Le réalisme scientifique face à la microphysique - article ; n°3 ; vol.97, pg 606-627
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1999 - Volume 97 - Numéro 3 - Pages 606-627
The philosophical controversy about scientific realism, raised by the first scientific theories about the structure of matter, has come to life again in this century in regard to the conceptual and theoretical problems associated with microphysics. The present article attempts to clarify the precise nature of the debate and to show that the situation of microphysics, contrary to what is often thought, has no direct negative implications for the scientific realist standpoint. (Transl. by J. Dudley).
La controverse philosophique concernant le réalisme scientifique, suscitée par les premières théories scientifiques de la structure de la matière, s'est ravivée en notre siècle à propos des problèmes conceptuels et théoriques liés à la microphysique. Cet article tente d'éclairer la nature précise du débat et de montrer que la situation de la microphysique, contrairement à ce que l'on croit souvent, n'a pas d'implications négatives directes sur le réalisme scientifique.
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Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Silvio Seno Chibeni
Le réalisme scientifique face à la microphysique
In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 97, N°3-4, 1999. pp. 606-627.
Abstract
The philosophical controversy about scientific realism, raised by the first scientific theories about the structure of matter, has
come to life again in this century in regard to the conceptual and theoretical problems associated with microphysics. The present
article attempts to clarify the precise nature of the debate and to show that the situation of microphysics, contrary to what is often
thought, has no direct negative implications for the scientific realist standpoint. (Transl. by J. Dudley).
Résumé
La controverse philosophique concernant le réalisme scientifique, suscitée par les premières théories scientifiques de la structure
de la matière, s'est ravivée en notre siècle à propos des problèmes conceptuels et théoriques liés à la microphysique. Cet article
tente d'éclairer la nature précise du débat et de montrer que la situation de la microphysique, contrairement à ce que l'on croit
souvent, n'a pas d'implications négatives directes sur le réalisme scientifique.
Citer ce document / Cite this document :
Seno Chibeni Silvio. Le réalisme scientifique face à la microphysique. In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série,
Tome 97, N°3-4, 1999. pp. 606-627.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1999_num_97_3_7168réalisme scientifique face à la microphysique* Le
1. Introduction: Le réalisme scientifique
La physique est évidemment description du Réel.
Einstein.
En un sens général, le réalisme est une thèse concernant le problème
épistémologique des limites de la connaissance; cette thèse est contestée
par des doctrines antiréalistes diverses. Dans cet article nous nous pen
cherons sur le problème de la connaissance d'entités et de processus
inobservables qui, selon la science, engendreraient les phénomènes. Le
réalisme scientifique prétend que la humaine peut s'étendre
au-delà des limites de ce qui est directement observable. On trouve dans
la littérature récente une grande diversité de manières de comprendre et
d'évaluer le réalisme aussi bien que l' antiréalisme scientifiques. Nous
tenterons tout d'abord de préciser ces questions préliminaires, pour exa
miner ensuite la position réaliste face à la microphysique.
Il existe plusieurs formulations différentes et non équivalentes du
réalisme scientifique, depuis les formulations purement métaphysiques,
selon lesquelles au moins quelques-unes des entités inobservables postu
lées par les théories scientifiques (p. ex. les électrons, les virus) existent
réellement, jusqu'aux versions plus raffinées, partiellement épistémolo-
giques. Un bon exemple de ces dernières est la formulation proposée par
van Fraassen, qui conçoit le réalisme scientifique comme la thèse selon
laquelle «la science a pour but de nous offrir, dans ses théories, un
compte rendu littéralement vrai de ce qui se passe dans le monde; et
l'acceptation d'une théorie implique la croyance qu'elle est vraie»
(1980, p. 8).
* Cet article a été écrit dans le cadre de l'accord de coopération CAPES-COFE-
CUB entre l'Université de Campinas (Unicamp) et l'Université de Paris-VII-Denis
Diderot. Je voudrais remercier le Professeur Michel Paty pour m 'avoir accueilli au sein de
l'Equipe REHSEIS (CNRS) pendant l'année académique 1994-1995, aussi bien que pour
ses commentaires sur une version préliminaire de ce texte. Les suggestions faites par le
Professeur Michel Ghins ont aussi été très utiles pour rendre l'article plus clair et plus
concis. Le réalisme scientifique face à la microphysique 607
Les positions qui s'opposent au réalisme scientifique doivent, à
notre avis, être classées en deux grandes catégories, selon qu'elles parta
gent ou non avec le réalisme scientifique la conception classique de la
vérité (la vérité comme correspondance). Les premières sont souvent
appelées «empiristes» dans la littérature contemporaine, ce qui donne
lieu à une confusion dommageable avec la doctrine épistémologique,
également qualifiée d'empiriste, sur l'origine de la connaissance oppo
sée au rationalisme, et défendue par, entre autres, Locke et Hume. Dans
cet article, nous marquerons la distinction en écrivant «empiriste» entre
guillemets lorsque nous nous référerons à la position opposée au réa
lisme scientifique. La deuxième classe est formée par les doctrines dites
relativistes ou idéalistes, qui adoptent une conception non-classique de
la vérité. Ce type d' antiréalisme représente une rupture profonde avec le
réalisme, et ne se borne pas d'ordinaire au domaine des propositions
scientifiques.
L' antiréalisme «empiriste» contemporain est généralement associé
à une position réaliste en ce qui concerne les objets matériels ordinaires.
Il nous semble important d'opérer trois subdivisions dans cette classe:
a) Instrumentalisme. Les propositions des théories scientifiques qui
se réfèrent à des entités et des processus inobservables (bref, les «pro
positions théoriques») ne sont en fait que des instruments de calcul ou
de prédiction, qui facilitent, dans le cadre théorique, l'organisation des
seules propositions légitimes, c'est-à-dire celles qui ne se réfèrent qu'à
ce qui est observable («propositions observationnelles»).
b) Réductionnisme. Les propositions théoriques sont des proposi
tions authentiques, susceptibles de vérité et de fausseté, pourvu qu'elles
soient interprétées comme des abréviations pour des propositions obser
vationnelles plus complexes. Cette forme d' antiréalisme a été adoptée —
du moins dans sa phase initiale — par le positivisme logique, qui se pro
posait d'expliciter le contenu empirique des sciences au moyen de l'ana
lyse logique de leur langage.
c) Empirisme constructif. C'est la position antiréaliste proposée par
van Fraassen, selon laquelle les propositions théoriques sont des propos
itions authentiques qui doivent être interprétées littéralement. Toutefois,
la détermination de leur valeur de vérité n'est pas le but poursuivi par la
science: «Son but est de nous fournir des théories empiriquement adé
quates; et l'acceptation d'une théorie implique, en ce qui concerne la
croyance, seulement la croyance que la théorie est adé
quate» (van Fraassen 1980, p. 12). 608 Silvio Seno Chibeni
Dans cet article nous adopterons les définitions de réalisme et d'an-
tiréalisme scientifiques de van Fraassen, non seulement en vertu de leur
plus grande généralité mais aussi parce qu'elles se situent au centre des
discussions contemporaines.
Avant d'entreprendre l'examen du réalisme scientifique dans le
contexte des problèmes de la microphysique, il convient de relever bri
èvement les points principaux du débat philosophique général à son sujet.
Notons, tout d'abord, que ce débat se déroule d'ordinaire dans un cadre
empiriste. Cette remarque met en évidence la source même des critiques
antiréalistes: en proposant que la connaissance humaine dépasse l'év
idence empirique directe, le réaliste scientifique trahirait son credo empir
iste; car il lui faudrait pour cela recourir à des principes non-empir
iques, comme la simplicité, l'unité, le pouvoir explicatif, etc., ce qui
représenterait une intrusion d'éléments subjectifs dans une connaissance
supposée objective.
En d'autres termes, la divergence entre réalistes et antiréalistes
apparaît quand ils prennent pour objet d'analyse épistémologique les
théories scientifiques qui fondent leurs prédictions et leurs explications
des phénomènes sur des mécanismes inaccessibles à l'observation. Ces
théories sont sous-déterminées empiriquement, et il peut arriver que
deux théories incompatibles dans leurs propositions théoriques soient
empiriquement équivalentes. Le réaliste doit, dans ce cas, être capable
d'indiquer celle qui représente le mieux la réalité inobservable; et il ne
peut le faire qu'en attribuant une valeur épistémique à c

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