L existence d une fin dernière de l homme et la morale - article ; n°20 ; vol.48, pg 465-477
14 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'existence d'une fin dernière de l'homme et la morale - article ; n°20 ; vol.48, pg 465-477

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
14 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue Philosophique de Louvain - Année 1950 - Volume 48 - Numéro 20 - Pages 465-477
13 pages

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1950
Nombre de lectures 23
Langue Français

Extrait

Auguste Mansion
L'existence d'une fin dernière de l'homme et la morale
In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 48, N°20, 1950. pp. 465-477.
Citer ce document / Cite this document :
Mansion Auguste. L'existence d'une fin dernière de l'homme et la morale. In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série,
Tome 48, N°20, 1950. pp. 465-477.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1950_num_48_20_4309L'existence d'une fin dernière
de l'homme et la morale
Les traités classiques de morale qui s'inspirent de la tradition
thomiste ordonnent leur exposé suivant un scheme assez simple et,
d'ailleurs, parfaitement rationnel. On traite d'abord de la fin der
nière de l'homme et cette étude a pour objet principal sinon exclusif
de déterminer en quoi consiste cette fin. On passe ensuite à l'étude
des moyens : activités spécifiques de l'homme par lesquelles il peut
atteindre cette fin, ou, éventuellement, s'en détourne. A quoi se
rattache l'examen des propriétés qui caractérisent ces activités à
raison de leur rapport avec la fin, et, en élargissant le problème,
l'investigation de tout ce qui, dans l'homme lui-même et dans ce
qui l'entoure, peut favoriser ou contrecarrer l'exercice de ces mêmes
activités.
Tout dépend ainsi du point de départ de l'exposé : la fin suprême
de l'homme. Mais si l'on se contente d'en déterminer la nature,
sans se demander si une telle fin existe ou peut exister, on s'aperçoit
que toute cette construction devient caduque. Le mieux auquel on
puisse aboutir dans ce cas est une conclusion simplement hypothét
ique : si l'homme a une fin, elle doit être telle ou telle, ce qui
implique la nécessité de l'emploi de tels et tels moyens. On voit
par là l'importance de cette condition initiale. On ne peut se con
tenter de la supposer vraie ou réalisée ; il y a lieu, au contraire,
d'établir aussi solidement que possible qu'elle répond à une réalité.
Sans cela il n'y a aucune garantie que la morale soit une science
pratique : elle pourrait n'être qu'une construction en l'air, entièr
ement cohérente si l'on veut, mais sans incidence sur les êtres que
nous sommes.
Dans ces conditions il est assez décevant de devoir constater
que ce présupposé indispensable, l'existence d'une fin dernière
propre à l'homme, a été négligé en général par ceux qui se sont 466 A. Mansion
occupés des fondements de la morale {1). Peut-être considèrent-ils
que la thèse qu'ils admettent de manière tacite, découle, comme
une conséquence nécessaire, de la doctrine bien connue de la finalité
universelle. Mais, s'il y a moyen de montrer, sous certaines condit
ions, le bien fondé de cette doctrine, il ressort de la démonstration
elle-même que, dans ce cas, la finalité y prend un sens si vague et
si général qu'il n'est plus possible d'en faire une application fruc
tueuse au cas spécial de l'homme considéré comme agent moral.
Aristote, il est vrai, et davantage encore, après lui, saint Thomas
ont pris soin d'établir que l'homme ne peut poursuivre exclusiv
ement des fins intermédiaires : pour qu'il puisse agir volontairement,
il est nécessaire que toute son activité s'exerce sous l'influence de
la volition d'une fin dernière, voulue pour elle-même (2).
Seulement, dans cette démonstration on reste dans l'ordre psy
chologique : la fin dernière considérée est celle qu'en fait un homme
se propose comme fin dernière. Et tout l'effort du moraliste tendra,
à partir de là, à montrer que l'homme doit se choisir comme fin
dernière cette fin qui est vraiment la fin dernière propre à l'homme,
et non telle autre qu'il peut s'assigner ou s'assigne en fait en s'écar-
tant de la fin dernière unique dont il devrait faire l'objet dernier
