Les unions entre proches à Doura et chez les Perses - article ; n°1 ; vol.68, pg 53-62
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1924 - Volume 68 - Numéro 1 - Pages 53-62
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1924
Nombre de lectures 85
Langue Français

Extrait

Franz Cumont
Les unions entre proches à Doura et chez les Perses
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 68e année, N. 1, 1924. pp. 53-62.
Citer ce document / Cite this document :
Cumont Franz. Les unions entre proches à Doura et chez les Perses. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 68e année, N. 1, 1924. pp. 53-62.
doi : 10.3406/crai.1924.74896
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1924_num_68_1_74896LES UNIONS ENTRE PROCHES A DOURA 53
s4entation répétée de l'arbre aux sept bouddha et du paradis
d'Amithâba.
Dans la province du Chânsi-si, M. Lartigue a photographié
les sculptures du T'ien-long-chan. Ce sanctuaire, qui n'a pas
encore été publié en Europe, est, par sa situation géographique,
intermédiaire entre ceux de Yun-kang et de Long-men ; il paraît
contemporain de ce dernier, et Ton sait par des témoignages épi-
graphiques qu'il était commencé au milieu du vie siècle. Les sta
tues qui se rapportent probablement à la domination des Pei-
Tsi diffèrent peu de celles de Yun-kang, et sont accostées de
fresques en relief où des donateurs et des assistants sont traités
dans la manière des beaux cortèges de la grotte P'ing-yang à
Long-men. D'autres statues probablement contemporaines du
début de la dynastie des T'ang révèlent une véritable renaissance,
sans doute occasionnée par l'import de nouveaux modèles hin
dous qui, interprétés par des artistes indigènes, ont donné des
figures peut-être inégalées dans la statuaire religieuse chinoise
pour la pureté, la souplesse et l'harmonieux équilibre.
M. Emile Senart présente une observation.
COMMUNICATION
LES UNIONS ENTRE PROCHES A DOURA ET CHEZ LES PERSES,
PAR M. FRANZ CUMONT, ASSOCIÉ ÉTRANGER DE l'aCADÉMIE.
Parmi les inscriptions recueillies dans le temple d'Arté-
mis à Doura-Europos * et qui donnent les noms de femmes
ayant participé au culte de la déesse, il en est deux qui
offrent l'intérêt particulier de nous montrer des mariages
entre proches pratiqués dans une famille de cette colonie
grecque. Voici ces deux textes :
Έτους δμτ'. [Μ]εγιστώ2 Θεο[μ]νήστου, Tfjç Άντιόχου του |
1. Cf. Comptes rendus de VAcad. des Inscr., janvier 1924.
2. On s'attendrait au génitif Μέγιστους, mais ce nom en ω devait être
devenu indéclinable. 54 LES UNIONS ENTRE PROCHES A DOURA
Θεο[μ]νήστου του Άντιόχου ό[μ]οτ;ατρίας άδελφ*7;ς και | γυναικός.
"Ετους δ[μ]τ'. Δεσ-οίνης Θεο[μ]νήστου τής Δη[μ]γ;τρίου του
Άτ:ολλω|νίου γυναικός και Άδειας Άντιόχου του Θεο[μ]νήστου,
γυναικός | δε 'Αθηνοδώρου του Θεο[μ]ν[ή]τϊου.
Les deux inscriptions sont de la même année 344 de
l'ère des Séleucides, c'est-à-dire 32/33 après J.-C. Le lapi-
cide a écrit d'une part ΔΜΤ, de l'autre ΔΠΤ, mais il a
remplacé partout dans la seconde inscription, les M par
des ΙΊ, écrivant Δηπητρίου et trois fois Θεοπνήστου, et
dans la première la même erreur se retrouve aux mots Πεγι-
στώ, θεοπνήστου (2 fois) et όποπατρίας. La confusion des
deux lettres, qui est fréquente dans les textes épigraphiques
de Doura *, est due à la forme du M cursif : lés hastes en
sont réunies par un trait d'une courbure si peu accusée,
qu'il se rapproche de 'la barre horizontale du Π. L'ortho
graphe du nom Θεόμνηστος est d'ailleurs garantie par un
acte sur parchemin, trouvé à Doura, où elle est correcte.
Ces deux inscriptions contemporaines se rapportent
manifestement aux membres d'une même famille, et nous
constatons qu'Antiochos, fils de Théomnestos, avait épousé
sa sœur consanguine Mégistô et qu'une fille, issue de ce
mariage, Adeïa, était devenue par surcroît la femme
d'Athénodoros, qui était à la fois son oncle paternel et
maternel. C'est ce que fera mieux voir le tableau généalo
gique que voici :
i. L'erreur est si souvent reproduite que partout où il y a un Π, on peut
