Avril 1988, Île d’Ouvéa, Nouvelle-Calédonie. 30 gendarmes retenus en otage par un groupe d’indépendantistes kanak. 300 militaires envoyés depuis la France pour rétablir l’ordre. 2 hommes face à face : Philippe Legorjus, capitaine du GIGN et Alphonse Dianou, chef des preneurs d’otages. À travers des valeurs communes, ils vont tenter de faire triompher le dialogue. Mais en pleine période d’élection présidentielle, lorsque les enjeux sont politiques, l’ordre n’est pas toujours dicté par la morale... Une épopée violente et trouble qui marque le retour de Mathieu Kassovitz devant et derrière la caméra.
Scénario deMathieu Kassovitz - Pierre Geller - Benoît Jaubert Avec la participation deSerge Frydman D’aprs le livre dePhilippe Legorjus «La morale et l’action» AvecMalik Zidi - Alexandre Steiger Daniel Martin - Jean-Philippe Puymartin - Philippe de Jacquelin Dulph Avec la participation dePhilippe TorretonetSylvie Testud
EXPLOITANTS UGC Distribution 24, avenue Charles-de-Gaulle 92200 Neuilly-sur-Seine Tl. : 01 46 40 46 89 sgarrido@ugc.fr
Produit parChristophe RossignonetPhilip Boëffard
SORTIE LE 16 NOVEMBRE 2011 Durée :2h16 Photos et dossier de presse tlchargeables sur www.lordreetlamorale-lefilm.com
PRESSE MOONFLEET Cdric Landemaine et Mounia Wissinger 10, rue d’Aumale 75009 Paris Tl. : 01 53 20 01 20 cedric-landemaine@moonfleet.fr
Synopsis
Avril 1988, Île d’Ouva, Nouvelle-Caldonie. 30 gendarmes retenus en otage par un groupe d’indpendantistes kanak. 300 militaires envoys depuis la France pour rtablir l’ordre. 2 hommes face à face : Philippe Legorjus, capitaine du GIGN et Alphonse Dianou, chef des preneurs d’otages. À travers des valeurs communes, ils vont tenter de faire triompher le dialogue. Mais en pleine priode d’lection prsidentielle, lorsque les enjeux sont politiques, l’ordre n’est pas toujours dict par la morale... Une pope violente et trouble qui marque le retour de Mathieu Kassovitz devant et derrière la camra.
Entretien avec Mathieu Kassovitz
Comment avez-vous été amené à vous intéresser auxhabitants. Il a sjourn là-bas en contact direct avecpour ses événements d’Ouvéa et au personnage de Philippe Legorjus ?les gens qui ont vcu les vnements d’Ouva. Depuis, il y est Il y a treize ans, mon père m’a donn à lire le livre retourn plusieurs fois. Je lui ai alors demand de m’organiser « Enquête sur Ouva », qui racontait, minute par minute, les un voyage et de me faire rencontrer des Kanaks. vnements d’Ouva. J’avais bien sûr quelques souvenirs – j’avais 18 ans à l’poque. Je me souvenais de ce que l’on avaitY êtes-vous allé avec déjà l’idée d’en faire un film ? dit à la tl, que les Kanaks avaient massacr des gendarmes à Oui, je savais qu’il y avait une matière formidable et que la machette avant d’en prendre d’autres en otage, qu’il y avait le scnario tait virtuellement crit : dans le compte-rendu de eu des dcapitations, des viols... Je me rappelais de ce qu’avait ces dix jours, il y avait assurment l’architecture d’un film dit Chirac, premier ministre à l’poque, que c’taient des êtres dramatique.Lors de ce premier voyage, en 2001, nous n’avons humains qui ne mritaient pas d’être traits comme tels… pas parl du film, nous y sommes alls juste pour voir. Je Dans ce livre, j’ai dcouvert une toute autre histoire. C’tait voulais savoir à qui j’avais affaire. Je me demandais comment le compte rendu d’une enquête qui affirmait qu’il y avait eu monter un tel film et s’il tait possible de le faire là-bas. maltraitance, que des exactions avaient t commises qui avaient A l’poque, dix ans s’taient couls depuis les vnements conduit à la mort de dix-neuf Kanaks. Ce livre qui racontait ces mais les gens taient toujours renferms sur leur propre dix jours d’avril/mai 1988 tait un vritable scnario. Tout au douleur.C’tait un sujet tabou. Le travail de deuil n’avait pas long de cette incroyable histoire, un personnage revenait sans eu lieu. Il y avait beaucoup de conflits à l’intrieur même cesse, tait prsent à tous les niveaux : le capitaine Philippe de la communaut kanak, des conflits religieux, des conflits Legorjus, officier du GIGN envoy sur place pour ngocier avec politiques… 19 morts, cela touche des tribus, des familles qui les preneurs d’otage et qui s’est retrouv pris dans les filets sonttoutes relies entre elles d’une manière ou d’une autre… des militaires et des politiques. Olivier m’a fait rencontrer Mathias Waneux (figure importante C’tait entre les deux tours de l’lection prsidentielle qui de l’île d’Ouva, chef coutumier, lu de la Province des Îles et opposait François Mitterrand et son Premier ministre, Jacques chef d’entreprise), qui joue d’ailleurs dans le film. C’est chez Chirac, donc en pleine cohabitation… Quelque temps plus tard, lui que nous avons vcu quand nous tions sur place. Il nous sur le tournage des RIVIERES POURPRES, l’un des acteurs, a guids dans la coutume et il a plaid notre cause auprès des Olivier Rousset m’explique qu’il a vcu six mois en Nouvelle- diffrents camps. Mathias nous a prvenus que c’tait peut-Caldonie, en 89. Il me raconte comment il a t accept là-bas, êtretrop tôt et qu’il faudrait probablement attendre encore dix comment il s’est pris d’une grande passion pour ce pays et ans avant de pouvoir en faire un film. J’ai pass dix jours à
dcouvrir le pays et ses habitants, et en rentrant, j’ai commenc à travailler sur un scnario. Les cinq annes qui ont suivi, j’ai fait plusieurs voyages à la fois pour me documenter et pour mesurer les possibilits que nous avions de pouvoir faire le film. A chaque fois, nous avons dû faire ce qui est au cœur de la culture kanak et qui s’appelle la « coutume ».
