Un primitif tiré de l oubli : le panneau de Philippe Pot de Notre-Dame de Dijon (note d information) - article ; n°2 ; vol.149, pg 811-858
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Un primitif tiré de l'oubli : le panneau de Philippe Pot de Notre-Dame de Dijon (note d'information) - article ; n°2 ; vol.149, pg 811-858

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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 2005 - Volume 149 - Numéro 2 - Pages 811-858
48 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Bernard de
Vaivre
Un primitif tiré de l'oubli : le panneau de Philippe Pot de Notre-
Dame de Dijon (note d'information)
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 149e année, N. 2, 2005. pp. 811-
858.
Citer ce document / Cite this document :
de Vaivre Jean-Bernard. Un primitif tiré de l'oubli : le panneau de Philippe Pot de Notre-Dame de Dijon (note d'information). In:
Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 149e année, N. 2, 2005. pp. 811-858.
doi : 10.3406/crai.2005.22898
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_2005_num_149_2_22898NOTE D'INFORMATION
UN PRIMITIF TIRÉ DE L'OUBLI :
LE PANNEAU DE PHILIPPE POT DE NOTRE-DAME DE DIJON,
PAR M. JEAN-BERNARD DE VAIVRE,
CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE
II y a un peu plus d'un an, en avril 2004, fut mis sur le marché
de l'art, en vente publique1, un tableau peint du xve siècle qui a
réalisé l'une des plus fortes enchères2 de ces dernières années. Il
s'agit d'un panneau de bois représentant une Vierge à l'Enfant
dans un intérieur où est figuré un personnage, identifié tant par
le texte d'un très important phylactère que par les armoiries
ornant le prie-Dieu sur lequel il est agenouillé. Ce tableau est
d'une qualité picturale exceptionnelle et d'une importance histo
rique et documentaire tout aussi grandes3.
Ce panneau est inconnu des ouvrages de tous les grands
auteurs ayant travaillé sur les primitifs. Ni Bouchot, ni Panofsky,
ni mes deux amis et maîtres regrettés, Charles Sterling et Otto
Pâcht, ne l'ont mentionné dans leurs ouvrages. Il ne figure pas
plus dans les travaux récents de Nicole Reynaud ou d'Albert
Châtelet.
Ce tableau, qui ne paraît pas avoir subi de retouches ou de
remaniements notables, n'avait, aux dires des . communiqués
transmis à la presse au moment de la vente à Vannes, pas quitté
la même famille « depuis au moins 1650 ». .
1. Hôtel des ventes de Vannes, samedi 24 avril 2004, « Tableaux anciens et modernes,
livres rares, bel ameublement, objets d'art des xvie, xvne, xviiie, xixe et XXe siècles ». Comm
issaire priseur : M. Jack-Philippe Ruellan. Le tableau est décrit au catalogue au n° 14, p. 6
à 9 par M. René Millet, expert, avec une reproduction en pleine page du tableau p. 7 et une
petite figure, p. 8, montrant le détail du visage de Philippe Pot. Une note de la p. 9 renvoie
à mon étude sur Régnier Pot de 1975, citée infra.
2. Ce tableau a été vendu 825 600 euros avec les frais à un particulier qui souhaite
conserver l'anonymat.
3. Mon éloignement de France n'a permis de rendre compte qu'un an plus tard de la
réapparition de ce tableau. 812 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
II s'agit d'un panneau de chêne, constitué de deux planches
non parquetées mesurant 60 sur 42 cm (fig. 1). Il représente, sur
la partie droite du tableau, une Vierge à l'Enfant, assise sous un
dais rouge dont un ange écarte l'un des deux pans. Le banc sur
lequel elle est assise repose sur une estrade que l'on peut
atteindre par trois marches partant d'un soubassement de bois,
lui-même surélevé par rapport à un sol dallé de grands carreaux
ornés alternativement de motifs ronds et carrés posés en diago
nale dans une grande salle dont on distingue, au fond, une porte
au linteau en accolade donnant sur un escalier à vis. Au-dessus,
sur cette même paroi, un luminaire de cuivre, articulé autour d'un
axe vertical de laiton, d'un type analogue à celui figuré sur un
tableau de Robert Campin. Le mur du fond, qui comporte des
corbeaux de pierre pour soutenir le plafond qui est à caissons, est
éclairé par une large fenêtre à meneaux en croisillons sous un arc
en anse de panier. Les deux grandes fenêtres sont totalement
ouvertes, laissant passer une lumière douce. L'un des panneaux
supérieurs n'est qu'à demi-ouvert. Son châssis est doté d'un
vitrail à losanges dont le centre comporte un écu d'azur à trois
fleurs de lis, dont l'ombre se projette sur le volet de bois intérieur
replié. Dans l'épaisseur du mur, sont disposées dans les embras
ures deux coussièges de pierre. Par la fenêtre s'aperçoit, à droite,
le tronc d'un arbre et, à gauche, une grande roche, allusion peut-
être au nom du château ou naquit Philippe Pot, édifice doté de
quatre tours et d'un haut clocher qui se devine dans le lointain4 à
moins qu'il ne s'agisse d'une figuration de Châteauneuf5. Dans
l'axe de cette fenêtre mais à un plan avancé, un homme est age
nouillé les mains jointes devant un prie-Dieu en bôis dont on
aperçoit un panneau à serviettes, en partie caché par un tissu
foncé sur lequel est posé un coussin à quatre glands d'or, lequel
supporte un livre de prières enluminé à fermoirs, également d'or.