se demander s'il ne faut pas lire M. Ainsi, dans la série des inscriptions
publiées dans Syria,t. IV, p. 209 ss., on doit substituer (n° 22) Τιμώνασσα,
à Τιττώνασσα; (n·· 6, 34, 29) Δάνυμος à Δάνυπο; (ces deux noms se retrouvent
orthographiés correctement dans les textes copiés en 1923); probablement
aussi, comme me le fait observer M. Théodore Reinach, 'Αμμώνιος à
■Άππώνιος (nos 2, 3, 11, 12, 24), 'Ρουμαία à Τουπαία (n· 26), Σαμισιλάβου
à Σαπισιλάφου et Άν.(ι>σαμίσου à 'Ανιωσαπίσου (no< 9 et 13). — Πίδωνος
(n° 29) est certainement pour Μίδωνος (Μείδωνος). — M est de même écrit
Π sur des monnaies partbes, p. ex. Warwick Wroth, Coins Brit. Mus.,
Parthia, pi. XI, de PhraatèsIII. LES UNIONS ENTRE PROCHES A DOURA 55
Antiochos
i
Théomnestos
Athénodoros Antiochos — Mégistô Despoïna
époux | . épouse de
de sa nièce Adeia Démétrios
L'alliance d'un oncle et d'une nièce n'aurait rien de remar
quable, car le droit grec l'autorisait l, contrairement à l'an
cien droit romain 2, si, dans la famille de Théomnestos,
elle ne se compliquait d'un mariage entre un frère et sa
sœur consanguine.
Ce genre d'unions devait être fréquent à Doura vers le
commencement de notre ère, car une inscription dont la date
répond à 36/37 après J.-G. et qui n'est donc postérieure
que de quatre ans aux précédentes, en offre un second
exemple : 'Έτους ημτ'. Σαλαμβουας 3 Ζωβίωνος της 'Ανταίου
του | Ζωβίο)νος όμοπατρίας α5ελφη"ς και γυναι|κό[ς].
Le droit romain, on le sait, prohibait le mariage entre
proches, même en ligne collatérale, et en particulier il l'in
terdisait absolument entre demi-frères et demi-sœurs
1. Notamment à Athènes; cf. Beauchet, Droit privé de la. république
athénienne, I, p. 163, n. 2 ; Glotz dans Saglio-Pottier, Dict., s. v. « In-
cestum », p. 449 n. 3.
2. C'est seulement depuis le règne de Claude, postérieurement à nos
inscriptions, que fut admise la règle « Fratris filiam uxorem ducere licet,
sororis filiam uxorem ducere non licet » (Gaius, I, 62).
3. Ce nom de Σαλα^βούα, est remarquable. Il est certainement dérivé
de celui de la déesse Salambô, que Flaubert a recueilli pour le donner à
son héroïne. Σαλα^βώ, ή 'Αφροδίτη παρά Βαβυλώνιοι;, dit Hésychius et
suivant VEtymologicum Magnum (p. 641,48) Σαλαιχβάς est le nom de la
divinité qui pleure Adonis (cf. Roscher, Lexi/fon, s. v. col. 282). On n'avait
retrouvé jusqu'ici en Syrie, que je sache, aucun vestige du culte de la
déesse, bien qu'il soit attesté par la Vita Heliogabali, 7 : « Salambonem
omni planctu et iactatione Syriaci cultus exhibuit (Heliogabalus). » Notre
inscription fournit une preuve indirecte de sa diffusion dans la vallée de
l'Euphrate. 56 LES UNIONS ENTRE PROCHES A DOURA
comme entre frères et sœurs l, Le droit athénien n'avait pas
la même rigueur, et il permettait les unions entre frères et
sœurs consanguins, ne les excluant qu'entre frères et sœurs
germains ou utérins -. On pourrait donc croire que dans la
colonie macédonienne de Doura-Europos, Antiochos, en
épousant une αδελφή δμοχατρία, n'aurait fait que suivre une
vieille coutume hellénique, qui s'y serait perpétuée jusqu'au
début de notre ère. Notre confrère M. B. Haussoullier a
montré récemment combien la loi de Doura sur les succes
sions ab intestat était restée fidèle à l'ancien droit grec 3.
Mais si l'on rapproche nos deux inscriptions d'un des parche
mins trouvés il y a peu d'années à Avroman, dans le Kur
distan, une autre conclusion s'imposera ou, tout au moins,
une influence étrangère apparaîtra qui a dû faire revivre la
vieille pratique grecque. On voit, en effet, dans ce docu
ment de l'an 88 avant J.-C. que parmi les trois reines nom
mées dans le préambule à la suite du roi Arsace, deux sont
dites, absolument comme sur nos pierres έμοπατρίας αυτοΰ
αδελφές και γυναικός 4. De même, un texte cunéiforme de l'an
née 76 avant J.-G. est daté du règne d' « Arsace roi des
rois et Izbubarzâ sa sœur, reine » 5. Pareillement au ier siècle
de notre ère, un vassal des Arsacides, Monobaze, roi d'Adia-
bène, épousa sa sœur Hélène 6. Or, à l

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