Le Congrès de Venise - article ; n°52 ; vol.56, pg 694-705
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1958 - Volume 56 - Numéro 52 - Pages 694-705
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Publié le 01 janvier 1958
Nombre de lectures 28
Langue Français

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Gaston Isaye
Le Congrès de Venise
In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 56, N°52, 1958. pp. 694-705.
Citer ce document / Cite this document :
Isaye Gaston. Le Congrès de Venise. In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 56, N°52, 1958. pp. 694-705.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1958_num_56_52_4979694 Gaston laaye
mutuelle et qu'ils contribuent à établir, entre hommes de bonne
volonté, une communication authentique.
Jean LadriÈRE.
Louvain.
LE CONGRÈS DE VENISE
Le XIIe Congrès International de Philosophie s'est réuni à
Venise du 12 au 17 septembre ; la journée de clôture s'est passée
à Padoue.
Il y a eu deux mille participants.
La séance inaugurale a eu lieu au palais des Doges, en la salle
du Grand Conseil. Pour les séances de travail, les Congressistes
ont dû se rendre à la fondation Cini, dans l'île San Giorgio. Inutile
d'insister sur les petits ennuis et les grands agréments que les con
gressistes, si nombreux, ont trouvés dans toutes ces traversées.
D'avance, nous avions reçu les dix « Relazioni introduttive ».
Les autres rapports sont sous presse.
Dans la salle des séances plénières, fonctionnait un service de
de traduction instantanée, en cinq langues. Sur les quatre cents
communications, environ cent trente ont été données en séance
plénière. On a donc utilisé au maximum l'avantage de la traduction.
Revers de la médaille : le temps réservé à chaque rapport a
dû être réduit, ceci pour les séances plénières aussi bien que pour
les séances de sections. A Bruxelles, en 1953, chaque communication
était présentée en vingt minutes et suivie d'une discussion en trente
minutes ; ensuite on avait largement le temps de changer de section.
Conclusion : pour concilier l'avantage de la traduction instan
tanée avec le nombre énorme des communications, les Congrès
internationaux de Philosophie doivent passer par une période de
rodage. C'est pourquoi il faut remercier les organisateurs de Venise ;
ils ont pris sur eux la tâche ingrate.
Parlons successivement des trois thèmes : L'homme et la na
ture ; Liberté et valeur ; Logique, langage et communication.
* * * Le Congrès de Venise 695
M. P. FRANK (Cambridge) examine le rôle actuel de la science.
Les derniers progrès ont-ils réconcilié la science de la nature avec
les lois de l'esprit ? Des croyances philosophiques, religieuses ou
politiques ont prétendu s'appuyer sur la science contemporaine.
L'auteur fait une exception en faveur de l'Eglise catholique, car
celle-ci, confiante en une philosophia perennis, n'aime pas utiliser
des théories passagères. L'auteur prend comme exemples la rela
tivité et la microphysique. On a interprété les termes techniques
comme s'ils avaient gardé dans l'usage scientifique le sens vague
et les ambiguïtés du langage courant. Par exemple, la relativité,
interprétée comme une doctrine matérialiste, a été rejetée par de
nombreux théoriciens fascistes et quelques catholiques, admise par
des matérialistes « ancienne manière » et par certains positivistes.
Interprétée comme un idéalisme, elle a été rejetée par les philo
sophes soviétiques et par les thomistes de la stricte observance,
admise par des protestants libéraux et les Israélites. Tout cela ne
tient pas. De même, on a tort d'invoquer la microphysique pour
prouver le libre arbitre.
D'autre part, toujours selon M. Frank, on a beau affirmer une
dichotomie stricte entre « faits » scientifiques et « valeurs » philo
sophiques, il y a une interaction entre les deux recherches grâce
à un cercle vicieux. On commence par interpréter le monde matér
iel comme une réplique de la société humaine ; puis l'univers cos
mique est présenté comme un modèle que doit imiter la société
humaine. Puisqu'il y a cercle vicieux, il est illégitime de prendre
les sciences modernes comme appui pour les croyances métaphys
iques, qu'elles soient matérialistes ou spiritualistes.
