Les cimetières de la région de Zaiton - article ; n°1 ; vol.104, pg 213-221
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1960 - Volume 104 - Numéro 1 - Pages 213-221
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Louis Hambis
Les cimetières de la région de Zaiton
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 104e année, N. 1, 1960. pp. 213-
221.
Citer ce document / Cite this document :
Hambis Louis. Les cimetières de la région de Zaiton. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, 104e année, N. 1, 1960. pp. 213-221.
doi : 10.3406/crai.1960.11176
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1960_num_104_1_11176213
LES CIMETIÈRES DE, LA RÉGION DE ZAITON,
PAR M. LOUIS HAMBIS.
Le port de Ts'iuan-tcheou, au Sud de la province du Fou-kien,
a joué pendant le Moyen Age un rôle particulièrement important
dans les relations commerciales de la Chine avec les Pays des Mers
du Sud et l'Occident. Le nom de cette ville fut connu des voyageurs
occidentaux sous des transcriptions diverses ramenant toutes à une
forme Zaiton, Zaitun dans les' textes musulmans. C'est le jésuite
Martini qui dans son Novus Atlas sinensis, dès 1655, proposa de
retrouver dans le nom de Zaiton celui du port appelé Ts'iuan-tcheou
jusqu'à la fin de la dynastie des Ming, qui porta jusqu'à la fin de
la dynastie Ts'ing le même nom et ne joue plus qu'un rôle très
secondaire.
Cette cité possédait la plus ancienne et la plus belle mosquée
construite en Chine, des commerçants arabes y ayant constitué une
colonie importante dès le milieu du vme siècle ; des communautés
juives et manichéennes s'y constituèrent également de bonne heure.
C'est après l'établissement de l'autorité des Mongols sur cette région,
peu 1270, que se développèrent surtout les
étrangères en même temps que le port prenait plus d'importance ;
une chrétienté nestorienne dut également se former assez tôt à
Zaiton et c'est, semble-t-il, à cause de son existence, que Jean de
Monte Corvino y envoya plusieurs missionnaires avec le titre d'évê-
que, Gérard, Peregrino de Castello et André de Pérouse qui en occu
pèrent successivement le siège après la formation d'une communauté
catholique. Marco Polo ne parle pas de chrétiens spécialement
installés à Zaiton ; Odoric de Pordenone qui visita la ville environ
trente ans plus tard, signale l'importance de la communauté catho
lique alors dirigée par Peregrino, mort peu après. Il mentionne
l'existence d'une église bâtie avec les dons d'une riche Arménienne,
et de deux établissements (duo loca), sans doute des couvents, diri
gés par les Frères Mineurs, où il déposa les restes des Franciscains
martyrisés à Thana, près de Bombay, qu'il avait recueillis lors de
son passage ; enfin André de Pérouse dans une lettre adressée aux
supérieurs de son couvent de Pérouse, envoyée de Zaiton en janvier
1326, parle d'une pension évaluée à cent florins d'or qui lui était
versée par le grand khan, et déclare avoir construit près de la ville
un couvent pour vingt-deux religieux, et partager son temps entre
son église et son ermitage en montagne.
Lors de la chute de la dynastie mongole et dans les années de
troubles qui la précédèrent, la communauté catholique de Zaiton
disparut à la suite de l'intolérance des Chinois, peut-être justifiée COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 214
par les faveurs que lui avaient accordées les souverains mongols.
Le souvenir semblait en être éteint, quand, au xvne siècle, peu
après la venue des Jésuites en Chine et leur découverte de la stèle
de Si-ngan, le père Emannuel Diaz publia un ouvrage imprimé en
1644 à Hang-tcheou sur la célèbre stèle, dans lequel il reproduisait
trois anciennes tablettes de pierre découvertes à Ts'iuan-tcheou,
portant gravée une croix reposant sur un lotus ou émergeant de
nuages stylisés. Il fallut attendre près de trois cents ans pour qu'une
nouvelle trouvaille attirât l'attention à nouveau sur l'ancienne
communauté chrétienne de Zaiton ; en effet une pierre tombale fut
découverte en 1906 par le P. Serafin Moya, et Pelliot, en 1914, consi
dérait que cette pierre soulevait des problèmes d'origine assez déli
cats. Cette pierre anépigraphe représente un personnage ailé, assis
à l'orientale au milieu de nuages, coiffé d'un bonnet ayant deux
rubans flottants, qui tient peut-être dans ses mains croisées un lotus
surmonté d'une croix ; au-dessus de lui, une grande croix entourée
d'une écharpe flottante qu'il retient sous ses bras et qui pend de
chaque côté, le tout étant entouré d'un encadrement formé de plu
sieurs accolades.
