Comment les équipes françaises recrutent-elles ?
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De plus en plus concurrentiel, le marché des transferts prend de l'ampleur chaque année, au point de conditionner l'avenir de certaines équipes. Bien loin des transferts les plus médiatiques, les formations françaises doivent être inventives. Mais comment procèdent-elles concrètement pour tirer les marrons du feu dans le concert international ?

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Extrait

Comment les équipes françaises recrutent-elles ?
Romain Lemarchand passe d'AG2R à Cofidis.

On est à des années-lumière des escouades foisonnantes aperçues dans le football. Quand le ballon rond consacre des moyens financiers démesurés pour constituer des équipes de recruteurs, le vélo fait avec les moyens du bord, c'est-à-dire avec les membres du staff. Sus aux cellules de recrutement pléthorique ou aux "scouts", fonction très à la mode dans le foot, le recrutement est l'apanage du staff, et n'est qu'une simple facette de leur métier. "Chez nous, c'est la cellule de direction sportive qui s'en occupe, explique Stéphane Heulot, manager de Saur-Sojasun. Le recrutement concerne donc les directeurs sportifs, les entraîneurs, ainsi que les différentes personnes qui interviennent directement sur le terrain et vont à la pêche aux infos tout au long de l'année. La proximité avec certains coureurs nous permet également de récupérer des informations.

A la fin, c'est moi qui tranche, surtout pour statuer d'un point de vue budgétaire." Le staff est donc mis à contribution tout au long de la saison, une répartition des rôles qu'a également adoptée AG2R-La Mondiale, pourtant en World Tour. "Les plus investis dans le recrutement sont Julien Jurdie, Laurent Biondi (tous deux directeurs sportifs, Ndlr) et moi-même. On décide ensemble des coureurs que l'on souhaite engager en fonction des possibilités existantes. Tout marché a ses règles, les mêmes coureurs sont sollicités souvent par de nombreuses équipes. Il faut donc s'arracher pour arriver à construire l'équipe que l'on souhaite. Quelquefois, c'est l'inverse : des coureurs aimeraient bien intégrer l'équipe, mais ils ne sont pas forcément en positon favorable. C'est la loi de l'offre et de la demande, comme dans tous les domaines." Il s'agit ici de recrutement à proprement parler, mais les équipes professionnelles puisent également dans le vivier amateur pour dégoter des perles rares et... bon marché.

C'est la raison d'être des équipes réserves, Chambéry Cyclisme Formation pour AG2R et Sojasun Espoir pour Saur-Sojasun qui évoluent en DN1. "C'est là qu'on va puiser nos néoprofessionnels, commente Stéphane Heulot. On en a déjà sorti un bon petit paquet : Pierre Rolland, Julien Simon..."

Ces solutions internes - expertise des directeurs sportifs d'un côté et équipe espoirs de l'autre - ne sont qu'une des facettes du recrutement, et bien souvent, les sollicitations viennent de l'extérieur, au grand dam du staff... "On est souvent abordés par des managers ou des agents", confirme Vincent Lavenu. "Ce sont des gens dont on se passerait bien, lâche Stéphane Heulot. Personnellement, je préfère discuter directement avec le coureur, je n'achète pas un numéro ni du bétail. Ce système comporte peut-être des avantages pour le coureur, mais je préfère avoir affaire à la personne avec qui je compte travailler." Les voies de recrutement sont classiques, mais elles ne disent rien des critères sur lesquels se fonde la prise de décision. Ils sont de deux ordres, objectifs et subjectifs. "Le staff fait remonter des informations sur untel ou untel, précise Stéphane Heulot.

Il y a aussi bien évidemment l'étude des résultats au quotidien. On connaît quand même très bien les coureurs. Les paramètres que l'on ne connaît pas, ce sont son mode de fonctionnement, son approche de la compétition, sa personnalité et son comportement en groupe. La valeur athlétique ne fait pas tout." "L'état d'esprit du coureur compte aussi, renchérit Vincent Lavenu. On peut obtenir des informations à ce sujet via des coureurs ou des journalistes. Certains d'entre eux sont très au courant de ce qu'il se passe dans le monde entier." Aux données brutes et à l'état d'esprit, il faut rajouter le ressenti en course, "ce que l'on peut observer sur le terrain", poursuit Vincent Lavenu. Va pour la France, mais quid de l'étranger ?

Là, les choses sont plus délicates surtout pour une équipe comme Saur-Sojasun, moins "ouverte" que son homologue à l'international. "Pour l'étranger, c'est un peu plus élaboré, explique le manager de la formation bretonne, on s'appuie sur des référents répartis dans différents pays. Ce sont eux qui nous renseignent. (...) Aujourd'hui, on est 100% français, mais ce n'est pas de la ségrégation (l'équipe réserve compte un Britannique, James McLaughlin, Ndlr), c'est plus une question d'opportunités et du fait de notre meilleure lecture des coureurs français. Mais c'est un point sur lequel on va insister car c'est un signe d'ouverture. C'est intéressant d'avoir une autre approche de la performance. On s'ouvre, mais on y va pas à pas." Une lecture qui repose sur un outil à la portée du commun des mortels : Internet. Se renseigner sur un coureur est un exercice qui passe avant tout par la lecture des classements. "On possède aujourd'hui avec Internet des outils qui nous permettent d'approfondir les recherches et d'avoir une idée précise de chaque coureur, en termes de résultats, d'historique, de points...", assure Vincent Lavenu. "Il est très facile de s'informer sur le niveau athlétique du coureur, confirme Stéphane Heulot.

"Peu de coureurs échappent au système de détection" (Stéphane Heulot)

Les classements, la régularité, ses pics de forme, sa progression, tout ceci se conçoit au quotidien et on a aujourd'hui une lecture assez précise de chaque individu. Internet est plus ou moins fiable, mais ce sont toujours les mêmes coureurs qui ressortent."

Assez artisanales de prime abord, les méthodes de recrutement made in France paraissent efficaces aux yeux des deux managers. "Ce n'est pas toujours facile d'être partout en même temps. Il y a forcément quelques trous (sic), quelques coureurs qui échappent au système de détection, mais ils ne sont pas nombreux car le vrai dénominateur commun pour passer professionnel, c'est l'équipe de France, et Bernard Bourreau (DTN élites et espoirs, Ndlr) et Pierre-Yves Chatelon (DTN juniors, Ndlr) font un excellent travail. Il y a des années où les offres sont moins importantes que les demandes et il peut y avoir des oublis, mais je n'ai pas le sentiment que ce soit délirant." Qu'en pensent Romain Sicard et Warren Barguil ?

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