Vases des Lénéennes ? - article ; n°1 ; vol.99, pg 43-61
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Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1987 - Volume 99 - Numéro 1 - Pages 43-61
Juliette de La Genière, Vases des Lénéennes ?, p. 43-61. On reprendra ici une discussion ouverte depuis le célèbre article de Frickenhaus, intitulé Lenäenvasen. Dans la liste de vases dressée par le savant allemend le groupe des stamnoi doit être examiné à part. La forme est, on le sait, réservée à peu d'exceptions près à la clientèle étrusco-campanienne, et cela depuis les premiers exemplaires à figures noires. Les peintres ont insisté ici sur le caractère sacré de la cérémonie représentée, sur les soins dont les femmes sévèrement drapées entourent les deux stamnoi posés sur la table de sacrifice au pied de l'idole de Dionysos : ce sont les contenants du liquide divin. La présence d'une forme étrangère aux usages grecs est une indication topographique précise; les cérémonies peintes évoquent des cultes propres à un milieu fortement hellénisé d'Étrurie et de Campanie; c'est ainsi que les artisans athéniens les imaginaient.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Juliette de La Genière
Vases des Lénéennes ?
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 99, N°1. 1987. pp. 43-61.
Résumé
Juliette de La Genière, Vases des Lénéennes ?, p. 43-61.
On reprendra ici une discussion ouverte depuis le célèbre article de Frickenhaus, intitulé Lenäenvasen.
Dans la liste de vases dressée par le savant allemand le groupe des stamnoi doit être examiné à part. La forme est, on le sait,
réservée à peu d'exceptions près à la clientèle étrusco-campanienne, et cela depuis les premiers exemplaires à figures noires.
Les peintres ont insisté ici sur le caractère sacré de la cérémonie représentée, sur les soins dont les femmes sévèrement
drapées entourent les deux stamnoi posés sur la table de sacrifice au pied de l'idole de Dionysos : ce sont les contenants du
liquide divin.
La présence d'une forme étrangère aux usages grecs est une indication topographique précise; les cérémonies peintes évoquent
des cultes propres à un milieu fortement hellénisé d'Étrurie et de Campanie; c'est ainsi que les artisans athéniens les
imaginaient.
Citer ce document / Cite this document :
La Genière Juliette de. Vases des Lénéennes ?. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 99, N°1. 1987. pp. 43-
61.
doi : 10.3406/mefr.1987.1536
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1987_num_99_1_1536JULIETTE DE LA GENIÈRE
VASES DES LÉNÉENNES?*
Depuis un célèbre article de A. Frickenhaus 1 la plupart des auteurs
désignent du nom de «Vases des Lénéennes» une série de vases attiques
de formes différentes (lécythes, coupes, cratères, stamnoi) dont le décor
est l'évidente illustration d'une cérémonie dionysiaque. Si L. Deubner
reconnaît que l'on ignore à peu près tout des Διονύσια έπί Ληναίω, sauf
qu'elles comportaient un cortège et un concours dramatique, il n'hésite
pas cependant à relier la fête au lieu de danse des Λήναι, les Ménades; et
pour lui celles-ci s'identifieraient aux femmes occupées autour de l'idole
de Dionysos sur les vases réunis par Frickenhaus2. En revanche Nilsson
tendait à rapprocher ce groupe de vases de la fête des Choës au second
jour des Anthestéries3; il était en cela suivi par Beazley4 et plusieurs
autres savants5, tandis que B. Shefton considérait que l'identité de cette
fête attique nous échappe probablement6.
* Abréviations :
- ABV = Sir John Beazley, At tic Black-Figure Vase-Painters, Oxford, 1956.
- ARV2 = Sir Attic Red-Figure 1963.
1 A. Frickenhaus, Lenäenvasen, 72 Programm zum Winckelmannsfeste, Berlin,
1912, p. 1-40, PL 1-5 (abrégé ensuite en Frickenhaus).
2 L. Deubner, Attische Feste, Berlin, 1932, p. 123-134, pl. 20, 21. Son interprétat
ion acceptée par Cook, I, 671, par Kroll, RE, 12, 1938, p. 36 sq. Bibl. dans Β. Pm-
LiPPAKi, The Attic Stamnos, Oxford, 1967, p. XIX, n. 5.
3 Martin P. Nilsson, Jb.d.L, 31, 1916, p. 327 sq.; Munich. Sitz. Ber., 1930, 3.
*CVA Oxford, 23, pl. XXVIII, 1, 2. Partisans des Anthestéries : Petersen (1913),
Buschor (1928), Wrede (1928), Altheim (1928), Kristensen (1949).
5 Partisans des Lénéennes : Α. Β. Cook, Κ. Schefold. Bibliographie récente dans
C. Isler-Kerenyi, Stamnoi e stamnoidi, dans Quad, ticinesi, Numismatica e Antichit
à classiche V, 1976, p. 33-52; J.-L. Durand, Fr. Frontisi-Ducroux, Idoles, figures,
images; autour de Dionysos, RA, 1982, p. 81-108; Fr. Images du
ménadisme féminin, dans L'association dionysiaque dans les sociétés anciennes
(Coll. EFR, 89), Rome, 1986; Ead., Les limites de l'anthropomorphisme, Hermès et
Dionysos, dans Le temps de la réflexion, VII, 1986, p. 193-211.