Le problème serait resté sans solution, si une partie des murs de
la ville n'avait été jetée bas en 1938, au moment de la guerre sino-
japonaise ; de nombreuses pierres tombales furent alors décou
vertes tant en arabe et en persan, qu'en syriaque, en chinois, en
mongol et en latin. Ces pierres provenaient des cimetières des
anciennes communautés étrangères fixées à Zaiton. Cette découverte
considérable qui a suscité déjà quelques travaux, n'a pas été l'objet
d'une étude approfondie ; il y a là un champ de recherches qui inté
ressent plusieurs disciplines et qui permettraient de mieux connaître
comment étaient constituées les communautés étrangères en Chine
au Moyen Age. Si la plupart de ces inscriptions sont déjà remar
quables, les stèles chrétiennes paraissent d'un intérêt plus grand
encore, parce que le nombre des stèles chrétiennes connues jusqu'ici
et portant des inscriptions est assez restreint.
Plusieurs d'entre elles sont cependant dépourvues d'inscriptions
et se présentent sous un aspect qui rappelle celui de la pierre décou
verte en 1906 : ericadrement en accolades, croix dans l'accolade
supérieure et reposant sur un lotus ou sur des nuages stylisés ; il
s'agit du bout de pierres tombales reposant sur un socle constitué
d'une pierre plus large à la base, taillée en gradins décorés sur la
tranche de motifs d'ornementation divers : guirlandes de fleurs,
demi-oves, nuages ou flots stylisés, etc. Ces pierres tombales, dont
la partie supérieure est en arête, épousent la forme du bout encadré
d'accolades et présentent, suivant le mouvement des accolades,
plusieurs pans, dont le dernier repose verticalement sur le socle. LES CIMETIÈRES DE LA. RÉGION DE ZAITON 215
Dans certains cas le tombeau se présente sous la forme d'un autel
de pierre décoré de motifs de même type, mais dont les angles sont
constitués de colonnettes et dont le devant forme une sorte de tri
ptyque dont les panneaux sont limités par des colonnettes du même
genre, les deux de côté étant décorés d'inscriptions
syriaques dans un encadrement, le panneau central étant décoré
d'un relief où figure la croix. Sur la table de l'autel ainsi constitué,
au-dessus du motif central, était dressée une petite stèle en acco
lades, décorée d'une croix reposant sur un lotus entouré de nuages
ou de flots stylisés.
A côté de ces grands tombeaux, de simples stèles ont été découv
ertes, qui sont généralement entourées de guirlandes représentant
peut-être des nuages ou des flots stylisés, et sur lesquelles sont gra
vées des inscriptions syriaques ou mongoles surmontées d'une croix
en relief reposant sur des motifs divers. Ces reliefs qui se rencontrent
tant sur les stèles que sur certains bouts des grandes pierres tombales,
sont de plusieurs genres. Dans certains cas, l'inscription est su
rmontée d'une simple croix ; il s'agit de croix triomphales en forme
de croix de Malte, dont le prototype est à rechercher dans la croix
de la Parousie, telle qu'elle apparaîtra le jour du Jugement, et c'est
la raison pour laquelle ces croix sont ornées de perles et de pierres
précieuses aux extrémités. Dans d'autres cas, ces croix reposent
sur un lotus, symbole de la sagesse, entouré de nuages stylisés et
d'une écharpe flottante, symbole d'origine iranienne dont on trouve
de nombreux exemples en Asie Centrale et en Haute Asie. Des
motifs plus compliqués sont constitués par trois lotus dont l'un

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