Les migrations italiennes à travers les Alpes - article ; n°345 ; vol.64, pg 340-358
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Description

Annales de Géographie - Année 1955 - Volume 64 - Numéro 345 - Pages 340-358
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1955
Nombre de lectures 68
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Gilbert Acher
Les migrations italiennes à travers les Alpes
In: Annales de Géographie. 1955, t. 64, n°345. pp. 340-358.
Citer ce document / Cite this document :
Acher Gilbert. Les migrations italiennes à travers les Alpes. In: Annales de Géographie. 1955, t. 64, n°345. pp. 340-358.
doi : 10.3406/geo.1955.14668
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1955_num_64_345_14668340
LES MIGRATIONS ITALIENNES A TRAVERS LES ALPES
Les déplacements à travers les Alpes des Piémontais, des Lombards et
des Vénétiens, auxquels se sont joints peu à peu les habitants des provinces
situées au Sud du Pô, représentent le mouvement migratoire d'une popula
tion méditerranéenne se détournant partiellement de la mer. Cette dualité
des courants humains issus de la péninsule, orientés, l'un, vers des pays
situés au delà du massif et dotés depuis des siècles de bonnes conditions
d'attraction, l'autre, vers des pays extra-européens à économie plus spéculat
ive, possède des antécédents historiques anciens. Le premier constitue une
circulation montagnarde immémoriale dont les aspects économiques ont pu
être saisis nettement dès le haut moyen âge1. Le second, lié à la fortune
changeante du littoral méditerranéen, puis du continent américain, est plus
épisodique2.
L'importance relative de ces deux courants qui n'ont pas été étrangers
l'un à l'autre n'est saisissable qu'à partir de 1876, date des premières statis
tiques italiennes d'émigration. Encore s'agira-t-iljd'un enseignement approxi
matif, puisque le calcul de l'émigration définitive à destination des pays
européens n'a été entrepris qu'au lendemain de la première guerre mondiale.
L'examen préliminaire des sources statistiques apparaît, dans ces condi
tions, nécessaire.
I. — Les sources statistiques d'émigration et d'immigration
L'Italie possède deux grands documents officiels sur l'émigration de ses
nationaux : la Statistica deW emigraziona italiana per Vestero, qui couvre la
période 1876-1920, et la Statistica del Commissar iato Générale dell'emigrazione,
commencée en 1902, toujours publiée3. A la différence du premier document,
le second en dénombrant les retours de nationaux permet d'évaluer par
soustraction l'émigration définitive. Ce dénombrement des retours, commencé
en 1902 pour les contrées d'immigration situées au delà du canal de Suez et
du détroit de Gibraltar autres que les pays européens, ne fut étendu à l'émi
gration continentale qu'après 1920.
Compte tenu de ces réserves, il est nécessaire de chercher dans les statis
tiques italiennes les réponses aux quatre interrogations suivantes :
— quelle est l'importance numérique du courant transalpestre et com
ment évolûe-t-il par rapport au courant maritime ?
— dans quels pays prend-il fin ?
1. P. Guichonnet, L'émigration alpine vers les pays de langue allemande {Revue de Géogra
phie Alpine, 1948, fasc. 4, p. 533-576).
2. S. Introna, Panorama dell'emigrazione italiana (Rivista di politica economice, mai 1951,
p. 594-603).
3. Le premier document donne des indications légèrement supérieures à la réalité, parce
que basé sur la statistique des certificats nulla hosta de 1876 à 1904, puis sur celle des passeports.
Le second, constitué par les statistiques portuaires et frontalières, est nettement on deçà de la
vérité. On lui reprochera en outre de recenser des « emigrants » selon une définition modifiée par
le législateur à des fins parfois politiques. MIGRATIONS ITALIENNES A TRAVERS LES ALPES 341 LES
— de quelles provinces italiennes sont originaires ceux qui le composent ?
— quelle est la valeur économique et démographique de ces derniers ?
Le tabieau I schématise la première réponse :
Tableau I.
Moyenne annuelle p. 100 de l'émigration
de l'émigration totale CONTINENTALE Période
brute nette brut net
1876-1880 108 797 75,2
1881-1885 154 141 61,7
1886-1890 221 699 40,9
1891-1895 256 511 42,5
1896-1900 310 435 47,8
1901-1905 554 050 44,2
1906-1910 651 288 39,5
1911-1915 548 612 44,4
1916-1920 217 001 44,1
1921-1925 303 264 159 983 56,8 58,4
1926-1930 227 413 78 886 60,6 69,8
1931-1935 91 638 24 420 69,2 96,5
84 201 1936-1940 20 997 76,6 53,3
- 20 038 1941-1942 124 978 100 98,2
121 082 98 680 70 67,8 1946-1947
179 609 114 741 90,2 1953 22,9
Une évolution en quatre étapes se dégage de ces chiffres. Du début de
la période statistique à 1884, le courant méditerranéo-continental a dominé.
