Le néo-dogmatisme - article ; n°72 ; vol.18, pg 537-563
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Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1911 - Volume 18 - Numéro 72 - Pages 537-563
27 pages

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Publié le 01 janvier 1911
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Langue Français
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Extrait

L. Du Roussaux
Le néo-dogmatisme
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 18° année, N°72, 1911. pp. 537-563.
Citer ce document / Cite this document :
Du Roussaux L. Le néo-dogmatisme. In: Revue néo-scolastique de philosophie. 18° année, N°72, 1911. pp. 537-563.
doi : 10.3406/phlou.1911.1999
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1911_num_18_72_1999xxiii;
LE NEO-DOGMATISME.
la Depuis certitude l'apparition s'est maintenu du criticisme au premier kantien, plan des le problème préoccupat de
ions, philosophiques.1 Qu'est-ce que la. vérité? N'est-elle que
la -simple cohérence de nos «concepts entre eux? Ou; bien,
est-elle 'l'équilibre de- nos pensées avec la; réalité?- Telle -est.
la question qui, sous des formes diverses,* n'a cessé d'être,
agitée ■ entre, su bjectivistes et dogmalistes, • et menace de
s'éterniser. -
point' irréconciliable n'est-iKpas le Un dissentiment àice
signe- que ■> les; solutions, dogmatistes, n'ont pas; toute l'év
idence i dont elles se targuent, qu'elles ne sont pas adéquates
aux difficultés, qu'elles préjugent. certains points que le sub-
jectivisme tient pour douteux ; bref, que.la manière d'abor
der l'adversaire n'est assez: prenante et décisive ?- Voilai ce
qu'en ces derniers- temps,- certains scolastiques, et.non des
moindres; ont pensé.. Aussi ont-ils cru. sage.de changer,
de tactique,, d'entrer' en! contact plus intime avec le subjec-
tivisme dans l'espoir dele réduire à> merci' en- le battant. sun
son propre terrain.
Quel a été, jusqu'à cette heure, le succès de cette inno
vation? Notre intention n'est* pas de le rapporter : la tâche
en serait trop longue, et par ailleurs, très délicate. Toutefois
on peut dire sans exagérer, que la réforme a produit,
parmi les -tenants de la scolastique,1 un trouble* fâcheux, de
langage et de pensées. Les anciens. mots. sont conservés;.
6 . 538 L. DU ROUSSAUX
mais ils n'ont plus le même sens; les questions y prennent
un autre biais ; les solutions mêmes reposent sur des bases
différentes.
Indiquer la cause originaire de ce désaccord ; caracté
riser les divergences principales qui se sont fait jour soit
sur les notions, soit sur les méthodes, soit sur les problèmes,
serait, nous a-t-il semblé, faire une œuvre utile pour ceux-là
du moins qui portent quelque intérêt à ces débats.
Nous allons entreprendre ce travail, non pas en simple
spectateur de la brouille, mais en protagoniste convaincu
dû 'dogmatisme, ancien contre le nouveau, s Cette franchise
de notre opinion ne • nous ; sera pas imputée, espérons-le,
comme un manque d'impartialité. Tout ce, que la» loyauté
réclame, c'est que les vues de la partie adverse soient expo
sées avec fidélité, s En les critiquant, nous ne faisons qu'user,
d'un droit élémentaire. \
On ferait d'autre part injure à nos intentions, si l'on nous
prêtait la prétention de parler ex cathedra. Les appréciations
qu'onlira valent ce qu'elles /valent de- par elles-mêmes,! non
de par 1 aucune usurpation d'autorité, ; laquelle > serait ici
d'autant »< plus : déplacée.; qu'en matières-1 philosophiques, -
comme 'le - dit: saint «Thomas, l'argument • d'autorité • est - le
plus faible de tous.
Le dissentiment entre l'ancien et le nouveau dogmatisme
peut se. ramener à quelques chefs principaux : sur la nature
du jugement* spontané ;; sur la notion de vérité ; sur la
question préalable ; sur le problème du critère ; sur le pro
blème de l'objectivité des connaissances.
I.
Le jugement spontané.
C'est: sur .le, jugement que la Philosophie critique con
centre tous ses efforts. Les auteurs, pour , simplifier, sont
convenus de ne retenir que le jugement immédiat en négli- NÉO-DOGMATISME 539 LE
