Margarita, la dame de fer du groupe Dreyfus

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• Publié par: Entreprendre-
• Publié le: 07 mai 2011
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• Langue: Français

Extrait

Margarita, la dame de fer du groupe Dreyfus
Un empire planétaire
Chiffre d'affaires estimé : 30 à 35 milliards d'euros. Présidente de la holding : Margarita Louis-
Dreyfus. Directeur général du groupe (temporaire) : Jacques Veyrat. Actionnariat : 60% environ
détenus par la fondation Akira, 40% environ par les membres de la famille Louis-Dreyfus (soeurs et
cousins de Robert Louis-Dreyfus). Akira : fondation regroupant les parts des enfants de Margarita et
Robert Louis-Dreyfus. Les actions de la famille dans cette fondation sont inaccessibles pendant 99
ans. Activités : négoce, transformation et commercialisation de matières premières agricoles et
énergétiques, immobilier. À noter : l'OM ne dépend pas du groupe Louis-Dreyfus. Margarita Louis-
Dreyfus en est aujourd'hui l'actionnaire majoritaire direct.
Depuis février, le groupe Louis Dreyfus, empire familial fondé en 1851, est désormais la plus grande
société française à être dirigée par une femme, Margarita Louis-Dreyfus, veuve héritière de Robert
Louis-Dreyfus. Son chiffre d'affaires ? 30 à 35 milliards d'euros réalisés notamment grâce à ses
activités dans les matières premières (coton, canne à sucre, blé, gaz naturel, pétrole...). Si le siège
de Louis Dreyfus SAS reste à Paris, rue Képler, dans le XVIème arrondissement, ses principaux
bureaux se situent à Genève, Robert Louis-Dreyfus ayant été naturalisé suisse. La nouvelle
présidente de cette multinationale présente dans 55 pays est à l'image de son groupe : difficile à
atteindre. Secrète, cette femme silencieuse a déteint sur son entourage, qui garde lui aussi un
silence convenu. Jacques Veyrat, le directeur général de Louis Dreyfus pourtant sur le départ, ne «
répond aux questions sur sa succession que si la présidente donne son feu vert ». Serge Schoen, le
nouvel homme fort du groupe, fait le mort. Philippe Louis-Dreyfus, le cousin, n'a « pas le temps »...
jusqu'aux responsables de l'Olympique de Marseille qui bottent en touche !
Première étape : rassurer
Et pourtant, Margarita Louis-Dreyfus apparaît régulièrement dans les colonnes des magazines... à
des moments stratégiques. Sa dernière apparition, une interview conjointe avec Jacques Veyratdans le quotidien «Les Echos», le 6 avril, avait à l'évidence pour objectif d'éteindre la polémique
naissante autour de la présumée mise à l'écart de Veyrat. Leur déclaration ayant désamorcé la
bombe, nul besoin de s'exprimer à nouveau. De là à imaginer que la gestion de Margarita Louis-
Dreyfus vise à éviter toute panique ou emballement médiatique, il n'y a qu'un pas...
A-t-elle observé la gestion de son mari pendant leurs vingt années de mariage ? S'est-elle
davantage préparée à gérer son héritage durant le long combat de Robert Louis-Dreyfus contre la
leucémie ? Un fait demeure : son époux ne lui aurait confié aucun rôle dans son plan de
succession, Jacques Veyrat, le brillant ingénieur savoyard, ayant été couronné successeur et P-DG
du groupe en 2007. On comprend alors pourquoi, suite au décès de «RLD» en juillet 2009, les
mystères autour de cette jolie veuve se transforment en rumeurs.
Prudente, elle choisit d'abord d'occuper le terrain médiatique via l'OM, profitant notamment de
l'aubaine du titre de champion de France en mai 2010 pour humaniser son image. Cette année
encore, on l'a vu dans les tribunes lors des matchs phares du club face à Moscou, Manchester et
Chelsea en coupe d'Europe ou contre les rivaux hexagonaux Lyon et le PSG en championnat de
France. Surtout, elle s'est appliquée à rassurer : « Une vente n'est pas du tout à l'ordre du jour »,
lançait-elle dans «L'Équipe» à propos du club en octobre 2009, précisant vouloir s'appuyer sur les
personnes choisies par son mari : Jean-Claude Dassier à la présidence et Vincent Labrune au
conseil de surveillance. Pendant deux ans, rien n'a filtré en revanche sur ses véritables ambitions...
La jolie quadra a-t-elle repris les rênes pour protéger l'héritage de ses enfants, Éric, Kirill et Maurice,
qui détiennent 60% du groupe ?
Faire le vide
La jolie quadra d'origine russe, qui avait épousé le magnat francosuisse au début des années 90, a-
telle repris les rênes pour protéger l'héritage de ses enfants, Éric (dix-huit ans) et les jumeaux Kirill
et Maurice (douze ans), qui détiennent 60% du groupe ? Lorsqu'elle commence à afficher ses
velléités, personne ne la prend au sérieux. Quelques mois plus tard, elle a réussi à écarter Jacques
Veyrat, fidèle ser viteur de «RLD» pendant seize ans, qui a notamment fondé LDCom pour le
compte du groupe, devenu Neuf Telecom puis Neuf Cegetel, avant de conclure une vente
fructueuse en 2008 de l'ensemble à SFR. « En 2009, j'imaginais rester dans le groupe jusqu'à ma
retraite ! », avouait-il récemment. Aujourd'hui, ce quadra, avec ses actions, disposerait d'un
patrimoine évalué à 200 millions d'euros. Un pactole qui pourrait lui permettre de lancer son propre
fonds en solo ou avec Stéphane Courbit. Sarkozy lui avait proposé la présidence de France
Telecom.
De son côté, Antoine Frérot, P-DG de Veolia Environnement, et David de Rothschild, président de
la banque d'affaires Rothschild & Cie, quittent leur fonction d'administrateur de la holding Akira mise
en place par Robert Louis-Dreyfus avant sa mort pour pérenniser le contrôle familial du groupe. La
raison officielle ? Ses nouvelles fonctions de directeur général de Veolia Environnement pour le
premier, éviter un conflit d'intérêt entre une position de protecteur et son rôle de banquier et
conseiller de l'entreprise pour le second. L'ex-mannequin est-elle à l'origine de cette désaffection ?Margarita a en tout cas elle-même annoncé leur remplacement par Mehdi El Glaoui, ancien
collaborateur de RLD à l'OM, et George Treuer, homme d'affaires franco-suisse.
Assurer la transition
Présidente du conseil d'administration depuis février, la «tsarine» balaie toute accusation de
gouvernance personnelle. Remplacera-t-elle Jacques Veyrat à la direction opérationnelle ? Aucun
directeur général ne devrait être nommé à sa place. Mais de nouvelles prérogatives sont promises à
Serge Schoen, le président de Louis Dreyfus Commodities, la branche de négoce agricole qui pèse
26 milliards d'euros de chiffre d'affaires, la vache à lait du groupe.
En se posant en garante de la volonté de son défunt mari, elle semble attachée à une forme
d'éthique, comme en témoigne la récente affaire Brandao, du nom du joueur de l'OM placé en garde
à vue dans une affaire de viol. Échaudée par cette polémique, la propriétaire du club aurait rappelé
à l'ordre le président de l'OM, Jean-Claude Dassier, par la voix de Vincent Labrune, son proche
conseiller. Depuis, Brandao a été transféré dans un club brésilien. Actionnaire majoritaire d'une
multinationale de 40.000 employés, Margarita fait honneur à son mari en perpétuant son culte du
secret. Il faudra aussi continuer à le developper.