlable et c'est finalement lui qui l'emporte en convain
quant son père qui reçoit à son tour le baptême. Celui-ci meurt bientôt
après, saintement. Joasaph abdique au profit d'un chrétien nommé Bara-
chias et, malgré les supplications du peuple, part pour le désert afin de
retrouver Barlaam. La quête dure longtemps, coupée d'embûches de toute
sorte. Finalement la rencontre se fait. Elle n'est pas de longue durée, car
Barlaam meurt bientôt, laissant à son disciple le soin de continuer sa vie
héroïque.
Cette belle h

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