Fruits & Légumes : « Les centrales d'achats font du dumping forcené»

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• Publié par: Entreprendre-
• Publié le: 07 mai 2011
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• Langue: Français

Extrait

Fruits & Légumes : « Les centrales d'achats

font du dumping forcené»

La suppression des marges arrière a-t-elle amélioré votre situation ? Non, car ce que les distributeurs nous faisaient payer autrefois sous le nom de rabais, remises et ristournes est aujourd'hui rebaptisé "coopération commerciale ", mais c'est toujours la même chose. Il faut leur verser un pourcentage de notre chiffre d'affaires ! Ils déguisent cela en "partenariats logistiques " : si vous livrez l'une de leurs centrales d'achats, alors vous devez cotiser pour la logistique puisque vous n'avez pas livré directement les points de vente... N'est-ce pas le rôle d'une centrale d'achats que de livrer les points de vente ? Ils nous demandent de les payer pour faire leur travail. Nous versons 3 à 8% de notre chiffre d'affaires pour faire fonctionner leurs structures intermédiaires.

Où en sont les prix des légumes aujourd'hui ? Ils sont très bas. La salade vendue à la centrale d'achats tourne autour de 0,35 à 0,40€maximum... ce qui est habituellement son prix en plein été, les mauvaises années. L'endive est réglée au producteur autour de 0,30€ le kilo. C'est le même prix qu'il y a plus de 10 ans ! Sauf qu'en 10 ans, les coûts du travail et de l'énergie ont augmenté.

Donc, chaque matin, lorsque nous nous levons pour récolter nos endives, nous perdons de l'argent. 70% des fruits et légumes passent par les centrales d'achats des grandes et moyennes surfaces (GMS). Si elles ne veulent pas acheter au prix qu'on leur propose, elles nous mettent en concurrence avec des produits importés, beaucoup moins chers. Comme notre produit est périssable, nous n'avons pas d'autre choix que de nous aligner sinon il faut jeter. Elles sont en position dominante. En tant qu'entreprisse individuelle, nous n'avons aucune marge de négociation. La seule façon de se faire entendre ce sont les organisations syndicales, qui peuvent éventuellement mobiliser l'opinion ou les pouvoirs publics...

Vous parlez de «dumping» sur les fruits et légumes...

Le fait qu'à l'étranger les normes sociales, environnementales et sanitaires sont différentes par rapport à ce qui nous est imposé - pour des raisons tout à fait louables, d'ailleurs - est préjudiciable car ces contraintes ont un coût. Prenons l'exemple du coût du travail. Pour produire en France, cela coûte 12,50€ de l'heure en moyenne. En Allemagne, le même travail est effectué avec une main-

d'oeuvre à 10€.Faire de la compétitivité sur le coût du travail cela s'appelle du dumping social.

Qui a la marge la plus importante dans le système ? C'est le point de vente final, car il a plusieurs possibilités d'approvisionnement : il peut se fournir auprès de sa centrale d'achats mais également auprès d'un grossiste. Que fait-il pour avoir le meilleur prix ? Il met en concurrence les acteurs en amont. Pour être compétitive, la centrale d'achats est obligée de fonctionner avec des marges réduites. Le magasin, une fois qu'il a obtenu son prix, fait ses marges.

Que vous inspire le «Panier des essentiels» ? Ce n'est pas bon car cela peut laisser imaginer qu'en dehors de ce panier, les fruits et légumes sont chers. Alors que dans l'alimentation, c'est le produit qui est le moins cher au kilo : 2€en moyenne. Je trouve cela un peu démagogique. Vu le niveau du prix du panier, c'est clair que l'on va avoir du mal à y mettre des fruits et des légumes français, difficile de faire des marges sur ce type de panier.