La Littérature enfantine aux Etats-Unis - article ; n°3 ; vol.9, pg 191-195
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Description

Enfance - Année 1956 - Volume 9 - Numéro 3 - Pages 191-195
5 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 58
Langue Français

Extrait

Claire Huchet
La Littérature enfantine aux Etats-Unis
In: Enfance. Tome 9 n°3, 1956. pp. 191-195.
Citer ce document / Cite this document :
Huchet Claire. La Littérature enfantine aux Etats-Unis. In: Enfance. Tome 9 n°3, 1956. pp. 191-195.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/enfan_0013-7545_1956_num_9_3_1542Claire Huchet
La I ittéraf u re enf a nti ne
aux États-Unis
A ux Etats-Unis, environ douze à qua-
Deux semai-
, marquent les époques
de publication massive qui constituent de vrais événements littéraires. .
Tous les. grands quotidiens, ainsi que plusieurs revues importantes,
consacrent alors la plus grande partie de leurs pages littéraires aux
livres pour la jeunesse. D'autre part, à la radio, à la télévision, on donne
des programmes spéciaux, et, un peu partout, on organise des foires du
livre pour enfants. La publicité est si grande que même les gens qui
n'ont pas d'enfants ou qui ne s'intéressent pas spécialement aux livres
ne peuvent manquer de savoir que c'est la Semaine du Livre pour
Enfants, Children's Book Week.
Le livre américain pour enfants se distingue par le soin extrême
apporté à sa présentation : papier de bonne qualité, cartonnage solide,
encre noire, caractères nets, disposition aérée ides pages, abondance de
couleurs gaies. Il est rare d'y relever une seule coquille. En effet, les
imprimeurs apportent une grande attention à leur travail, et auteurs et
correcteurs de > maisons d'éditions revoient les épreuves plusieurs fois.
Cependant, la marche du procédé de fabrication est assez rapide : on
peut compter une moyenne de dix mois entre 'la remise définitive d'un
manuscrit et la publication d'un volume illustré de deux cents pages.
Le livre se vend en moyenne $ 2.501 (à peu près 875 frs). Ce prix est
à la fois élevé et modique. Élevé non. tant parce qu'il dépasse les moyens
des petites bourses que par le, fait que tout produit de l'activité intellec
tuelle est sous-estimé. En effet, beaucoup de gens qui n'hésitent pas à
dépenser pour- leurs enfants au moins un dollar par semaine en comics
et illustrés divers, regarderont à deux fois avant de faire l'achat d'un
livre deux fois par an. Cependant, le prix du livre reste modique com
paré au coût de la plupart des plaisirs populaires aux U.S4A., que ce
soit le cinéma, les innombrables coca-cola ou ice-cream, ou l'achat d'un
poste de télévision.
De l'avis des éditeurs, si la vente dépendait uniquement des achats
individuels, les maisons d'éditions ne feraient pas leurs frais, et les
auteurs et illustrateurs ne pourraient vivre de leur art. Or, dans la
pratique, les services pour la jeunesse dans toute maison d'édition sont
florissants. Ceci provient de la diffusion nationale des Bibliothèques
publiques pour la Jeunesse. Il est peu de villages américains qui n'aient
leur bibliothèque, ouverte tous les jours, où les enfants peuvent lire et
emprunter des livres en se servant eux-mêmes sur les rayons ouverts,
construits à leur taille. (On compte environ dix mille
publiques avec salles ou coin de lecture pour les enfants. Il faudrait en
avoir trois mille en France pour atteindre la même proportion). Dans
tes grandes villes, il y a non seulement la salle de la Bibliothèque cen
trale, mais encore des salles plus petites dans tous les quartiers. A la
campagne, dans les endroits écartés, en montagne surtout, une auto
bibliothèque circule dans les fermes éloignées ou bien s'arrête à des
carrefours connus des habitants de la région. De plus, la plupart CLAIRE HUCHET
écoles ont aussi leur salle de' lecture où les enfants peuvent trouver des
livres qui, sans être proprement des livres de classe, peuvent, cependant, .
compléter d'une façon vivante et agréable les sujets étudiés en classe.
Toutes ties bibliothèques sont dirigées par des bibliothécaires diplômées
spécialisées dans le travail. pour la jeunesse..
Ce sont toutes ces bibliothèques qui assurent la vente du livre. Au
départ, l'éditeur, peut toujours compter sur une globale d'un