Le tissu jeté sur le prie-Dieu est brodé d'un écu écartelé aux 1 et
4, d'or à la fasce d'azur, au 2 et 3 échiqueté d'argent et de sable à
deux badelaires d'or mis en fasce l'un sur l'autre dans leurs four
reaux de gueules suspendus à des ceinturons du même, bouclés et
viroles d'or6. Ce sont, depuis Régnier Pot7, qui fut l'un des pre-
4. La Roche-Nolay.
5. Châteauneuf, Côte-d'Or, arr. de Beaune, cant. Pouilly-en-Auxois.
6. Sur ces armoiries, on renvoie à l'étude sur celles de Régnier Pot, infra.
7. J.-B. de Vaivre, « Les armoiries de Régnier Pot et de Palamède », dans Cahiers
d'héraldique III, Paris (I.R.H.T.), 1975. r r
LE PANNEAU DE PHILIPPE POT DE NOTRE-DAME DE DIJON 813
miers chevaliers de la Toison d'Or8 nommés par Philippe le Bon,
les armes9 de la famille Pot. L'homme est vêtu d'une sorte de robe
rouge à usage de manteau de chambre, ouverte sur les côtés, ce
qui lui permet d'y passer les bras de son pourpoint noir10, dont les
manches sont brodées d'un motif floral d'argent, pour joindre les
mains. L'homme est coiffé d'une calotte à bord rebrassé. Ses
cheveux, châtain clair, s'arrêtent au niveau du cou, autour duquel
il a passé le collier de l'ordre de Saint Michel (fig. 2).
On notera que le personnage en prière n'est pas exactement
placé en face de la Vierge, qu'il regarde cependant, mais sa figu
ration est décalée sur le devant du tableau. Entre lui et la Vierge,
un très long et large phylactère, plié en deux parties :
Mère de Dieu tfrèsj glorieuse
Belle, plaisant et savoreuse
La plus qfuej iames fust sur tferjre
Très hufmjblement ie vie[n] reqfuejrre
Ta sauve garde pfrejcieuse,
Tu m'as pfrej serve jusqu'à cy
L'o[n]eur, la vie et la santé
Soubz l'espoir de ta gfrajnd mferjcy
je me rens à ta volonté
Sauve moy, dafmje tfrèsj heureuse
De la prison tafnjt rigoreuse
Où l'on ne voit qfuej cruauté
Garde moy d'y estre bouté
Car à chfasjcun tu es piteuse,
Mère de Dieu etc.
A cette invocation exceptionnellement longue, sans équivalent
dans la peinture de chevalet, est ajouté, en bas du tableau, comme
un cartellino, placé sur une balustrade de pierre grâce à deux past
illes de cire, un second texte :
8. Sur ce personnage, on renvoie à J. Pot, Histoire de Régnier Pot, conseiller des ducs de
Bourgogne, 1362 7-1432, Paris, 1929.
9. Les armes originelles de la famille Pot, à la fasce, ont été, curieusement, mal figurées
dans le grand armoriai équestre de la Toison d'Or : la fasce y est d'or sur azur à la suite
d'une inversion incompréhensible de l'émail et de la couleur. Sur les armoriaux équestres
de la Toison d'Or, on renvoie à J.-B. de Vaivre, « La représentation équestre de Robert
comte de Virneburg dans les armoriaux équestres de la Toison d'Or », Archivum Heral-
dicum 1978, 1/2, p. 12-17.
10. Le rouge et le noir étaient les couleurs de la livrée du sénéchal. Il en subsiste un
témoignage dans la chapelle de Châteauneuf. v;
814 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
Fig. 1. - Panneau de Philippe Pot (cl. X).'- LE PANNEAU DE PHILIPPE POT DE NOTRE-DAME DE DIJON 815
Fig. 2. - Visage de Philippe Pot sur le panneau (cl. JBV). \
816 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIO

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