Découvertes phéniciennes à Tharros - article ; n°3 ; vol.131, pg 483-503
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1987 - Volume 131 - Numéro 3 - Pages 483-503
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Sabatino Moscati
Découvertes phéniciennes à Tharros
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 131e année, N. 3, 1987. pp. 483-
503.
Citer ce document / Cite this document :
Moscati Sabatino. Découvertes phéniciennes à Tharros. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres, 131e année, N. 3, 1987. pp. 483-503.
doi : 10.3406/crai.1987.14518
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1987_num_131_3_14518COMMUNICATION
DÉCOUVERTES PHÉNICIENNES À THARROS,
PAR M. SABATINO MOSCATI, CORRESPONDANT DE L'ACADEMIE
Dans cette communication, j'exposerai les résultats, selon moi, les
plus représentatifs et les plus récents des recherches que j'ai dirigées
et développées en Italie ces dernières années, sur le monde phénicien
et punique. Ils concernent l'antique Tharros, en Sardaigne, que les
fouilles en cours font apparaître comme un grand centre urbain,
sans doute le plus grand de la Sardaigne préromaine1. Mais les
fouilles ne sont pas les seules à porter témoignage : il y a aussi, et
ce n'est pas le moindre, le travail effectué dans les musées, qui nous
a permis d'étudier et de publier des milliers d'objets d'artisanat et
d'art auparavant inédits et inconnus pour la plupart2.
Une telle production indique en Tharros un centre artisanal
imposant, d'où proviennent, en grande quantité, bijoux, amulettes,
scarabées, ivoires, os et terres cuites figurées. C'est donc un ensemble
cohérent d'œuvres qu'on peut regrouper, je crois l'avoir montré
dans une étude spécifique, sous le terme grec d'athyrmata, en latin
iocalia3. A travers cet ensemble, Tharros s'affirme — c'est ce que je
me propose d'illustrer — comme un centre non seulement d'import
ation, mais aussi et surtout de diffusion dans le monde punique, et
en particulier vers Carthage : ce qui bouleverse les opinions généra
lement admises.
Le discours qui va suivre ne sera donc pas une chronique de
fouilles : je l'ai voulu, au contraire, comme une rapide présentation
de la cité que nous sommes en train de mettre au jour, de ses carac
téristiques et de son rôle dans le monde méditerranéen de l'antiquité.
Je tiens à préciser que ces recherches sont menées par l' Institut pour
la civilisation phénicienne et punique du Conseil national de la
Recherche, que j'ai l'honneur de présider, ainsi que par la Surinten
dance archéologique de Cagliari.
L'antique Tharros se situe sur la côte occidentale de la Sardaigne,
à l'extrémité de la péninsule de Sinis : c'était une clé des routes
maritimes méditerranéennes de l'antiquité, lieu d'escale pour les
1. Cf. R. Zucca, Tharros, Oristano, 1984 ; E. Acquaro, C. Finzi, Tharros,
Sassari, 1986.
2. Cf. notre dernier volume Le officine di Tharros, Rome, 1987.
3. Iocalia Tharrhica, Rivista di studi fenici, n° 9, 1981, p. 115-119. 484 COMPTES RENDUS DE L ACADEMIE DES INSCRIPTIONS
bateaux qui de l'Afrique et de la Sicile se dirigeaient vers les Baléares
et la péninsule Ibérique, et inversement. Les vestiges archéologiques
repérés jusqu'à nos fouilles sont considérables, mais appartiennent
presque tous à l'époque romaine ; la phase phénico-punique n'était
connue qu'à travers des éléments architectoniques épars, dont les
ruines d'un temple monumental.
Nos campagnes de fouilles, dirigées sur le chantier par E. Acquaro,
se sont concentrées sur le tophet, localisé à l'extrémité nord de
l'habitat, juste à l'intérieur des murs d'enceinte, sur une colline
appelée pour cette raison su muru mannu, « le grand mur »4. Ces murs
ont révélé un système de défense d'une exceptionnelle complexité :
en allant de l'intérieur vers l'extérieur, on trouve successivement, une
courtine ; puis une seconde parallèle à la première, isolée par un fossé
et située à une distance de 10 mètres ; puis encore une forte déclivité
et enfin une sorte de canal qui séparait, semble-t-il, le promontoire
de la terre ferme.