Le rapport de M. Frank appelle quelques remarques. Il est
exact qu'une conviction en un domaine quelconque peut avoir un
effet psychologique sur la recherche en un autre domaine ; ceci est
vrai même si les deux disciplines sont scientifiques. Mais ce qui
compte, ce n'est pas l'influence psychologique, c'est la valeur de
la méthode employée en une branche déterminée. Si cette méthode
est correcte, l'influence de l'autre branche n'a pas eu d'effet nocif.
En outre, la métaphysique n'est pas une « croyance », mais un
ensemble de thèses correctement déduites à partir de points de
départ critiquement justifiables. Ces points de départ sont hétéro
gènes à l'ordre scientifique, car ils concernent l'être en tant qu'être,
ou, corrélativement, l'affirmation en tant qu'affirmation (Et c'est pour
cela que les thèses initiales sont critiquement justifiables par rétor- Gaston Isaye 696
sion. Les expériences particulières de la science expérimentale n'ont
pas le même privilège). Saint Thomas prouve la spiritualité de l'âme
humaine par les propriétés de l'affirmation humaine ; de même, les
principes thomistes permettent de prouver l'existence de Dieu en
partant de l'opération affirmatrice humaine comme telle. Tout cela
est indépendant des progrès scientifiques.
Malgré cette hétérogénéité stricte, la science peut être « uti
lisée » par le métaphysicien. C'est ce que tout le monde fait en
attribuant les textes publiés par M. Frank à un être capable d'affi
rmation reflexive. Une telle démarche intellectuelle est aussi légitime
que l'affirmation (certaine ou probable, mais catégorique), de ce
qui fut d'abord une hypothèse scientifique. Les savants se per
mettent cette démarche parce que leur hypothèse synthétise ha
rmonieusement des faits fort variés. Dans l'exemple choisi, les faits
variés sont les groupes de lettres contenus dans les publications de
M. Frank : ces petits dessins noirs sur papier blanc ne peuvent
s'expliquer que par l'hypothèse selon laquelle ils émanent d'un
être connaissant et affirmant.
Par contre, on ne peut rien tirer métaphysiquement de la rela
tivité scientifique, du moins en ce moment. Et la microphysique ne
prouve pas la liberté. Tout au plus rejette-t-elle un présupposé scien
tifique d'une objection de Laplace contre la liberté. Mais on n'a
besoin de la microphysique, ni pour prouver positivement le libre
arbitre, ni pour déceler, dans la même objection de Laplace, une
pétition de principe.
M. M. B. MlTIN (Moscou) dit que l'homme est supérieur aux
animaux parce qu'il transforme les éléments de la nature, donc
parce qu'il travaille. (On voit qu'il s'agit de lTiomo faber). Mais
l'homme est essentiellement social. Ayant établi leur domination sur
la nature, les travailleurs sont devenus esclaves dans une société
capitaliste. Seul le communisme libère le travailleur, qui crée les
valeurs matérielles ; le travailleur devient son propre maître. Le
communisme ne peut être imposé par un pays étranger : dans un
Etat déterminé, seul le peuple a le droit de confier à la société
comme telle la propriété des moyens de production. Mais tant que
le peuple ne prend pas cette décision, il est dans l'erreur. Les con
séquences de pareille erreur sont, notamment, l'inadmissible néo-
malthusianisme et les guerres. Dans un pays non-communiste,
l'effort technique est dirigé presque exclusivement vers des buts
militaires et c'est ce qui a causé les deux guerres mondiales ; tandis Le Congrès de Venise 697
que l'Union Soviétique est la première dans l'utilisation pacifique de
l'énergie atomique, comme elle a été la première à lancer un satel
lite artificiel.
Bien entendu, un catholique se rejouira de voir les philosophes
soviétiques adopter la doctrine de l'Eglise en ce qui concerne le
néo-mathusianisme. Pour le reste. M. Mitin affirme sans preuve que
l'homme est uniquement homo faber. Nous ne discuterons pas ici
les assertions qui concernent la politique internationale. Les ques
tions de fait ne

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