Notabilité et refus des responsabilités municipales sous le Haut Empire : un exemple marseillais - article ; n°1 ; vol.32, pg 301-307
8 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Notabilité et refus des responsabilités municipales sous le Haut Empire : un exemple marseillais - article ; n°1 ; vol.32, pg 301-307

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
8 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue archéologique de Narbonnaise - Année 1999 - Volume 32 - Numéro 1 - Pages 301-307
Les juristes romains considéraient sous l'Empire que les citoyens les plus riches avaient l'obligation de se consacrer à la gestion de leur cité. Une inscription de Marseille montre comment certains d'entre eux ne répugnaient pas à verser de fortes sommes pour leur cité, en s' arrangeant pour jouir des insignes de la notabilité sans pour autant se fatiguer à gérer les magistratures locales. Ce texte permet aussi de proposer de dater du règne d'Hadrien la romanisation des institutions de la cité.
During the Roman Empire, lawyers thought that the richest citizens had to devote themselves to the management of their city. The analysis of a Latin inscription from Marseilles explains how some of them agreed to give lots of money to their city wich made them enjoy the privileages of local rulers, allowing them at the same time not to deal with local affairs. This text suggests that the romanization of the institutions of Marseilles took place under the reign of Hadrian.
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 63
Langue Français

Extrait

Denis Lengrand
Notabilité et refus des responsabilités municipales sous le Haut
Empire : un exemple marseillais
In: Revue archéologique de Narbonnaise, Tome 32, 1999. pp. 301-307.
Résumé
Les juristes romains considéraient sous l'Empire que les citoyens les plus riches avaient l'obligation de se consacrer à la gestion
de leur cité. Une inscription de Marseille montre comment certains d'entre eux ne répugnaient pas à verser de fortes sommes
pour leur cité, en s' arrangeant pour jouir des insignes de la notabilité sans pour autant se fatiguer à gérer les magistratures
locales. Ce texte permet aussi de proposer de dater du règne d'Hadrien la romanisation des institutions de la cité.
Abstract
During the Roman Empire, lawyers thought that the richest citizens had to devote themselves to the management of their city.
The analysis of a Latin inscription from Marseilles explains how some of them agreed to give lots of money to their city wich made
them enjoy the privileages of local rulers, allowing them at the same time not to deal with local affairs. This text suggests that the
romanization of the institutions of Marseilles took place under the reign of Hadrian.
Citer ce document / Cite this document :
Lengrand Denis. Notabilité et refus des responsabilités municipales sous le Haut Empire : un exemple marseillais. In: Revue
archéologique de Narbonnaise, Tome 32, 1999. pp. 301-307.
doi : 10.3406/ran.1999.1531
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ran_0557-7705_1999_num_32_1_1531NOTABILITÉ ET REFUS DES
RESPONSABILITÉS MUNICIPALES
SOUS LE HAUT EMPIRE :
Un exemple marseillais
Denis LENGRAND*
Résumé - Les juristes romains considéraient sous l'Empire que les citoyens les plus riches avaient l'obligation de se consacrer à la
gestion de leur cité. Une inscription de Marseille montre comment certains d'entre eux ne répugnaient pas à verser de fortes sommes
pour leur cité, en s' arrangeant pour jouir des insignes de la notabilité sans pour autant se fatiguer à gérer les magistratures locales.
Ce texte permet aussi de proposer de dater du règne d'Hadrien la romanisation des institutions de la cité.
Abstract — During the Roman Empire, lawyers thought that the richest citizens had to devote themselves to the management of
their city. The analysis of a Latin inscription from Marseilles explains how some of them agreed to give lots of money to their city
wich made them enjoy the privileages of local rulers, allowing them at the same time not to deal with local affairs. This text suggests
that the romanization of the institutions of Marseilles took place under the reign of Hadrian.
Sous le titre « Un prophète marseillais », C. Jullian pubDans les cités romaines, la richesse et l'honorabilité entraî
naient des obligations : le notable local devait légalement liait et commentait en 1886 l'inscription suivante :
accomplir une carrière municipale, et donc, en plus des Cn(aeo) Val(erio), Cn(aei) f(ilio), Quir(ina tribu), Pomp(eio)
charges, gérer les honneurs de sa cité1. Or, une inscription Valeriano, equo p(ublico) honorato a sacratissimis imp(erato-
de Marseille, déjà commentée à plusieurs reprises, semble ribus) Antonino et Vero Aug(ustis), faujguri perpetuo, obq(ue)
bien indiquer que, même sous le Haut Empire, certains hon(orem) (serstertium) (centum millia) n(ummorum) r(ei)
