Ilithye, Leucothée et Thesan - article ; n°3 ; vol.112, pg 366-375
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1968 - Volume 112 - Numéro 3 - Pages 366-375
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 44
Langue Français

Extrait

Monsieur Raymond Bloch
Ilithye, Leucothée et Thesan
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 112e année, N. 3, 1968. pp. 366-
375.
Citer ce document / Cite this document :
Bloch Raymond. Ilithye, Leucothée et Thesan. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, 112e année, N. 3, 1968. pp. 366-375.
doi : 10.3406/crai.1968.12279
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1968_num_112_3_12279COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 366
tenir une section gréco-latine vraiment vivante dans les établiss
ements du second degré ; les horaires et les méthodes d'enseignement
seront revus de telle sorte que ceux des élèves que leur goût porte
vers l'étude des langues classiques en retirent le meilleur fruit.
A ce dernier propos, je suis heureux de pouvoir vous annoncer
qu'une très importante Commission dite de la rénovation pédago
gique ouvrira demain ses travaux. Elle ne manquera point d'inscrire
à son ordre du jour la pédagogie des langues anciennes.
Veuillez agréer, Monsieur le Secrétaire Perpétuel, l'expression de
ma très haute considération.
M. Raymond Bloch, sous le patronage de M. Jean Bayet, fait
une communication intitulée : Ilithye, Leucothée et Thesan.
M. Christian Goudineau expose, sous le patronage de M. Pierre
Boyancé, les résultats des fouilles de l'École française de Rome
à Bolsena.
COMMUNICATIONS
ILITHYE, LEUCOTHÉE ET THESAN,
PAR M. RAYMOND BLOCH.
Je voudrais dire tout d'abord combien je regrette l'absence de
M. J. Bayet, retenu chez lui par son état de santé. Il m'aurait été
particulièrement agréable de pouvoir présenter cette communicat
ion devant un maître auquel, comme tant d'autres, je dois tant.
Du moins aurai-je pu, à plusieurs reprises, et hier encore, m'entre-
tenir avec lui et bénéficier, comme à l'accoutumée, de ses précieux
conseils.
Cette communication porte un titre comportant deux noms de
divinités grecques, Ilithye et Leucothée, et un nom de divinité
étrusque, Thesan. Il s'agit en effet d'une étude d'histoire religieuse
dans laquelle interviennent ces trois déesses comme en témoignent
la tradition antique et une découverte récente. Cette étude se réfère
à l'important sanctuaire étrusque de Pyrgi, situé à environ 60 kil
omètres au Nord de Rome, sur la côte de la mer tyrrhénienne, et qui
fut mis à sac par Denys de Syracuse et sa flotte en 384 av. J.-C.
Les fouilles émérites de Massimo Pallottino et de son école ont per
mis de retrouver et de mettre au jour, depuis maintenant une dizaine
d'années, ce sanctuaire dont le pillage est évoqué par différents
textes anciens. On sait quel intérêt vaste et justifié a suscité cette
exploration dans le monde savant, surtout depuis la mise au jour,
en 1964, de trois lamelles d'or présentant pour deux d'entre elles
une inscription étrusque, pour la troisième une inscription punique, LEUCOTHÉE ET THESAN 367 ILITHYE,
inscriptions qui sont toutes des dédicaces à la déesse maîtresse du
sanctuaire. Celle-ci est honorée, dans les textes étrusques, sous le
nom de Uni, dans le texte punique sous celui d'Astarté. La bibli
ographie suscitée par ces découvertes archéologiques et épigra-
phiques est dores et déjà très ample. Ici même ont été présentées
en 1965 deux savantes communications, dues à MM. J. Heurgon
et J. Février1 et qui ont donné lieu à de riches échanges de vues.
Il y a quelques mois un colloque restreint a réuni à Rome plusieurs
des savants qui avaient consacré tel ou tel de leurs écrits aux pro
blèmes posés par les découvertes de Pyrgi.
Si aujourd'hui je viens prendre la parole sur un sujet si passion
nant et si complexe, c'est seulement pour tenter d'éclairer un aspect
très déterminé, très précis du problème, à l'exclusion de tous les
autres. Plusieurs auteurs anciens, je l'ai dit, évoquent, en raison
de l'audace de l'attaque grecque et du caractère sacrilège de l'en
treprise, le pillage du sanctuaire de Pyrgi par la flotte syracusaine,
en 384 av. J.-C. et ils disent que ce sanctuaire était consacré à une
déesse qu'ils appellent l'un Eileithuia, les autres Leukothea. Or
les inscriptions sur lamelles d'or prouvent sans conteste que la
divinité honorée à Pyrgi, — honorée principalement, la maîtresse
du sanctuaire mais rien ne prouve qu'elle y était seule — , que
cette divinité était Uni, l'homologue de la Héra grecque, de la Junon
italique et romaine dont d'ailleurs elle a le nom. Cela n'est pas pour
nous étonner. L'importance en Italie de cette grande déesse matro-
nale, aux activités et aux fonctions polyvalentes, ne cesse de croître
à nos yeux, comme il ressort de tant de fouilles parmi lesquelles
celles de l'Héraion du Sélé tiennent une place éminente. Naturelle
ment l'identification à date haute, vers 500 av. J.-C, de Uni avec
Astarté a ouvert des voies inattendues et admirables à la recherche.
Il reste à expliquer les raisons de Yinterpretatio graeca à laquelle
les Anciens semblent avoir soumis la divinité de Pyrgi. Il me semble
que malgré les réflexions déjà faites à ce sujet la voie reste ouverte
à la recherche. Ces deux formes d'interpretatio apparaissent dans des
textes qui s'échelonnent du me siècle av. J.-C. au ier siècle de notre
ère et doivent remonter aux sources de ces auteurs, aux écrits d'his
toriens grecs qui ont vécu au ive ou au me siècle av. J.-C, tels
Timée, Ëphore ou Théopompe, à une époque de peu postérieure au
pillage du sanctuaire qu'ils racontaient. Or ces deux formes d'inter
pretatio étonnent. On aurait attendu Héra. Et ce sont des divinités
mineures de la mythologie grecque qui apparaissent à sa place.
Suffit-il d'invoquer telle ou telle ressemblance entre elles et Uni-
1. Cf. J. Heurgon, Les inscriptions de Pyrgi et l'alliance étrusco- punique autour de
500 av. J.-C, dans CRAI, 1965, p. 89-104 et J. Février, L'inscription de Pgrgi,
dans CRAI, 1965, p. 9-18. COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 368
Junon ? La tentative doit être plus systématique et nous allons
voir qu'elle peut nous mener à une autre perspective, à une autre
conclusion.
Examinons tour à tour le cas d'Ilithye et celui de Leucothée et
voyons rapidement ce que sont exactement ces deux déesses. C'est
Strabon qui attribue le sanctuaire à Ilithye, sanctuaire où il voit
l'œuvre des antiques Pelages. Il écrit en effet : ... EiX-yjGuiàç îsp6v,
IleXaaryciv iSpufxa, rcXoucnov îtote ysvofxevov. 'E<yuXif]<7s &' aùrè Aio-
vûaioç ô twv SixsXiwtcov xupavvoç1... Eileithuia est une divinité
préhellénique de lointaine origine. Homère dans Y Odyssée cite la
grotte d' Eileithuia dans le port d'Amnisos, près de Cnossos2. On
trouve son nom, sous la forme d'e-re-u-ti-ja sur quatre tablettes
mycéniennes, découvertes à Cnossos et sur lesquelles M. M. Lejeune
a bien voulu attirer mon attention3. La forme mycénienne corre
spond exactement à la forme laconienne du nom de la déesse.
A l'époque classique ses lieux de culte furent nombreux, surtout
en Crète et en Laconie. Eileithuia touchait de près à la grande
déesse Héra. Elle était née de l'union de celle-ci et de Zeus et pré
sidait à l'accouchement des femmes4. On la voit, fidèle servante de
sa mère, partager ses sympathies et épouser ses haines. Ainsi tente-
t-elle d'empêcher la délivrance de Léto et celle d'Artémis. Les textes
et les monuments figurés grecs — et parfois étrusques — la présentent
quelquefois sous un aspect multiple et apparaissent ainsi ensemble
deux ou trois Eileithuiai5. Simple ou multiple c'est la personnifica
tion de l'un de pouvoirs essentiels de Héra, protectrice des épouses,
de leur mariage et de leur vie familliale. L'épithète d' Eileithuia est
en certains cas décernée à Héra elle-même et à Artémis6.
L'interprétation directe de l'Uni de Pyrgi en Ilithye, dans une
ville comme Cerveteri, toute imprégnée de cult

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