Les rapports entre la farce et la littérature narrative (Pour un répertoire des motifs dramatiques) - article ; n°1 ; vol.26, pg 21-32
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les rapports entre la farce et la littérature narrative (Pour un répertoire des motifs dramatiques) - article ; n°1 ; vol.26, pg 21-32

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1974 - Volume 26 - Numéro 1 - Pages 21-32
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 37
Langue Français

Extrait

Halina Lewicka
Les rapports entre la farce et la littérature narrative (Pour un
répertoire des motifs dramatiques)
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1974, N°26. pp. 21-32.
Citer ce document / Cite this document :
Lewicka Halina. Les rapports entre la farce et la littérature narrative (Pour un répertoire des motifs dramatiques). In: Cahiers de
l'Association internationale des études francaises, 1974, N°26. pp. 21-32.
doi : 10.3406/caief.1974.1048
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1974_num_26_1_1048RAPPORTS ENTRE LA FARCE LES
ET LA LITTÉRATURE NARRATIVE
(POUR UN RÉPERTOIRE DES MOTIFS
DRAMATIQUES)
Communication de Mme Halina LE WICK A
[Varsovie)
au XXVe Congrès de l'Association, le 25 juillet 1973.
L'affabulation ou présence d'une « histoire » est certa
inement l'un des principaux traits qui distinguent l'ancienne
farce des genres dramatiques voisins. La sottie et le monol
ogue ne comportent pas une intrigue, même élémentaire.
S'il y a un incident, par exemple Chascun qui veut en vain
imposer sa volonté en soufflant dans une trompe [Sottie
des Trompeurs), un office des morts facétieux [Vigiles
Triboulet), les grâces rendues pour le retour, d'ailleurs
symbolique, de Roger Bontemps [Sots qui remettent en point
Bontemps), etc., la situation reste à peu près statique.
Quant aux moralités, sauf un certain nombre de pièces
qui mettent en scène des sujets bibliques ou historiques, le
plus souvent, elles présentent, sous des formes variées, le
débat intérieur de l'homme, déchiré entre les vices et les
vertus.
Il est vrai que l'action farcesque est parfois bien primi
tive et peut se réduire à un seul épisode comique, voire à
une plaisanterie ou à un gag. Si elle est située dans un
cadre quotidien et fait intervenir des personnages familiers
— épouses infidèles, maris faciles à berner, clercs ignorants,
faux braves, etc. — , ce n'est pas la réalité environnante HALINA LE WICK A 22
qui inspire l'anecdote. Les thèmes et les motifs (i) de la
farce sont, presque uniformément, empruntés à la litt
érature narrative, orale ou écrite. Ceci n'a rien d'étonnant.
On sait que les plus grands dramaturges ne font souvent
que reprendre des sujets transmis par une tradition sécul
aire. A plus forte raison, les auteurs dramatiques du Moyen
Age finissant, qui, à peu d'exceptions près, n'avaient pas
une individualité bien marquée, prenaient leur bien partout
où ils le trouvaient, généralement dans le riche stock des
thèmes ambulants.
On s'en est aperçu dès la fin du xixe siècle. En 1894,
S. Prato publiait dans la Revue des traditions populaires
un article dans lequel il étudiait les analogies de l'un
des deux motifs du Pathelin, celui des « bée », avec la litt
érature et le folklore ombriens, catalans, allemands (2) . Une
quinzaine d'années plus tard, O. Dubsky y ajoutait des
affinités avec des contes populaires slaves (3). Également,
le premier motif, la ruse employée pour soutirer la mar
chandise au drapier, a fait l'objet de plusieurs études (4).
Vers 1900, Pietro Toldo entreprenait un essai plus ambit
ieux, en cherchant à établir l'influence de la nouvelle
sur les farces et les comédies françaises (5) . En réalité, il
s'agissait surtout de la nouvelle italienne et, dans une
moindre mesure, du fabliau et de la nouvelle française.
Dans sa première partie, consacrée à la farce médiévale,
(1) Sans nous engager dans la discussion sur les notions controversées
de « matière » (ce que les Allemands appellent « Stoff ») ou « thème » et
« motif », disons simplement que nous ne distinguons pas entre les deux
premières et que nous considérons le « motif я comme un des éléments
constitutifs du « thème » ou de la fable. Cette conception diffère de celle
