"DEPUIS LA FIN DU CHAMPIONNAT, ÇA PART DANS TOUS LES SENS !"

Informations

• Publié par: le-foot-marseille
• Publié le: 01 juin 2011
• Nombre de lectures: 16
• Langue: Français

Extrait

"DEPUIS LA FIN DU CHAMPIONNAT, ÇA PART DANS TOUS LES SENS !"

François, en quoi consiste exactement votre rôle au coeur de la cellule de recrutement du club ? A voyager beaucoup (rires) ! Depuis cinq ans que j'occupe ce poste, j'ai vu plus de 650 matchs tous professionnels, plus quelques matchs de U17 comme lors du prochain championnat d'Europe au Danemark. Même si cette saison je me suis plus attardé sur la supervision des adversaires de l'OM. Tous les joueurs qui ont signé à Marseille depuis cinq ans, je les ai supervisés.

Quels profils recherchez-vous ? Avant toute chose, et sans préjuger des besoins déterminés par Didier Deschamps, on cherche des joueurs forts mentalement, exemplaire dans le comportement et qui ont l'habitude de gagner. Ce dernier aspect est important car on n'est pas le même joueur après avoir gagné un titre qu'avant. Quitte à prendre un joueur moins doué... Quoiqu'on en dise, ce n'est pas un hasard si l'OM a pu gagner de nouveau avec des Brandao, des Lucho... Eux savaient ce que c'était parce qu'ils l'avaient vécu avant. Qui peut se prévaloir d'avoir déjà gagné en Ligue 1 ? Quels joueurs peuvent prendre la parole avant le début de la saison pour expliquer à leurs coéquipiers ce que c'est de gagner, comment il faut faire pour gagner, quelles exigences il faut avoir, quels sacrifices il faut faire ? Il n'y en a pas tant que ça...

Comment effectuez-vous la sélection, vos choix de matchs ? Depuis que le marché est devenu mondial, le travail est difficile car désormais tout le monde connaît tout le monde. Avec le temps, on sait où sont les bons joueurs. Le problème c'est qu'on n'est pas les seuls. Pour peu qu'il y ait des fuites dans la presse, ça complique encore le dossier. On s'évertue à répertorier tous les meilleurs joueurs de chaque championnat. Rémy par exemple, je le suis depuis quatre ans lorsque je l'avais suivi en Suède pour un championnat d'Europe U19 où il avait enchaîné quatre matchs dans la semaine en gardant la même efficacité devant les buts. J'avais suivi Barios à Dortmund à son arrivée... Pas terrible au début mais six mois après il n'était plus le même joueur. Gomez à Schalke 04 également qui voulait partir... mais c'est le Bayern Munich qui l'a eu. Avec certains, on ne peut même pas discuter car ils ne veulent pas venir.

"AFELLAY N'A MÊME PAS DISCUTÉ, IL PRÉFÉRAIT ÊTRE REMPLAÇANT AU BARÇA QUE TITULAIRE À L'OM..."

Un exemple ? Oui, dernièrement, Afellay, qui arrivait en fin de contrat au PSV Eindhoven, qui nous intéressait comme tous les Néerlandais qui ont l'habitude de bien s'exporter... mais qui préférait être remplaçant au Barça que titulaire chez nous. Son profil collait bien à l'OM. Toute la difficulté est là, les convaincre de venir et éviter la surenchère.

Un bon transfert est-ce nécessairement un transfert qui s'effectue dans la discrétion ? Parfois oui, souvent même... Depuis lundi et la fin du championnat, ça part dans tous les sens. Les journaux, les sites internet... tout le monde invente ses pistes, c'est n'importe quoi, surtout à Marseille. Ces rumeurs viennent de nulle part. Gilardino par exemple, parce qu'on l'avait contacté l'an dernier, c'est ressorti aujourd'hui. Mais personne ne m'a parlé de lui au club. Des agents proposent des joueurs, font faire des articles dans les journaux et ça fait monter la température alors que de notre côté nous n'en sommes pas encore là. De toute façon, à partir du moment où un nom sort, c'est déjà presque trop tard car tous les clubs se jettent dessus, les prix montent et le travail du recruteur est saboté.

Là encore, vous avez un exemple concret ? Tous les bons joueurs du championnat portugais par exemple. Dans un passé proche, j'étais sur Maicon, qui jouait au Nacional Madeire, sur Pépé qui était au Maritimo Nacional, Ruben Mickaël aussi, sur d'autres jeunes brésiliens qui évoluaient dans des clubs qui marchaient bien en championnat. Mais pour peu que notre présence soit repérée par le FC Porto, c'était fini. Ils s'empressent de les faire signer, des les prêter quelques saisons, et de les vendre ensuite dans la foulée. Ils ont une vingtaine de prêts tous les ans. Porto ratisse tout. Donc si on n'est pas discret, c'est difficile.

Comment s'effectue votre relation avec Deschamps ? C'est à vous de lui proposer des joueurs en fonction de ses besoins ? Oui, c'est un peu ça... à chaque poste j'ai une liste à lui soumettre et au bout du compte c'est lui qui décide car il est important que l'entraîneur ait envie d'un joueur. J'ai été joueur et j'ai été entraîneur donc je sais de quoi je parle. Il ne faut pas inverser les rôles.

C'est donc un travail de long terme également ? Oui, en ce moment je me prépare à partir au Danemark pour les championnats d'Europe U17 et en Colombie au Mondial des U20. Et je ne serai pas le seul (rires). Autour des terrains, il n'est pas rare de se retrouver à une cinquantaine de scouts ! J'ai longtemps suivi la génération allemande qui est arrivée en demi-finale de la dernière Coupe du Monde, les Khédira, Ozil, Neuer... et on continue à s'intéresser aux générations allemandes qui arrivent, les U17, U20, U21... et qui gagnent tout dans leurs catégories. En plus les jeunes allemands ne partent pas aussi vite que les autres à l'étranger et restent dans leur club parce que ce pays réalise un bon travail en profondeur et fait jouer ses jeunes.

Et en France, sur quels profils vous attardez-vous ? J'ai vu toutes les équipes, tous les joueurs et une chose m'interpelle... lorsqu'ils jouent face à l'OM, surtout au Vélodrome, les joueurs se transcendent. Une semaine après, ou une semaine avant, lorsque je les supervise, ils ne sont plus les mêmes. Or, nous, on veut des joueurs capables de disputer des finales tous les week-ends. Cette exigence mentale est capitale quand on espère jouer dans un club comme l'OM.

Vous allez bien nous donner un nom de joueur sur lequel vous êtes pour la saison prochaine ! (rires) Non, je n'ai pas le droit de parler de mon travail...

"SI ON N'EST PAS DISCRET, C'EST DIFFICILE..."