Commerce extérieur et croissance française : une mutation ? - article ; n°1 ; vol.20, pg 29-63

Jacques Mistral

Description

Statistiques et études financières - Année 1975 - Volume 20 - Numéro 1 - Pages 29-63
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: STATISTIQUES_ET_ETUDES_FINANCIERES
• Publié le: 01 janvier 1975
• Nombre de lectures: 8
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 4 Mo

Extrait

Jacques Mistral
Commerce extérieur et croissance française : une mutation ?
In: Statistiques et études financières. Numéro 20, 1975. pp. 29-63.
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Mistral Jacques. Commerce extérieur et croissance française : une mutation ?. In: Statistiques et études financières. Numéro
20, 1975. pp. 29-63.
doi : 10.3406/ecop.1975.2074
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ecop_0338-4217_1975_num_20_1_2074Commence
extérieur
et croissance
française :
Jacques Mistral
Chargé de Mission
à la Direction de la Prévision une mutation ?
frontières. sur aux Cette les conditions étude modalités L'ampleur expose nouvelles d'adaptation les résultats d'un créées tel de d'une sujet l'économie par recherche explique l'ouverture française naturelportant des
lement que les résultats présentés aient le caractère
d'une note d'étape; leur publication vise donc à stimuler
de nouveaux travaux en proposant, à un moment de la
réflexion, une formulation synthétique que des recher
ches analytiques conduiront à compléter ou à rectifier.
La thèse présentée montre que l'économie française a
connu durant les années récentes, depuis la dévaluation
de 1969 par exemple, une période d'adaptation extr
êmement rapide à la concurrence internationale : de ce
dynamisme les résultats du commerce extérieur ne
suffisent pas à donner l'image. Seule la modification
rapide des structures productives permet d'expliquer
l'évolution observée du commerce extérieur. A ce titre,
ce travail peut contribuer à éclairer l'avenir de l'éc
onomie française, notamment au cours de la période
faisant suite à renchérissement brutal et massif des
approvisionnements pétroliers.
Une première version de ce texte a fait l'objet d'un
mémoire pour le diplôme d'Etudes Supérieures de
Sciences Economiques soutenu devant un jury composé
de MM. R. Barre et J. Weiller, Professeurs à l'Univers
ité de Paris I Panthéon-Sorbonne. La rédaction de
cette étude bénéficie des remarques et suggestions
faites à l'auteur au moment de la soutenance. L'auteur
remercie également ses collègues de la Direction de la
Prévision et de l'Inséé pour les discussions qui ont
accompagné cette recherche, il reste naturellement
seul responsable des idées exposées dans cet article.
29 dégager les origines spécifiques de chacun des Avec l'ouverture des frontières en 1958, l'écono
mie française se trouvait face à une exigence sans changements de parité de 1958 et 1969,
précédent depuis le début du siècle. De ce choix, analyser la contribution qu'apportait, sur le plan
régulièrement et solennellement réaffirmé depuis conjoncturel, la dévaluation de 1969 et le plan de
lors toutes les conséquences ne sont assurément redressement à une politique de stimulation de ce
pas encore apparues. La période écoulée depuis que le rapport sur le VIe Plan appelle « l'offre
1958 est désormais suffisamment longue pour ren compétitive ».
dre possible une réflexion sur la manière dont
Par la question qu'elle posait - comparer les caul'économie a répondu à cette impulsion. L'intérêt
d'une telle réflexion provient de ce que la mesure ses et les effets des dévaluations de 1958 et 1969 -
des efforts à entreprendre pour rétablir la balance par la nature des matériaux statistiques alors di
des paiements courants dépend étroitement du ju sponibles, une telle étude revêtait naturellement un
gement que l'on est aujourd'hui à même de fo caractère conjoncturel marqué. Une telle démar
rmuler sur les perspectives tendancielles de l'excé che n'est plus adaptée à l'ampleur de problèmes
dent de nos échanges extérieurs hors énergie. actuels : en effet, l'avenir à moyen terme de l'éc