Le tophet était, dès avant les fouilles, identifiable en raison de la
quantité visible d'urnes (fig. 1). Ce que les fouilles ont, en revanche,
révélé, c'est que la région était habitée à une époque plus haute,
comme en témoignent certains tessons d'époque mycénienne.
En outre, le tophet a été installé (et c'est un fait sans précédent) sur
Fig. 1. — Fouilles du tophet de Tharros.
4. Les rapports des fouilles au tophet, sont publiés périodiquement dans la
Rivista di studi fenici. DÉCOUVERTES PHÉNICIENNES À THARROS 485
un site nuragique, ce qu'attestent les cabanes circulaires. A une
époque bien plus tardive, autre fait vraiment nouveau, la région fut
réaménagée et subit des transformations considérables à cause de
l'occupation romaine : les stèles du tophet furent alors déplacées et
réunies dans quelques secteurs déterminés, à l'intérieur comme à
l'extérieur, de façon à constituer des bases et des plates-formes
propres à délimiter des zones de services et de passage. Dans ces
conditions, l'étude stratigraphique n'est pas aisée : elle permet
cependant de distinguer au moins quatre phases archéologiques, du
vie au ne siècle av. J.-C, dans la zone des murs d'enceinte.
Les stèles découvertes l'aire du tophet sont au nombre de
300 environ ; intactes ou fragmentaires, elles présentent essentiell
ement des iconographies géométriques, le plus souvent grossières ou
schématiques5. En ce sens, Tharros est à rapprocher de Nora, en
Sardaigne, et de Carthage, à distinguer en revanche nettement des
autres centres sardes (Sulcis, Monte Sirai), ou de Motyé en Sicile.
Nous y trouvons avant tout le bétyle ou pilastre sacré, parfois rétréci
vers le haut. Le croissant lunaire, qui souvent surmonte le bétyle,
est, dans un des cas, double (fig. 2) ; signe que c'est aux deux incisions
Fio. 2. — Bétyle au double
croissant lunaire.
5. Cf. l'édition par S. Moscati et M. L. Uberti, Scavi al tofet di Tharros. I monu-
menti lapidei, Rome, 1985. 486 COMPTES RENDUS DE L ACADEMIE DES INSCRIPTIONS
latérales et non à la saillie centrale qu'on attribuait la fonction béty-
lique. Toutefois le modèle à double bétyle est rare, comme est rare
le triple bétyle.
D'autres figures géométriques apparaissent: le losange (fig. 3)
et ce qu'on appelle « l'idole à bouteille » (fig. 4). De ce dernier, on a
plusieurs exemples, certains très schématiques, d'autres beaucoup
moins aptes à présenter des ressemblances avec un profil humain ;
de ce point de vue, on ne peut manquer de relever l'intérêt tout
particulier d'une figure qui possède deux appendices saillants en
forme de pieds, témoignage évident de ces tentatives d'humanisat
ion présentes dans l'iconographie géométrique et qu'on retrouve
régulièrement l'artisanat des stèles. Quant au fameux « signe
de Tanit », bien que rare, il est présent à Tharros : il apparaît
notamment en combinaison originale avec deux caducées.
Parmi les représentations humaines, on relève la présence de
figures féminines avec les bras sur la poitrine. Notons aussi le cas
d'une figure, cette fois masculine, exécutée dans une matière plus
recherchée, la calcarinite, et enchâssée dans une matière de moindre
Fig. 4. — Fig. 3. —
« L'idole à bouteille Bétyle à losange. DECOUVERTES PHENICIENNES A THARROS 487
qualité, le grès (fig. 5) ; il s'agit ici d'un procédé que les historiens de
l'art appellent « polymatière ». Je voudrais enfin signaler, dans le
même domaine, un autre cas exceptionnel : il s'agit d'une stèle
à grafïîtte léger, qui représente la tête d'un enfant devant celle d'un
personnage portant une coiffure en pointe et une barbe comme celles
des prêtres. On ne peut manquer de songer alors à des protagonistes
du rite du tophet6.
Mais il est bien d'autres caractéristiques qui distinguent Tharros :
par exemple, la présence de certaines stèles ou plutôt de cippes, d'un

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