Une tradition : l épigraphie à l Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - article ; n°4 ; vol.132, pg 714-732
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1988 - Volume 132 - Numéro 4 - Pages 714-732
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 47
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean Leclant
Une tradition : l'épigraphie à l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 132e année, N. 4, 1988. pp. 714-
732.
Citer ce document / Cite this document :
Leclant Jean. Une tradition : l'épigraphie à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. In: Comptes-rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 132e année, N. 4, 1988. pp. 714-732.
doi : 10.3406/crai.1988.14664
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1988_num_132_4_14664UNE TRADITION :
L'ÉPIGRAPHIE A L'ACADÉMIE
DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES
PAR
M. JEAN LECLANT
SECRÉTAIRE PERPÉTUEL
Le mois dernier notre Académie s'est associée à la commémorat
ion du Centenaire de l'« Année Ëpigraphique », une publication
que René Cagnat, en 1888, destinait à recenser et reproduire, au fur
et à mesure de leur édition dans l'ensemble des publications scienti
fiques, les inscriptions latines et celles en grec relatives au monde
romain, dispersées tout autour de la Méditerranée. A l'occasion
de ce Centenaire, un colloque international a été alors organisé,
grâce à la bienveillance du chancelier Edouard Bonnefous, dans les
splendides locaux de la Fondation Singer-Polignac que plus d'un
lien unit à l'Institut de France. Ici même, sous la Coupole, l'Acadé
mie des Inscriptions et Belles-Lettres, qui a compté en son sein tant
d'épigraphistes éminents, a accueilli les congressistes à qui fut aussi
présentée une exposition montrant quelques aspects caractéristiques
de l'œuvre des savants français en ce domaine.
Quelle institution aurait pu s'intéresser davantage au Centenaire
de 1' « Année Épigraphique » que notre Académie ? Il n'est que de
songer à ses origines. En février 1663 Colbert, surintendant des
bâtiments du Roi, désigna quatre membres de l'Académie fran
çaise — Jean Chapelain, François Charpentier ainsi que les abbés
Amable de Bourzeis et Jacques Cassagne — versés dans la connais
sance de l'histoire et de l'antiquité, pour recevoir leurs avis « sur
toutes les choses qui regardent les bastiments et où il peut entrer
de l'esprit et de l'érudition » ; ils devaient prendre soin en particulier
des dédicaces en latin, des types et des légendes des médailles, des
projets de peintures et de sculptures de Versailles. En 1683, Louvois
accueillit la « petite Académie » dans son hôtel, avant de l'installer
au Louvre avec l'Académie française ; il lui donna plus d'autonomie UNE TRADITION : L'ÉPIGRAPHIE À L'ACADÉMIE 715
et doubla progressivement le nombre de ses membres, y appelant
Boileau et Racine comme historiographes du roi. En 1691, Louis
Phélypeaux, comte de Pontchartrain, alors secrétaire d'État à la
maison du Roi, prit les académies dans ses attributions et donna un
plus grand essor à celle qui devint officiellement, en juillet 1701,
1' « Académie royale des Inscriptions et Médailles ». Dès lors, elle
compte quarante membres : dix honoraires, dix pensionnaires, dix
associés et dix élèves. Choisis pour « leur érudition dans les belles
lettres » (c'est-à-dire leur pratique savante des humanités) et « leur
intelligence en fait de monuments », les Académiciens, qui se réunis
saient dans une salle du rez-de-chaussée du Louvre, au-delà du
Pavillon de l'Horloge, devaient à tour de rôle présenter une commun
ication. En 1715 leur furent adjoints six associés étrangers. En 1716
l'Académie prit son titre définitif d' « Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres ».
Afin de retracer les grandes étapes des recherches d'épigraphie
classique, il suffirait de suivre nos « Annuaires », de consulter nos
« Mémoires » dont le premier volume parut en 1717. Pour confec
tionner les légendes en latin, une connaissance sérieuse n'était-elle
pas requise de la langue et de la civilisation romaine, dans la tradi
tion de l'humanisme de la Renaissance, marquée par les noms de
J. Mazochius, dont les « Epigrammata antiquae urbis » parurent à
Rome dès 1521, de P. Apianus et de B. Amandus, ou de Janus
Gruter, dont les « Inscriptiones antiquae totius orbis romani in cor
pus absolutissimum redactae» furent éditées en 1602 à Heidelberg;
dans les années 1676-1685, plusieurs publications, à Lyon, rendent
compte des voyages et des découvertes de l'érudit Jacob Spon.
