Les monnaies de Shemesh et des villes autonomes de Maurétanie tingitane au musée Louis-Chatelain à Rabat - article ; n°1 ; vol.6, pg 59-127
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Les monnaies de Shemesh et des villes autonomes de Maurétanie tingitane au musée Louis-Chatelain à Rabat - article ; n°1 ; vol.6, pg 59-127

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Description

Antiquités africaines - Année 1972 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 59-127
69 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 64
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Jean Marion
Les monnaies de Shemesh et des villes autonomes de
Maurétanie tingitane au musée Louis-Chatelain à Rabat
In: Antiquités africaines, 6,1972. pp. 59-127.
Citer ce document / Cite this document :
Marion Jean. Les monnaies de Shemesh et des villes autonomes de Maurétanie tingitane au musée Louis-Chatelain à Rabat.
In: Antiquités africaines, 6,1972. pp. 59-127.
doi : 10.3406/antaf.1972.932
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/antaf_0066-4871_1972_num_6_1_932Antiquités africaines
t. 6, 1972, p. 59-127
LES MONNAIES DE SHEMESH ET DES VILLES
AUTONOMES DE MAURÉTANIE TINGITANE AU MUSÉE
LOUIS CHATELAIN A RABAT
par
Jean MARION
Les monnaies des villes autonomes de Maurétanie tingitane constituent, selon le mot du dernier
éditeur de l'ensemble des monnaies numides et maurétaniennes, J. Mazard, « le lot le plus original de la
numismatique maurétanienne » ' .
On remarquera d'abord qu'en Tingitane (il n'en est pas de même en Maurétanie césarienne), ces villes
autonomes sont toutes, sans exception, des cités maritimes, ports de mer (Rusaddir, Tingi, Zilis) ou d'es
tuaire (Tamuda, Lixus, Shemesh, Sala).
Ces monnaies ont été émises pendant un espace de temps assez court, et même très court, bien moins
d'une centaine d'années. Mazard pai le de leur «apparition tardive» 2 , et nous verrons plus loin que
pour des raisons épigraphiques elles ne sauraient remonter au-delà du milieu du Ier siècle av. J.-C. et ont
cessé d'être émises avant même la fin du règne de Tibère pour les plus récentes (cf les monnaies de Tingi
au nom et à l'effigie des deux Césars Nero et Drusus, fils de Germanicus et d'Agrippine l'Ancienne, morts
respectivement en 31 et 33 ap. J.-C).
Les monnaies de Shemesh, elles, ne paraissent pas dépasser le règne de Juba II, qui mourut en 23 ap.
J.-C. Bien localisées dans l'espace et dans le temps, ces monnaies, toutes en bronze (les souverains se
réservant traditionnellement la frappe de l'or et de l'argent) ont été émises, pour certaines (Tamuda et
Shemesh) en relativement grandes quantités, pour d'autres (Rusaddir, Zilis, Sala), à un petit ou même très
petit nombre d'exemplaires, la création d'une monnaie locale répondant, bien souvent, non pas à d'impér
ieuses nécessités économiques, mais à des raisons de prestige, ayant été frappées « vraisemblablement
dans le but de manifester l'exercice d'un droit régalien plutôt que dans celui de créer un véritable instrument
d'échange » selon le mot de Mazard 3 qui semble juste au moins dans la majoiité des cas. Et cet auteur tire
de ce fait d'intéressantes conséquences relativement à leur style, question sur laquelle nous reviendrons un
peu plus loin.
1 Mazard (J.), Création et diffusion des types monétaires maurétaniens. B.A.M., t. 4, 1960, p. 111.
- ¡bid., p. 108. Cf aussi p. 1 1 1 et Corpus Nummorum Numidiae Mauretaniaeque. Paris, 1955. p. 180.
:i id.. Création et diffusion, p. 116. 60 J. MARION
La technique
Disons tout de suite que la technique est parfaitement maladroite et cette maladresse a frappé à
juste titre J. Mazard qui, après avoir parlé de l'apparition tardive de la monnaie en Maurétanie, ajoute ] :
« pourtant les séries maurétaniennes ne paraissent pas avoir bénéficié du progrès technique que cette intro
duction tardive serait en droit d'appeler ».
Cette maladresse est due probablement au caractère strictement local de la monnaie. Mazard parle
ici de « la faiblesse du métier », là de « la faiblesse des influences extérieures » 2 . Il est vraisemblable que
celle-ci a entraîné celle-là.
Mazard cite comme exemple de cette « faiblesse du métier » le fait que « dans une même série les
poids sont anarchiques » 3 . On pourra se rendre compte par le catalogue que nous publions qu'ils
