Discussion du mini-colloque (extraits) - article ; n°9 ; vol.5, pg 5-18
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Description

Faits de langues - Année 1997 - Volume 5 - Numéro 9 - Pages 5-18
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 21
Langue Français
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Extrait

Discussion du mini-colloque (extraits)
In: Faits de langues n°9, Mars 1997 pp. 5-18.
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Discussion du mini-colloque (extraits). In: Faits de langues n°9, Mars 1997 pp. 5-18.
doi : 10.3406/flang.1997.1135
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/flang_1244-5460_1997_num_5_9_1135Discussions du mini-colloque (extraits)
Verbes et prépositions
Laurent Danon-Boileau : Etant donné la diversité des origines de la préposition,
est-il possible d'imaginer un clinamen diachronique qui permette de prévoir que telle
ou telle préposition viendrait plutôt d'un nom, d'un verbe, ou d'autre chose? Par
exemple pour viendrait plutôt d'un verbe comme donner, alors que dans viendrait
plutôt d'un déictique?
Daniel Véronique : On a un cas intéressant dans les Petites Antilles et à Haïti, de
ba, venant de bailler 'donner1, qui a donné ba, verbe plein, mais aussi «préposition».
Or aujourd'hui, dans les Petites Antilles et dans certaines variétés d'haïtien, il y a une
concurrence entre ba et pou (qui lui vient de la préposition pour). Les Petites Antilles
sont donc en train d'évoluer d'un système qui avait un marquage à l'aide d'un
préverbe ba venant certainement d'une série verbale, à un autre système celui qui met
enjeu la préposition française pour. Dans ces langues qui ont une typologie je dirais
«romane», quand il faut marquer les relations, comment fait-on pour recycler du
matériau qui vient d'ailleurs? Dans l'Océan Indien pour fonctionne sans innovations,
on prend pou et on lui fait remplir le rôle de relateur. Simplement il se trouve que la
langue de départ était sans doute une variété de français dans laquelle il existait la
construction être pour, et en créole on a donc collusion de pour préposition et pour
avec une valeur aspectuelle. En mauricien pou est à la fois relateur (entre le verbe et
son actant) et préverbe marquant le prospectif, le possible, voire le volitif. Ce «cycle»
d'évolution est donc intéressant En plus, dans ces langues, on multiplie aussi les
relations en créant des doublets, comme en mauricien, où l'on trouve battre,
signifiant Ъайге' comme en français, et battre avec, signifiant 'rencontrer1. Ces
passages peuvent certes trouver des explications métaphoriques, mais la fréquence
des attestations plaide en faveur d'une autre explication. En résumé, je pense que
jouent des phénomènes comme l'emprunt des formes, la typologie de la langue
(nécessité de marquer les relations imposées par la typologie linguistique), et enfin
l'extension des usages. Faits de Langues
Claude Delmas : A un tout autre niveau, j'ai été intéressé par ce qui vient d'être dit
par Daniel Véronique sur pou, parce que je me suis intéressé au cas du pidgin
English, où il n'y a qu'une seule préposition^&r. Or cette neutralisation de for comme
préposition libère les autres particules (to, in...) et leur permet déjouer un rôle de
modifieur du verbe. On a alors une très nette partition entre for et le reste des
«prépositions». Pour dire les choses très vite, il semble que pour le verbe, avec le
système temporel, il faille spécifier l'espace/temps beaucoup plus précisément. Le fait
que l'on ait une seule préposition en pidgin English semble vouloir dire qu'on n'a pas
besoin de spécifier du côté du nom.
Relateurs et grammaticalisation des noms
Claude Hagège : Je voudrais revenir à la notion de relateur, qui m'a été inspirée par
Russel. Russel dit que les verbes et les prépositions précisément sont des relateurs,
car ils régissent l'un et l'autre quelque chose qui est sous leur dépendance directe.
C'est cela, donc, qui a inspiré mon travail sur le chinois. Les prépositions sont des
relateurs, comme les verbes, mais avec la différence essentielle qu'elles ne font pas
énoncé, alors que les verbes font énoncé. Le verbe est la seule catégorie connue qui
n'ait d'autre fonction que predicative. C'est la seule différence, mais elle est capitale.
Sinon, verbes et prépositions sont des relateurs au même titre. Cependant, ce que l'on
sait de la grammaticalisation d'un lexeme donné en un morphème qui sera un
relateur ne s'applique évidemment pas seulement au verbe, mais aussi au nom. Le
nom est une source capitale de grammaticalisation aboutissant à un relateur, et donc,
ma notion de relateur ici est un petit peu, je ne dirais pas controuvée, mais appelée à
quelques aménagements, parce que le nom, précisément, n'est pas un relateur. Sans
vouloir tomber dans l'ornière de ce débat, en partie vain, de savoir lequel a la
primauté chronologique ou logique entre le verbe et le nom, il me semble bien que le
verbe est quelque chose de beaucoup plus linguistique que le nom, car il sert à
cimenter les éléments entre eux; le nom est matière de philosophe, le verbe beaucoup
moins — sauf en tant qu'il est relateur. Quoi qu'il en soit, cette notion de relateur
m'intéresse pour la raison que je viens de décrire, à savoir les liens avec l'autre grand
relateur, lui doué de vertus predicatives, qu'est le verbe, dans les langues du moins
qui ont une stricte opposition verbo-nominale.
Relateurs et joncteurs
Laurent Danon-Boileau : Si le nom n'est pas à l'origine un relateur, comment le
devient-il?
Claude Hagège : Le nom n'est pas un relateur, sauf d'autres noms, tandis que le
verbe est relateur de n'importe quoi avec n'importe quoi. Le nom a une vertu de
centre de définition: toutes les langues à noms sont des langues à syntagmes
nominaux; il s'établit des relations à partir du nom, mais la qualité de relateur n'est
pas définitoire du nom, alors qu'elle est au centre de la définition du verbe.
Mary-Annick Morel : II nous est apparu à la lecture de votre article que la notion
de relateur recouvre aussi des phénomènes comme l'ordre des mots, la prosodie et
l'intonation. Ces phénomènes se superposent-ils, ou sont-ils complémentaires? Discussions du mini-colloque 7
Claude Hagège : Ils ne superposent pas, non, à partir du moment où le point de vue
qu'on adopte est strictement fonctionnel, et où le relateur (ou élément de relation) est
un élément de langue qui a pour fonction de subordonner un élément nominal-
lexème ou syntagme- à un prédicat. C'est la raison pour laquelle je ne comprends pas
pourquoi un certain nombre de linguistes appellent préposition le de qui est un
joncteur. Or autant le de de mourir de faim, de honte, de froid est évidemment une
préposition, le de interne au syntagme nominal ne peut être traité (sauf
tradition didactique de renseignement primaire en France depuis trois siècles!)
comme une préposition. П ne l'est pas! Je l'appelle joncteur, car pour moi une
préposition est un élément qui a pour fonction de mettre dans la dépendance d'un
prédicat verbal un lexeme ou un groupe nominal. De en français est ambigu : il est
relateur et donc préposition dans mourir de faim, alors qu'il est joncteur dans le
jardin de mon père.
Alain Lemaréchal : Je suis personnellement gêné par l'exclusion du nom hors de la
relationnalité : je pense qu'il y a là confusion sur un plan logico-sémantique. Au
niveau des «f(x)>>, il n'y a aucune raison qu'un nom soit moins relationnel qu'un
verbe. Quant à la notion même de joncteur, qui serait, donc, en français, l'équivalent
des marques génitivales, il est assez gênant d'en faire une catégorie dans la mesure
où cela oblige à reconnaître une homonymie entre deux de, alors qu'on a là une
homonymie récurrente dans un certain nombre de langues entre ablatif, génitif et
partitif.
Claude Hagège : Un certain nombre de langues ont des catégories distinctes, et le
français est plutôt l'exception en ayant un de à la fois joncteur et relateur.
Bernard Pottier : Je suis évidement d'accord avec l'extension que donne Hagège au
concept de relateur, et peut-être encore même au-delà, dans la mesure où je prends
relateur comme une grande catégorisation sémantique où je mettrais aussi des
quantifications. Par exemple dans très joli, très est pour moi un relateur, puisque
entre joli et le point où je vais me situer, il y a une relation d'a

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