Comment définiriez-vous la « coutume » ? La « coutume » est une discussion qui se termine par un accord tacite qui doit être tenu car il se fait les yeux dans les yeux. La socit kanak est fonde sur l’change de la parole. Celle-ci a une très grande valeur, elle engage ceux qui l’changent et donne à chaque chose une dimension sacre. En Nouvelle-Caldonie, tout est rgi par la « coutume ». Ce sont des discussions très intressantes - je n’en ai jamais eu de pareilles ailleurs - elles peuvent durer des heures, voire des jours entiers... Il y a un temps pour la parole, un temps pour l’coute, un temps pour la dcision. Nous avons fait tout ce travail avec Olivier. On nous a dit : «Vous pouvez faire le film si tout le monde est d’accord. – Qu’est-ce que ça veut dire, tout le monde ? – Djà toutes les familles des victimes, et puis tous les gens qui sont dans la « coutume » et qui ont leur mot à dire…» Nous nous sommes ainsi retrouvs plusieurs fois devant quarante personnes à expliquer ce que nous voulions faire et pourquoi nous voulions le faire. Ce qui ne me facilitait pas la tâche, c’est que dès le dbut, j’ai voulu raconter cette histoire du point de vue de Philippe Legorjus que beaucoup de Kanaks considèrent comme un traître puisque, justement, il n’a pas tenu – ou pas pu tenir - sa parole.
Pourquoi cette volonté de passer par le regard de Legorjus ? Parce qu’il est le fil rouge de toute cette affaire. Parce qu’il a vcu humainement quelque chose de difficile, de surprenant, d’intense. À l’poque, je ne l’avais pas encore rencontr mais j’avais lu son livre, “La morale et l’action” qui montre tellement bien tout ce qu’il a vcu, tout ce qu’il a travers; comment
une vritable confiance s’est noue entre lui et le leader des preneurs d’otages, Alphonse Dianou, et comment il a dû la trahir, malgr lui… C’est du Shakespeare ! En plus, cette vision tait pour moi assez facile sinon à dfendre en tout cas à expliquer : je ne suis pas kanak, je ne suis pas là pour dfendre la cause kanak mais pour exprimer cette vision comprhensible par un grand nombre de spectateurs. L’histoire d’un homme blanc qui pourrait être notre voisin qui dcouvre d’autres individus d’une autre culture et vit quelque chose de fort. C’est à travers les yeux de Legorjus que nous allions dcouvrir le problème politique et humain. Je l’expliquais aux Kanaks pendant la coutume et ils me disaient : « Oui, mais c’est un traître.» Je leur rpondais que le but du film n’tait pas d’en faire un hros, ni un traître d’ailleurs, mais simplement de raconter ce qu’il avait vcu… Au cours de ces coutumes, nous nous sommes retrouvs dans des situations assez extrêmes mais qui se sont toujours bien finies puisque nous tions dans le dialogue. On avait souvent affaire à des gens très mfiants envers les blancs, envers les mtropolitains. Des jeunes de 25 ans, qui avaient 5 ans quand leur père ou leur oncle ont t tus, qui vivent avec ce souvenir-là, avec cette image de ce père ou de cet oncle couch à terre, une balle dans le corps. Et c’est d’autant plus terrible que personne n’en parle, qu’il y a un norme point d’interrogation sur ce qui s’est rellement pass – ce qui, du coup, dclenche tous les fantasmes. Certains nous reprochaient de vouloir rouvrir les plaies, et nous, on essayait de leur expliquer que c’tait peut-être au contraire une manière de les cicatriser.
Pouvez-vous nous dire ce qui vous touche le plus dans cette histoire ? Les relations qui se nouent entre cet officier du GIGN et ce jeune leader indpendantiste. La rencontre de deux personnalits qui se comprennent tout de suite. Ils ont tous les deux les mêmes ambitions et les mêmes besoins de justice. Le GIGN, ce n’est pas n’importe quel corps d’arme. Ce sont des