onomie française ne peut-être éclairé que par une
La seule observation des flux d'échanges exté analyse de moyenne ou longue période, portant
rieurs dans la période récente ne permet toutefois sur la capacité de réponse de l'économie nationale
pas, comme nous essaierons de le montrer, de fo à la concurrence internationale. En s'appuyant sur
rmuler des conclusions dénuées d'ambiguïté sur certains des résultats dégagés au cours de cette
leur évolution spontanée durant les prochaines étape préalable, l'étude se déroule en trois temps.
années. Pour lever cette difficulté il est nécessaire
d'examiner les caractéristiques internes du déve Le point de départ de l'analyse est constitué par
loppement. En effet, la concurrence internationale une étude des résultats du commerce extérieur.
exige une modification du comportement de dé Ceux-ci fournissent en effet l'image des conditions
pense des agents, le renouvellement des conditions dans lesquelles l'économie française s'est insérée
de répartition du revenu, des procédures de finale flux mondial des échanges. Un petit nomb
ncement et des modalités d'intervention de la puis re d'indicateurs synthétiques y est examiné de
sance publique. Cette adaptation de l'économie manière à localiser les effets de rigidités de longue
rend possible un remodèlement de l'activité pro période, les contraintes imposées par les caracté
ductrice et une meilleure insertion dans le réseau ristiques propres de la conjoncture française, les
mondial des échanges. indices, enfin, d'une amélioration progressive de
la capacité d'adaptation de l'économie. On s'ap
Une étude antérieure [0] nous a permis de rassem puiera, pour cette analyse, sur un découpage en
bler les premiers matériaux nécessaires à une telle deux périodes : les années 60 enregistrent les con
recherche. Amorcée dans le courant de l'année séquences immédiates de l'ouverture des frontièr
1971, cette étude s'efforçait de répondre à une in es, et se terminent par un nouveau changement
certitude sur les conséquences du changement de de parité dont les années plus récentes (1970-73)
parité réalisé en août 1969. Contrairement à l'e portent la trace ainsi que celle des mutations
xpérience précédente de 1958, cette nouvelle déva amorcées dans le cadre du Ve plan.
luation du franc ne s'est pas traduite en effet par
une amélioration spectaculaire ni même imméd Cette observation, même lorsqu'elle est nourrie
iate de nos échanges extérieurs : fallait-il y voir par une première analyse des caractéristiques les
l'échec de la manipulation du taux de change? plus globales de la croissance, ne suffit pas à faire
Devait-on au contraire diagnostiquer une in comprendre les mécanismes économiques internes
fluence positive mais plus diffuse dans le temps? dont le commerce extérieur constitue le reflet.
Sur la base des matériaux alors disponibles, nous C'est donc à une interprétation de quelques-unes
nous sommes efforcés de réduire cette incertitude des caractéristiques essentielles de la croissance
en traitant deux de ses aspects : durant la même période qu'est consacré le second
30 Analyse
du eommeree
extérieur
français
(1959-1973)
Dans les années qui suivent la seconde guerre
mondiale, les relations économiques extérieures
chapitre. un parité du diversité taux examen de de des On 1958 change de situations y et prend la 1969. se spécificité proposait pour Après auxquelles ligne avoir des d'apporter directrice changements la ainsi manipulation dégagé une initiale sode la de la France sont marquées par un double phéno
mène qui bouleverse le cadre institutionnel sécu
laire dans lequel se déployait l'activité économi
lution, nous serons conduits à proposer une inter que nationale. Au début des années 50 les
prétation de certains mécanismes propres à rendre exportations françaises étaient principalement
compte d'une amélioration récente de la capacité orientées vers les pays de l'ancien Empire sur les
concurrentielle. marchés desquels elles bénéficiaient d'importantes
protections douanières : la fin de