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Quand le journalisme devient Publicité http://www.criticize-me.com Introduction La collecte, le rassemblement d’informations, l’interprétation, toutes ces actions sont le fondement même du travail journalistique. La France connaît à l’heure actuelle un bourgeonnement dans le domaine du journalisme par la pluralité des médias et par les formations existantes dans ces métiers. Aujourd’hui il y a plus de trente sept milles journalistes exerçant sur les différents médias en France. Aujourd’hui, chacun de nous se doit de puiser dans les différents médias pour s’informer et comprendre les rouages du monde actuel. Chacun de nous devient également un journaliste à part entière avec l’expansion d’Internet et le développement de plates formes comme les blogs ou les sites. Ce phénomène pourrait même entraîner, aux yeux de certains, une diminution de la professionnalisation du métier de journaliste car désormais chacun peut se vanter de trouver l’information plus vite et plus efficacement que son voisin. Si la question de la professionnalisation du journalisme se pose aujourd’hui c’est aussi du en grande partie à l’absence de neutralité de certains journalistes sur différents thèmes ou articles transmis par ces derniers. La pléthore d’émissions dites journalistes sert souvent de révélateur aux partis pris des uns et des autres et la tentation permanente des journalistes de couper la parole à leurs interviewés s’inscrit dans cette neutralité mal contrôlée.

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Publié le 13 janvier 2012
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Langue Français

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 Quand le journalisme devient Publicité  http://www.criticize-me.com  Introduction  La collecte, le rassemblement d’informations, l’interprétation, toutes ces actions sont le fondement même du travail journalistique. La France connaît à l’heure actuelle un bourgeonnement dans le domaine du journalisme par la pluralité des médias et par les formations existantes dans ces métiers. Aujourd’hui il y a plus de trente sept milles journalistes exerçant sur les différents médias en France. Aujourd’hui, chacun de nous se doit de puiser dans les différents médias pour s’informer et comprendre les rouages du monde actuel. Chacun de nous devient également un journaliste à part entière avec l’expansion d’Internet et le développement de plates formes comme les blogs ou les sites. Ce phénomène pourrait même entraîner, aux yeux de certains, une diminution de la professionnalisation du métier de journaliste car désormais chacun peut se vanter de trouver l’information plus vite et plus efficacement que son voisin. Si la question de la professionnalisation du journalisme se pose aujourd’hui c’est aussi du en grande partie à l’absence de neutralité de certains journalistes sur différents thèmes ou articles transmis par ces derniers. La pléthore d’émissions dites journalistes sert souvent de révélateur aux partis pris des uns et des autres et la tentation permanente des journalistes de couper la parole à leurs interviewés s’inscrit dans cette neutralité mal contrôlée. En effet, la prise de partie peut être l’une des faiblesses d’un bon journalisme ; et le lien entre la notion d’article, d’enquête et de thèse et la notion de publicité peut très vite être établi. Il convient de déterminer avant toute autre chose ce qu’est la notion de neutralité. Les dictionnaires sont alors un précieux recours pour définir de manière objective cette neutralité attendue ou du moins espérée des journalistes. Le dictionnaire Littré donne une définition rapide et intéressante : « Caractère, attitude d'une personne, d'une organisation, qui s'abstient de prendre parti dans un débat, une discussion, un conflit opposant des personnes, des thèses ou des positions divergentes. ». Plus que cette définition, ce sont les restrictions apportées par ce même dictionnaire qui paraissent les plus