Naissance d une Nation : le Zimbabwe - article ; n°1 ; vol.26, pg 9-29
22 pages
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Description

Annuaire français de droit international - Année 1980 - Volume 26 - Numéro 1 - Pages 9-29
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. le Professeur Charles
Cadoux
Naissance d'une Nation : le Zimbabwe
In: Annuaire français de droit international, volume 26, 1980. pp. 9-29.
Citer ce document / Cite this document :
Cadoux Charles. Naissance d'une Nation : le Zimbabwe. In: Annuaire français de droit international, volume 26, 1980. pp. 9-29.
doi : 10.3406/afdi.1980.2378
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/afdi_0066-3085_1980_num_26_1_2378NAISSANCE D'UNE NATION : LE ZIMBABWE
Charles CADOUX
A notre époque d'inflation étatique l'apparition d'un nouvel Etat sur la
scène internationale ne constitue plus un événement. L'avènement du Zimbabwe,
pourtant, en est un.
Devenu le 153* Etat membre de l'O.N.U., et le 43* du Commonwealth, le
Zimbabwe (1) a accédé à l'indépendance après quatorze années (novembre 1965-
avril 1980) de douloureuse gestation. La décolonisation de la Rhodésie du Sud
n'est sans doute pas le seul exemple de difficile, mais elle illustre,
en les exacerbant, tous les éléments du conflit colonial : affrontement de préjugés
ethniques et de présupposés idéologiques, combat de races et en même temps
lutte de classes, domination d'une minorité contestée progressivement par le
mouvement de résistance de la majorité, enjeu international entre grandes
puissances magnifié par la situation géo-politique d'un territoire au potentiel écono
mique élevé et placé au cœur sensible de l'Afrique australe. C'est aussi et surtout
le seul cas de décolonisation qui ait donné jusqu'ici l'occasion d'expérimenter
vraiment l'efficacité du système des sanctions organisé par la Charte.
L'histoire de < l'affaire rhodésienne » est singulièrement complexe et l'on n'a
pas l'intention de la refaire ici. Trois points principaux nous paraissent intéressants
à évoquer tant sur le plan des relations internationales que sur celui du Droit inter
national : la place éminente qu'a tenue la négociation dans la recherche d'un éventuel
règlement pacifique du conflit (I) , l'élaboration de l'accord final dans le cadre
de la conférence tripartite de Lancaster House (II) et la levée des sanctions (III)
qui clôt à l'O.N.U. la «Question de la Rhodésie du Sud».
(*) Charles Cadoux, Professeur à la Faculté de Droit et de Science politique
d'Aix-Marseille, Ancien Directeur de l'Institut d'Etudes Politiques d'Aix-Marseille.
(1) A partir de 1970 les nationalistes africains rhodésiens et la plupart des Etats
d'Afrique et du tiers-monde ne désignent plus la Rhodésie du Sud que sous le nom de
Zimbabwe, qui fut un royaume d'abord modeste mais, semble-t-il, assez puissant vers le
x* siècle de notre ère, fondé par les rois du Monomatapa. Ce nom en tout cas, matérialisé
par des ruines impressionnantes, a passé à la postérité.
Sur les péripéties à l'O.N.U. de l'affaire rhodésienne jusqu'en 1977, cf. Ch. Cadoux,
l'Organisation des Nations Unies et l'Afrique Australe, A.TJD.1. 1977, p. 127 ss. NAISSANCE D'UNE NATION .' LE ZIMBABWE 10
I. — ACTEURS, RYTHMES ET METHODES DE LA NEGOCIATION
L'article 33 de la Charte des Nations Unies, qui fait obligation aux Etats de
résoudre pacifiquement leurs différends par tous les moyens de leur choix et
propose à cette fin un large éventail de procédures diplomatiques et juridiction
nelles, a été parfois rappelé à l'occasion des résolutions de TO.N.U. relatives à
l'affaire de Rhodésie. Mais en droit le conflit est toujours resté un « conflit
interne » entre la Grande-Bretagne et une colonie devenue « rebelle » à la suite
de la proclamation unilatérale d'indépendance le 11 novembre 1965. Malgré sa
progressive internationalisation du fait surtout de l'extension de la lutte armée
le conflit est resté « localisé » tant par ses dimensions militaires que par les parties
directement concernées. Enfin la solution du conflit rhodésien est intervenue princ
ipalement par voie de négociation, on devrait dire de « l'acharnement à négocier » :
dans l'arsenal des procédures de solution pacifique offertes par le droit international
positif, on n'a jamais dépassé le stade des bons offices et de la médiation; à aucun
moment n'ont été envisagés la conciliation proprement dite et, moins encore,
l'arbitrage ou le règlement judiciaire (d'ailleurs difficilement utilisables dans ce
genre de conflit).