Il a ensuite été dépassé par le transocéanique, non point par raré
faction des effectifs d'émigrants (ses moyennes absolues sont er progression
de 1876 à 1915), mais parce que de nouvelles provinces s'ouvrant à l'émi
gration ont massivement choisi la route du continent américain. La ferme
ture des États-Unis aux Latins et aux Slaves au lendemain de la première
guerre mondiale et l'énorme crise économique qui frappa ensuite davantage
le Nouveau Monde que l'Europe renversèrent la proportion et, durant la
période quinquennale 1936-1940, le courant méditer^anéo-continentai avait
retrouvé la prépondérance des trois quarts qu'il avait au début de la période
statistique. Cette réorientation s'opéra dans des conditions inverses de la
précédente : il y eut non pas un accroissement numériquement du courant
(les moyennes annuelles sont en régression dans l'intervalle des deux guerres),
mais un arrêt brutal de l'émigration originaire des provinces méridionales1.
La quatrième étape ne fait que s'amorcer et les chiffres de l'émigration médi-
terrariéo-continentale sous régime républicain tardent à être publiés en
totalité. Il semblerait toutefois que l'émigration italienne brute ait retrouvé
son volume d'avant 1930.
1. H. William, South Italian folkways in Europe and America, New Haven, 1938.
2 2 * 342 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
Les mouvements méditerranéo-continentaux se terminent en France,
en Suisse, en Allemagne et en Autriche (tableau II) :
Tableau II.
Suisse Allemagne Autriche France
p. 1 00 p. '. 00 P- iOO p. 100 Période
brut net brut net brut net brut net
? 1876-1880 44,8 ? 16,1 ? 8,9 ? 23,3
1881-1885 46,7 ? 7,4 f 7,3 t 26,9 ?
1886-1890 33,4 ? 7,9 ? 11,4 37,6 ?
? 1891-1895 24,6 ? 11,1 14 f 33,3 f
? 1896-1900 16,8 ? 17,2 20,8 ? 31,4
? 22,1 22 ? 22,8 ? 22,2 y 1901-1905 ? 1906-1910 23,4 30 ? 25,7 ? 14,4
1911-1915 26,7 ? 29,4 ? 23 ? 13,1
1916-1920 74 ? 1 70,8 15,7 ? 0,9 — 1921-1925 76,4 74,6 6 4,4 0,8 1 — 1926-1930 68,7 70,7 14,1 1,1 1 6,3
55,4 170 1931-1935 20,3 19,6 1 0,3
1936-1940 11,7 163 6,6 11,9 71,7 290 — — — 1941-1942 148,7 0,3 1 99,2 — 61,7
_^- — — — 1946-1947 38,4 38,6 24,5 27,1 — 1953 32,7 69,5 47,8 12,9 0,8 4,2 13,3 15,4
Ces quatre pays absorbent — ou ont absorbé — environ 80 p. 100 de
l'émigration méditerranéo-continentale. Il n'est pas sans intérêt de noter
sur le strict terrain des chiffres comment chacun d'eux s'est successivement
ouvert ou fermé aux emigrants italiens1. Certes, la défaite économique encore
plus que politique des empires centraux dans la première guerre mondiale,
en fermant ceux-ci aux Italiens, a donné à cette émigration une destination
principalement française et accessoirement suisse. La reprise en 1938 des
mouvements vers l'Allemagne, qui se préparait fébrilement à la guerre, ne
pouvait pas durer. Aussi les grands traits de l'émigration italienne d'avant
1938 se retrouvent -ils dans les mouvements d'aujourd'hui avec cette diff
érence que la Suisse, qui échappa aux destructions du conflit, est devenue le
premier débouché à l'émigration italienne. Le fait n'est pas sans précédent
et l'on remarquera dans le tableau II qu'entre la grande crise de 1907 et
la conflagration générale de 1914 c'est pour ce pays que partaient la major
ité des Italiens2. La présence en Allemagne occidentale de millions de réfu
giés venus de l'Est a arrêté, peut-être provisoirement, l'immigration italienne.
Mais on se souviendra qu'entre 1876 et 1914 la part de la France dans l'a
bsorption de cette immigration fut décroissante, tandis que simultanément
augmentait celle de l'

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