intéressantes : on parle alors de neutralité absolue; rigoureuse, stricte neutralité; neutralité bienveillante. La déclinaison de ce terme introduit alors des nuances qui a priori ne devraient pas exister. Si la notion même de neutralité qui accompagne logiquement le travail et la restitution du journaliste est à ce point sujet à des tonalités différentes, il parait alors bien difficile de cantonner le journaliste dans le rôle d’un observateur et d’un restituteur détaché de son sujet d’observation. Cependant même si cette notion première complique les choses il convient de se demander quelles sont les limites à ne pas franchir ou du moins les frontières épistémologiques à ne pas dépasser. En un mot, à partir de quand peut-on dire qu’un article de 
journal ou une enquête journalistique devient une réelle publicité, assurant la promotion, en bien ou en mal, d’un individu, d’un organisme, ou même quelques fois d’une simple réalité parfois marchande ex journalistes qui deviennent des promoteurs de produits dans les téléachats tout en revendiquant une carte et un statut de journaliste ; un exemple bien connu renvoie au journaliste Pierre Bellemare qui anime des émissions très connues racontant des histoires, mettant en scène des grands épisodes et des grands hommes pendant une cinquantaine d’année et qui termine en animant le club achat fondé et financé exclusivement sur la publicité. Cet exemple assez célèbre pourrait se décliner. Il est révélateur d’une confusion des genres qui nous intéresse particulièrement ici. Cette question de la neutralité des journalistes ou du moins de leur absence de compromission avec leurs sujets est souvent évoquée notamment dans les blogs internet qui s’interrogent souvent la validité de la bonne information, ce qui prouve combien cette interrogation dans le paysage médiatique très bigarré et multimédias d’aujourd’hui intéresse et questionne: le livre d’Erik Neveu a lui aussi consacré quelques pages intéressantes à cette problématique. Nous utiliserons des exemples d’articles et même de journaux entiers qui aujourd’hui affirment un parti pris, que ça soit dans le domaine politique, économique ou même culturel. La notion d’objectivité et d’impartialité des médias sera donc au coeur de cette enquête. Nous évaluerons les conséquences que peuvent entraîner un parti pris de la part des « informateurs » de ce monde. La grande tentation serait de détruire le rendu journalistique mais attention, toutefois, il ne s’agit nullement de décrédibiliser le métier de journaliste mais plutôt en dessinant un tableau le plus nuancé possible des possibilités, des facilités et des dérives éventuelles de réfléchir à la nature réelle de ce métier. Le respect des hommes et des femmes qui l’exercent et pour certains parfois dans des conditions difficiles — les jours de détention en Afghanistan des journalistes de France 3 scandés tous les soirs sur les chaines publiques le rappellent avec force est un préalable indispensable mais on ne peut pas s’en contenter. De la prise de position assumée ou quelque fois dissimulée à la publicité revendiquée ou masquée il peut y avoir une distance mais aussi une confusion des genres dommageable pour la qualité de l’information. Nous essaierons donc de déterminer d’abord ce qu‘est le journalisme puis les tentations de la prise de la position et les éventuelles dérives liées aux conséquences.
Le journalisme et ses valeurs Les études de journalisme attirent bon nombre d’étudiants, encore aujourd’hui, et les conditions d’entrée dans les écoles de journalisme sont sévères tant en culture générale qu’en capacités d’écriture. Ce qui pourrait sembler normal étant donné l’attrait de ce métier auprès des jeunes mais qui s’inscrit un peu en faux par rapport à la multiplication actuelle des médias[1]. Il convient donc de se poser la question : Qu’est ce qu’est un journaliste ? Une fois encore il faut partir de la définition officielle relayée par les dictionnaires : « Ensemble des activités se rapportant à la rédaction d'un journal ou à tout autre organe de presse écrite ou audiovisuelle (collecte, sélection, mise en forme de l'information) ; profession du journaliste. Il s’agit d’une manière d'écrire, de présenter les événements, propre aux journalistes. »[2] Voici la définition du journalisme tel que l’entend l’encyclopédie Larousse aujourd’hui. Elle désigne des capacités professionnelles, une profession mais ne dit rien de l’éthique des dits journalistes. Une autre définition est celle du dictionnaire Lexigos sur internet encore plus rapide « Personne dont le métier est d'écrire dans un ou plusieurs journaux ». Il est intéressant de noter dans cette définition que sont exclus tous ceux qui travaillent pour les medias audiovisuels ou internet. Cette définition semble tout à fait dépassée voire obsolète pour désigner l’ensemble des porteurs d’une carte de journaliste, sésame pour être bien placé lors de l’entrée du festival de Cannes ou accrédités auprès des organismes politiques, financiers, économiques ou culturels de la planète. Seuls ces accrédités peuvent prétendre loger dans les immeubles de presse de la
planète en guerre en Lybie par exemple. Cette deuxième définition ne met pas plus en avant les capacités professionnelles demandées à ces journalistes et bien sur ne met pas l’accent non plus sur l’éthique journalistique[3]. En effet, dans cette définition nous ne voyons à aucun moment le terme de « prise de position » pour qualifier le métier de journaliste. Celui-ci ne serait-il alors jamais confronté à ce problème ? Aurait-il sans cesse la possibilité de relater et de mettre en forme des informations sans intervenir en tant qu’homme, en tant que citoyen ou simplement en tant qu’être engagé ? Y- a t-il une possibilité de mettre en forme de manière détachée ? Cette question est très ancienne et dans les préfaces de bien des écrits de journalistes ou d’historiens confrontés au même problème, on trouve mention du fait que seules ont été mises en formes et classées des informations sans prise de position de leur auteur. Dans des périodes historiques anciennes ou sous des régimes autoritaires, prendre position pouvait se révéler dangereux : ces préfaces étaient donc une garantie, une manière de se protéger mais trompaient-elles vraiment quelqu’un ? En effet, lorsqu’un individu écrit, rédige et raconte des événements, il est normal de penser que ce dernier ne peut être totalement neutre et ne peut faire ressortir un tant soit peu de ses propres sentiments vis-à-vis de ce qu’il évoque. Au départ le journaliste ne serait alors qu’un homme ou une femme qui s’intéresse uniquement aux faits ? L’exemple de la Lybie est intéressant à ce point de vue ; les journalistes du monde entier se sont retrouvés du coté des rebelles à Benghazi au moment ou l’armée libyenne menaçait la ville d’écrasement. Les appels au secours de la population ont été relayés par les journalistes en direction des pouvoirs politiques occidentaux, de l’Onu et des opinions publiques internationales. Sans l’engagement 
physique et moral des journalistes, les pays occidentaux déjà très divisés sur cette affaire, ne seraient peut être pas intervenus. L’exemple Syrien illustre tout à fait ce phénomène en creux, puisque aucun journaliste étant tolérés, le monde ne réagit pas face à l’ampleur de la répression. Le journaliste est donc un être de chair et de sang dont l’engagement peut être aussi un élément constitutif de son métier. La revue Médias et démocratie avait consacré un numéro entier à ces questions réactualisées aujourd’hui dans la crise actuelle des régimes arabes[4].. Deux notions sont souvent accolées à la qualité de journaliste : ce sont les termes d’objectivité et de subjectivité. Qu’en est-il exactement ? Ces termes sont-ils opérationnels pour nos journalistes et que recouvrent ils exactement dans le discours écrit ou audiovisuel ? L’objectivité, c’est avant tout décrire les faits, rien que les faits. C’est une vision qui peut vite paraître très restrictive car elle ne s’intéresse qu’au factuel ; l’avis donné n’est alors qu’une retransmission telle une dépêche AFP qui se contente d’une information basique : « DSK arrêté dans son avion à JFK ». La nouvelle donnée n’a qu’une valeur informative, elle ne dit rien des raisons ni des conséquences ni même finalement de la réalité ressentie. A priori ce factuel devrait servir de base au métier mais il se révèle très vite insuffisant aussi bien sur son énoncé que dans sa perception des choses. Si on se tenait uniquement à cette objectivité, nous n’aurions que les dépêches AFP qui pourraient prétendre être des actes de journalisme. La subjectivité, elle, au contraire, sous entend que la personnalité d’un auteur, ou même quelque fois d’un lecteur joue un rôle dans la prise d’informations. C’est cette notion qui joue un rôle de trouble fête dans le métier de journalisme, car elle sous-entend, que la neutralité d’un article 
ou d’une enquête journalistique est ainsi sur la tangente. Pour autant, ces deux notions ne sont pas totalement contradictoires et sont d’ailleurs présentes dans notre quotidien à tous. Prenons un exemple tout simple : une recette de cuisine peut être suivie par deux personnes distinctes avec exactement les mêmes ingrédients et les mêmes ustensiles ; pour autant il est fort à parier que les mets préparés ne seront pas exactement les mêmes. La raison ? Elle est simple, selon l’âge du lecteur, selon sa capacité de lecture, selon leurs attentions à l’égard de la recette, ils n’auront pas forcément adopté la même aptitude à recevoir l’information, alors qu’ils ont suivis exactement la même recette. Les exemples de ce genre sont très nombreux et prouvent ainsi que l’attitude du lecteur, entre en adéquation ou en conflit avec l’article de presse établi par un journaliste et la simple lecture confère à celui ci une tonalité parfois différente de celle que l’auteur avait voulu lui donner. En fait, l’objectivité n’est sans soute pas un réel but à atteindre pour le journaliste : un journaliste est là pour donner des faits mais surtout pour donner des clés de lecture et de compréhension du monde. On pourrait ici reprendre l’exemple libyen, il est certain que la présence et le cri au secours relayé par les journalistes ont permis au monde de voir d’abord puis de comprendre ce qui était en train de se passer dans les faubourgs de Bengazi. Mais la subjectivité prend systématiquement le dessus, car elle dépend des moeurs, (une guerre n’est jamais racontée de la même façon selon là ou on se trouve) des coutumes et des appréhensions des lecteurs, en plus d’être écrite par des journalistes prenant quelques fois des positions claires et affirmées. Le talent non négligeable des journalistes, leur honnêteté, leur culture et leur appréhension du monde sont des éléments clés qui donnent à leurs articles ou leurs interventions une tonalité différente.
La meilleure preuve pour illustrer le fait que l’objectivité soit un but quasi-irréalisable dans le domaine du journalisme, c’est la pluralité des médias. En effet, pourquoi y aurait-il autant de journaux différents, autant de médias faisant circuler l’information, la commentant voire en la créant si l’objectivité totale était possible, si seul le factuel était envisageable ? Un seul suffirait. C’est d’ailleurs une tentation importante et l’on voit tourner en boucle sur de nombreux médias, les dépêches de BFM TV reçues sur les Smartphones et reprises telles quelles dans la presse écrite et télévisuelle. Ainsi, il serait bon de parler de notion d’honnêteté et de bon-vouloir pour distinguer les journalistes qui essayent de circuler l’information et d’informer le monde entier, sans vouloir exprimer leurs points de vues personnels, plutôt que d’objectivité. Objectivité et Subjectivité seraient donc deux notions indissociables. Le tout est de savoir si un journaliste, dans la prise de ses fonctions, peut être à la fois proche de l’objectivité et maîtriser la notion de subjectivité sans pour autant devenir leader d’opinion.
La folie des réseaux sociaux La grande nouveauté actuelle et la difficulté principale aujourd’hui vient de l’expansion des réseaux sociaux et des blogs, où tout le monde et chacun en particulier peut devenir journaliste ou du moins essaie de le devenir. Le métier de journaliste concernerait alors tous les individus. Quelques exemples peuvent nous aider à y voir clair. Le réseau social Twitter est actuellement très sollicité par de nombreux internautes et on voit circuler des monceaux d’information dans lesquelles il est parfois possible de se perdre ou de passer à côté d’une information importante puisque tout apparait mis sur le même plan. L'apport d'un réseau Twitter, dans l'acquisition d'informations d'un internaute lambda, est un phénomène récent mais massif notamment dans chez les jeunes mais aussi et peut être encore davantage chez les professionnels eux-mêmes surcout ceux de 30 -40 ans qui se révèlent les principaux utilisateurs. Quelles sont les principaux enjeux de ces nouveaux médias ? y a-t-il un risque particulier lié à la masse d’informations en circulations Assiste-t-on à un phénomène de désinformation ? Mélangée parmi tous les Tweets existants, la vraie information peut, finalement, avoir du mal à être transmise aux internautes. En effet, avec toutes les rumeurs, les supposés et les dérives exposées sur Twitter, nous sommes en droit de nous demander si l'information, que nous lisons, est censée. Aujourd'hui, heureusement, les internautes prévoyants, ne se contentent pas d'un réseau social pour valider une information, et vont donc chercher confirmation auprès de sites dits "sérieux". Mais le risque serait que ces mêmes sites se servent uniquement de Twitter justement pour alimenter leurs articles. On assisterait alors à un phénomène d'échanges basé uniquement sur la rumeur et sur le ouï-dire. De plus, cette capacité à divulguer l'information en quelques secondes seulement et juste avec l'aide d'un téléphone portable fait de nous des apprentis journalistes; ce qui entraîne une diminution de la professionnalisation du journalisme. Phénomène déjà constaté avec l'ascension récente des blogs. L'autre volet de ce grand changement de comportement c'est l'immédiateté : Nous voulons joindre les gens tout de suite. Nous n'avons plus la possibilité de décrocher du monde sauf si on ne succombe pas à l'appel de ces nouveaux «forums mondiaux». Vouloir être toujours joignable et vouloir que les autres le soient c'est aussi une surveillance et un comportement d’impatience qui se développent. Cela change notre rapport au monde et au temps Jamais un réseau social n'aura illustré l'évolution de la société aussi bien que Twitter. L'atout "rapidité d'accès à l'information" dont jouissent aujourd'hui les utilisateurs, est remis en cause par la légitimité de ces informations. Aujourd'hui, nous vivons dans un monde où tout tourne très rapidement, et pour y rester accroché, on se doit d'être vigilant, c'est évident.
Aujourd'hui donc, tout le monde devient journaliste, tout le monde peut avec l’aide d’un simple téléphone portable transmettre l’information rapidement et à très grande échelle. On peut reprendre le cas de la Syrie déjà évoquée ; les journalistes ont été interdits de résidence afin de ne pas dévoiler au monde entier ce qu’il se passe sur le territoire. C’était sans compter Internet et les téléphones portables des résidents qui ont été la liaison directe pour les médias du monde entier. Si l’ensemble du monde reçoit l’information et les images des manifestations durement réprimées par le pouvoir et l’armée, il n’en reste pas moins que le relais informatif par les citoyens n’a généré que la pitié, l’intérêt, la condamnation solennelle mais n’a pas suscité l’engagement militaire ou simplement l’ingérence de l’occident. Seuls, nous l’avons vu, la caméra et l’appel des vrais journalistes a eu du succès en Lybie Cependant le succès de ce type de phénomène est de plus en plus forte et a récemment été constatée avec l’audience de Dominique Strauss Kahn au tribunal de New York, ou les informations venaient en temps réel grâce à la magie de Twitter. Tous les internautes du monde entier mais aussi tous les téléspectateurs pouvaient suivre l’affaire judiciaire en direct. Cela a choqué en France surtout d’ailleurs les hommes politiques affolés que l’un des leurs soit traité comme un vulgaire criminel sans considération pour son statut politique. Le public était lui plutôt en état de sidération pour employer le mot qui a circulé dans toute la presse pour décrire son attitude à la fois scotchée devant l’information et le dépit devant un comportement criminel si il est avéré. Ces nouveaux moyens d’information véhiculent donc une information peu