Choisir les élites dans une société multiculturelle assiégée et isolée - article ; n°3 ; vol.48, pg 633-645
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Description

Revue internationale de droit comparé - Année 1996 - Volume 48 - Numéro 3 - Pages 633-645
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Nili Cohen
M. Daniel Friedman
Choisir les élites dans une société multiculturelle assiégée et
isolée
In: Revue internationale de droit comparé. Vol. 48 N°3, Juillet-septembre 1996. pp. 633-645.
Citer ce document / Cite this document :
Cohen Nili, Friedman Daniel. Choisir les élites dans une société multiculturelle assiégée et isolée. In: Revue internationale de
droit comparé. Vol. 48 N°3, Juillet-septembre 1996. pp. 633-645.
doi : 10.3406/ridc.1996.5261
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ridc_0035-3337_1996_num_48_3_5261R.I.D.C. 3-1996
CHOISIR LES ÉLITES DANS UNE SOCIÉTÉ
MULTICULTURELLE ASSIÉGÉE ET ISOLÉE *
Nili COHEN1
Daniel FRIEDMANN 2
La question du choix des enseignants en droit du futur n'est qu'une
facette de la formation juridique et constitue le reflet des choix et des
tensions internes de la société dans laquelle la question se pose. Ainsi,
le choix des élites en Israël soulève des questions quant à la formation
juridique en général ainsi qu'aux problèmes spécifiques à la en Israël, société multiculturelle, isolée et assiégée.
Le droit en tant que discipline académique ou en tant que profession
L'étude du droit soulève un conflit initial issu du fait que le droit est
autant une discipline académique qu'une profession. Les études juridiques
apprennent à l'étudiant comment fonctionner dans une culture reçue en
Heracles' Bow 59 (1985)]. Mais la « fonction » héritage [cf. J. B. White,
et la « culture » peuvent être interprétées différemment. Trois conceptions
de base peuvent être présentées quant à l'étude et l'enseignement du droit.
La première envisage le droit comme un phénomène profondément
ancré dans une infrastructure socioculturelle et l'examine dans ses différen
tes applications. Elle implique donc l'étude de la philosophie, l'économie,
la politique, la morale afin que l'étudiant acquiert un savoir de qualité.
La seconde conception considère le droit comme une discipline acadé
mique indépendante et met l'accent sur son caractère unique. Elle se base
* Cet article fut publié pour la première fois dans Y American Journal of Comparative
Law. Nous remercions cette revue de nous avoir autorisé à en publier une version française
remaniée.
' Vice-recteur de l'Université de Tel-Aviv et professeur de droit à l'Université de Tel-
Aviv.
2 Doyen de la Faculté de droit, College of Management, et professeur à l'Université
de Tel-Aviv. 634 REVUE INTERNATIONALE DE DROIT COMPARE 3-1996
sur des principes juridiques, les enseigne en tant que concepts et cherche
les réponses à tout problème juridique sans utiliser des idées ou des
disciplines extérieures.
La troisième conception estime que le droit est une profession et
l'université une école professionnelle : les matières juridiques sont tournées
vers la pratique et les cours incluent de nombreuses disciplines telles que
la négociation, la rédaction, le plaidoyer, l'éthique professionnelle, etc.
La conception israélienne de V enseignement du droit
L'enseignement académique fut mis en place dans les années 20,
avant même l'établissement de l'État d'Israël. Néanmoins, la première
Faculté de droit ne vit le jour qu'en 1949, à l'Université hébraïque de
Jérusalem. Jusqu'alors, c'était le Département de la Justice de l'Administ
ration sous mandat britannique qui dispensait l'enseignement juridique.
Israël, qui s'appelait Palestine à l'époque, a en effet été sous mandat
britannique de 1917 à 1947 et de nombreux juristes partaient étudier à
l'étranger puis rentraient en Israël une fois leurs études accomplies.