proposée par R. Trousson, Un problème de littérature comparée : Les
études de thèmes. Essai de méthodologie, Paris, 1965, où le rapport entre
les deux notions est, en quelque sorte, inversé.
(2) S. Prato, La scène de l'avocat et du berger dans les rédactions litt
éraires et populaires, R.T.P., IX, 1894, p. 537-552.
(3) O. Dubsky, Deux contes populaires des Slaves du Nord en rapport
avec le sujet de la farce : Maître Pathelin, R.T.P., XXIII, 1908, p. 427-
429.
(4) Voir surtout Th. E. Olivier, Some analogues of Maistre Pathelin,
Journal of American Folklore, XXII, 1909, p. 395-430.
(5) P. Toldo, Études sur le théâtre comique français du Moyen Age et
sur le rôle de la nouvelle dans les farces et les comédies, Turin, 1903. RAPPORTS ENTRE LA FARCE ET LA LITTERATURE NARRATIVE 23
Toldo a étudié 70 pièces (6) sur les 105 enregistrées dans le
Répertoire de Petit de Julleville (on en connaît aujourd'hui
160 environ). Malheureusement, pour la plupart de ces
pièces, il n'a pu signaler que des analogies assez vagues ;
une vingtaine à peine ont pu être ramenées à une source
narrative précise.
L'ouvrage de Toldo, remarquable pour l'époque, vaut
encore partiellement pour les rapports de la farce avec
la nouvelle italienne. Cependant il néglige complètement
la littérature narrative des régions dont le rôle doit être
tenu pour primordial. En effet, on sait aujourd'hui (7)
que les nouvelles françaises des xve et xvie siècles — et
les farces qui en dérivent ou sont basées sur des sources
communes — doivent tout autant aux influences d'outre-
monts qu'à un fonds d'Europe centrale, lui-même tribu
taire des traditions Scandinaves, orientales, etc., souvent
difficiles à identifier.
Nous avons eu l'occasion de le constater en étudiant
l'histoire du thème de « l'enfant mis aux écoles » ou d'un
jeune paysan qui veut devenir prêtre (8). Ce thème consti
tue l'un des « Stoffe » les plus répandus dans la littérature
narrative du Moyen Age et de la Renaissance. Ses motifs
se retrouvent presque tous dans les anecdotes scolaires
latino-allemandes et slaves de ce temps-là. On y voit
la même utilisation du latin macaronique donnant lieu
à des associations scabreuses, l'apprentissage des lettres
lié à des jeux de mots équivoques, les effets désastreux de
l'enseignement, etc. En particulier l'une de ces Schula-
nekdoten contient l'histoire du « Garçon qui, à force
d'apprendre le latin, a oublié son patois (9) » — sujet de
la farce de Me Mimin étudiant. Cependant, l'auteur
français ne s'est pas borné à reproduire ce motif. Il lui en
(6) Déduction faite des pièces qui sont des moralités ou des sotties.
(7) Voir surtout l'ouvrage de K. Kasprzyk, Nicolas de Troyes et le
genre narratif en France au XVI? siècle, Varsovie-Paris, 1963.
(8) Voir en dernier lieu nos Études sur Г ancienne farce française, à
paraître sous peu dans la Bibl. franc, et romane de Strasbourg.
(9) Citée par J. Polívka, Eine alte Schulanekdote und andere Volks-
geschichten in Zeitschrift fur Oesterreichische Volkskunde, XI, 1905,
p. 160 ss. HALINA LEWICKA 24
a ajouté un autre — idée charmante et qui pourrait être
de son cru : la « bru » ou fiancée réapprend à Mimin sa
langue maternelle en lui faisant répéter les paroles d'une
chanson d'amour.
Un autre motif qui intervient dans la farce du Clerc qui
fut refusé, appartenant au même cycle thématique —
l'explication des rapports de famille au moyen d'exemples
tirés de l'entourage du paysan — , et qui apparaît aussi
dans le cycle de la confession facétieuse, où il s'agit surtout
de la Sainte Trinité, est également attesté dans la litt
érature latino-allemande, à commencer par H. Bebel, en
passant par le Schimff und Ernst de J. Pauli et en finissant
par J. Hulsbusch (10). On en trouve également de nomb
reuses versions dans le folklore moderne (n).
La farce de La Mère, la Fille, le Témoin, l'Amoureux et
l'Official (12) a été rattachée par Toldo à la XXVe Nouv
elle Nouvelle. En fait, les choses sont plus compliquées.
Si la nouvelle, comme la farce, a pour thème la plainte
d'une jeune fille qui se prétend violée par un amoureux,
elle diffère par son dénouement : le prévôt donne

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents