Des schémas de construction d'objets aux classifications - article ; n°4 ; vol.45, pg 363-374

Annie Desprels-Fraysse

Description

Enfance - Année 1992 - Volume 45 - Numéro 4 - Pages 363-374
Pour tester l'hypothèse de Nelson d'une dérivation des schémas aux catégories fonctionnelles puis aux classes logiques, nous avons conçu un apprentissage : 1) du schéma d'organisation d'éléments pour réaliser un objet (jeu de construction), puis 2) de la réalisation de catégories fonctionnelles avec les éléments (vis, ëcrous...). Des enfants de 3;6, 4,6 et 5,6 ans ont été soumis à deux conditions : apprentissage de schémas ou jeu de construction libre. Les groupes sont appariés en fonction de l'âge et du niveau opératoire inféré à partir d'une épreuve de classification. Le transfert de l'apprentissage, évalué à partir d'une autre épreuve de classification, ne se manifeste que chez des enfants de 5,6 ans. Leur possibilité opératoire de rechercher des instances (x) qui vérifient une fonction (y) semble un pré-requis nécessaire pour pouvoir transposer l'exhaustivite de la relation qui réunit les parties d'un même objet (rechercher tous les x) et variabiliser y (convenir à la construction d'un objet, partager la même fonction, la même propriété perceptive). La possibilité d'une dérivation des schémas aux catégories semble soumise au niveau initial de l'enfant.
In order to test Nelson 's hypothesis of a derivation from schémas to functional categories then to logical classes we devised a training based on the construction of objetcs from the various elements of a construction set and on the functional categorization of those elements. Two playing rules were given to children aged 3,6, 4,6 and 5,6. One group went through the training. The other was left to play on its own. The groups were made according to age and to operative level as inferred by a classification task. The transfer of training as assessed by another classification task was evidenced only in children aged 5,6. Their operative ability to find out instances (x) that verify a function (y) seems to be a necessary prerequisite for their capacity to transpose the exhaustivity of the relation uniting the parts of a single object ( children find out all the x) and to varia - bilize y (children put objects together so as to construct an object, or so as to collect them according to a common function or perceptual property). The ability to derive schémas to categories seems to be dependant on certain cognitive prerequisites.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié le: 01 janvier 1992
• Nombre de lectures: 58
• Langue: Français