notables pouvaient user de subterfuges pour échapper à p(ublicae) dédit, agonothet(e) agoni [s...] Lobiani, profete,
leurs obligations, quitte à offrir de substantielles compens optime de se merito, centonar(ii) corp(orati) Massil(ienses)
ations2 ; le même texte permettant de proposer une nouv patrono. D(atum) d(ecreto) d(ecurionumf :
elle hypothèse sur l'évolution institutionnelle de la cité, je « A Cnaeus Valerius Pompeius Valerianus, fils de me suis risqué à le présenter à nouveau.
Cnaeus, de la tribu Quirina, honoré du cheval public par
les très sacrés empereurs Marc Aurèle et Lucius Verus,
Augustes, augure perpétuel, qui a donné 100000 sesterces *Docteur en Histoire - Centre de Recherches sur l'Antiquité Tardive et le
Haut Moyen-Âge, Maison René Ginouves -Université Paris X. à la cité pour cet honneur, agonothète des jeux de Jupiter,
(1) F. Jacques, 1984, p. 322-357; id., 1990 a, p. 122-123; id., 1990 b,
p. 342.
(2) CIL. XII, 410, (Marseille) (3) C. Jullian, 1886, p. 128.
R.A.N. 32, 1999, p. 301-307. 302 D. Lengrand
prophète, pour son très grand mérite, les centonaires de Cn. Valerius Pompeius Valerianus porte en fait le titre
Marseille organisés en corps. [ ] donné par décret des dé- d'augure perpétuel. La mention de la perpétuité ne consti
cunons. » tue pas forcément une redondance : l'augurât pouvait être
annuel ou viager, selon des règlements locaux encore disLe sigle DDD a été gravé hors du cadre de l'inscription, cutés aujourd'hui ; la perpétuité pouvait conférer un surcomme s'il avait été rajouté, et son développement est in
croit d'honneur, ou de prestige, comme on le voit à certain. Les centonaires de Marseille ont réalisé la dédicace. Rusuccuru, municipe de Maurétanie Césarienne par À l'origine, les centonarii étaient des artisans du textile, des exemple6. fabricants de drap commun, et de bâches. Regroupés en
collèges - corporati - dans de nombreuses cités de Considéré comme un honneur au même titre que les
l'Occident Romain, en particulier en Narbonnaise, ils exer autres prêtrises municipales7, l'augurât était généralement
çaient également la fonction de pompier, en collaboration exercé après l'édilité, mais sa place dans la carrière locale
avec les membres d'autres collegia. Leurs associations n'était pas fixée, puisqu'il pouvait être exercé aussi bien au
jouaient également un rôle religieux et funéraire . début qu'à la fin.
L'inscription commence par l'énumération des titres de Cependant, l'augurât, comme le pontificat, différaient
Cn. Valerius Pompeius Valerianus. Il ne s'agit pas de d'une prêtrise comme le flaminat, considéré comme le
l'énoncé d'une carrière à proprement parler, puisqu' aucune sommet de la carrière municipale. En effet, un certain
magistrature locale, aucun poste procuratorien ne figure. nombre d'inscriptions italiennes mentionnent des notables
Tout se passe comme si on avait regroupé séparément titres qui, au niveau local, ne font figurer que l'une de ces deux
« romains » et titres « grecs », dont la proximité fait toute prêtrises. Ce fait a été interprété comme le résultat de la vo
l'originalité du texte : ordre équestre et augurât d'un côté, lonté de ces personnages de ne faire citer sur la pierre que
agonothésie et prophétie de l'autre. leurs fonctions les plus glorieuses, les autres étant passées
sous silence parce que peu prestigieuses .
Cn. Valerius Pompeius Valerianus est déclaré honoré du
cheval public par Marc Aurèle et Lucius Verus. La mention Nous pouvons proposer une autre interprétation. En
des empereurs vivants permet de dater sa promotion, et effet, la loi coloniale d'Urso, en Bétique, datée de 44 av.
l'inscription, de la période s'étendant entre 161 et 169. J.-C. stipulait que : Isque pontificibus augurisque, qui in
quoque eorum collegio erunt, liberisque eorum militiae mu- L'emploi de la formule choisie, plutôt que celle de v(ir)
e(gregius), suggère fortement que ce chevalier n'a pas nerisque publia vacatio sacrosancta esto [...f : « Et que les
abordé de carrière procuratorienne ; on peut noter égal pontifes et les augures, qui sont dans leur collège, ainsi que
ement l'absence de la mention de milices équestres. Enfin, leurs enfants, soient dispensés de façon sacrosainte des
l'accent est mis sur l'intervention impériale dans la dé charges publiques, et du service armé ». La militia ne peut
signation. désigner que le service armé, compte tenu de la date; le
munus publicum doit être compris comme l'exercice des Notre inscription nous apprend que Cn. Valerius honneurs municipaux10. Le terme vacatio signifie ici la diPompeius Valerianus était augure, c'est-à-dire qu'il avait r
spense temporaire, au contraire de X immunitas, qui est peevêtu une prêtrise typiquement romaine. C'est pourquoi rmanente . L'énoncé suppose donc que le pontificat, et nous pensons que les institutions de Marseille, antique et
l'augurât aient été temporaires. Tel que, le texte établit que, prestigieuse cité grecque, avaient &#

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents