L Accord de Nkomati et les nouvelles perspectives de relations entre la République d Afrique du Sud et ses voisins d Afrique australe - article ; n°1 ; vol.30, pg 65-92
29 pages
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L'Accord de Nkomati et les nouvelles perspectives de relations entre la République d'Afrique du Sud et ses voisins d'Afrique australe - article ; n°1 ; vol.30, pg 65-92

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Description

Annuaire français de droit international - Année 1984 - Volume 30 - Numéro 1 - Pages 65-92
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

M. le Professeur Charles
Cadoux
L'Accord de Nkomati et les nouvelles perspectives de relations
entre la République d'Afrique du Sud et ses voisins d'Afrique
australe
In: Annuaire français de droit international, volume 30, 1984. pp. 65-92.
Citer ce document / Cite this document :
Cadoux Charles. L'Accord de Nkomati et les nouvelles perspectives de relations entre la République d'Afrique du Sud et ses
voisins d'Afrique australe. In: Annuaire français de droit international, volume 30, 1984. pp. 65-92.
doi : 10.3406/afdi.1984.2593
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/afdi_0066-3085_1984_num_30_1_2593L'ACCORD DE NKOMATI
ET LES NOUVELLES PERSPECTIVES DE RELATIONS
ENTRE LA RÉPUBLIQUE D'AFRIQUE DU SUD
ET SES VOISINS AUSTRALE
Charles CADOUX
Dans un discours au Parlement sud-africain, le 31 janvier 1984, le Premier
ministre P.W. Botha déclarait :
... « II semblerait qu'une nouvelle ère de réalisme ait commencé en Afrique
australe... Je crois que, d'une façon générale, un certain réalisme à l'égard de
l'Afrique du Sud se fait jour en Occident... En Afrique du Sud, nous réalisons
pleinement les conséquences désastreuses qu'une escalade des conflits dans la région
pourrait entraîner pour nous. Le temps est venu pour nos voisins de se rendre compte
des risques qu'ils encourent également.
Je crois que, pour assurer une vie meilleure à tous les peuples d'Afrique
australe, nous n'avons pas d'autre choix que de rechercher la paix et la stabilité
dans la région. » (1)
Ces phrases, que l'on croirait tirées d'un livre intitulé Ce que je crois signé par
le Chef du gouvernement sud-africain — devenu Président de la République en
septembre 1984 —, résument assez bien l'état présent de la situation dans cette
région.
Avant d'analyser l'accord de Nkomati conclu entre la République sud-africaine
(R.S.A.) et le Mozambique (II), puis de s'interroger sur la gestation d'un nouveau
système régional en Afrique australe (III), il faut rapidement évoquer les change
ments récents intervenus en Afrique du Sud (I), qui éclairent certains aspects de
ces relations en voie, peut-être, de novation.
(*) Charles Cadoux, Professeur à la Faculté de Droit et de Science Politique d'Aix-
Marseille; ancien Directeur de l'Institut d'Etudes Politiques d'Aix-en-Provence.
(1) Extrait du mensuel Panorama, la revue sud-africaine, mars 1984, (Ambassade d'Afrique du Sud,
Paris). L'ACCORD DE NKOMATI 66
I. - « L'ANNÉE 1984 » EN RÉPUBLIQUE SUD-AFRICAINE
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l'Afrique du Sud connaît, à
intervalles réguliers, des phases d'évolution et de vive tension qui la remettent,
après des périodes de relatif apaisement, au tout premier plan de l'actualité
internationale. Il y eut, à l'époque où Albert Luthuli présidait Y African National
Congress (A.N.C.), les grandes manifestations anti-apartheid de la population
bantoue (1952-1953); ce furent, ensuite, les violentes émeutes de Sharpeville (1960),
puis celles de Soweto (1976). Les années 1983-1984 apparaissent, elles aussi, comme
un tournant particulièrement important, le franchissement d'une nouvelle étape à
la fois dans le problème interne sud-africain et dans le fonctionnement du système
régional en Afrique australe.
Pour l'Afrique du Sud, l'année 1984 présente un double visage. Tandis que le
climat se durcit dans les rapports inter-communautaires et qu'une certaine désil
lusion accompagne les changements institutionnels, la diplomatie marque incontes
tablement des points et modifie en profondeur les rapports de voisinage trad
itionnellement hostiles.
A — Changement politique et crise sociale sur le plan intérieur
L'instrument majeur du changement, pour le Gouvernement sud-africain, est