de ses appétitions. De la sorte, la démonstration d'Aristote et de
saint Thomas, loin de résoudre le problème soulevé, met en lumière
l'urgence qu'il y a d'en donner au préalable la solution.
Il serait inexact toutefois de dire que ces grands penseurs ont
négligé tout à fait et ce problème et sa solution. Mais Aristote, en
particulier, s'est contenté de reprendre à son compte une sorte de
raisonnement par induction proposé par Platon au Ier livre de la
République <3). Chaque être a une fonction propre et en même
temps une perfection propre qui lui permet de bien remplir cette
tl> II y a sans doute des exceptions honorables. Je cite parmi les auteurs de
manuels le vieux GOUDIN {Philoaophia iuxta inconcussa tutissimaqtte D. Thomae
dogmata. Tertia Pars. Quaestio I, art. I, § !) et, plus près de nous, le P. Leonard
LEHU (Philosophia Moralia et Socialia, Tom. prior Paris, 1914, Cap. I, art. 2,
pp. 25-30). Je n'ai d'ailleurs pas la prétention d'avoir examiné tous les manuels.
Quant au reste je considère comme insuffisants les arguments qu'apportent les
auteurs cités en faveur de leur thèse.
<*> Aristote, Ethic. Nie, I, 1, 1094 a 18-22; S. Thomas, In Ethic Nie,
Lib. I, lect. 2, n. 20, éd. Pirotta {Nous renverrons régulièrement, pour 'la suite,
aux numéros de cette édition, pour les références au commentaire de saint Thom
as). 5. Theol, Ia IK q. 1, a. 4.
<•> 352 D sqq. L'existence d'une fin dernière de l'homme et la morale 467
fonction : exemples des animaux domestiques tels que le cheval,
des organes du corps, des instruments de travail. De façon semb
lable, l'âme humaine aura une fonction propre et une perfection
propre, qui sera la vertu consistant dans la justice. Ces vues ont
été reprises — sous une forme plus ou moins confuse — par le
jeune Aristote dans son Protreptique (4>.
On retrouve ces mêmes idées, mais cette fois sous une forme
plus systématique et plus concise dans l'Ethique eudémienne, au
début du livre II, 1, 1219 a 5-8, appliquées encore à Y âme, à la
quelle est attribuée une fonction propre, comme elle a une per
fection propre, sans qu'il soit spécifié d'ailleurs en quoi consistent
cette fonction et cette perfection. Cela n'empêche pas Aristote de
reconnaître dans le même passage une multiplicité de 2£eiç, de
valeur inégale, et dont les fonctions seront supérieures les unes aux
autres, suivant la supériorité même de YïÇiç dont chacune dérive.
Dans YEthique à Nicomaque, l'induction platonicienne est
reprise dès le livre I <5) et appliquée, cette fois, à Yhomme, qui
doit avoir une fonction propre, à l'instar du joueur de flûte, du
statuaire et de tout homme d'art ou de métier dont la fonction
exercée constitue le bien propre. De même en est-il des parties et
des organes dans le corps humain ; ne devra-t-on pas dire qu'il en
est ainsi également du tout qu'est l'homme ? Et passant de là à ce
qui est distinctif de lui au regard des autres animaux, la raison et
la vie supérieure, Aristote en conclut que le bien propre à l'homme
est une activité exercée suivant la perfection (àpexifj) la plus haute
qui est en lui, sa perfection rationnelle. Ce raisonnement est destiné
ainsi à prouver que le bien propre de l'homme — sa fin dernière,
sa béatitude — se trouve dans une activité et à prouver du même
coup de quel ordre est cette activité. Mais dans la preuve est incluse
celle de l'existence d'un bien propre à l'homme, — fin dernière
et béatitude, — identifiée à sa fonction propre, car ce que l'on
veut mettre en lumière ici, c'est l'existence de cette fonction propre
afin d'en déduire tout le reste.
Il n'est guère besoin de souligner le peu de rigueur de cette
preuve ; c'est, comme dit Burnet <6), un IvSoÇov, emprunté à Platon :
la valeur n'en dépasse pas la vraisemblance.
W Fr. 6, éd. R. Walzer, pp. 34-35. Cf. fr. 5, p. 29, et fr. 14, p. 57.
<»> I. 6 (=vil, 9-15), 1097 b 24- 1098 a 18.
<*' The Ethics of Aristotle edited with an Introduction and Notes (Londres,
1900), p. 34, note au § 10. 1097 b 24. 468 A. Mansion
n°* 121-122), Aussi saint dépasse-t-il Thomas, immédiatement dans «on commentaire les considérations ad. loc. (leot. de sens 10,
commun d'Aris

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents