Deux notes sur le De Iside de Plutarque - article ; n°2 ; vol.103, pg 312-319

Festugiere Jean

Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1959 - Volume 103 - Numéro 2 - Pages 312-319
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: COMPTES-RENDUS_DES_SEANCES_DE_L-ACADEMIE_DES_INSCRIPTIONS_ET_BELLES-LETTRES
• Publié le: 01 janvier 1959
• Nombre de lectures: 30
• Langue: Français

Extrait

Monsieur André-Jean
Festugière
Deux notes sur le De Iside de Plutarque
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 103e année, N. 2, 1959. pp. 312-
319.
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Festugière André-Jean. Deux notes sur le De Iside de Plutarque. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 103e année, N. 2, 1959. pp. 312-319.
doi : 10.3406/crai.1959.11072
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1959_num_103_2_11072COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 312
tiôns. Comme je l'avais fait pour le premier volume, j'ai rédigé l'Introduction
à tous les livres contenus dans ce tome second. Je l'ai fait précéder d'un chapitre
sur les prophètes et les prophéties, j'y ai ajouté un aperçu chronologique pour
toute la période ouverte par les livres prophétiques et sapientiaux.
Un double index, dressé par M. Michel Léturmy, rendra des services inappré
ciables à tous ceux qui consulteront les deux tomes de la Bible de la Pléiade :
index théologique et sociologique, index historique et géographique groupent des
milliers et des milliers de références sur 70 pages de petit texte.
Ainsi j'ai achevé la tâche que j'avais assumée pour que la publication de la
Bible dans la belle collection de la Pléiade ne soit pas laissée à une improvisation
quelconque, mais soit digne du recueil que notre confrère Ernest Renan appelait
si bien « le grand livre consolateur de l'humanité ».
M. Edouard Salin dépose sur le bureau son ouvrage La Civilisation méro
vingienne d'après les sépultures, les textes et le laboratoire, 4e partie, Les croyances,
conclusions. Index général.
SÉANGE DU 2 OCTOBRE
PRÉSIDENCE DE M. PAUL DEMIÉVILLE
L'Académie entend une lecture de M. Pierre Petot sur la politique
matrimoniale de Philippe- Auguste qu'elle adopte pour être lue à la
séance publique des Cinq Académies, le 26 octobre 1959.
Le R. P. Jean Festugière communique deux notes sur leDe Iside
de Plutarque (61, 375 d/e et 69, 378 E
XCOMMUNICATION
DEUX NOTES SUR LE DE ISIDE DE PLUTARQUE,
FAR LE R. P. JEAN FESTUGIÈRE, MEMBRE DE l' ACADÉMIE.
I. — Plut., de ïs., 61 (375 d/e).
'O ô' "Ooiçiç ex xov baiov xai ieooû tovvojwi \ie[i£iy\iéyov eaxTjxe* xoivôç
yÔQ èaxi tcôv ev ovoavq) xai xrôv êv "Aiôov kayoç, c&v Ta jtèv leoà xà b' ôata
toîç nakaioïq ëôoç nçoaayoQevtiv,
La structure même de la phrase conduit à rapporter xà uèv teod
à xà ev ovoavip et ta ÔJ ôoia à ta év "Aiôou. Ainsi l'ont compris,
entre autres, l'excellent helléniste Wyttenbach et, plus récemment,
F. C. Babbitt (Loeb Class. Libr.). Au surplus îeooç, de façon génér
ale, désigne quelque chose en rapport avec le divin, et le divin est
normalement conçu comme étant en haut. C'est ce qu'on voit tout
au début de ce même traité de Iside, dans la dédicace à Kléa (ch. 2,
351 e) : « Ainsi est-ce une aspiration à la divinité (6ei6xT)Toç oqe|iç) .
DEUX NOTES SUR LE DE 1SIDE DE PLUTARQUE 313
que l'aspiration à la vérité, et tout particulièrement à la vérité sur
les dieux, puisque pour elle le seul fait d'apprendre à connaître et
d'enquêter est comme une prise en main de choses sacrées (&aneç
àvdA/r)i|Hv leçaiv xi\v \iaQr\oiv ë%ovoa xal rf)v %r\xr\aiv), et elle est un
ouvrage plus pieux (eqyov ôoiooteçov) que toute purification rituelle
(àyveiaç nàor\ç) et tout service des temples (veooxoçiaç) ». Passage
doublement intéressant, parce qu'il ne laisse pas de doute sur
l'alliance ieed-eeiotiiç (et il s'agit évidemment de dieux d'en haut),
et parce qu'ici les deux adjectifs leçoç et ôoioç sont associés, non
opposés comme en de Is., 61.
De tous les commentateurs, et cette fois encore parce qu'excellent
helléniste, Wyttenbach a été surpris de cette opposition. Il rappelle
naturellement l'opposition bien connue leçd co ôoux = « choses
sacrées » co « choses profanes », mais elle n'a rien à voir ici. Pour le
reste il observe : « At îeçoç de superis, ômoç de inferis, et seorsim
raro usurpatur, et rarius coniunctim, ut nos quidem ea nomina in
huiusmodi oppositione légère non meminerimus ». Il se borne à
noter l'emploi de f) ôoia — « religio mortuorum, ius manium, sepul-
tura » et cite à ce propos, entre autres textes (qui ne vont pas tous
à la question), ces trois-ci, par lesquels je commencerai mon analyse.
1) Ael., Var. HisL, xn, 64 (p. 401.6 Herrscher ap. Didot) f| etç
tov vexQôv ôaîa (rite funéraire pour le mort : il s'agit du cadavre
d'Alexandre, que se disputent Perdiccas et Ptolémée parce que ce
cadavre doit porter bonheur à la cité qui le possédera).
2) Jambl., V. Pyth., 184 (p. 102.21 s. Deubner) : Pythagore
ramène son maître Phérécyde de Syros, qui est malade, d'Italie à
Délos : JtaQé|xeivé Te &xqi "^HS f eXevTfjç aÛT<p xai xiyv ôoîav ânen\r\Q(oos neçi
tov oûtoû xa!dr\ye\icrvaL.
3) Orac. ap. Plut., V. Arati, 53 (1051 d) = H. W. Parke-
D. E. W. Wormell, The Delphic Oracle (Oxford, 1956) n° 358 et
tome i, p. 260. Aratus est mort à Aigion, centre de la Ligue Achéenne,
et les habitants d' Aigion veulent le garder. Les Sicyoniens, compat
riotes d' Aratus, réclament le corps du héros, mais sont d'autre part
embarrassés, car une antique loi, sanctionnée par la religion, interdit
d'enterrer à l'intérieur des murs. Ils interrogent donc la Pythie qui
répond ainsi :
BovXeiîov1, Sixikov, Çcodyçiov atèv 'AQatov
à|«p' ôaix) Qakiyi xe xaT<H%Ofiévoio âvaxToç*
<oç tô J3açw6iievov T<pô' àvéçi xai tô (Jaçûvov
ëcrr' dcréprjfta xai ovQavoû fjôè 8aXdo<n]ç. yaii\ç
t. flovXstou SchaefTer ; QovXeûu codd. COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 314
Au reçu de cet oracle, r\oQi\oav ...ol Sixwovioi, pexafiaXôvxeç stç
tô ïtévOoç sùQvç èx xov Alyiov xbv vtTtçbv 8CT8<pava>n.évoi xai
Ç vnà aiaiàvoov xai %oq&v elç ttjv jiôXiv àvîJYov
xai tojcov ê|eA,6fievoi nsQtonxov &ojieq oIxicttiv xai ooTfjQa xfjç
noXecoç êxiîôeuaav. L'endroit est encore appelé Aration. On sacrifie
à Aratus deux fois l'an : 1) au jour où Aratus délivra Sicyone de la
tyrannie (en 251), ce sacrifice étant dénommé Sôtéria ; 2) à l'anni
versaire du jour de naissance d' Aratus. Le 1er sacrifice est accompli
par le prêtre de Zeus Sauveur, le 2e par le prêtre d' Aratus, ceint
d'un strophion non tout blanc, mais mêlé de pourpre. A cette occasion,
les technites Dionysiaques chantent des mélè à l'accompagnement
de cithares, le gymnasiarque conduit une pompé des enfants et
des éphèbes, suivent ensuite les sénateurs couronnés et ceux des
citoyens qui le veulent1.
L'oracle doit donc s'entendre ainsi : « Touchant la cérémonie
funéraire (àfV ôoîxi), qui est en même teirips une festivité (OaMxi te),
de ton roi décédé Aratus, décide pour toujours un sacrifice de recon
naissance (à celui qui t'a délivré de la tyrannie, Çooàveiov) : car, eu
égard à ce héros, ce qui s'afflige et ce qui l'afflige sera impiété sur
la terre, le ciel et la mer ».
Maintenant on peut se demander si cet emploi d'ôoûx éclaire bien
l'opposition xà leçd « choses du ciel » eo xà oma « choses de l'Hadès ».
Car ôoîa au sens de « rite pour les morts » n'est qu'une dérivation
de ôcîa « rites pour les dieux », « service dû aux dieux », dont on
a bien des exemples, v.g. xàyà rrjç 6oir)ç IjupTJoonm fjç jieq 'Anokhov
h. hom. à Hermès, 173. De même donc qu'on a ôoiottjç (= pietas)
envers les morts (jisqî toùç xatoixoné