L allégorie politique dans l œuvre d Antoine Caron : le Carrousel à l éléphant - article ; n°2 ; vol.109, pg 280-306
28 pages
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L'allégorie politique dans l'œuvre d'Antoine Caron : le Carrousel à l'éléphant - article ; n°2 ; vol.109, pg 280-306

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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1965 - Volume 109 - Numéro 2 - Pages 280-306
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 82
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Roger Trinquet
L'allégorie politique dans l'œuvre d'Antoine Caron : le Carrousel
à l'éléphant
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 109e année, N. 2, 1965. pp. 280-
306.
Citer ce document / Cite this document :
Trinquet Roger. L'allégorie politique dans l'œuvre d'Antoine Caron : le Carrousel à l'éléphant. In: Comptes-rendus des séances
de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 109e année, N. 2, 1965. pp. 280-306.
doi : 10.3406/crai.1965.11863
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1965_num_109_2_11863280
SÉANCE DU 9 JUILLET
PRÉSIDENCE DE M. RAYMOND LEBÈGUE
M. Raymond Lantier ne pouvant assister aux réunions du Conseil
supérieur de la Recherche archéologique, demande à l'Académie
d'accepter sa démission de délégué de l'Académie à cet organisme.
La désignation de son successeur sera inscrite à l'ordre du jour
de la prochaine séance.
L'Académie, en comité secret, a décliné l'offre de créer un prix
faite par Mme Lahovary.
Le Président fait connaître que l'Académie vient d'attribuer
le prix Charles et Marguerite Diehl à M. l'abbé Jules Leroy pour
son ouvrage : Manuscrits syriaques à peintures conservés dans les
bibliothèques d'Europe et d'Orient, contribution à l'étude de l'icon
ographie des églises de langue syriaque qui forme le t. 77 de la Biblio
thèque archéologique et historique de l'Institut français d'archéologie
de Beyrouth. Il fait aussi connaître que l'Académie vient de décider
de partager le prix Gustave Schlumberger entre M. André Guillou
pour son édition des Actes grecs de S. Maria di Messina et
M. L.-R. Ménager pour son édition des Actes latins de S. Maria di
Messina.
L'Académie, sur la proposition de la Commission des Travaux
littéraires, décide d'attribuer les subventions suivantes sur la fon
dation Dourlans : 7.500 F. à M. Schaeffer pour le tome v d'Uga-
ritica, 4.000 à M. Virolleaud pour les Tablettes de Tello, 800 à
M. Benoit pour les Recherches sur l'hellénisation du midi de la
Gaule.
L'Académie décide de fixer ainsi qu'il suit les dates pour l'élection
d'un académicien ordinaire en remplacement de M. Alfred Merlin,
décédé : choix des disciplines le 15 octobre ; exposé des titres le
29 octobre ; élection le 5 novembre.
M. Roger Trinquet étudie l'allégorie politique dans l'œuvre
d'Antoine Caron, notamment dans le Carrousel à l'éléphant.
COMMUNICATION
l'allégorie politique dans l'œuvre d'antoine caron :
le carrousel a l'éléphant, par m. roger trinquet.
Il y a quelques mois, devant la Société des Historiens Français
de l'Humanisme1, nous présentions un premier exposé sur un tableau
d'Antoine Caron, Abraham et Melchisédech2. En partant de quelques
1. Séance du 27 février 1965.
2. Cette communication paraîtra dans la Bibl. d'Hum. et Ren. Cf. P. Michel, Arts et
littérature au service d'Henri IV, L'École des lettres, 17 avril 1965, p. 587-588. LE CARROUSEL A L'ÉLÉPHANT 281
détails insolites, de certaines anomalies dans la composition, nous
avions pu finalement nous rendre compte que cette scène biblique
dissimulait une allégorie politique fort bien menée, qu'on pouvait
signer et dater avec précision ; véritable anticipation de la Satyre
Ménippée, c'était, vu sous l'angle de la polémique anti-espagnole
qui faisait rage alors, un saisissant tableau de la situation dynas
tique de la France en 1590, au lendemain d'Arqués et d'Ivry : la
débâcle des Lorrains devant le Béarnais, et la montée du parti de
Philippe ii, avec Farnèse, Mendoza et le Légat Caëtano — le Mel-
chisédech de Paris — qui préparaient sourdement l'accession au
trône de l'Infante Isabelle, sous couleur d'une croisade pour la
délivrance du Roi de la Ligue, le vieux cardinal de Bourbon, ce
dérisoire Abraham dont on guignait seulement la pourpre royale.
