Rencontre manouche sudouest

Johann Amos Comenius

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Extrait

11 mars 2011 06h00 | Par

ÉTIENNE LATRY - SUD OUEST

Mont-de-Marsan

À la découverte de la culture manouche

Sept élèves du lycée Frédéric-Estève ont rencontré, hier après-midi, un

habitant du camp du Rond. Un échange d'une heure sur des thèmes très

variés.

Au camp du Rond, Nanou Renard a répondu pendant plus d'une heure à sept

élèves du lycée Frédéric-Estève sur la culture manouche. PHOTO NICOLAS LE

LIEVRE

«Utilisez-vous encore des plantes pour vous soigner ? Voyagez-vous beaucoup ?

Quels sont les mots propres à votre langue ? Vers quel âge vous mariez-vous ? »

Ces quelques questions ne sont qu'un extrait de la longue interview réalisée, hier,

par sept élèves de seconde Conducteur Transport Routier Marchandise (CTRM) du

lycée Frédéric-Estève. En présence de leurs professeurs, ils sont allés à la rencontre

de Henri « Nanou » Renard, 44 ans, le chef de la tribu, afin d'en savoir plus sur la

communauté manouche du camp du Rond.

15 heures. Alors que les élèves et les professeurs arrivent au camp, Nanou Renard,

béret-casquette vissé sur le crâne patiente tranquillement. Direction sa maison où jus

d'orange et café attendent tout le monde.

Cette rencontre s'inscrit dans le cadre du programme européen Comenius (lire par

ailleurs). Jeanine Lafenêtre et Christine Mendiboure de l'association Manouche

Gadjé ont permis aux professeurs et aux élèves de réaliser cette interview. En

amont, ils ont préparé un questionnaire sur plusieurs thématiques : la musique, la

langue, l'usage des plantes, la scolarisation, les voyages, la culture, l'amour et

l'histoire.

« Au fond de la classe »

Pendant plus d'une heure, Nanou et Martine ont répondu aux sept journalistes en

herbe, confortablement installés dans le grand canapé du salon. « La musique

manouche ? On ne l'apprend pas avec des partitions. Mais avec l'œil et l'oreille »,

indique l'hôte du jour en montrant ses deux organes, l'un après l'autre.

Nanou et Martine ont regretté le manque de considération à l'égard de la

communauté manouche lorsqu'ils étaient à l'école. « Souvent, on nous mettait au

fond de la classe en nous disant de dessiner », soupire Nanou. Aujourd'hui, les deux

avouent qu'il y a eu de nets progrès, « même s'il y a toujours des a priori sur eux ».

Au fil des minutes, la conversation s'engage sur la langue manouche qui se perd,

l'usage des plantes qui a toujours une présence dans leur culture. Même si ce savoir

médicinal se transmet de moins en moins.

Des élèves impliqués

Au terme de cet entretien, les élèves sont sortis tout sourire. « J'avoue, j'étais un peu

stressé à l'idée de poser des questions », avoue Xan. « Rentrer dans leur intimité

ainsi m'a surpris au début, explique Steven. Mais je me suis vite senti à l'aise. » Tous

sont unanimes : « c'est une bonne découverte d'avoir rencontré Nanou et les siens. »

« C'est très bien, ça nous a permis de nous faire notre propre opinion », détaille

Alexis. L'interview enregistrée va donner lieu à un montage photo. « Les élèves ont

été très impliqués dans ce projet », se félicitent Laure Barré et Christelle Gazeau, les

enseignantes en charge du programme Comenius.

Conclusion des élèves au sujet de cet après-midi : c'est beaucoup mieux que d'être

en cours.