6 B. Shefton, traduction de P. E. Arias, A history of Greek Vase Painting, Lond
res, 1962, p. 372-374. Déjà H. Jeanmaire, Dionysos, 1951, p. 12, avait suggéré qu'il
ne s'agissait peut-être pas d'une fête particulière de Dionysos. B. Philippaki, op. cit.
à n. 2, était du même avis.
MEFRA - 99 - 1987 - 1, p. 43-61. 44 JULIETTE DE LA GENIÈRE
L'unité du Corpus réuni par Frickenhaus est faite de la présence, sur
la plupart des images, de l'idole de Dionysos, masque couronné de lierre,
accroché à un poteau ou une colonne qu'habillent d'amples drapés : c'est
apparemment la version attique du dieu Perikionios de Thèbes invoqué
par le chœur des Phéniciennes7. Malgré ce dénominateur commun, des
différences assez sensibles entre les documents ont conduit J;-L. Durand
et Fr. Frontisi-Ducroux à suggérer une séparation : d'une part des lécy-
thes, un skyphos à figures noires8, et de l'autre les stamnoi à figures rou
ges.
Cette distinction laisse hors classification des vases de la liste de Fri
ckenhaus exécutés dans des techniques différentes : œnochoés à figures
noires, coupe à figures rouges du potier Hieron, péliké, cratère; pas plus
que dans les formes on ne relève de constantes dans l'imagerie : l'idole
peut être présentée de face ou de profil9; le cadre peut être une grotte10,
le poteau peut être urbanisé en colonne11; devant l'idole le peintre place
tantôt un cratère 12, tantôt un autel u. D'un vase à l'autre les protagonistes
changent : ici des femmes gesticulent, entourant le dieu d'une ronde
bruyante, là des satyres interviennent, découvrant la divine boisson dans
un cratère. Si l'on ajoute à cela que ces vases ont été trouvés dans des
sites très différents, on peut se demander s'il est justifié de les réunir sous
une rubrique commune, et s'il ne s'agit pas de scènes dionysiaques assez
génériques plus que de l'illustration d'une fête particulière.
En revanche le groupe des stamnoi à figures rouges se distingue net
tement de l'ensemble des documents réunis par Frickenhaus. Une très
grande cohérence les caractérise : unité de formes, unité de l'imagerie,
même qualité de l'exécution, unité des provenances.
Ces récipients (Fig. 1-4, 7-9) portent le nom conventionnel de stamnoi
bien qu'il soit dès longtemps admis que ce terme se rapportait dans l'anti-
7 Eur. Phéniciennes, 649.
8 Art. cit. à n. 5, les analogies remarquées entre les lécythes à figures noires
pourraient relever de la routine bien connue des ateliers, comme celui de Haimon,
qui fabriquent ces vases modestes pour les cimetières grecs.
9 Frickenhaus, fig. 1 et pi. 2, 12, 13.
10 Ibid., η. 1, p. 1 (Berlin 1930, Œnochoé à fig. noires).
11(pi. II, n. 12, 13).
i2Ibid., n. 12, pi. II (Louvre G. 227, Péliké à fig. rouges).
13 Ibid., n. 11, p. 6, 7 (Berlin, 2290, Coupe à fig. rouge du potier Hieron). VASES DES LENEENNES? 45
Illustration non autorisée à la diffusion
Fig. 1 - Musée du Louvre, G. 409, peintre de la Villa Giulia, ARV2, p. 621, n. 39.
Illustration non autorisée à la diffusion
Fig. 2 - Musée du Louvre, G. 408, peintre de la Villa Giulia, ARV2, p. 621, n. 39. 46 JULIETTE DE LA GENIÈRE
quité à une autre forme14; à l'identité du support correspond le caractère
répétitif des scènes de culte depuis le vase le plus ancien attribué au pein
tre de Deepdene (2e quart du Ve siècle)15 jusqu'au plus récent que l'on
connaisse actuellement, une œuvre du peintre du Dinos de Berlin
(Fig. 7, 8 datable vers 420/410 16). Seules les femmes sont admises au rituel
présidé par l'idole. Elles dansent sur un rythme calme dans les premières
images; le mouvement s'arrête tout à fait chez les peintres classiques
comme le peintre de la Villa Giulia et ses disciples (Fig. 2) : en présence
de l'idole, deux femmes se penchent sur une trapeza qui supporte deux
stamnoi; l'une y puise avec une louche de bronze pour remplir précau
tionneusement un skyphos, l'autre en tient un autre déjà plein17. Parfois
l'artisan n'a peint qu'un «morceau choisi» de la scène: ainsi deux fem
mes, accompagnées d'une joueuse de flûte, célèbrent le même rituel du
vin en l'absence de l'idole, dont seuls deux rinceaux de lierre évoquent
l'image 18 : il est clair que la scène est assez connue pour que le dieu soit
sous-entendu. À l'école du peintre de la Villa Giulia le peintre de Chicago
répétera cette omission19, tandis que le peintre d&

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