nombre important d'exemplaires. Il sait à peu près quel sera le marché'
pour chaque livre, bien que, évidemment, il puisse y avoir des surprises
comme dans le cas où le livre reçoit un prix.
Plusieurs prix sont, en effet, décernés chaque année par des organi
sations diverses. Ces prix, en général, ne comportent cas de dons en
argent mais ils sont en eux-mêmes "une distinction qui porte le livre
choisi à la connaissance du grand public. De ce point de vue, le prix le
plus connu est le Newbery, fondé en 1922 par Mr. Melcher, directeur
de la revue technique des . librairies, le Publishers' Weekly. Pour les
illustrateurs, c'est le prix Caldecott qui est le plus coté. D'autre prix,
plus spécialisés, donnés par des organisations éducatives, telle la Child's
Study Association, font aussi autorité.
Naturellement, , ces prix étendent la réputation d'un auteur et, pour
peu que celui-ci sache non seulement écrire pour les enfants mais encore
leur parler, il se trouve alors appelé dans, tous les coins de l'Amérique
par les bibliothécaires, les associations ; de parents, les municipalités.
(Tous frais payés, plus honoraires.) Il y a là, pour tout écrivain -pour
-la jeunesse, une source de renouvellement. On reste. ainsi plus près des de*
les entendre enfants, de leur mentalité et, d'autre part, on a la joie
vous dire combien et pourquoi ils aiment vos livres. Car l'enfant améri
cain s'exprime librement, sinon d'une façon originale, tout au moins
sans hésitation, étant habitué- à ce: qu'on- écoute et là ce qu'on ne fasse
pas bon marché de son opinion. Volontiers aussi il écrira à un auteur
préféré. C'est charmant pour l'auteur, mais cela veut dire aussi pour lui
un surcroit de travail, car, évidemment, on se doit de répondre a toutes
ces lettres de «fans», personnellement, en employant le> mot juste et
en joignant sa photo dûment protégée d'un cartonnage. A moins d'avoir
une secrétaire, on se prend parfois à désirer de n'être pas si populaire !
Bien qu'une place soit réservée régulièrement, chaque semaine, dans
les grands quotidiens, pour les livres pour enfants, on ne saurait dire ,
que la critique fleurisse aux U.S.A: La recension se borne à un résumé
assez détaillé du livre, suivi d'une ou deux phrases de louange. De juge
ment adverse, point. Le livre qui, pour une raison ou une* autre, ne
que c'est souvent le manque de place qui-
livres. Cependant, il est à souhaiter que soit reprise la critique avisée
sans hésitation, étant habitué à ce qu'on l'écoute et à ce qu'on ne fasse
et intelligente mise en honneur dans le passé. par Anne Carroll Moore,
Mary Lamberton Becker et Ann Eaton.
La télévision installée dans presque chaque demeure américaine
ne semble pas avoir fait décliner la vente du livre pour enfants, à ce que
disent les éditeurs. Après une période variant d'une semaine à plusieurs
mois pendant laquelle les enfants ne peuvent s'arracher à la fascination
de l'écran, le point de saturation est atteint et, désormais, l'enfant par
tage . son temps . entre la télévision et les autres formes de loisirs, la
lecture y compris. Cela est possible aux Etats-Unis parce que les heures
de loisir sont très étendues, les devoirs à la maison n'occupant qu'une
minime partie du temps libre.
Donc, l'enfant américain lit, mais il faut noter que, en général, un
livre ne constitue pas pour lui. un vrai cadeau., Il est trop habitué au par la fréquentation des bibliothèques. Ce n'est plus pour lui, un
objet rare et précieux. Aussi, quand on donne un livre à un e'nfant on ne
, LITTÉRATURE ENFANTINE AUX ÉTATS-UNIS 193
manque pas de l'acccompagner soit de bonbons, soit â'un jouet. Pour les
mêmes raisons, on pense rarement à apprendre à l'enfant à manier le
livre avec respect et amour. Il faut ici, je crois, ajouter à la dépréciation
qui accompagne toute multiplication d'objets, la présence d'une attitude
nationale, inconsciente, et qui veut que rien ne dure trop longtemps
afin que la production marche à plein dans tous les domaines. Etre
soigneux va donc à rencontre du bien apparent du pays.
Les éditeurs américains de livres pour enfants sont une branche
spécialisée de la profession à laquelle on n'accède pas sans une longue
préparation. Les femmes y sont en majorit

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