Dans les processus de décolonisation contemporains le cas de la Rhodésie/
Zimbabwe illustre tout particulièrement les vertus et les limites de la Négociation
à travers ses méandres, ses dérives et ses rebondissements (2) . Le moment semble
venu de retracer sommairement, sans verser dans l'histoire événementielle, le
cheminement diplomatique de cette < Question de la Rhodésie du Sud » dont
l'O.N.U. a débattu vivement durant quatorze années. Quatre périodes ont précédé
— et provoqué — l'aboutissement final, en décembre 1979, à la Conférence de
Lancaster House.
1) La première période, qui apparaît aujourd'hui bien lointaine, se résume en
cinq vaines années (1966-1971) de discussions entre Londres et le gouvernement
blanc de Rhodésie qui refuse l'idée même d'une éventuelle évolution vers le
principe majoritaire (3) . Tour à tour les premiers ministres britanniques, travail
liste et conservateur, font le pèlerinage à Salisbury, ont des entretiens à Londres
ou provoquent des rencontres « en mer » (4) pour essayer d'amener à résipiscence
le premier ministre Ian Smith qui, de 1965 à 1977, se comportera en interlocuteur
exclusif de la cause rhodésienne.
Durant toute cette période la négociation ne sort pas du cadre bilatéral et la
méthode du gouvernement britannique — qui a dès le départ rompu les relations
diplomatiques et condamné le gouvernement rhodésien « illégal » — est celle de la
persuasion. Pour Londres il s'agit de « conversations non officielles » plutôt que
(2) La négociation tient une place essentielle dans les conflits qui agitent l'Afrique
Australe. Cf. D. Owen. The importance of negociated settlements in Southern Africa,
International Affairs, sept. 1979, p. 47-59; P. Wall, Conflict in Southern Africa, Conflict 2(1),
1980, p. 57-71; John Barrai, L'apparition d'un nouveau Zimbabwe dans une Afrique
australe en mutation : origines et répercussions in Politique étrangère, juin 1980, p. 407-436.
(3) En juin 1978 la population de Rhodésie (390 000 km*) atteignait près de 7 000 000
d'habitants répartis comme suit (en millions) : Africains 6.64; Européens 026; Asiatiques
et Métis 0.041, The Monthly Digest of Statistics (Salisbury), janvier 1979. En 1965 on
comptait 4.26 millions d'Africains et 210 000 Européens détenant l'exclusivité du pouvoir.
(4) Rencontres Wilson-Smith à bord du croiseur britannique Tiger au large de
Gibraltar (décembre 1966), puis à bord du Fearies (octobre 1967). D'UNE NATION .' LE ZIMBABWE 11 NAISSANCE
de négociation proprement dite puisqu'on ne saurait négocier avec un gouver
nement illégal. En réalité on négocie bel et bien, officieusement d'abord, puis
officiellement à partir de mai 1966. Les sanctions économiques obligatoires décidées
par le Conseil de Sécurité en décembre 1966, à l'initiative de la Grande-Bretagne,
ne sont qu'un moyen de pression destiné à favoriser ce processus de « négociation
interne ». La communauté internationale, vigilante, s'en remet en somme à la
Puissance administrante pour trouver une issue qui soit conforme au droit des
peuples à disposer d'eux-mêmes.
L'adoption d'une nouvelle Constitution (1969) suivie de la proclamation de
la République de Rhodésie (mai 1970) — à la suite d'un référendum ouvert aux
seuls électeurs blancs — révèle l'incompatibilité des thèses respectives et consacre
l'échec de cette procédure de la persuasion. Salisbury, ulcéré du lâchage britan
nique par le jeu des sanctions, n'entend plus céder à un « diktat » de Londres.
C'est en vain que le gouvernement conservateur de Alec Douglas Home (qui a
succédé au travailliste Wilson) tente de renouer le fil. Les vagues concessions faites
par Ian Smith dans le soi-disant accord anglo-rhodésien du

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