L'étude de la littérature pamphlétaire du temps, si riche en réfé
rences bibliques, nous avait permis de comprendre pourquoi Caron
avait retenu cet épisode de la Genèse, dont les péripéties se prêtaient
au développement de son allégorie.
Cette interprétation, que de nombreux rapprochements icono
graphiques venaient étayer, jetait un jour nouveau sur la physio
nomie d'Antoine Caron ; elle engageait à creuser davantage dans
cette voie ; elle invitait à penser qu'un talent satirique aussi remar
quable ne s'était pas vraisemblablement manifesté dans un seul
tableau.
Ce peintre, si apprécié de son temps et dont on n'avait retrouvé
que quelques dessins n'était plus qu'un nom, lorsqu'à partir de 1937
MM. G. Lebel et J. Ehrmann s'efforcèrent, avec une diligence et
une perspicacité remarquables, de reconstituer l'œuvre peint
d'Antoine Caron ; en 1955, une douzaine de tableaux importants
se trouvaient regroupés1 : un seul, il est vrai, portait la signature
du maître2, mais l'attribution des autres, à une ou deux exceptions
près, ne souffrait pas de discussion, tant se révélaient probants
l'examen des caractères stylistiques et la confrontation de ces
œuvres avec le tableau, les dessins et les gravures signés.
Né vers 1521 à Beauvais, Caron travailla à Fontainebleau aux
côtés du Primatice et de Niccolo del Abbate : avec ce dernier, il fut
en concurrence pour l'organisation des Entrées officielles sous
Charles ix3, puis, avec Germain Pilon, sous la directive érudite de
1. Cf. Jean Ehrmann, Antoine Caron, peintre officiel des Valois, 1521-1599, Genève,
1955, in-4°. Cet ouvrage, enrichi d'une bibliographie et de nombreuses reproductions,
donne la synthèse de ces recherches.
2. Il s'agit des Massacres du Triumvirat, aujourd'hui au Louvre (cf. Michel Leiris,
Une peinture d'Antoine Caron, Documents, 1929, p. 348).
3. Sur les Entrées de 1571 à Paris, voir la communication de Miss F. A. Yates dans
Les Fêtes de la Renaissance, Coll. « Le Chœur des Muses » (dirigée par M. Jean Jacquot),
éd. du C.N.R.S., t. I, 1956, p. 61-84. COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 282
Jean Dorât, il travailla pour les Fêtes qui marquèrent, en 1573, la
Réception des Ambassadeurs polonais, en 1581 les Noces du duc
de Joyeuse1. Le juriste Loisel fait un vibrant éloge de son art et
de son intelligence : « II avait, nous dit-il, un très bon jugement
et une forte appréhension »2. Le très beau crayon, que nous avons
de lui dans sa vieillesse3, confirme cette appréciation.
Fit-il partie de l'Académie de Baïf4 ? Fut-il un moment ligueur
comme on l'a cru5 ? Il ne l'était plus en tout cas quand il peignit
le Melchisédech6. « Les documents d'archives découverts jusqu'à
présent, écrit M. Ehrmann, sont insuffisants pour se faire une idée
exacte du milieu dans lequel Caron a évolué »7.
Un point sur lequel tout le monde tombe d'accord c'est que Caron
a bourré ses peintures d'allusions aux événements politiques de son
temps. Mais on pensait généralement que c'était sous la forme
d'allégories flatteuses pour ses maîtres, les derniers Valois ou le
premier Bourbon, que ce peintre officiel avait abordé l'actualité.
Metteur en scène de ces Fêtes destinées à « l'exaltation forcenée »,
à « l'héroïsation artificielle des grands », il ne pouvait, pensait-on,
que louer et qu'aduler8. Une remarque vient pourtant à l'esprit.
Si l'organisateur de Fêtes se trouve doué d'un esprit sarcastique,
nul n'est mieux préparé que lui pour se moquer des grands ; possé
dant à fond la symbolique de l'adulation, il lui suffira d'en inverser
certains éléments, d'y introduire quelques signes nouveaux, pour
que telle scène, apparemment anodine, se transforme en une allégorie
des plus satiriques.
Même la production officielle d'un Martin Heemskerck, d'un
Lucas de Heere — artistes dont Caron s'est inspiré — contient,
on l'a remarqué, des éléments de satire politique personnelle9.
A plus forte raison, dans des œuvres privées, destinées au p

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