Des fêtes de Louis XIV au baroque allemand - article ; n°1 ; vol.9, pg 91-102
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1957 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 91-102
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1957
Nombre de lectures 54
Langue Français

Extrait

Monsieur Jacques Vanuxem
Des fêtes de Louis XIV au baroque allemand
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1957, N°9. pp. 91-102.
Citer ce document / Cite this document :
Vanuxem Jacques. Des fêtes de Louis XIV au baroque allemand. In: Cahiers de l'Association internationale des études
francaises, 1957, N°9. pp. 91-102.
doi : 10.3406/caief.1957.2101
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1957_num_9_1_2101FÊTES DE LOUIS XIV DES:
AU BAROQUE ALLEMAND
Communication de J. VANUXEM
au VIIIe Congrès de l'Association, le 3 septembre 1956
Dans ses «Mémoires pour l'année 1662 », Louis XIV a tenu
à justiter lui-même l'importance des fêtes publiques, pour le
gouvernement des peuples, à propos du fameux carrousel qui eut
lieu au début de l'été. Après avoir loué « l'heureux effet des
plaisirs honnêtes qui délassent du travail, fournissent de nouvelles
forces pour s'y appliquer, servent à la santé, inspirent l'humanité,
polissent l'esprit et adoucissement les moeurs », le roi ajoutait :
« Un prince et un roi de France peut encore considérer quelque
chose de plus dans ces divertissements publics qui ne sont pas
tant les nôtres que ceux de notre cour et de tous nos peuples...
S'il y a quelque caractère singulier dans cette monarchie, c'est
l'accès libre et facile des sujets au prince... Les peuples... se plaisent
au spectacle, où au fond on a toujours pour but de leur plaire,
ils sont ravis de voir que nous aimons ce qu'ils aiment... Par là
nous tenons leur esprit et leur cœur, quelquefois plus fortement
peut-être que par les récompenses et les bienfaits; et à l'égard
des étrangers, dans un Etat qu'ils voient florissant d'ailleurs et
bien réglé, ce que se consume en ces dépenses qui peuvent passer
pour superflues, fait sur eux une impression très avantageuse de
magnitcence, de puissance, de richesse et de grandeur... (1) »
On veut nettement par ces lignes le but du roi dans sa poli
tique de fête : plaire à ses sujets, et les rapprocher de sa personne
d'une part, en imposer à l'étranger d'autre part. Ces deux buts
1. Mémoires de Louis XIV, Paris, éd. Longnon, 1928, p. 121. 92 JACQUES VANUXEM
furent-ils atteints ? Pour le premier on peut en douter. On connaît
le texte fameux des mémoires de l'abbé de Choisy, où celui-ci
prétend que le «peuple était dans la misère pendant qu'on ne
parlait que de Fêtes, de Ballets et de Divertissements».
De nos jours les fêtes de Louis XIV ont trouvé, au
point de vue économique et politique, des juges sévères. Pour
certains, le goût de Louis XIV pour les fêtes prouverait seulement
que l'amour du pouvoir revient au désir d'établir un ordre parmi
les hommes et les choses autour de soi, qui fait considérer l'uni
vers par le monarque comme un décor de théâtre (2). Pour
d'autres, les fêtes de Louis XIV auraient été surtout un moyen
de faire de la propagande politique (3). Que l'on admette l'une
ou l'autre explication, les intentions généreuses que le roi expri
mait dans ses mémoires à l'égard de son peuple, n'auraient guère
été suivies d'effet. Les fêtes n'auraient pas rapproché Louis XIV
de ses sujets mais l'auraient isolé dans un monde factice et auraient
surtout contribué à affirmer sa politique d'hégémonie.
Le second but affirmé par les Mémoires du roi, semble avoir
été plus aisément atteint. Il est indiscutable que les fêtes de
Louis XIV ont suscité chez les étrangers la plus vive admiration.
Nous voudrions démontrer sommairement que les fêtes de Louis
XIV ont fait une impression si forte, si durable, en Allemagne,
qu'elles ont marqué de leur empreinte certains aspects de l'art
baroque, si brillant dans les régions germaniques.
Assurément les cours allemandes n'avaient pas eu besoin de