Les pionniers de la Faculté de droit de Jérusalem étaient essentiell
ement des européens ayant fui les persécutions nazies et fascistes. Ils
importèrent la tradition continentale dans la nouvelle Faculté de droit de
Jérusalem qui, en cela, ne différait guère des autres facultés. En fait, tout
l'enseignement académique en Israël se basait sur le système continental
car il était établi par des professeurs d'origine européenne, allemands
essentiellement. Dès le départ, la tendance académique s'est montrée très
clairement. La conception n'était pas professionnelle. Quant aux deux
principales orientations académiques, il semble que le droit ait été envisagé
comme une discipline autonome et séparée et non de la manière dont il
était perçu dans les sciences humaines et sociales. Toutefois, le programme
universitaire accordait beaucoup plus d'importance à la théorie juridique
qu'à la pratique et aux aspects techniques. Par exemple, le cours du droit
des contrats enseignait le principe de liberté du contrat, son déclin et ses
conséquences sur les règles de droit positif sans jamais inclure de précisions
quant à la rédaction du contrat.
Dans les années 20, un incident intéressant, appelé « bataille des
langues » (« The Languages Battle ») se déroula à l'Institut Israélien de
Technologie. Les professeurs, allemands pour la plupart, insistaient pour
que les études se fassent en allemand. Les dirigeants de la communauté
juive s'y opposèrent et en fin de compte leur point de vue domina. Ce
fut la reconnaissance de l'hébreu, symbole de la résurrection nationale.
L'hébreu devint la langue du peuple juif, les institutions académiques ne
faisant pas exception. Le prix fut toutefois lourd en terme d'isolation.
Quant au programme des facultés de droit, nous avons déjà insisté sur
l'orientation juridique académique. Avec les années, les deux autres
concepts, pratique et socioculturel, ont gagné un peu plus d'importance.
Du point de vue le rôle de l'université fut interprété
comme devant élargir les horizons des futurs juristes. Ainsi, le pendule
oscille entre les trois conceptions tout en gardant à la base la conception
légale comme prévalant sur les deux autres. D. FRIEDMAN ET N. COHEN : CHOISIR LES ELITES 635
Le programme juridique, reflet de la tendance majoritaire
II y a bien évidemment des différences entre le programme des
différentes facultés en Israël. Néanmoins, la structure de base est assez
proche : durant trois ans et demi, l'étudiant israélien étudie les fondements
du droit et les différents sujets tout en mettant l'accent sur la découverte
des racines des règles juridiques. Les cours obligatoires incluent les sujets
traditionnels tels que le droit des obligations, le droit pénal, le droit
constitutionnel, le droit administratif, les procédures civile et pénale, le
système de preuve, la philosophie du droit, le droit commercial, le droit
international privé et le droit des biens. Le programme contient également
des matières locales telles que le droit hébreu (ou le droit juif) qui constitue
notre héritage juridique historique, encore applicable en matière de droit
de la personne, en particulier de mariage et de divorce. C'est pour cette
raison que les étudiants musulmans étudient quant à eux le droit islamique,
ce qui reflète le caractère multiculturel d'Israël. Le cursus offre en général
certains « ornements » à la tendance générale de l'enseignement : certains
cours non juridiques sont obligatoires tels que l'économie, la science
politique et la morale. Quant aux cours professionnels, certains sujets
« cliniques » et d'autres cours techniques existent, mais ils sont peu nom
breux et non obligatoires.
L'étudiant doit participer à un ou deux séminaires et écrire un ou
deux mémoires, qui mesurent sa capacité en terme de recherche. Afin de
devenir avocat, l'étudiant doit, à la fin de ses études, faire un stage d'une
durée d'un an, au terme duquel il peut se présenter aux examens du
barreau. Ces derniers consistent en deux examens, un écrit et un oral.
Le barreau offre un cours préparatoire non obligatoire pour ces examens.
C'est durant le stage que l'étudiant est censé apprendre l'aspect pratique
de la profession. La formation d'un avocat dure quatre ans et demi : trois
ans et demi à l'univer

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