Peu à peu nous verrions l'épigraphie prendre sa place au sein des
recherches historiques et archéologiques. Lorsqu'elle parviendra
à sa pleine maturité» on pourra définir l'épigraphie comme la disci
pline qui se consacre à la lecture et à l'interprétation des textes
gravés sur matière dure, pierre ou métal. Loin d'être une simple
technique, l'épigraphie s'affirmera comme l'accès royal tout à la
fois à ce qu'il y a de plus solennel, mais aussi de plus intime, en toute
civilisation : les lois, l'administration, les cultes, les croyances, mais
également tant de détails sur la vie concrète en ce qu'elle a de plus
quotidien.
Si l'on se reporte aux origines de notre Compagnie, à son premier
titre d' « Académie royale des Inscriptions et Médailles », on voit
qu'on ne saurait disjoindre au départ le domaine de l'épigraphie de
celui de la numismatique. Aussi pour les premiers pas de notre
Compagnie, se doit-on de recourir aux savantes recherches sur
1' « histoire métallique » du règne de Louis XIV menées par
Mlle Josèphe Jacquiot. Se distinguent alors Pierre Rainssant, garde COMPTES RENDUS T>E L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 716
du cabinet du roi, que Louvois adjoignit à la « Petite Académie »
dès 1683 — il devait mourir à Versailles en 1689 — , puis Jean-
François Simon, nommé élève en 1701 et décédé en 1719, enfin
Claude Gros de Boze, élève en 1705, puis Secrétaire perpétuel de
1706 jusqu'à sa démission en 1742. Ces numismates sont les créa
teurs d'une longue tradition où devait s'illustrer plus tard — pour
nous en tenir ici à quelques noms — le duc de Luynes, William-
Henry Waddington, Ernest Babelon, Théodore Reinach, Adrien
Blanchet, certains d'ailleurs épigraphistes éminents.
Pour revenir à l'épigraphie elle-même, le successeur de Gros de
Boze fut Nicolas Fréret, érudit courageux qui connut même la
Bastille en 1714, pour avoir discuté les assertions d'un Père jésuite
sur certains points de l'histoire de France ; ceci ne l'empêcha pas de
gravir les étapes successives d'élève de l'Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres en 1713, associé en 1716, pensionnaire en 1736 et
enfin Secrétaire perpétuel en 1743, jusqu'à son décès en 1749 ;
historien de l'antiquité, il se spécialisa dans la géographie du monde
classique ; il s'attela aussi au déchiffrement — son « Essai sur les
hiéroglyphes scientifiques » date de 1744 ; beaucoup de ses papiers
sont demeurés inédits et sommeillent dans nos archives. Son contem
porain l'abbé Michel Fourmont, nommé associé en 1724, prospecta
les îles grecques en 1729-1730 et y effectua des relevés, souvent
maladroits, d'inscriptions. J'évoquerai encore la figure de l'illustre
savant véronais François-Scipion Maffei, qui eut l'idée d'un corpus
général et écrivit ses « Antiquitates » en 1733, lors d'un séjour à
Paris ; nommé membre honoraire étranger surnuméraire de l'Aca
démie royale des Inscriptions et Belles-Lettres en 1734, puis titulaire
en 1737, il devint académicien libre en 1750. Il partagea son zèle
pour les inscriptions classiques avec le Nîmois Jean-François Séguier ;
botaniste et numismate, celui-ci découvrit et transcrivit le premier
l'inscription de la Maison carrée de Nîmes ; nommé académicien
libre de notre Compagnie en avril 1772, il mourut à Nîmes en sep
tembre 1781. Pendant ce temps, en 1776, le comte de Choiseul-
Gouffier visitait la Grèce et l'Asie Mineure, avant d'être nomm&#

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