varient en effet du simple au double, quand ce n'est pas du simple au triple. Ceci est dû au fait que si le
module est sensiblement invariable pour chaque type, par contre l'épaisseur du flan est très loin d'être
uniforme : c'est donc en fonction de l'épaisseur de la pièce que varie le poids de celle-ci. On a en effet,
pour le même type de monnaie, des exemplaires sur flan mince et d'autres sur flan épais et parfois même
très épais. L'épaisseur de certains flans est, au point de vue de la technique, ce qui frappe d'abord dans les
monnaies maurétaniennes.
Il faut remarquer ensuite que les flans sont généralement en biseau (c'est particulièrement sensible
pour les monnaies d'assez grand module de Tingi et surtout de Lixus), la face la plus large étant habituel
lement le revers, exceptionnellement l'avers. Le biseau, parfois peu sensible, est parfois au contraire
tellement prononcé qu'il arrive que l'on ait des différences de 5 à 6 mm entre le diamètre des deux faces.
Il se produit souvent que les deux faces ne soient pas parallèles, mais obliques l'une par rapport à
l'autre. Il arrive aussi que la face soit plus ou moins bombée, mais cela se rencontre surtout pour les
pièces nos 329, 331, 336, 337 d'une cité non identifiée. Par contre il n'est pas rare que le revers soit très
légèrement concave et, plus fréquemment encore, qu'il y ait, au revers également, un rebord légèrement
saillant, d'ailleurs en général sur une très faible partie de la circonférence ; exceptionnellement ce rebord se
retrouve aussi à la face.
Toutes ces caractéristiques dénotent une évidente maladresse dans la technique des métaux.
Les monnaies de Shemesh de l'époque de Juba sont meilleures au point de vue technique, quoique l'on
rencontre encore des revers très légèrement concaves, et quelquefois le rebord saillant au revers (et même à
la face) ; mais l'épaisseur du flan (et donc le poids) est plus régulière et le flan a en général la même épaisseur
sur toute sa surface. Un certain progrès technique s'est donc accompli, et le même progrès se manifeste,
à la même époque, sinon à Lixus dont les monnaies sont toutes belles et assez régulières, du moins à
Tingi dans les monnaies à légende latine, où le flan, en général très régulier, est d'une belle présentation.
On verra d'ailleurs plus loin que ce progrès technique s'accompagne pour les monnaies de Shemesh
au nom de Juba et pour les monnaies de Tingi d'un remarquable progrès artistique.
Comment étaient préparés les flans, présentant les imperfections, puis les améliorations que nous
venons de signaler ? Ils étaient presque toujours coulés en chapelet, la coupure se faisant ensuite quelquef
ois presque tangentiellement au flan, plus souvent à l'extérieur du flan, sur le tenon qui le soudait au
flan voisin (fig. Ια), plus souvent encore à l'intérieur même du flan dont un segment était ainsi emporté
(fig. \b), aux dépens souvent d'une portion de la légende. Il arrivait même, dans ce cas de coupure selon la
corde d'un segment, que le coup de burin ne fût pas donné sur la longueur entière de la corde, mais sur
une partie seulement de celle-ci, provoquant un arrachement (fig. le).
1 Ibid., p. 108.
2 Ibid., p. Ill et 116.
3 Ibid., p. 109. MONNAIES DE MAURETANIE TINGITANE 61
b
Fig. 1. — Préparation des flans.
11 se produisait souvent que le coup de burin ne fût pas donné avec assez d'énergie pour sectionner
toute l'épaisseur du flan et qu'il y eût plutôt cassure que sectionnement net.
La pièce 49 présente la particularité (unique) qu'à la base du tenon, on voit le coup de burin tangentiel
trop peu profond pour détacher le tenon qui a ensuite été sectionné plus à l'extérieur par un deuxième coup
de burin, peu profond lui aussi, qui a provoqué non le sectionnement net, mais la cassure du tenon à 2 mm
de distance du premier coup de burin.
Une ou deux pièces permettent de voir nettement que le coup de burin n'était pas toujours donné
verticalement, mais parfois en biais, de la face la moins large vers la face la plus large, produisant ainsi,
en coupe, une section oblique, en biseau, difficile naturellement à reconnaître, puisque, comme nous l'avons
dit, les flans étaient déjà eux-mêmes obliques.
Les types et le style
La face est occupée, à Tingi et à Lixus, par l'effigie

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