géant le-1 médiat, dont la valeur, du reste,* dépend du
premier l). On néglige de même la négation pour s'occuper
seulement de Y affirmation, parce qu'en fait/ toute négation
est une inference, - au moins immédiate, déduite de l'affi
rmation opposée. De manière qu'on ne s'occupe plus ainsi
que de l'affirmation immédiate.
Or, le jugement immédiat peut être considéré soit à l'état
direct soit à l'état ' réflexif . Considéré dans sa nature ge
nuine, tel qu'il est produit par « l'intelligence sous la seule
influence de l'objet - appréhendé, le jugement immédiat
s'appelle direct • ou spontané:* Le j • soumis ■ à la
réflexion1 critique s'appelle jugement réflexif ou. jugement
critique: Le jugement direct s'énonce par1 une proposition
simple : « le triangle est trilatéral » . Le jugement réflexif/
par une proposition modale: •« il est certain, il est évident
que le triangle est trilatéral « .
Or à propos du jugement spontané, objet précis du débat,"
plusieurs divergences se sont produites,- qui- semblent être
la cause radicale de toutes les autres. Caractérisons-les
brièvement; en envisageant le jugement spontané — 1° dans
sa teneur,1 dans son énonçable, qui constitue sa face objec
tive ; — 2° dans son processus psychique, comme phénomène
subjectif, comme opération de l'esprit ; — 3° enfin, dans
son aspect critique, comme emportant relation » avec là
chose jugée.
J) Nous ne saurions approuver les auteurs qui prennent ces appella
tions dans un sens psychologique, 'faisant* immédiat » synonyme.de
« instantané ». La rapidité du processus conscient est chose très relative:
l'un enfilera tout un chapelet d'idées dans le temps qu'un autre en lie
péniblement deux ou trois. Or, au sens dialectique, ce qui est médiat pour
l'un ne saurait être immédiat pour un autre. — Encore moins approuve
rions-nous qu'on leur prête un sens métaphysique, désignant comme
immédiats les jugements en matière nécessaire (per se nota), et
médiats les en contigente (nota per aliud). Cslt un
jugement en matière nécessaire peut n'être pas immédiat, par exemple :
la somme des angles d'un triangle est égale à deux droits ; par contre,
un en matière contingente peut être par :
je suis en train d'écrire. 540: l. du roussaux
1° Dans son aspect objectif, le jugement spontané est une
synthèse mentale consistant en un rapport d'identité objec
tive entre deux concepts, entre le sujet et le prédicat. Ce
qui veut dire, non pas que le sujet et le prédicat sont le
même concept, puisqu'ils sont formellement deux ; mais que
le prédicat exprime sous une forme spéciale le même* tout
que. le sujet représente sous une autre. En eftet, ce rapport
d'identité entre les deux concepts n'est, possible que par.,
l'intermédiaire d'un objet qui les réalise l'un et l'autre.
C'est donc un rapport mixte, qui tient de l'esprit et de la
réalité tout ensemble. La dualité des termes, est. l'œuvre
de la raison,, leur identité est, due à l'unité de l'objet.: Dans
la pensée il y a deux concepts formellement distincts; dans,
la chose il n'y a qu'une essence indivisible en sa multiplicité
d'attributs. Juger, c'est, reconstituer mentalement la syn
thèse du réel, c'est refaire l'unité que , l'intellection avait,
dispersée.
Par conséquent, le jugement direct n'est pas,, ainsi que
l'exposent les néo-dogmatistes, un rapport d'appartenance
du prédicat au sujet, un rapport de contenance dialectique,;
un rapport de tout à partie logique. En d'autres termes, le
sens, direct dur jugement n'est pas que le sujet est contenu
dans l'extension, de l'attribut, ni que l'attribut fait partie
de la. compréhension du sujet. La partie ne se dit pas du
tout, le tout n'est pas sa partie 1). On ne dit pas que le,
triangle est la trilatéralité, mais qu'il est trilatéral (au
concret) pour marquer que le prédicat représente sous une
forme le même tout objectif que le sujet sous
une autre. Bref, la synthèse mentale ne se fait pas
entre des concepts formels, pris pour eux-mêmes comme
entités logiques, mais entre concepts objectifs, pris pour
les

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