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Annie Desprels-Fraysse
Des schémas de construction d'objets aux classifications
In: Enfance. Tome 45 n°4, 1992. pp. 363-374.
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Desprels-Fraysse Annie. Des schémas de construction d'objets aux classifications. In: Enfance. Tome 45 n°4, 1992. pp. 363-
374.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/enfan_0013-7545_1992_num_45_4_2031Résumé
Pour tester l'hypothèse de Nelson d'une dérivation des schémas aux catégories fonctionnelles puis aux
classes logiques, nous avons conçu un apprentissage : 1) du schéma d'organisation d'éléments pour
réaliser un objet (jeu de construction), puis 2) de la réalisation de catégories avec les
éléments (vis, ëcrous...). Des enfants de 3;6, 4,6 et 5,6 ans ont été soumis à deux conditions :
apprentissage de schémas ou jeu de construction libre. Les groupes sont appariés en fonction de l'âge
et du niveau opératoire inféré à partir d'une épreuve de classification. Le transfert de l'apprentissage,
évalué à partir d'une autre épreuve de classification, ne se manifeste que chez des enfants de 5,6 ans.
Leur possibilité opératoire de rechercher des instances (x) qui vérifient une fonction (y) semble un pré-
requis nécessaire pour pouvoir transposer l'exhaustivite de la relation qui réunit les parties d'un même
objet (rechercher tous les x) et variabiliser y (convenir à la construction d'un objet, partager la
fonction, la même propriété perceptive). La possibilité d'une dérivation des schémas aux catégories
semble soumise au niveau initial de l'enfant.
Abstract
In order to test Nelson 's hypothesis of a derivation from schémas to functional categories then to logical
classes we devised a training based on the construction of objetcs from the various elements of a
construction set and on the functional categorization of those elements. Two playing rules were given to
children aged 3,6, 4,6 and 5,6. One group went through the training. The other was left to play on its
own. The groups were made according to age and to operative level as inferred by a classification task.
The transfer of training as assessed by another classification task was evidenced only in children aged
5,6. Their operative ability to find out instances (x) that verify a function (y) seems to be a necessary
prerequisite for their capacity to transpose the exhaustivity of the relation uniting the parts of a single
object ( children find out all the x) and to varia - bilize y (children put objects together so as to construct
an object, or so as to collect them according to a common function or perceptual property). The ability to
derive schémas to categories seems to be dependant on certain cognitive prerequisites.schémas de construction d'objets Des
aux classifications
Annie Desprels-Fraysse*
RÉSUMÉ
Pour tester l'hypothèse de Nelson d'une dérivation des schémas aux catégories
fonctionnelles puis aux classes logiques, nous avons conçu un apprentissage : 1) du
schéma d'organisation d'éléments pour réaliser un objet (jeu de construction), puis 2)
de la réalisation de catégories fonctionnelles avec les éléments (vis, ëcrous...). Des en
fants de 3;6, 4,6 et 5,6 ans ont été soumis à deux conditions : apprentissage de schémas
ou jeu de construction libre. Les groupes sont appariés en fonction de l'âge et du niveau
opératoire inféré à partir d'une épreuve de classification. Le transfert de l'apprentissage,
évalué à partir d'une autre épreuve de classification, ne se manifeste que chez des enfants
de 5,6 ans. Leur possibilité opératoire de rechercher des instances (x) qui vérifient une
fonction (y) semble un pré-requis nécessaire pour pouvoir transposer l'exhaustivite de la
relation qui réunit les parties d'un même objet (rechercher tous les x) et variabiliser y
(convenir à la construction d'un objet, partager la même fonction, la même propriété
perceptive). La possibilité d'une dérivation des schémas aux catégories semble soumise
au niveau initial de l'enfant.
Mots clés : Schémas, Catégories, Classification, Niveau opératoire, Déve
loppement.
SUMMARY
In order to test Nelson 's hypothesis of a derivation from schémas to functional ca
tegories then to logical classes we devised a training based on the construction of objetcs
from the various elements of a construction set and on the functional categorization of
those elements. Two playing rules were given to children aged 3,6, 4,6 and 5,6. One
group went through the training. The other was left to play on its own. The groups were
made according to age and to operative level as inferred by a classification task. The
transfer of training as assessed by another classification task was evidenced only in chil
dren aged 5,6. Their operative ability to find out instances (x) that verify a function (y)
seems to be a necessary prerequisite for their capacity to transpose the exhaustivity of
* repco, Université de Provence, 29, avenue R.-Schuman, 13621 Aix-en-Provence.
ENFANCE, Tome 46, n°4/1992, p. 363 à 374 A. DESPRELS-FRAYSSE 364
the relation uniting the parts of a single object ( children find out all the x) and to varia -
bilize y (children put objects together so as to construct an object, or so as to collect
them according to a common function or perceptual property). The ability to derive
schémas to categories seems to be dependant on certain cognitive prerequisites.
Key-Words : Schémas. Catégories. Classification. Operative level. Development.
Le repérage des activités de tris de l'enfant est un moyen d'investigation
de l'évolution ontogénétique des systèmes de catégorisation/classification.
Cette voie de recherche a d'abord été conduite dans le cadre classique de la
constitution des classes logiques. Les trois grandes étapes reconnues initial
ement : collections figurales, non fîgurales, classes logiques (Piaget et Inhelder,
1959) ont été progressivement précisées et affinées. Pour la période de trois à
six ans, apparaissent successivement : 1) la mise en rapport de deux objets
sur la base d'une resemblance perceptive ou d'une convenance fonction
nelle ; 2) l'extension de cette possibilité à un nombre de plus en plus grand
d'objets ; 3) la réalisation de tris exhaustifs dans lesquels l'enfant réunit tous
les objets en fonction d'une même relation (y = f[x) : être x comme) : trois
sous-étapes peuvent être distinguées ; 3a) les liaisons sont maintenues de
proche en proche sur tous les objets proposés. Les va-et-vient visuels et/ou
gestuels entre l'objet placé et l'objet pris donnent aux collections réalisées une
configuration spatiale particulière : objets en ligne, en colonnes, empilés... ;
3b) l'enfant recherche tous les objets qui possèdent une propriété commune.
Il semble disposer d'une image mentale de la propriété choisie et extrait très
rapidement les objets qui possèdent cette propriété à partir d'un tas d'objets
mélangés ; 3c) le matériel est organisé en classes d'équivalence, l'enfant chois
it une dimension et répartit tous les objets proposés selon les diverses pro
priétés (ou modalités) de cette dimension. Ce type de tri ne signifie pas que
l'enfant maîtrise les classes logiques, l'enfant n'a pas forcément, dès le départ,
une représentation du nombre précis de classes d'équivalence qu'il va cons
truire et les classes construites ne sont peut être pas ouvertes sur de nouveaux
possibles.
Si le cours de cette ligne évolutive a pu être décrit au niveau intra-indivi-
duel grâce au suivi de séances d'apprentissage (Desprels-Fraysse, 1987), les
niveaux hiérarchiques sont communément repérés dans la comparaison de
comportements d'enfants placés dans la même situation. Par exemple, Wal
lon (1941) parle de comportement de couples pour la liaison de deux objets.
Piaget (1968, 1975) utilise l'expression « établissement de fonctions consti
tuantes orientées » pour le niveau trois (a et b). Pour ce même niveau,
Orsini-Bouichou (1982) insiste sur la fonction de mise en correspondance sui
vie propre à l'opérateur III. Case situe ce comportement de tri au niveau de
consolidation opérationnelle du stade relationnel (Case, 1985, p. 207). Ce
pendant la généralité de ces étapes a été remise en question. Le contexte phy- DE CONSTRUCTION D'OBJETS ET CLASSIFICATIONS 365 SCHÉMAS