l'exemple de la cour de France pour organiser des fêtes fastueuses.
Ménestrier, dans ses « Représentations en musique ancienne et
moderne» (4), rappelle à juste titre que le goût des fêtes est
passé de Savoie en Bavière, grâce à la princesse Adélaïde qui fut
la femme de l'électeur Ferdinand. La cour de Turin était, parmi
les cours d'Italie, l'une de celles où les fêtes étaient les plus bril
lantes, et Adélaïde était bien placée pour jouer en Bavière le
2. Simone Weil, Attente de Dieu, Paris, 1950, p. 117.
3. Hans Tintelnot, « Die Bedentung der " festa théâtrale " fur das
dynastische und Kunstlerische Leben im Barock », dans Archiv fur
Kulturgeschichte, 1955, pp. 336-351.
4. Des Représentations anciennes en musique, Paris, 1681, p. 331. JACQUES VANUXEM 93
rôle que peu auparavant Mazarîn avait tenu en France; elle intro
duisit les pièces et les divertissements avec machines et en
musique, tels qu'on les voyait en Italie.
Avant de venir à Paris en 1660, avec «Serse» et « Ercole
Amante », Cavalli en 1658 était passé par Munich pour y faire
jouer « Alexandre le Grand ». Non seulement pour la musique,
mais aussi pour la mise en scène et le décor, les fêtes de Bavière
s'inspiraient largement, comme les fêtes de Paris, des exemples
italiens.
Mais des rapports directs peuvent être notés entre les fêtes
de France et celles de Bavière, par exemple dans une fête accom
pagnée de musique, sorte de tournoi qui eut lieu à Munich en
1658. Dans cette fête, l'électeur représentait le Soleil (5) ; deux
ans auparavant, en 1656, Louis XIV avait paru, lors de la Caval
cade du Palais-Royal, magnifiquement vêtu, et portant la devise
du soleil qui allait devenir sa devise officielle peu de temps
après. La légende du roi était alors « ne piu, ne par ». On peut
se demander s'il n'y avait pas dans le choix de l'électeur un désir
d'imiter le roi de France. La fête de Paris était facile à connaître,
puisque, dès 1656, toutes les devises qui y avaient été utilisées
étaient publiées dans un petit volume dû à Gissey.
Il ne s'agit là que d'une conjecture; mais la grande impres
sion faite en Allemagne par les fêtes qui vont venir sera une
certitude — celles du mariage de Louis XIV d'abord. Trois séries
de fêtes devaient illustrer à Paris ce mariage : une entrée solen
nelle d'abord, puis une « fête théâtrale », celle d'Hercule Amour
eux, enfin un grand carrousel. Les difficultés de la préparation
amenèrent à retarder la fête théâtrale, qui n'eut lieu qu'en février
1662, et le grand carrousel qui n'eut lieu qu'en juin 1662. Malgré
cet échelonnement dans le temps, ces trois fêtes se complètent
et dérivent du même plan, dont les Mémoires de Louis XIV
nous ont expliqué les raisons.
Examinons successivement les rapports de ces fêtes avec l'A
llemagne. L'entrée d'abord, du 26 août 1660. Cette entrée a suscité
5. Romain Rolland, Les Origines du théâtre lyrique moderne,
Paris, nouvelle édition, 1931, p. 211. 94 JACQUES VANUXEM
la publication d'un grand nombre de plaquettes et, en 1662, parut
un grand et très bel ouvrage où furent reproduits les décorations
et le cortège royal. Il n'y a pas lieu d'insister sur cette fête. Une
importante étude parue en 1949 et due à M. V.L. Tapie (6), en
a heureusement souligné le caractère et a montré comment se
mêlaient les éléments classiques et baroques dans les édifices pro
visoires élevés sur le parcours. Ces tendances baroques étaient
faites pour plaire en Allemagne. Nous en avons la certitude grâce
à une curieuse estampe qui montre la splendide entrée du roi
et de la reine à Paris et s'inspire très librement des images de
l'Entrée Triomphante.
L'interprétation offerte par la gravure allemande est curieuse.
Au lieu de représenter l'entrée comme dans l'ouvrage français,
de façon schématique et égale, on la voit dans un paysage
boisé et accidenté qui n'évoque guère la banlieue parisienne. Dans
la ville représentée dans le fond, on reconnaît bien la Bastille
et Notre-Dame, mais ces deux édifices sont montrés sans aucu

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