triée, peu valorisée ou survalorisée pour de mauvaises raisons et ils ont tendance à n’accorder qu’une place seconde aux journalistes. Dans l’un de ses premiers chapitres de son ouvrage Sociologie du journalisme Erik Neveu, tire un portrait assez alarmant du journalisme à la française. Il y souligne notamment, la volonté de certains jeunes journalistes d’essayer de grimper assez haut dans la hiérarchie de leurs entreprises en prenant des risques et en s’exposant médiatiquement. Par cette méthode, certains vont même jusqu’à prendre des positions affirmées afin d’être entendus médiatiquement et de faire parler d’eux. En effet, nombreux sont les journalistes qui aujourd’hui revendiquent leurs opinions et qui créent un tapage médiatique afin d’être reconnus dans le métier qu’ils exercent. Ce phénomène a pris une dimension remarquée grâce à la mise en place d’éditoriaux. Les éditos sont un parfait exemple de la subjectivité d’un article journalistique car même s’il s’agit d’un article reflétant l’avis et la personnalité de son auteur, il est néanmoins écrit par des journalistes de profession qui sont suivis et quelques fois approuvés par grand nombre de lecteurs. La fonction même d’un édito est d’être une mise en perspective assumée et revendiquée comme telle par un auteur qui signe son article. C’est une analyse qui apparente le journaliste à un analyste politique,
économique ou de quelque autre domaine ; les journaux télévisés font appel à leurs journalistes phares pour présenter des analyses lors de leurs journaux du soir et ils sont nommés comme analystes politiques et non comme journalistes. Ils sont pourtant bien titulaires d’une carte de presse. Le journalisme n’est plus simplement une fonction de mise en forme mais s’affiche donc comme une prise de position. La définition de journaliste n’a plus exactement la même signification. L’un des exemples les plus connus aujourd’hui est sans doute le cas d’Eric Zemmour, journaliste au Figaro (journal plutôt proclamé de droite) et qui exerce également dans l’édito à la radio sur RTL. Quand ce journaliste est invité à s’exprimer sur un plateau de télévision sur un sujet d’actualité, il s’exprime à sa façon et créé une polémique. Suite à cela, certains prennent sa défense, certains sont choqués, mais pour tous, la notion de journaliste que ce dernier est censé représenter n’est plus proche de celle qu’on peut lire à travers les différentes encyclopédies et dictionnaires. De plus en plus de journalistes ne suivent plus à la lettre la valeur même du bon journalisme qu’est la neutralité, en revendiquant ainsi des positions claires. On se souvient notamment du journaliste politique Alain Duhamel qui, en 2006, a écrit un livre où il cite les différentes raisons pour lesquels les candidats à l’élection présidentielle pourraient être élus. Il en oublie juste de mentionner le cas de Ségolène Royal, et s’en tire en se justifiant simplement par le fait qu’il ne la voyait pas devenir présidente. Voici un exemple de plus de la prise de position flagrante de certains journalistes, en général assez exposés sur la scène médiatique et dont les déclarations sont souvent scrutées même si elles ne sont pas forcément suivies d’effet. 
Les tentations des journalistes Quel est l’enjeu d’un tel glissement, outre la fonction analyste des journalistes qui s’est développée au point de devenir essentielle, il en existe un autre lié à la tentation de la publicité. Analyser peut promouvoir une idée, un homme ou une femme, un parti, une réalité plutôt qu’une autre, un objet ; les journalistes pigistes d’un supermarché vantant les marques sont souvent moqués mais combien d’entre eux y ont recours lors des périodes de mise au placard ou de simple désaffection du public ou des rédacteurs en chef ? On peut en dire autant de la téléréalité qui attire bon nombre d’entre eux. Le cas de Danièle Gilbert si il est le plus connu n’est pas isolé le moins du monde et les grands journalistes très connus y ont tous un jour ou l’autre eu recours. Inconsciemment, le journalisme ferait donc office de support publicitaire. Cela entraine donc des conséquences quant à l’appropriation de certaines informations pour le grand public : En admettant qu’un édito politique, par exemple, prône les mérites de tel ou tel candidat, il assure par conséquent une publicité certaine pour ce même candidat, auprès des lecteurs. Certes, ces lecteurs pourront se créer leurs propres avis en lisant notamment d’autres articles d’autres journalistes ou en enquêtant eux mêmes, mais lorsque l’on sait qu’aujourd’hui des élections présidentielles peuvent se jouer en majeure partie sur le populisme, on peut estimer que
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