Enfance - Année 1999 - Volume 52 - Numéro 3 - Pages 336-344L'observation des comportements spontanés des primates non humains (et en particulier des anthropoïdes) révèle des capacités sociales complexes qui sont symptoma- tiques de certaines capacités de théorie de l'esprit. Pourtant, quand ces capacités sont testées expérimentalement, les résultats ne parviennent pas à convaincre les experts du fait que ces grands singes possèdent bien une aptitude à comprendre des états mentaux. Dans cet article, je propose des explications à ce paradoxe. Tout d'abord, les procédures expérimentales ayant pour objectif de rendre compte des fonctions de la to M sur des bases non verbales pourraient être méthodologiquement inadéquates. Ensuite, il y a une certaine confusion conceptuelle autour de la définition d'une théorie de l'esprit pour les primates, et donc autour de ce qui constituerait une preuve de capacités de mentalisation chez les primates non humains. J'indique quelques voies futures d'études du mentalisme non humain qui seraient susceptibles de dépasser ces problèmes. Je présente des études récentes qui évitent les inconvénients d'un apprentissage préliminaire intensif et favorisent les performances spontanées des grands singes. Enfin, j'argumente la position selon laquelle le niveau auquel se placer pour conceptualiser le mentalisme des grands singes est le niveau d'une théorie de l'esprit implicite, et j'indique quelques-uns des apports des études comparatives à notre compréhension des théories humaines de l'esprit. Primate theories of primate minds : conceptual and methodological issues Casual observation of spontaneous behaviours in non-human primates (especially apes) reveals complex social behaviours that appear to be symptomatic of some Theory-of-mind abilities. However, when experimentally tested, their performance fails to convince experts of their having any real ability to understand mental states. In this paper I suggest reasons for this paradox : First, there might be some methodological inadequacies in the experimental procedures developed to assess tom functions with non-verbal procedures. Secondly, there is a conceptual confusion about what is meant by having a theory-of-mind in non-human primates and therefore what should count as evidence of mentalising abilities in non-human primates. I consider some possible avenues for future studies of non-human mentalism that are capable of overcoming these problems. I present some recent studies that avoid the pitfalls of extensive preliminary training and favour the spontaneous performance of apes. Secondly, I discuss the notion of having an implicit theory of mind as the proper level to conceptualise apes' mentalism and suggest some implications of these comparative studies for our understanding of human theories of mind. 9 pages Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.