l'adoption d'une nouvelle Constitution qui remplace celle de 1961. Ce texte, qui était
en chantier depuis 1980, est présenté par Pretoria comme un progrès réel, davantage
qu'une simple « ouverture ». La presse gouvernementale, dans son ensemble, l'a
célébré comme un événement de portée historique. Cela est vrai à certains égards.
Mais les effets, dans l'immédiat au moins, ne sont pas ceux que l'on escomptait.
Alors que la R.S.A., comme les autres pays, subit la crise et enregistre même
en 83-84 une récession sérieuse (le ministre des Finances 0. Hornwood, en poste
depuis dix ans, démissionne en juin 1984 sous la pression des critiques de
l'opposition parlementaire), la contestation violente a repris dans les grandes cités
africaines (townships) : agitation et grèves dans les écoles bantoues, grèves dans
les mines, protestations publiques et campagnes en faveur du boycottage, autant de
manifestations que les interventions musclées de la police — et, à l'occasion, de
l'armée — ne parviennent pas à réduire. Les récentes émeutes du Transvaal
(novembre 1984) et les formes brutales de la répression témoignent du durcissement
de la situation intérieure.
Une qui, pour le Pouvoir, se complique du fait que sa politique —
réaliste et « éclairée » à son avis — exacerbe les oppositions. Il se heurte, d'un côté,
à l'ensemble des mouvements hostiles à l'apartheid dans les différentes commun
autés — mouvements regroupés aujourd'hui en une sorte de confédération appelée
U.D.F. (United Democratic Front) — et, d'autre part, aux extrémistes nationalistes
opposés à toute réforme institutionnelle allant dans le sens d'un accommodement
relatif. La naissance, en mai 1984, de l'Afrikaner Volkswag (la garde de la nation
afrikaner), décidé à lutter « contre la vague de libéralisme qui balaie le pays » (sic),
ne peut qu'attiser la tension. LES RELATIONS AFRIQUE DU SUD - AFRIQUE AUSTRALE 67 ET
L'inquiétude des milieux d'affaires, notamment dans la puissante Association
des chambres de commerce, n'est pas feinte, la dégradation du climat politique et
social interne risquant de freiner les investissements privés étrangers en une
période économique déjà tendue (baisse du cours de l'or, renchérissement du coût
de la vie, etc.). Mais le gouvernement n'entend pas céder aux pressions, convaincu
qu'il est, selon les termes du Chef de l'Etat, qu'en cette année 1984... « les conditions
révolutionnaires sont créées pour déstabiliser l'Afrique du Sud »... (Le Monde, 25-26
novembre 1984).
L'adoption de la nouvelle Constitution n'est pas l'unique cause de cette relance
de la contestation, mais elle a été un catalyseur.
Approuvée par référendum en novembre 1983 — un référendum réservé, très
logiquement en l'état actuel du système constitutionnel, à la seule communauté
blanche — , puis parachevée dans sa mise en place par les élections législatives du
mois d'août intéressant les communautés métisse et asiatique, cette Constitution est
entrée effectivement en vigueur le 3 septembre 1984.
Son objectif principal est d'associer ces deux communautés minoritaires (en
1982, les Métis formaient 10,7 % de la population totale d'Afrique du Sud — celle
des Etats noirs indépendants n'étant pas prise en compte — et les Asiatiques 3,3 %),
à la communauté européenne (18,3 %) pour l'exercice du pouvoir. On devrait dire
de les y réassocier, mais de façon plus large qu'auparavant, puisqu'elles avaient été
progressivement exclues du jeu politique et définitivement éliminées depuis 1959,
lorsque prévalait la doctrine de l'« apartheid rigide » du Premier ministre Verwoerd.
L'innovation la plus remarquable réside dans l'adoption d'une structure
gouvernementale tripartite avec un Parlement tricaméral (une Chambre pour
chaque communauté) et trois Conseils ministériels distincts qui délibèrent, séparé
ment ou en commun, selon la nature des affaires. Par ailleurs et surtout, le
Président de la République devient le Chef du gouvernement, le poste de Premier
ministre qui existait depuis 1909 étant supprimé. Il est élu pour cinq ans par un
collège électoral restreint, composé de 88 parlementaires issus des trois communaut
és mais au prorata des populations respectives, ce qui assure à la communauté
blanche la fonction présidentielle. Assisté d'un Conseil présidentiel m

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